GÉOGRAPHIE,
HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE DE LA BRIÈRE
Classes sociales et professions de Henri IV à Louis XVI
Préambule
Les textes figurant ici sont tirés du livre d’André Moyon « Les
Iles de Brière de Henri IV à Louis XVI – Classes sociales et professions »
publié en 1991.
Ces textes ont été expurgés de la majorité des références à des
individus figurant dans la base généalogique. Ces références ou renseignements
pourront être retrouvées en consultant les individus de la base.
Le but de ces pages est en effet de donner des informations générales
sur la Brière, les données particulières pouvant être retrouvées en consultant
les individus.
La décomposition en deux moitiés du XVII ème siècle correspond aux
périodes pour lesquelles nous avons conservé les registres.
Première moitié du XVIIème siècle (Registres de
1626 à 1637)
Au Moyen-âge, avec le système féodal, les seigneurs avaient joué un rôle
capital dans la protection de leurs vassaux. La Chevalerie s’enorgueillissait
de sa vocation à protéger la veuve et l’orphelin et de son devoir d’assistance
à son suzerain.
Peu à peu tout
cela a évolué. De territoire à protéger, le fief est devenu essentiellement
source de revenus. Le suzerain,
protecteur et allié, est maintenant un concurrent dans la course aux bénéfices.
Après des siècles de rivalités, un grand vainqueur apparait au début du
XVIIème siècle, c’est le roi. Son domaine s’est considérablement étendu. Il est
véritablement à la tête de la nation « France ».
Il n’y avait pas, depuis longtemps, de comte de Nantes, il n’y a plus
maintenant de duc de Bretagne. Le vicomte de Donges dépend du roi par
gouverneur puis intendant interposé. D’ailleurs il ne réside plus sur la
vicomté. Ce qui reste des châteaux de l’Angle et de Lorieux sera démantelé sous
Louis XIII.
En ces premières
années du XVIIème siècle le vicomte est Guy II de RIEUX qui a épousé
successivement Léonore de ROCHECHOUARD et Catherine de ROSMADEC. La petite
noblesse est bien affaiblie.
Pas de château sur le territoire de la paroisse mais seulement quelques
maisons nobles dont la principale est Bratz, titulaire de la juridiction et
toujours associée à Trégonneau.
Bratz appartient aux de la BOURDONNAYE, vieille famille
originaire du diocèse de Rennes, depuis le mariage, à la fin du XVème siècle,
de François, seigneur de Couëtion, avec Jeanne GLADONNET, héritière de la
Seigneurie de Bratz.
Leur fils aîné Tanguy, époux de Jacquemine LEVOYER, en hérita et la
transmit à son petit-fils Julien, seigneur de Couëtion, époux de Claude de
KERGUISÉ (en 1562 d’après le dictionnaire de la noblesse), de Jeanne BOUVET
(d’après Kerviller).
Son fils Jean épouse Jeanne d’Ust le 7 juin 1600 puis Louise de la
BOUEXIERE de BRANTONNET en 1614. C’est donc ce couple qui occupe la maison de
Bratz à l’époque qui nous intéresse. Ils ont le titre de Seigneur et Dame de
Bratz, Trégonneau mais aussi de Ranlieu (en St- André) apporté par Jeanne
d’UST.
Leur blason est : « De gueule à trois bourdons d’argent 2 et 1, surmonté
d’un lambel de même ».
Il semble bien qu’à cette époque le rôle de capitale administrative de
la vicomté soit tenu par Montoir. Des notables habitants sur le territoire
paroissial de Donges, se considèrent cependant volontiers paroissiens de
Montoir.
Ainsi on peut noter le 3 avril 1636 le baptême de Denys du COULDRAY fils
d’Arthur et Jacquette AOUSTIN, et le 19 mars 1637 celui de Denize, fille de
Pierre du COULDRAYE et Jacquette DUBOURG.
On trouve deux familles de vieille noblesse portant ce titre :
- Les du COULDRAY de Tréveneuc,
originaires du Couldray en Mauron qui s’appelaient primitivement BLANCHARD
- Les du COULDRAY du Bois de la
Cour, originaires du Maine.
