Saint-Malo : Guersac et son environnement

 

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Page réalisée à partir des recherches et publications de l’association « Le Pas de Saint-Malo »

 

 

 

Les écluses

 

 Lors du projet d’assèchement des marais de Donges par la compagnie Debray entre 1784 et 1825 (interrompu par la Révolution et repris en 1817), plusieurs travaux sont effectués dans ces marais : creusement de nouveaux canaux (83km), construction de 4 écluses (Taillée, Martigné, Nion, Rozé) et de ponts (5 sur les écluses et 18 autres). Les études pour l’écluse de Rozé commencèrent en 1818 par l’architecte des Ponts et Chaussées : François Plantier, ayant pour but de retenir l’eau en été, comportaient :

   - une écluse à portes d’èbe* et de flot* sur le Brivet avec un pont enjambant les bajoyers (parois latérales)

   - une écluse à porte de flot coté Brière avec un pont enjambant les bajoyers

   - une maison pour l’éclusier.

 

*Portes d’èbe, qui regardent le pays (l’amont) et permettent de retenir l’eau en été.

*Portes de flot, qui regardent le rivage (l’aval) et qui empêchent les marées de remonter dans les marais.

Nota :  L’écluse de Trignac ne fut construite qu’en 1866 et le canal de Rozé creusé qu’en 1936.

-La préparation des travaux débuta fin 1821 par le transport de matériaux à proximité par les marins du pays

 

plan écluse 2b

 

 

On remarquera sur le schéma que l’ensemble écluses et ponts ont été construits à côté du Brivet et qu’ensuite le cours du Brivet et celui du petit Étier ont été modifiés pour rejoindre les 2 écluses.

11 avril 1822, Approbation du projet par le directeur général des Ponts et Chaussées au Préfet

« Monsieur le Préfet, j’ai examiné en conseil général des Ponts et Chaussées, les pièces qui comportent le projet de construction de deux écluses, dans la commune de Rozé, l’une sur le Brivet et l’autre sur l’étier de Méan pour le dessèchement des marais de Donges.

J’approuve ce projet sauf les modifications suivantes :

 

1e. Les pierres de chardonnet, au lieu du dessin des feuilles numéro trois et quatre seront raccordés avec le fond de l’enclave moyennant un dégagement ou congé conforme à la feuille numéro sept.

2e. La largeur au fond des deux canaux de dérivation des écluses sera, selon l’avis de Monsieur l’ingénieur en chef de 5,20 mètres et porter à 7,80 près les têtes des écluses à cause des musoirs.

3e La porte de flot du canal des tourbières sera suivant l’avis de Monsieur l’ingénieur en chef, parallèle à la porte de flot de l’écluse du bas Brivet.

4e. Les buses des deux écluses seront garanties par des heurtoirs en bois.

5e. Les bracons des portes d’écluses devront, dans leur partie supérieure, être assemblé entièrement avec la traverse et non avec le poteau busqué.

6e. Enfin les murs de soutènement des rampes extérieures des escaliers que l’on établira sur les écluses pour permettre la communication immédiate du pont avec le dessus des bajoyers devront être lié, dans toute leur hauteur, avec la maçonnerie de ces bajoyers et ne former qu’un seul massif confondra aussi bas que la prudence semblera l’exiger.

 

Je vous renvoie toutes les pièces qui accompagnaient votre lettre du 14 février, auquel je vous invite à faire faire les modifications ci-dessus prescrites et au moyen desquels j’autorise l’exécution des travaux par la compagnie concessionnaire ».

(ADLA :1711 S 1)

 

Écluse sur le Brivet :

Les portes d’èbe et de flot ont été déposées en 1969 et remplacées par une vanne verticale à crémaillère, rénovée en 2003 (génie civil et porte en bois). Elle servait à maintenir un niveau d’eau dans le Brivet de mai à novembre.

Aujourd’hui elle ne sert qu’à sécuriser les zones situées en amont en cas de panne de l’écluse de Méan et du risque de remontée de la marée. Pour maintenir le niveau dans la zone Brivet amont/Brivet moyen et la zone Bas Brivet/Brière, n’est utilisé que le clapet de Boisman situé juste en amont de Rozé, sur la route de l’île d’Errand.

Le niveau d’eau est télétransmis au SBVB (Syndicat du Bassin Versant du Brivet) qui gère les écluses. Les portes de l’écluse sur le Brivet ont été remplacées à plusieurs reprises (en 1858, en 1893… 1969).

