GÉOGRAPHIE, HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE DE LA BRIÈRE

 

 

Classes sociales et professions de Henri IV à Louis XVI

 

 

 

 
Les ARTISANS

 

La plupart des habitants vivant sur et du pays sont tout simplement des briérons, ou des paysans dans le tiers des prés. On ne trouve jamais aucune indication dans ce sens au début du 17ème siècle

Les professions ne sont mentionnées que lorsqu’elles sortent de l’ordinaire. Voici celles que l’on rencontre :

 

     Meunier

        Maréchal

        Cordonnier et maitre cordonnier

        Tailleur et maître tailleur

        Sarger et maître sarger (tisserand)

        Lainier

        Mercier

        Boucher       

        Maître cuisinier

        Masson

        Chirurgien et maître chirurgien

        Marinier       

        Matrone

 

Cette liste n’a évidemment pas un caractère exhaustif. Elle résulte simplement du dépouillement des registres de baptêmes.

D’ailleurs on sait que la profession de « marinier » était certainement plus importante qu’il n’y apparaît et un certain nombre de gens dont la profession n'est pas mentionnée naviguaient effectivement.

 

Parmi les gens d’importance de l’époque, il faut compter les marchands, non pas les simples colporteurs, mais ceux qui, bien souvent à partir de leur profession, pratiquent le Commerce.

 

À Montoir nous avons relevé :

 

- SANSON Estienne      - (décédé le 7 janvier 1673) époux de Françoise MAHE, Marchand-marinier à Gron

 

- FRANCOIS Olivier      - époux de Julienne BOSSINOT (1672-1682), Marchand-marinier - Capitaine de navire - Gron

 

- MAHE Jan                 - époux de Perrine PHILIPPE (1673), Marchand-laboureur   -   Grandes-Isles.

 

- BREDET Jan              - époux de Perrine AVENARD, Marchand-marinier (1674)   -   Guersac

 

- HALGAN Jacques       - époux de Julienne MARTIN (x 2 septembre 1670) arrière-grand-père de l’amiral HALGAN : Marchand à Guersac

 

- TASSE Pierre            - († 17 septembre 1688) époux de Marie COGNIL, Marchand-cordonnier au Bourg

 

- LEBARBIER Pierre      - époux de Marguerite COGNIL (x 13 septembre 1678), Marchand-capitaine de vaisseaux

 

- HALGAN Guillaume    - époux de Perrine OLLIVAUD (x 13.10. 1671), Marchand-laboureur - Erran

 

-  OLLIVAUD Michel      - époux de Perrine MAHE (x 17 août 1682) - Marchand au Bourg

 

- CARRE Pierre            - époux de Estiennette LEBARBIER (1698), Marchand-mercier   - Donges

 

- HALGAN Jacques       - époux de Louyse MOYON (1698) - Marchand

 

- GUIBERT Jan            - époux de Janne BROBAND (1698) - Marchand de St-Dolay

 

- VAILLANT François     - époux de Perrine RABA (1699) - Marchand mercier de Crossac

 

 

Au XVIIIème siècle :

 

Comme il l’a été indiqué au chapitre traitant des marins, chez les gens de Montoir les métiers de marin et de charpentier se confondaient. Pour la grande majorité des hommes de la paroisse, quand on n’était pas briéron vivant de la Brière, on était charpentier de navire, charpentier navigant. On ne peut donc pas ajouter grand-chose à ce qui a été dit à ce sujet. Il est évident que lorsqu’ils ne naviguaient pas ou plus ces charpentiers employaient sûrement leur savoir-faire à l’entretien de la flottille des chalands briérons et à la construction de nouvelles embarcations. Mais de tout cela il ne reste pas de trace.

 

Les seules personnes que l’on trouve avec l’étiquette « constructeur de navires » sont :

- Jacques RICORDEL : Fils de Guillaume et Jeanne COCHARD de Prinquiau. Il a épousé à Montoir Julienne ROBERT le 5 octobre 1734 dont il devint veuf le 4 novembre 1735, puis Julienne OLLIVAUD le 27 août 1737. Il semble qu’il n'ait jamais navigué. Il est désigné comme constructeur de navires lors du décès de sa fille le 15 septembre 1755. Il habitait alors le Tillou.

Son frère Laurent, né vers 1717 à Prinquiau, était maître charpentier et travaillait avec lui. Le 15 février 1746 il avait épousé Marie THAUMUR. Il est mort au bourg de Montoir le 19 juin 1770.

 

- Guillaume MAHE : Né le 5 mai 1748 il avait épousé Julienne FOURE le 20 août 1776. Il avait navigué puis s’était installé à Aignac comme « constructeur » (on l’y trouve en 1785). Lors des événements de 1792 on le dit « charpentier entrepreneur ».