Néanmoins, à cette époque, il n’y avait pas de du COULDRAY au Bois de la
Cour dont le sieur était Guillaume GARREAU. En revanche, ils étaient toujours
maîtres à Tréveneuc en Donges.
Assistent également à un baptême le 25 Juillet 1626 les enfants de feu
Briand du COULDRAY sieur de Beauregard (en St-Nazaire). Il y a là Péronnelle et
son frère Guy, héritier du titre de Beauregard, qui épousera en 1637 Marguerite
de BESNE.
Il semble bien qu’il s’agisse dans ce cas d’une autre famille, les du
COULDRAY du Hil, dont l’ancienneté de noblesse n’est pas assurée.
Bertrand de L’ESTOURBEILLON de la HUNAUDIÈRE, fils de Jacques et
petit-fils de Joachim, époux de Péronnelle LOYSEL de la MOTTE ALLEMAN, habite
les maisons nobles de la Savinaye et du Bois Joubert, sur Donges, mais en
bordure de Montoir où sont baptisés leurs enfants : Pierre le 10 septembre 1628
et Julienne le 22 mars 1634. Leur fille Henriette assiste à un baptême le 8
février 1628.
On rencontre aussi, à l’occasion de baptêmes, des parents ou amis des
paroisses voisines :
Le 16 août 1631, Jean de
L’ESPINAYE sieur de Passy et Françoise de LA LOYRIE épouse de Guy LOYSEL,
seigneur de Crossac.
Le 26 mai 1635, François de
L’ESPINAYE, écuyer, sieur de Pasty, époux d’Olive LOYSEL.
Le 10 septembre 1628, Bernard LOYSEL,
sieur de la Barotraye, époux de Renée GOUSSIER.
Les armes de L’ESTOURBEILLON sont : « D’argent au griffon de sable armé
et lampassé de gueules ».
Deuxième moitié du XVIIème
siècle ( Registres de 1667 à 1700 )
Le tiers du siècle où les registres paroissiaux nous font défaut
(1637-1667) est celui qui sépare les ministères de Richelieu et de Colbert.
Premières années du règne de Louis XIV et gouvernement de Mazarin furent
marqués par la tentative des grands seigneurs de regagner l’influence perdue
sous Louis XIII.
En fait, après les péripéties de la Fronde et les épreuves qui en
découlèrent pour le pays, le résultat fut à l’opposé de leurs espoirs. Le
pouvoir royal en sortit renforcé. Louis XIV n’oublia jamais. La noblesse,
jusqu’à ses plus hauts niveaux, délaissa les châteaux de ses ancêtres pour
venir s’entasser à Versailles, sacrifier au culte de la Cour royale, y occuper
de véritables emplois domestiques et s’y ruiner.
Sur le terrain, la petite noblesse voyait aussi son influence
s'amoindrir. Dans les actes il n’est jamais question du vicomte qui, de 1637 à
1650 avait été Jean V de Rieux, puis de 1650 à 1656 Jeanne Pélagie de Rieux,
épouse de Jean Emmanuel d’Assérac.
Depuis 1656 le vicomte est Jean Gustave de Rieux d’Assérac. C’est lui qui en 1690 vendra la vicomté à
René DE LOPRIAC.
Mais qu’en était-il des
châtelains de Montoir ?
Nous avons vu que dans les années 1630, Bratz, Trégonnaud et Ranlieu
étaient à Jan de LA BOURDONNAYE, époux de Louise de la BOUEXIERE et
résidant principalement à Bratz.
Leur fils Jan, né en 1616, épouse le 30 mars 1643 Marie DU BREIL dame de
Liré.
Lors de la confection des papiers terriers de 1683 il existait toujours
un Jean de LA BOURDONNAIS, sieur du dit-lieu, sans doute était-ce celui-ci
alors âgé de 67 ans.
Leur fils aîné, François, se fixa à Liré dont il prit le titre. Le
cadet, Julien, devint seigneur de Coelcandec et un de ses enfants, Gilles,
épousa Anne COTHOREL. Ils étaient sieur et dame de Trégonneau. Ils moururent
sans doute jeunes et sans héritiers car leurs biens revinrent à Charles.
