Saint-Malo : Guersac et son environnement

 

 

La Pasquelaye  (La Paquelais)

 

 

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Page réalisée à partir des recherches et publications de l’association « Le Pas de Saint- Malo »

 

 

 

 

Le Domaine seigneurial

 

 

Nous avons la chance de bénéficier d’un aveu détaillé de 1584 de l’ensemble du domaine de la Paquelais. C’est un aveu rendu au vicomte de Donges par Claude de LA HAYE.

            

            

« les maisons manoir et herbergements de la Pasclais avec toutes et chacunes ses appartenances, tant domaines, jardins, refuges à connils (lapins), patures, marais et appartenances y contigus et adjaçans du dit lieu de la Paclais sis et situés en la paroisse de Montoir contenant le tout ensemblement huit vingt journaux de terres ou environ entre le bois de la Cour les maisons de Jamet Michel et Pierre Philippe du Le Nizan le boullay et la tenue de la Brobansais le marais nommé la petite Brière ».

 

C’est le domaine sur le lequel le seigneur a l’entière jouissance et l’entière propriété. Un manoir y est mentionné, il n’en existe plus aujourd’hui aucune trace. Nous n’en avons ni gravure, ni descriptif et n’en connaissons ni l’emplacement exact, ni la date.

 La présence d’un manoir signifie que les seigneurs y ont parfois résidé. Les de LA HAYE qui vivaient à Saint-Nazaire, à Kerlédé ou dans la vieille ville (aujourd’hui le Petit Maroc) y séjournaient probablement parfois.

 

La présence du Vicomte de Donges à Lorieux maintenait les seigneurs locaux sur place. Après la destruction de Lorieux au début du XVIIème siècle, les vicomtes sont partis sur leur domaine d’Ille et Vilaine.

 

 Les seigneurs locaux ont ensuite déserté les terres de Brière. Les de LA BOURDONNAYE vivaient soit au château de la Turmelière à Liré soit à Nantes, ils séjournaient parfois à Bratz. Rien ne permet d’affirmer que le manoir existait toujours à la fin du XVIIème siècle au moment où les de LA BOURDONNAYE sont devenus seigneurs de la Paquelais.

Un descriptif des lieux de 1741 ne mentionne pas le manoir. Le domaine va du Pintré à l’ouest, jusqu’au Nizan à l’est, jusqu’au domaine du bois de la Cour au sud (tout en évitant la Brobançais) et comprend une partie de la Boulaie au Nord et les marais de la Petite Brière. L’ensemble du domaine fait huit vingt journaux, soit cent soixante journaux, sous l’ancien régime on comptait beaucoup en base vingt. Un journal faisant 48 ares 62 centiares, le do-maine fait environ 78 hectares ou 777920 m², soit l’équivalent d’un rectangle d’1km par 778m. Le domaine propre était entretenu par des fermiers ou des métayers qui ne possédaient ni la terre ni les bâtiments. Cependant ils étaient tous des hommes libres, le servage ayant disparu du duché de Bretagne depuis le XIème siècle.

 

Extrait de l’aveu rendu à la Vicomté de Donges du 19 juillet 1584 ( (ADLA chemise 1 – 1584/1667)

 

§  « item deux bouschaux et écluses sis en l'étier du pont de la Paclais venant d'Eran à Rotte Torte entre les dites mettes (limites) et la levée et tous et chacuns les bouschaux d'ecluses et pescheries étant pareillement entre les dites mettes une fois l'an ».

 

Cet écrit mentionne un Pont de la Paquelais, impossible à localiser aujourd’hui et non inscrit sur les cartes de Cassini. La dénomination du lieu-dit Rotte Torte n’est plus utilisée non plus, elle renvoie à un emplacement de route tordue, serait-ce l’ancien nom de Rozé ? Impossible donc de savoir si cette partie de Brivet concerne l’aval à partir d’Errand ou l’amont. La probabilité serait vers l’aval car renverrait davantage aux limites du domaine seigneurial. Deux écluses sont mentionnées, (à l’époque se sont de simples vannes), et semblent désigner les limites du domaine.