Écluse côté Brière

Actuellement les portes ne sont plus utilisées et sont en ouverture libre manœuvrées par la pression d’eau aval ou amont. Elles sont en très mauvais état. Il est prévu de les remplacer avec une passe à poissons. Elles pourront servir à isoler la Brière du Brivet.

Ces portes côté Brière ont été remplacées en 1893…. En 1974 et en 2014

La maison de l’éclusier

 

La maison de l’éclusier fut construite dans les années 1822-1823 en même temps que les 2 écluses. La réception définitive de tous les travaux réalisés par la Compagnie DEBRAY date du 10 juin 1825. L’état de section du cadastre de 1828 révèle que Jacques MARTIN, agent de la Compagnie DEBRAY, en est propriétaire.  Cette maison devient l’habitation des différents éclusiers qui se sont succédés. Puis elle est vendue au Syndicat du marais de Donges, régi par l'ordonnance royale du 2 septembre 1836. Lors d'une délibération en date du 17 mai 1971, ce syndicat prend la décision de vendre cette maison , appelée «Rosé des Ecluses», devenue inutile depuis la suppression des éclusiers

Le 13 octobre1972 elle est rachetée par le Syndicat mixte du Parc Naturel Régional de Brière, créé le 16 octobre 1970 et présidé par Monsieur Jean Du DRESNAY. Cet immeuble est alors rénové et transformé en musée retraçant la géologie, l'histoire naturelle du marais et de ses habitants. Le 1er juillet 1975 ladite maison est ouverte au public.

En 1990 les salles sont rénovées et les équipements complétés : pour mieux comprendre l’univers fascinant des marais briérons, la maison de l’éclusier propose 4 clins d’œil …

    Salle 1 : De la formation du massif Alpin aux transgressions Flandriennes, la naissance des cuvettes marécageuses se confond avec celles du Golfe du Morbihan, au nord, et du Lac de Grand-Lieu, au sud. Les hommes au Néolithique ont occupé la région avant la mise en place du marécage. L'organisation de la vie dans les îles (Errand, Fédrun, Mazin) témoigne aujourd'hui encore de l'adaptation de l'homme à ce nouvel environnement inhospitalier. La propriété indivise des Briérons, qui s'étend sur près de 7000 ha, constitue un droit quasi unique en France, avec quelques dates clefs : août 1461, septembre 1789, mai 1838.

    Salle 2 : Exploitation du noir et de la tourbe, élevage, coupe du roseau sont évoqués ainsi que la marine en bois du Brivet qui renforce la dualité homme-nature. La construction des bateaux remonte au-delà du moyen-âge, avec les découvertes récentes de pirogues monoxyles et s'est transformée au fil des siècles pour devenir la marine en fer des Chantiers de l'Atlantique à Penhoët (Saint-Nazaire).

    Salle 3 : L'eau est ici partout présente avec l'extrême variété des poissons qui y vivent : indigènes, introduits ou migrateurs. L'anguille et sa pêche y sont largement décrites ainsi que les moyens employés pour assurer la continuité du repeuplement.

    Salle 4 : Un voyage de 27 minutes, au cœur du marais, à la recherche des oiseaux et à la découverte des plantes. Quatre saisons pour un dépaysement total avant d'entreprendre une promenade de 3 km au milieu des piardes, des prairies et des roselières. Ce montage vidéo vous permet d'approcher les multiples facettes du marais de Brière et constitue un préalable obligatoire à la visite du sentier de découverte du marais, situé à 800 m.

 

 

Le port de Rozé

 

Le port de Rozé avait une grande importance dans les transports par voie d’eau, seule voie de circulation en toutes saisons, de par sa position à la jonction des marais, du Brivet et de l’étier de Méan qui permettait les échanges avec la Loire. Les eaux de la mer, poussées par le flot  jusqu’à Rozé, permettaient la navigation de bateaux de 30 à 40 tonnes. A son heure de gloire, dans la première moitié du XIXe siècle, près de 400 hommes étaient employés aux opérations de chargement ou déchargement du frêt. Chalands et blins étaient réservés aux besoins des Briérons tandis que les chaloupes étaient destinées aux grands voyages vers Nantes, Vannes et La Rochelle, où elles acheminaient essentiellement la tourbe et le noir. Les Brièrons pouvaient aller jusqu'à Brest ou Bordeaux quand la tourbe était davantage recherchée. Les bateaux rapportent en Brière matériaux de construction et vin, parfois des produits manufacturés pour les voisins ou la famille.