Charles et Claude étaient vraisemblablement deux autres fils de Jean de
LA BOURDONNAYE et de Marie DUBREIL. Ce sont eux que nous retrouvons en cette
dernière partie du siècle :
- Charles, seigneur de
Bratz et la Taillée
- Claude, seigneur de
Ranlieu et Trégonnaud où il réside, époux de Renée DE LA GRÉE et décédé
probablement le 19 février 1670.
Quant à leurs propres enfants, cela n’est pas très net :
- Charles avait assurément une fille aînée Janne (marraine de 1668 à
1682) mais sans doute aussi un fils Claude.
- Claude avait sûrement :
-Un fils Claude, baptisé le10
juin 1669, décédé le 25 déc. 1695.
-Une fille Louise-Renée née le
19 février 1670, mariée le 23 décembre 1694 à Jan MICHIEL seigneur du DEFAY et
décédée le 20 Juin 1721.
-Une fille Janne, marraine le
1er octobre 1675.
Cet enchevêtrement de prénoms Claude et Janne ne facilite pas la tâche
de recherche.
Le 28 février 1696, escuyer Louis Gilles DUMAS, seigneur du Gléré, fils
de feu Claude et de Charlotte du VAUGIRAUD de Rieux, épousait dans la chapelle
de Méan, Janne de LA BOURDONNAYE, veuve de Denys du COUDRAY seigneur de
Tréveneuc.
De quelle Janne s’agissait-il ? De la fille de Charles ou plutôt de
celle de Claude ?
Le 6 juin 1688, Jeanne CHEFDOTEL, épouse de Noël GOURET, accouchait
d’une fille illégitime de messire Claude de LA BOURDONNAIS, seigneur de Braz et
autres lieux. Quel Claude ?
Le 19 février 1670, inhumation du sire de Ranlieu
Le 12 mars 1696, inhumation de Claude de LA BOURDONNAYE seigneur du dit
lieu.
Le 25 novembre 1699, assiste à un mariage, un Claude de LA BOURDONNAYE,
seigneur de Tréveneuc. De qui s’agit-il ?
En cette deuxième moitié du XVIIème siècle, Isaac du COULDRAY et
sa femme Janne de FRANCE, seigneur et dame de Beauregard et de la Mouydais,
habitent la maison noble de ce dernier lieu, près du bourg de Monthoir.
Y demeure aussi Olive LOYSEL, dame de la Mouydais, peut-être la veuve de
François de L’ESPINAYE rencontré lors d’un baptême en 1635 et que l’on retrouve
le 3 mars 1670.
Le couple Isaac du COULDRAY - Janne de FRANCE est éprouvé par la mort de
jeunes enfants :
Le 28 janvier 1673 : Jacques
âgé de 2 ans né le 1er octobre 1670
Le 5 février 1673 : Françoise
âgée de 5 ans
Le 20 février 1673 : Olivier
âgé de 5 mois
Le 28 novembre 1674 : un enfant
sans autre indication.
Isaac du COULDRAY décède en 1678 et est inhumé le 3 mars. On retrouvera
Janne de FRANCE à l’occasion de cérémonies, au moins jusqu’en 1694. Ses armes
sont : « D’argent à trois fleurs de lys de gueules (de France) »
En 1683 le seigneur de Tréveneuc à Donges est Arthur du COULDRAYE.
Dans cette famille du COULDRAY on note encore les personnes suivantes,
sans pouvoir définir leur degré de parenté :
Marquise du COULDRAY dame de
Prézégat
Jean-Baptiste, escuyer
Françoise, dame de la Chaussée
Une du COULDRAY avait épousé Raoul de BESNE, seigneur de Mareil, il
semble que ce soit Marquise. Ledit Raoul de BESNE est décédé le 9 novembre
1676.
Plus tard, en 1694, on retrouve une marquise du COULDRAY veuve de Jan
BOURDEIL, seigneur de Blanche. Serait-ce la même ? Elle est décédée en 1717. Au
cours de divers cérémonies on rencontre encore
- Le 1er avril 1684 Michel du
COULDRAY, sieur de la Mouydais.
- En 1685, Denys, probablement
l’époux de Janne de LA BOURDONNAYE.