 

Les bouchots sont des filets posés en sortie de vannes, afin de capturer les poissons à l’ouverture de l’écluse. L’eau étant salée, les piquets de bois fixant les filets étaient de très bons supports pour les moules, d’où l’origine du terme connu bouchot. Ces quelques lignes renvoient au droit qu’avait le seigneur sur la pêche entre ces deux écluses. De plus il était courant que les seigneurs prélèvent des taxes sur les bateaux navigants entre leurs écluses. Si le bateau transportait des marchandises, les taxes étaient plus élevées. Le vicomte de Donges s’était gardé les droits sur la Loire (de pêche et sur les bateaux).

 

L’extrait de l’aveu ci-dessus mentionne les droits du seigneur sur le Brivet et pour la tenue Amaury de La Haye. Cette tenue est un fief tenu par le seigneur de la Paquelais. Il était fréquent que les tenues portent le nom du premier tenancier qui en a bénéficié. Amaury était un prénom donné dans la famille de LA HAYE, ceci laisse penser que cette famille ait été la première à tenir cette seigneurie. Claude de LA HAYE devait payer 15 livres de cire chaque année à Pâques, au vicomte de Donges pour ces droits. Le paiement en cire rappelle l’exploitation de ruches, fréquentes autrefois en Brière.

 

§  « item une petite isle appelée Boisman contenant avec sa rivière deux journaux de terres étant entre l'isle d'Eran d'un côté d'autre le domaine du dit lieu de la Pasclais, le marais entre deux »

 

L’ile de Boisman venait s’ajouter au domaine de la Paquelais. Il n’est fait aucune mention de pont ni d’écluse, cependant il est probable que le pont de la Paquelais s’y trouvait. Sur la carte de 1775 antérieure aux travaux sur le Brivet, on voit que le Brivet passait près de la Paquelais, cependant les axes pour le traverser étaient à Boisman et à Rozé.

 

 

Les tenues ou tenures

 

 

Les tenues sont une autre partie du domaine que le seigneur laisse en jouissance et en propriété au tenancier, qu’il soit noble ou roturier. Le contrat définissant la nature des terres concédées et les redevances dues est fait par écrit mais est défini uniquement avec le premier tenancier. Celui qui hérite de la tenue ne peut plus discuter les termes du contrat : il est cependant libre de ne pas accepter l’héritage, (fait rarement vu car le tenancier subit une perte sèche), et il est libre de revendre la tenue. L’acquéreur dans ce cas doit accepter le contrat initial, devient l’homme du seigneur et doit payer les montants des redevances définies. À chaque succession soit du tenancier, soit du seigneur, un écrit est fait sur la teneur du contrat.

 

Les tenues du domaine de la Paquelais sont des terres disséminées entre Crossac, Saint-Joachim, Méan, Montoir et Saint-Malo. La plus grosse partie des terres étant sur l’ile de Guersac.

 

Elles sont définies comme suit :

« - item la foy hommage et rachapt quand le cas y eccherroit que lui doivent les hoirs de feu messire Jean Loyzel et par cause de 18 sillons de terres à leur long situés en l'isle de Guersac contenant tiers de journaux ou environ en la close heraut qui autrefois furent à Ollive Bouschard. »

Le terme de « Foi et Hommage » renvoie au fait que la personne décédée était noble.

 

Les tenues roturières sont de loin les plus nombreuses, 86 tenues sont répertoriées. Pour chaque tenue, le lieu, la superficie, le montant de la rente et une localisation est faite. L’ensemble des tenues fait environ 105 journaux (*) Les tenues sur nos communes sont très importantes, aux alentours de 14 journaux pour Errand et 52 pour l’ile de Guersac, soit 66 journaux au total. Les tenues de Saint-Joachim sont aux alentours de 10 journaux, celles de Crossac aux alentours d’un journal, celles de Montoir et Méan font 40 hommées, soit 27 journaux et demi.

Les redevances étaient payées en argent ou en nature, ou les deux à la fois. Sur les 86 tenues, 13 seulement sont concernées par les paiements en nature, 7 sont strictement en nature, 6 sont mixtes. Le paiement en avoine est le plus répandu (8 tenues). La mesure est la truellée ou le quart. Le froment est également dû (6 tenues), tout comme les poules (2 tenues). Le village de l’Oiselière en Guersac doit un « perrochat » (une perruche)

 

(*) MESURES DE SURFACE

 

1 journal                    = 49 ares

1 journée de 40 sillons  = 32 ares

1    «         «  30    «              = 24 ares

1 sillon                       = 80 m2

1 raie                        = 20 m2

1 hommée de faucheur = 34 ares

1 lèche                       = 24 à 32 ares

 

La carte ci-dessous montre la répartition entre le domaine propre en jaune et les tenues en bleu sur notre commune et sur

Saint-Joachim.