5.000 bateaux par an empruntaient l'écluse de Brière, 4.500 celle du Brivet, soit à la descente, soit à la remontée. Le trafic au port de Rozé, important pendant tout le XIXe, connaissait tous les ans une période d'accalmie au moment de l'extraction

 

En 1868 a été votée par le conseil une somme de 400 francs pour réparation et entretien au port de Rozé. « Pour exécuter ces travaux dans de bonnes conditions et d’une manière avantageuse aux intérêts de la commune, il y a lieu de choisir et le beau temps et les grandes marées, deux choses qui n’arrivent pas toujours ensemble….avec beau temps et basse marée, il fera double et  meilleure besogne….Le conseil reconnaissant qu’il y a avantage pour les  travaux et économie pour la commune à le laisser profiter des bonnes occasions au fur et à mesure qu’elles se présenteront autorise Monsieur le Maire à faire faire les dits travaux par voie de régie ».(9 février 1868)

 Le 14 février 1869, suite à une pétition « adressée par les principaux habitants du village de Rozé, dans laquelle on lui demande les réparations du débarcadère et de la rue qui traverse ce village, après d’assez longs débats, le conseil a délibéré que la commune ferait les frais d’achats de huit à dix toises de pierres pour les réparations du débarcadère et d’un certain nombre de charretées de débris de carrières pour les réparations de la rue, mais à la condition que le transport des pierres par bateaux et le charroi des débris de carrières soient faits gratuits attendu que ce débarcadère et la rue en question servent le plus généralement aux habitants de Saint Joachim dont le centre de leur industrie siège aux environs du village de Rozé ».

En 1895, le rapport annuel sur la navigation sur le Brivet adressé au Ministre des Travaux Publics mentionne :

Expéditions

Tonnes

 

Arrivages

Tonnes

Mottes de tourbe

1.902

 

Bois

371

Matériaux de construction

809

 

Matériaux de construction

8.548

Engrais et amendements

3.366

 

 

 

Produits industriels

33

 

Industries métallurgiques

205

Produits agricoles

7

 

Produits agricoles

185

Divers

61

 

Divers

1467

Total

6.178

 

Total

10.778

 

 

Les chantiers navals de Rozé

 

Différents types de navires ont été construits à Rozé : chasse-marées, chaloupes flambarts, sloops, lougres, goélettes, bricks, brick-goélettes. Entre 1760 et 1880, au moins 520 caboteurs, long-courriers et chaloupes ont été construits à Montoir (Méan, Rozé) et Saint-Joachim (Aignac).

 

 

 

 

 

 

 

Chasse-marée                Lougre                        Goélette                     Brick-goélette                 Brick

15 à 100 tx                        30 à 120 tx                    60 à 150tx                     80 à 170 tx                         80 à 250 tx

12 à 18 m                          15 à 22 m                      16 à 24 m                     19 à 27 m                           19 à 40 m

Voiles au tiers                    Voiles au tiers                Voiles à corne                Voiles à corne et carrées     Voiles à corne et carrées

 

Les chaloupes

 

Le port de Rozé connaissait une activité intense aux XVIIIème et XIXème siècles (tourbe et noir). De nombreuses chaloupes ont vu le jour dans les chantiers navals en bordure du Brivet (Rozé, Aignac et Méan). Leur longueur variait de 7 à 12 m, leur capacité de 8 à 30 tonneaux. La plupart avaient deux mâts avec des voiles au tiers.

La première chaloupe connue, la BONNE NOUVELLE, fut construite en 1711 à La Grée par Jean HALGAN et Jacques PHILIPPE pour 4 propriétaires de Trignac et Saint-Joachim. De 1780 à 1890, il fut construit plus de 400 chaloupes sur le bord du Brivet entre Méan, Rozé et Aignac dont la moitié à Saint-Joachim.

Vers 1850, le coût de construction est d’environ 4000F pour une chaloupe, et 20000F pour un chasse-marée.

Le déclin des chantiers s’amorce à partir de 1865. Plusieurs causes sont à évoquer : création du 1er chantier naval SCOTT à St Nazaire en 1862, de celui de la LOIRE en 1881, arrivée du chemin de fer, importation de charbon de Cardiff transporté par des

Vapeurs plus rapides. (Extrait Bulletin Sté Arch. et Historique de Nantes 2009 - J.L. MONVOISIN)

 

1 : Musée de la marine en bois du bas Brivet

 

La capacité d’une chaloupe est assez variable ; la moyenne est de 32 tonnes.

Son gréement se compose de 2 mâts, 2 voiles latines, 2 ancres, 2 avirons, 2 perches, 2 planches à appontements.

Son prix est de 4 500 F (coque, y compris mâts 3 300 F– agrès 1 200 F).