- De 1688 à 1694 Marguerite du
COULDRAY compagne de esc. François de BESNE seigneur et dame du dit lieu
d’Ardureau. Elle est décédée le 24 décembre 1693 à Donges, âgée de 32 ans.
- Le 20 mars 1699 Claude du
COULDRAY seigneur de Tréveneuc
Prézégat est sur St-Nazaire, limitrophe de Montoir
Mareil est sur la Chapelle-Launay, près de la Rue d’Appée
Blanche sur Donges, près de Tréveneuc.
La famille de L’ESTOURBEILLON est alors représentée par Pierre,
de l’île Beillon, époux de Janne FOURNIER, seigneur et dame de la Savinaye, le
Bois Jobert, la Motte Alleman et résidant à la Savinaye.
Pierre de L’ESTOURBEILLON était né le 10 septembre 1628 et avait d’abord
épousé à Guérande en 1653 Louyse DU MASLE DE COLVEUC. Veuf en 1662, il épousa
Jeanne FOURNIER de la Pinsonnière, à Nantes en 1665.
Les enfants de ce couple sont nombreux. En 1696 on verra assister à une
sépulture :
- Pierre, l’aîné, seigneur de
la Savinaye
- Pierre-Henri, seigneur de la
Motte Alleman né le 5 Janvier 1667 à Besné.
- Joseph né le 19 février 1675,
seigneur du Fourbin.
- Gabrielle est souvent marraine de 1676 à 1690
(†le 28 jan. 1695).
- Jean, noble escuyer, est
inhumé le 12 septembre 1674.
- Deux jeunes enfants sont
inhumés en 1671 et 1674.
La mère, Janne FOURNIER est enterrée le 8 novembre 1700 dans le chœur de
l’église de Montoir et le père est mort en 1707.
C’est alors le temps où les vieilles familles plus ou moins désargentées
doivent peu à peu laisser leur place à de nouveaux venus qui, ayant la fortune,
achètent les terres et les fonctions, puis se créent des titres en ajoutant à
leur nom celui de leur domaine.
Un personnage important habite le bourg de Montoir, c’est Denys MICHIEL
époux de Janne RANGARD, seigneur et dame de la Provotais.
Leurs enfants connus sont :
- Renée née à Brains, est
baptisée à Montoir le 3 octobre 1668.
- Olive inhumée le 28 février
1672, le lendemain de son baptême, alors qu’elle est âgée de 8 ans.
- Suzanne inhumée le 2 avril
1672 à l’âge de deux ans.
- Marie épouse Jan Joseph DUMAS
en 1698 à St-Nazaire.
Le père, Denys MICHIEL, sieur de la Provotais, a été inhumé le 4 Juin
1685.
Nous avons déjà vu qu’un autre MICHIEL, Jan, seigneur du Défay avait
épousé Louise Renée de LA BOURDONNAYE le 23 déc. 1694.
À l’occasion de cérémonies nous rencontrons :
- Le 11 octobre 1668 :
- François BOURDEIL sieur de la
Magdeleine
- Janne DENOE dame de Mainguen
- Le 10 juin 1669 :
- Charles de CHAMPEAU, seigneur
du Gré
-Janne BOJET épouse d’Arthur de la GRÉE,
seigneur de Loudière
- Georges du BREIL et Marie de la GRÉE
- Jacquette de la BOUGERIE
- Raoul de BESNE, seigneur de
Mareil (†9 novembre 1676) époux de Suzanne BOURDEIL († le 6 août 1675)
- Les 7 mars 1685 et 9 septembre 1686 :
- Pierre DUBREIL, fils de monsieur de Champcartier (Jan DU BREIL) et de
Catherine GARREAU demeurant à Nantes, faubourg de Richebourg, paroisse
St-Clément.
- Le 15 juin 1685 : Anne MOYNARD, dame de Condé (Donges)
- Le 28 février 1696 : Jacques LOYSEL, seigneur de Bodiau
- Le 27 octobre 1697 : Escuyer Joachim ROGON
- Le 17 avril 1697 : Mariage de Pelage DUMAZ et Marie-Anne BERTAUD
- Le 25 novembre 1699 : Pierre de
St-Aubin, seigneur du dit lieu
- Le 8 mars 1693 : Julien CHARETTE, seigneur de Beaulieu
- Le 15 août 1696 : Marie de Montluc
dame de la Renaudière
- Le 3 sept. 1695 : Claude BECCARD époux de Geneviève LOYSEL, sieur de
la Bossaire.