 

 

 

 

Ensemble de la seigneurie de 1584

 

Le fond de carte est une carte d’état-major de 1860, le Brivet en 1584 n’avait pas ce cours, les canaux et écluses datent du XIXème siècle.

Quelques noms ont changé comme l’ile de Clidan appelée à l’époque Trélidan. La Chopinais à Errand s’appelait Chalopin. Un chef de l’ile existait à Mazin.

A noter : aucune mention du village de Rozé en 1584. Le village est donc plus tardif. Sont mentionnés couramment le Nizan, l’Isle, La Ganache, Le Pin, La Rue, La Grée, le Bois de la Cour, la Brobançais. L’ancienne chapelle y figure souvent. Certaines tenues du domaine de la Paquelais viennent jusqu’à la vieille chapelle. Le village de l’Oisilière, à l’isle près du Bois de la Cour est également souvent cité. Le nom est évocateur, un élevage d’oiseau y était fait puisque, dans les redevances seigneuriales, figurent des perruches. Le nom de l’Oisillière est toujours inscrit sur une maison du village.

 

 

 

 

 

 

 

Les propriétaires

 

Ancienne métairie sur la butte de la Paquelais : Les choses ont beaucoup changé depuis 1584. Le domaine propre de la Paquelais n’existe plus, il a été divisé en tenures pour les parties labourables, les parties de marais ont été divisées soit en communs, soit en gardis. Au XVIIème siècle, la métairie a été passée en tenue et à maintes fois été vendue.

Un procès de 1738 nous fait remonter les propriétaires jusqu’en 1700.

 

La famille VINCE-HALGAND

 

Alain VINCE, sieur des Grandes Isles, est né le 3 janvier 1669 à Montoir. Il porte ce titre, hérité de son père, pour des terres situées en Saint-Joachim. Ces titres sont donnés à des notables locaux. Il est avocat au parlement de Bretagne et épouse le 22 janvier 1697 Julienne TASSÉ, fille de Maurice TASSÉ, maitre chirurgien, sieur du Pont. Son oncle par alliance Etienne HALGAND, est le sieur de l’Isle.

Alain VINCE décède en 1712 après son épouse. C’est sa sœur Jeanne VINCE, née en 1681, qui récupère la métairie, puisqu’en 1718, le propriétaire est Denis HALGAND, sieur de la Papillonnais, son mari.

La famille AOUSTIN en devient propriétaire, mais impossible de dater l’évènement, et s’il s’agit d‘un achat ou d’une succession ?

 

La famille AOUSTIN

 

Jean AOUSTIN, époux de Geneviève MOYON, décède le 22 Juin 1712, il était charpentier. Le couple n’a qu’un fils prénommé Jean. Il a lui-même deux fils qui meurent en bas âge. Geneviève est la seule survivante de cette famille et vend la métairie en 1733 à Luc ROTHOUX. Cependant lorsqu’elle vend, son fils n’est marié que depuis un an, rien ne laisse supposé l’issue tragique de sa famille.

 

La famille ROTHOUX-ROUAUD

 

Luc ROTHOUX était capitaine de navire, marchand armateur. Il est né le 3 octobre 1693 à Montoir, fils de Noel ROTHOUX et de Renée GUIHARD. Son père décède très tôt et sa mère se remarie en 1695 avec Noel FRANÇOIS, capitaine et maître pilote sur les vaisseaux du roi. Luc entre dans la marine en 1711. Il fut marin, pilote et marchand armateur. En 1714 il épouse Madeleine MARTIN. Le couple a sept enfants, dont 4 meurent en bas âge. Leur fils Noël meurt à 17 ans, comme mousse à Haïti. Deux filles survivent : Marie et Péronnelle. Luc ROTHOUX décède le 11 octobre 1742 et est enterré dans le chœur de l’église de Montoir.