La chaloupe dite briéronne est construite entièrement en bois de chêne. Sa solidité est à toute épreuve et sa durée de vie de 20 ans. Ses dimensions moyennes sont de 12,00 x 3,75 x 2,50m.

Elle se compose d’une cale comprenant toute la largeur du navire.

À l’avant et à l’arrière existent 2 cabines. Celle avant est spécialement destinée au logement du patron et son aide (un matelot ou un mousse). Celle arrière sert de magasin pour les voiles, cordages et autres objets nécessaires à l’entretien du bateau.

La mâture de la chaloupe est mobile afin de pouvoir franchir tous les ponts.

Les modes de traction employés dépendent de l’état atmosphérique. S’il fait un vent favorable les voiles sont déployées. Par un temps calme, les hommes du bord sont armés chacun d’une perche et, en poussant dessus, font ainsi avancer leur bateau. Souvent ces 2 modes sont employés ensemble.

D’autre fois un homme descend à terre, prend une amarre et hâle ainsi le navire. Ce dernier mode n’est avantageusement employé que lorsque la barque est à vide.

Il est d’ailleurs à remarquer que ces chaloupes circulant dans la partie de la rivière soumise à la marée naviguent toujours dans le sens du courant. Leur vitesse moyenne est de 5 km à l’heure.

 

 

La Calibourdaine

Le site de Rozé se prête naturellement aux fêtes briéronnes.

En 1988, lors de la Transbriéronne organisée par le Parc Naturel Régional de Brière, un spectacle son et lumière intitulé « LES PORTES DU SOUVENIR » était donné autour de la Maison de l’éclusier.

En 1990, la Calibourdaine, seconde édition, revint avec un spectacle son et lumière qui raconte l’histoire de la Brière : « LES MEMOIRES D’UN MORTA ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Avec la Calibourdaine, les habitants du parc naturel de Brière ont désormais leur son et lumière. Largement financé par l’administration du parc, ce spectacle enthousiasme aussi quelque 150 acteurs, tous bénévoles, de la commune de Saint-Malo-de-Guersac. C’est d’ailleurs sur un site chargé d’histoire de cette commune briéronne, la maison de l’éclusier à Rozé, que Philippe TRUCHON, metteur en scène, met la dernière main à cinq représentations : vendredi 22, samedi 23, vendredi 29, samedi 30 juin et dimanche 1er juillet.

« La Calibourdaine, seconde édition ! » Après une première version en 1988, le son et lumière de Brière revient avec les premiers jours de l’été 90. Aux commandes, Philippe TRUCHON, journaliste-localier à Châteaubriant pour Presse-Océan, poète et écrivain à ses moments perdus. A trente-trois ans, il a déjà écrit huit nouvelles ou recueils, mais outre l’écriture, sa seconde passion est de « témoigner de la vie » comme il le dit avec un sourire à faire se bouger les plus réticents.

C’est donc lui que le parc de Brière avait déjà contacté pour écrire et mettre en forme dialogues et situations de la Calibourdaine 1988. Fort des enseignements de ce premier son et lumière, mais aussi de son expérience d’un spectacle identique à Sion-les-Mines, à côté de Châteaubriant, Philippe TRUCHON remet donc sur le métier, une Calibourdaine revue et corrigée.

Impossible toutefois de monter un tel spectacle s’il n’est pas porté par l’enthousiasme et la volonté de ses 150 acteurs bénévoles. Les habitants de Saint-Malo-de-Guersac ne se sont pas fait prier pour remonter sur la scène qui se dresse au pied de l’écluse de Rozé, à la sortie de leur village. Car la Calibourdaine c’est, bien sûr et avant tout, l’histoire du marais et de ses habitants au fil des siècles : leur histoire. Pas question toutefois pour Philippe Truchon de se lancer dans une reconstitution historique : « Je n’ai pas l ‘âme d’un historien ni sa compétence, dit –il, et monter de telles productions coute cher en temps et en argent ».

Scènes de vie et de féerie

Nous voilà prévenus : pas de cours d’histoire à attendre de ce son et lumière, mais quelques touches ou retour dans le temps. Des « scènes de vie et de féerie » précisent d’ailleurs les affiches. Un spectacle qui combine astucieusement tranches de vie et atmosphère chargée de mystère du marais. En huit tableaux allant de la préhistoire aux années 1930 : la création (un peu romancée) du marais, retour des marins, marché et petits métiers, scènes de pêche, de récolte de la tourbe. Sans oublier une reconstitution de l’époque où les Briérons, employés aux Chantier navals, participèrent à la construction du Normandie.