Les LOYSEL étaient originaires de la maison roturière de la Barillais
près du village de l’Etang, toujours possession de la famille. En 1617 Guy
LOYSEL avait acheté aux d’Avaugour la seigneurie de Crossac que Pierre LOYSEL
échangea avec Jérôme ROGON en 1666 contre celle de Bodio.
Un René LOYSEL avait également été sieur de Tréveneuc (terrier). Le 10
décembre 1673 était inhumé dans l’église de Crossac le corps d’escuyer Jan
ROGON, sieur des Gaultrais, époux de Marguerite MOYSEN, propriétaire de
Bélébat. Leur fille Louise épousera le 20 août 1686 esc. Guy TEXIER, sieur du
Chaptelier.
Notons au passage que Monsieur de CHAMPCARTIER, cité ci-dessus, était le
maître du Bois de la Cour du fait de sa femme Catherine GARREAU qui le tenait
de ses parents Guillaume GARREAU et Catherine AUBIN.
Ce DUBREIL de CHAMPCARTIER était probablement apparenté à Marie DUBREIL,
dame de Liré et épouse de Jean DE LA BOURDONNAYE, ce qui peut expliquer comment
le Bois de la Cour passa ensuite à cette famille.
Il y a d’autres lieux, en général boisés, dans la région (voir
Herbignac) qui portent ce nom de Bois de la Cour, mais la maison noble était
bien celle de Guersac (voir papiers terriers 1683).
Où en sommes-nous à Montoir en ce XVIIIème siècle ? Quel sens ont ces
mots : nobles - bourgeois - notables - seigneurs ?
Dès le début du siècle il est devenu difficile de classer les gens dans
des catégories bien précises. Les titres, la fortune, le pouvoir, l’influence
sont des notions qui s’interpénètrent. Essayons cependant de jeter quelques
lueurs dans cet écheveau.
La vicomté de Donges appartient à la vieille famille bretonne de RIEUX
depuis le mariage au XIVème siècle de Jean II de Rieux avec Jeanne de
Rochefort, héritière de la maison, qui tenait ce fief depuis 130 ans. En 1690
Jean-Gustave de Rieux d’Assérac, époux d’Anne Hélène d’Aiguillon, vend pour
Celui-ci a épousé successivement Hélène ROMIEU de la FOREST puis Marguerite
de LAGOURLA de HILGUY et, enfin, Jeanne Françoise de SAUVAGET. Il porte entre
autres les titres de vicomte de Donges, baron de La Roche en Savenay, marquis
de Cœtmadeuc et d’Assérac. Il est conseiller du Roy et doyen de son parlement
de Bretagne. Il meurt le 4 décembre 1707 (B 1881).
C’est son fils Jacques qui lui succède d’abord. En son nom sont établis
les papiers terriers de 1708.
Il disparait semble-t-il rapidement, en tous les cas avant 1714 puisque,
lors de ses aveux de cette année, le seigneur de Martigné déclare tenir son
fief de René de LOPRIAC, vicomte de Donges, frère de Jacques.
Ce René de LOPRIAC a épousé Judith Hiéronyme ROGON, dame du château du
Bois de l’Angle, (ou du moins de ce qui en reste). Il est décédé en juillet
1734.
Lui succède Guy Marie de LOPRIAC époux de Marie Louise de la
ROCHEFOUCAULD (Moret). Il meurt subitement le 19 Juillet 1764. (Dictionnaire
des familles françaises).
La dernière vicomtesse de Donges sera Félicité de LOPRIAC. Mariée le 15
juin 1752 à Louis Joseph comte de KERHOËNT elle sera guillotinée à Paris le 25
juillet 1794. (Blandin)
Ces personnages ne nous intéressent qu’indirectement car ils n’ont
jamais résidé sur leurs terres. Peut-être n’ont-ils même jamais mis les pieds
dans notre paroisse. Il est intéressant de noter que les LOPRIAC ont chez nous
des titres acquis par achats de fiefs et par mariages (ex. le mariage ROGON).