Au début du siècle suivant il sera de ceux qui formeront dans leurs chantiers les apprentis inscrits maritimes. Décédé le 22 novembre 1828.

 

- Jean MAHE : Frère du précédent, né le 24 juin 1751 et marié le 17 juin 1777 à Marie FOURE. Il sera lui aussi chef d’atelier, constructeur à Aignac où il mourra le 23 juin 1819.

 

- François HUBAUD : Né le 3 octobre 1770 et marié le 14 octobre 1800 à Rosalie CHAUVE. Il était constructeur à Méan en l’an XI (1803). Il meurt le 19 mars 1805 à l’hôpital de Brest.

 

Notons aussi le cas d’un « Laboureur-Charpentier », c’est :

   

- François AOUSTIN : Né le 24 novembre 1750

Marié le 20 février 1781 à Marie Françoise MOYON

Décédé le 23 avril 1794 - L’Oisillière

 

- Jean ROTHOUX : Né le 11 novembre 1737

Marié le 20 juin 1758 à Marie HALGAN - Guersac

Travaille chez lui comme calfat en 1784 - Décédé le 26 septembre 1815.

 

 

Commentaires sur les artisans et services

 

Faisons d’abord un relevé des professions exercées sur la paroisse et classées par ordre d’importance :

 

Viennent en tête les métiers concernant l’habillement :

 

Les cordonniers sont en moyenne six ou sept tout au long du siècle. Établis au bourg, on en trouve, exceptionnellement, à Méan et à Guersac et, à la fin du siècle, à Mazin et Pendille.

Les tailleurs d’habits de quatre à six en moyenne, assez répartis dans l’ensemble de cette paroisse.

Les sabotiers n’apparaissent que dans les dernières décennies du siècle. Il y en a trois à Mazin et un à Erran. Comme si à cette époque certains hommes de Mazin s’étaient spécialisés dans les métiers de la chaussure. Auparavant les sabots venaient généralement de la forêt du Gâvre.

Les tisserands et les sergers sont chez nous des exceptions, alors qu’en d’autres paroisses riveraines du nord-ouest de la Brière, ils représentent l’essentiel de la population.

Un chapelier fait son apparition juste avant la Révolution. Il est originaire de La-Chapelle-des-Marais.

Deux perruquiers résident au bourg dans la seconde moitié du siècle.

 

Voyons ensuite les métiers du bâtiment et de l’équipement :

 

Les maçons et tailleurs de pierres. Il y en eut toujours deux ou trois, surtout au bourg, occupés spécialement à la construction et à l’entretien les édifices importants (églises, chapelles, maisons nobles, ponts).

Quelques menuisiers, surtout au bourg

Les couvreurs en ardoise apparaissent dans la deuxième partie du siècle. Il y en a un ou deux dans le bourg.

 

Il y a toujours eu aussi quelques forgerons, maréchaux-ferrants, taillandiers. Le taillandier était spécialisé dans la fabrication des armes blanches et des outils tranchants : épées, dagues, couteaux, serpes, faux, haches, etc.

 

Comme métiers de la bouche il y avait généralement : un boulanger et un boucher, mais à la fin du siècle on connaît trois bouchers.

 

On rencontre épisodiquement un arquebusier, un cordier, deux fileurs, un cloutier, un tonnelier.

 

Il y avait régulièrement un sacristain, un chantre, un forestier, un maître d’école parfois un fossoyeur, quelques charretiers, un ou deux affranchisseurs pour la castration des animaux et les soins à leur donner (mises bas difficiles). C’était les vétérinaires de l’époque. Plus tard on les appela hongreurs ou herbagers, terme qui, déformé lors des contacts avec l’armée allemande en 1871 et de 1914 à 1918, donna par dérision « herr major ».

 

Les maisons nobles ou roturières employaient des domestiques, servantes, jardiniers.

Les aubergistes et cabaretiers étaient de plus en plus nombreux, ajoutant souvent cette profession à une autre, cordonnier par exemple.

Nous avons déjà noté que les meuniers et les métayers, même s’ils parvenaient à fonder de véritables dynasties sur la paroisse, étaient pratiquement toujours d’origine extérieure. Nous verrons par la suite que les employés des fermes du Roy étaient tous étrangers au pays.

 

Les artisans étaient aussi, neuf fois sur dix, venus d’ailleurs. Même les domestiques et les servantes étaient généralement recrutés dans les paroisses voisines.

 

Absence remarquée de deux corporations courantes dans une paroisse rurale : pas de bourreliers, pas de charrons.

 

Le paroissien de Montoir est un Briéron et un charpentier de marine. Cela recouvre tous les métiers propres à la Brière et qui n’apparaissent jamais autrement. Le terme « coupeurs de mottes » courant à la fin de cette période est en fait synonyme de Briéron.