Mais le clou de ce spectacle reste la reconstruction à l’échelle des deux tiers de l’ancien tortillard, un train à vapeur de la compagnie morbihannaise qui a relié jusqu’en 1948, Vannes à Saint-Nazaire via la Brière. Pour cela les bénévoles ont relevé les cotes d’un vieux wagon du convoi, retrouvé chez un particulier. Les trois wagons ainsi reconstruits et la loco acheminent les acteurs vers le pont de Rozé, sous les projecteurs. Un des grands moments de cette Calibourdaine 90 dont la première partie est assurée en chansons par le groupe Retour, lequel s’est taillé une réputation qui n’est plus à faire grâce à son répertoire de chants traditionnels de marine et de la région nantaise.

(Ouest-France du 22.6.1990)

 

Faits divers

Incendie à Rozé le 3 septembre 1874 

Un incendie a éclaté le 3 septembre 1874 à deux heures de l’après-midi au village de Rosé : « La cause de cet incendie provient de la mauvaise surveillance d’un nommé MAHÉ Jean Baptiste habitant en la commune de Saint Joachim, exploitant les terres noires et dont le chantier est situé près du Brivet bordant le village de Rosé.

Cet homme a plusieurs fois, tant par la Gendarmerie que par la municipalité, ayant reçu des ordres de s’éloigner des maisons d’habitation à cause de ses foyers de carbonisation de terre noire qui n’étaient pas à la distance à observer, par les règlements pour cette sorte d’industrie. N’en n’ayant pas tenu compte, et ayant toujours et quand même continué à entretenir ses foyers allumés aux mêmes endroits et jour et nuit ; il est arrivé, que la force du vent à l’état de tempête le trois du courant, des  flammèches en grande quantité ont été enlevées, ont d’abord communiqué le feu à une case couverte en bourre très proche des foyers de carbonisation appartenant au sieur MAHÉ sus nommé, et celle-ci par la force du vent s’étant presque aussitôt enflammée a communiqué le feu aux maisons d’habitation les plus voisines et en un moment l’incendie était à son apogée.

 

Ce n’a été réellement qu’au grand courage et surtout à la grande activité déployée par le grand nombre de personnes arrivées de tous côtés qu’on a pu circonscrire et arrêter les progrès de l’Incendie. Car les moyens n’ayant pas réussis le village de Rosé eut été en entier la proie des flammes : attendu que les fontaines par la Grande sécheresse étaient vides et la rivière du Brivet étant séchée, alors le peu d’eau qu’on pouvait avoir venait de très loin par des chaines établies à cet effet. Les foyers de l’incendie ne présentant plus aucun danger, J’ai dû par prudence établir pour la nuit une corvée d’au moins 60 hommes assistés de la Gendarmerie ..., leur recommandant à tous la plus grande surveillance et de ne pas manquer surtout de profiter de la marée prochaine pour éteindre les foyers de l’incendie ce qui a été fait avec la plus grande activité. »

 

Le 5 septembre,  le maire de Montoir attire l’attention du  Capitaine de Gendarmerie à St-Nazaire sur « la belle conduite, le dévouement et l’activité apportés par les militaires composant la Brigade de gendarmerie de Montoir de Bretagne .Au premier avis ...ils se sont rendus sur les lieux de l’Incendie avec un grand empressement et à leur arrivée ou rien n’était organisé pour arrêter les progrès de l’incendie qui prenait des proportions Gigantesques et menaçait la destruction presque complète de tout le village où les habitations sont très rapprochées. Le premier soin de ces braves militaires de concert avec l’autorité municipale présente sur les lieux a été de faire former les chaines pour la conduite de l’eau au combat de l’Incendie. ...

 

 II fallait mettre en sureté les maisons menacées par le feu et pourvoir aux moyens de les garantir de toutes atteintes par cet élément destructeur, et ce qui a été fait partout où le danger se faisait sentir ; et on y voyait ces braves soldats y pourvoir avec les moyens mis à leurs dispositions. Un vent formidable et en furie de L’ouest activait d’une manière redoutable tous les foyers embrasés ; les flammèches volant et tombant au loin sur les maisons couvertes en bourre, sur les meules de foin et de paille il y avait par conséquent à craindre de nouveaux foyers d’incendies, si des mesures préalables n’avaient été prises. Ces braves militaires …sont restés constamment à leur poste, tant la nuit que le jour, et ne sont rentrés à leur résidence que le quatre du courant vers dix heures du matin, car alors il n’y avait aucun danger à craindre. »

(Archives de Montoir-de-Bretagne - registre des correspondances - D21)