De la vieille noblesse locale que reste-t-il ?
Au début de ce siècle les maisons nobles de Bratz et Trégonneau sont
passées aux mains de riches propriétaires de la région, les ROGON, en la
personne de Joachim ROGON époux de Paule BOURGOGNE, seigneur et dame du Parc de
Bratz, Trégonneau, Chasteauloup, Kercaber, La Paquelais et autres lieux.
Leur résidence principale est à Bratz. Ils ne semblent avoir qu’une
fille que l’on rencontre en 1715 avec le titre de demoiselle de Trégonnaud et
qui se marie l’an suivant à Pontchâteau où l’on peut lire dans le registre
paroissial, le 18 février
Claude FRESLON, seigneur de la
Freslonnière, Boisbriand, Lacorac, Branféré et autres lieux, originaire de
Noyal-Muzillac (il y est né en 1680 et a été baptisé au Guerno le 15 juillet
1685), fils de Jean-Baptiste et Renée GRIGNARD (du Chalonge) avec
Marie Anne Aymée Alexandrine
ROGON, dame de Bratz, Trégonneau et autres lieux, originaire de Montoir où elle
demeure à Bratz, fille de Joachim et Paule BOURGOGNE.
Le couple ne s’installe probablement pas tout de suite à Bratz occupé
par les parents ROGON, mais peut-être plutôt à la Freslonnière seigneurie
fondée sur la paroisse de Rheu par la famille FRESLON. Toujours est-il que ce
couple extrêmement fécond eut d'abord au moins deux enfants dont on ne trouve
la naissance ni à Montoir ni à Crossac, ni à Pontchâteau :
- Marie née vers la fin 1716 et
décédée le 10 septembre 1727 à Montoir âgée de 11 ans.
- Renée Rose née un an plus
tard et décédée le 30 octobre 1726 à
l'âge de 9 ans.
C’est probablement vers 1720 que se situe la mort du père Joachim ROGON
(entre 1718 et 1726) et que le couple vient s’installer à Bratz où se succèdent
les naissances :
- Le 28 juin 1721 ondoiement à
Montoir de Hiéronyme Judith. Elle sera baptisée à Crossac le 2 octobre 1721. Sa
marraine est la vicomtesse de Donges qui donne ses prénoms à sa filleule.
- Le 3 août 1722 Honoré Claude,
baptisé le 1er oct. (décédé le 25 juin 1723)
- Le 5 novembre 1723
Ester-Julie-Emmanuel (baptisé le 4.10.1724)
- Le 15 décembre 1724
Anne-Thérèse
- Le 5 juillet 1726 Élisabeth Victoire
- Le 25 septembre 1727
Marie-Anne (décédée le 25 novembre 1727)
- Le 19 décembre 1728 Claude
Alexandre - futur capitaine du régiment royal des vaisseaux (décédé en 1757).
- Le 6 octobre 1730 Louis
François, futur abbé - docteur en Sorbonne (décédé à Paris en 1812).
- Le 4 mai 1732 Gabriel Jan
Baptiste, futur bailly - chevalier de Malte où on le trouve en 1781 et où il
meurt.
Entre temps la grand-mère Paule BOURGOGNE est décédée à la maison noble
de la Freslonnière et inhumée à Montoir le 10 juillet 1730.
Son gendre Claude FRESLON disparait le 6 août 1735, suivi de peu par sa
femme Alexandrine ROGON qui meurt le 9 mars 1736. Tous deux sont décédés dans
leur maison noble des Bratz et inhumés dans l’église de Montoir, vis à vis
l’autel de la Vierge.
Les enfants sont recueillis par le sénéchal de Rennes et l’on ne note
plus aucune présence de FRESLON ou de ROGON sur la paroisse de Montoir. A
l’occasion des baptêmes des enfants on avait rencontré entre autres :
René Gilles FRESLON, chevalier
de la Freslonnière.
Emmanuel Rose FRESLON de la
Freslonnière, chevalier seigneur de St-Aubin-d’Aubigné.
Joseph Marie FRESLON, seigneur
de la Freslonnière.
César, Alexis FRESLON de La
Freslonnière, marquis d’Avigné, seigneur de Colligné, Querbriand et autres lieux.
A Crossac on relève les décès d’escuyer Joseph ROGON, seigneur de
Bélébat, le 30 décembre 1710 à l'âge de 50 ans et de sa femme Ollive Michelle
BOUX le 19 septembre 1728.
Notons que Joachim ROGON avait pour armoiries : «D’azur à trois roquets
d’or». En 1701 il dirigeait la capitainerie des garde-côtes, de Montoir à
Cordemais.
Une ROGON, Judith-Hiéronyme, avait épousé René de LOPRIAC, vicomte de
Donges.
Une autre ROGON, Marie († 1735) avait épousé Luc Julien LE SENECHAL DE
KERGUISE à qui passa la seigneurie de Crossac.
Après le décès du couple FRESLON x ROGON la maison de Bratz fut la
résidence de notables, mais la famille resta propriétaire au moins d’une partie
des biens puisque pendant la période révolutionnaire on trouve des certificats
de résidence en France en 1793 (12 JJ 16) d’ Alexis, François, Marie, Joseph
FRESLON, propriétaire de la terre de Bratz. Puis en 1794 la remise de grains
par BRICAUD, régisseur de Bratz, au titre de biens d’émigrés.
Il semble bien que le château lui-même était habité par les procureurs
fiscaux du fief. L’un d’eux, Guillaume MOYSAN y mourait le 23 octobre 1755. Un
autre, Jacques PASQUIER, y demeurait vers 1770.
Si l’histoire de Bratz est simple, celle de Trégonneau est beaucoup plus
ambiguë.
Jusqu’à leurs morts les ROGON se prévalurent du titre de seigneurs des
terres et fiefs de Bratz et Trégonneau.
Cependant, et concomitamment, Jean MICHIEL et sa femme Louise Renée DE
LA BOURDONNAYE, dernière représentante du nom sur la paroisse, se prévalaient
du titre de seigneur et dame du Défays, Trégonneau et autres lieux, et ce à
juste titre semble-t-il. En effet dans l’aveu de 1708 est précisément mentionné
« le devoir de l’hommage » que doivent au dit seigneur de la vicomté :
- Monsieur du Parc ROGON
« à cause de sa terre et seigneurie de Bras en Monthoir ».
- Madame du Defays MICHIEL « à
cause de sa terre de Trégonneau » (Trégonneau est d’ailleurs leur
résidence).
Renée de LA BOURDONNAYE y décède le 20 juin 1721 peu après son veuvage.
Les MICHIEL continuèrent d’y résider au moins jusqu’en 1783.
Le 26 juin 1726 y décède Joseph MICHIEL, fils des précédents.
En 1727 c’est Guillaume DUMATS D’ARMANJO et sa femme Gillette Thérèse
MICHIEL du Défays qui y habitent. Leur fille Prudence Julienne y naît le 8 juin
de cette année. Son parrain est Prudent de LA BOURDONNAYE, chevalier seigneur
du dit lieu. Julienne Thérèse MICHIEL y meurt le 5 janvier 1729 et son mari
Guillaume DUMAS le 18 octobre 1751.
Ce sont ensuite les enfants de Julien MICHIEL du Défays et de Anne
GUILLERMO qui y résident :
-
Marie-Anne Gabrielle qui épouse le 8 octobre 1759
François Louis DUPONT D’AUBEVOYE, chevalier seigneur de la Roussière, capitaine
au régiment de Bourbon alors en cantonnement à St-Nazaire. L’épousée est née à
Pontchâteau.
-
Germaine Félicité y meurt le 27 mai 1783 à l’âge de
55 ans.
-
Louise Sainte Charlotte, dame de Candé, meurt dans
le bourg le 21 mai 1787, âgée de 58 ans.
Le fils aîné de Jean MICHIEL et de Renée Louise de LA BOURDONNAYE,
Pierre, esc. chevalier seigneur du Deffais en Pontchâteau avait épousé à Donges
le 25 février 1737 Marie RENAUD de la paroisse St-Denis de Nantes, veuve de
Louis TERRIEN, capitaine de navire.
Les vieilles familles de Donges que nous avons vu fréquenter assidûment
la paroisse de Montoir au siècle précédent sont toujours dans leurs fiefs, mais
c’est à Donges qu’elles célèbrent désormais régulièrement leurs événements
familiaux.
En 1708, suivant les papiers terriers, Pierre de L’ESTOURBEILLON est
seigneur de la Savinaye et du Bois-Joubert. Cette famille sera toujours là à la
fin du siècle. Joseph Claude Jean de L’ESTOURBEILLON, chef de nom et d’armes de
Boisjobert et La Motte Alleman sera un adversaire résolu de la Révolution.
Arrêté le 1er juillet 1791, interné au château de Nantes, il sera libéré peu
après et finira par être porté sur la liste des émigrés.
Sur Montoir les L’ESTOURBEILLON possédaient les métairies de Caloyau et
de la Motte.
Les derniers membres de cette famille dont on trouve l’inhumation à
Montoir sont « Joseph de L’ESTOURBEILLON, veuf de Renée DUPAS, chevalier
seigneur de Boisjobert et de la Motte Alleman, major général garde-côte de la
capitainerie de Monthoir, décédé dans sa maison noble de Boisjobert à Donges le
19 décembre 1737 » et Jeanne BENIER décédée le 25 septembre 1749 en sa maison
de Boisjoubert en Donges âgée de 42 ans. Qui était-elle ?
Les mêmes papiers de 1708 font état de «escuyer Claude DU COULDRAYE,
seigneur de Tréveneuc, à cause de ses terres sises en Monthoir», mais sans
préciser lesquelles et aussi de «escuyer François de BESNE et de Mareuil,
seigneur de la Haye-de-Besné en Prinquiau, possesseur de L’Ormois et de la
Barillays.»
Ce sont là les derniers représentants de la petite mais ancienne
noblesse établie sur notre paroisse ou la fréquentant régulièrement.
Dans les aveux de 1708 on relève encore les devoirs d’hommage dûs au
vicomte par :
- Monsieur de la Colinnière
CHARETTE à cause de sa terre de La Ramée en Prinquiau, Donges et Montoir.
- Monsieur de La BOURDONNAYE à
cause de sa terre de la Pasquelais
- Maître Alain VINCE, avocat en
la Cour, pour sa terre de la Pasquelais
- Les héritiers de Gilles de
LAUNAY à cause de sa terre de la Pasquelais
- Les propriétaires de la
Boutardière et du Bois de la Cour
- Escuyer Denis MICHEL, sieur
de la Loutaye, héritier de Me Jacques HERVE
- Les enfants d’ Isaac du
COULDRAY à cause de la maison noble de la Mouisdais
- Les prieurs d’Aine et de
Fresny
Le plus gros décimateur de la paroisse de Montoir est, au début du
XVIIIème siècle, Maurice de GUISCHARDY, président en titre aux enquêtes du
Parlement de Bretagne, chevalier seigneur
de Martigné, Chevigné, L’Angle-Casso et autres lieux (A.D.L.A. in quarto
637).
Il a hérité son fief de son oncle paternel, Maurice de GUISCHARDY,
gentilhomme ordinaire chez le Roy, décédé à Nantes, paroisse St-Vincent le 24 octobre 1684.
Sa résidence ordinaire est dans son bossel de la rue aux Foulons,
paroisse St-Jean de Rennes. Du château de Martigné, tombé en ruines, il ne
reste que quelques salles et dépendances.
Les aveux de juillet 1714, dont le texte a été conservé grâce à monsieur CHAUVIN, nous permettent de connaître
l’étendue du fief sur la paroisse de Montoir. Il s’agit des terres éparpillées
dans toutes les îles, jusqu’à Fédrun, mais particulièrement importantes dans
l’île du Clos où il s’est étoffé au dépens des anciennes maisons nobles telles
celles de Bratz et Trégonneau dont les métairies sont passées sous sa coupe.
Le seigneur de Martigné jouissait des droits de moyenne et basse justice
et bien sûr des autres droits féodaux.
Les GUISCHARDY, comme les LOPRIAC, n’apparaissent jamais dans la vie de
la paroisse. Ils sont suzerains de leurs terres mais étrangers au pays.
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