Luc ROTHOUX prend possession de la maison de la Paquelais le 13 octobre 1733. Ce document nous donne un bon descriptif des lieux dont voici un extrait mentionné par les notaires de la vicomté :

« étant arrivé à la maison de la paquelais isle de Guersac en la compagnie des sieurs ROTHOUX et femme, nous en avions ouvert la porte et y étant entré dans la salle basse d'ycelle nous y avons fait feu et fumée et de compagnie avec les dits sieurs et demoiselle acquéreurs sommes montés dans une grande chambre au-dessus et grenier que nous avons traversé et étant descendus dans la salle nous y avons bu et mangé, delà nous étant transportés dans l'écurie et emplacement au bout de la maison, nous l'avons traversée et de long et distances ensuite de tout quoy de compagnie avec les dits sieurs rothoux et femme nous nous sommes transportés dans le petit jardin au derrière dans lequel est un four. »

Ce descriptif correspond pleinement à la vieille maison de la Paquelais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Capture

 

 

 

                                                                                                 

Beaucoup de terres figurent également dans cet acte de vente. Luc Rothoux achète l’ensemble pour 3000 livres ; somme très importante. La vente est accompagnée de trois bans faits trois dimanches consécutifs à la sortie de l’église de Montoir à la fin de l’office par un sergent chargé d’informer de la vente afin que toute personne s’y opposant vienne à la date donnée au jugement faire ses remontrances. Aucune opposition n’étant parvenue, Luc Rothoux et son épouse sont déclarés propriétaires.

En 1736, Luc Rothoux achète également le Grand Pré de la Paquelais à Marie Guihard ainsi que des terres au Pin, à la rue Praud, à la Brobançais, à Rozé, à la nöe de Rozé et sur Montoir. La somme totale de l’achat s’élève à 800 livres.

En 1736, un procès s’engage entre les habitants d’Errand et Luc Rothoux concernant le passage et la réparation du chemin entre la Paquelais et Errand. Ce procès dure deux ans. Le litige porte sur le chemin de la Paquelais emprunté par les gens d’Errand pour se rendre au Bourg. Les habitants d’Errand disent qu’il s’agit d’un chemin de servitude et que les réparations en incombent aux propriétaires et aux métayers. Luc Rothoux affirme de son côté qu’il s'agit d’un chemin privé (en bleu sur le plan) et que le chemin de servitude est la rue Vinaud (en rouge sur le plan). Luc Rothoux affirme que le passage sur son chemin est une tolérance accordée aux gens d’Errand mais en aucun cas un droit. Les habitants d’Errand de leur côté font savoir qu’ils empruntent ce chemin depuis les temps immémoriaux. Au procès chacune des parties fait comparaitre des témoins qui attestent du passage des gens d’Errand et d’autres qui affirment que ce passage n’est que tolérance. Une enquête en parallèle est menée afin de définir quel est le chemin de servitude. Il en ressort que le chemin de la rue Vinaud est plus court, que son fond en est plus solide et qu’il est clairement borné de haies et de fossés. Les riverains de ce chemin sont condamnés à sa réfection, cela comprend les gens d’Errand, de la Paquelais, de la Brobançais, du bois de la Cour. Le chemin de la Paquelais passe au milieu des labours et est beaucoup moins carrosSABLE. Cependant les témoins pour les demandeurs (habitants d’Errand) sont maladroits dans leurs déclarations et contribuent plus à la défense qu’à la demande. Les gens d’Errand sont déboutés de ce procès.

Cependant sûrs de leurs bons droits, ils ne se laissent pas faire et procèdent par l’intimidation. Les gens de la famille Rothoux sont insultés, Luc Rothoux se plaint du mal à retenir ses domestiques, que son métayer est parti il y a plus de trois mois et qu’il n’arrive pas à trouver quelqu’un d’autre, « de plus qu’un homme a été tué auprès de la maison et que l’ons ne seait qui a fait cette assassina ». Suite à ces évènements, Luc Rothoux demande l’arbitrage de son seigneur, Monsieur de la Bourdonnaye. Celui-ci propose un accord :  laisser passer les gens d’Errand par le chemin de la Paquelais mais à eux de le réparer et de payer à Luc Rothoux le quart de ses frais, soit quarante livres. L’accord est signé le 23 octobre 1738. Luc Rothoux attaque en justice trois habitants de l’Isle pour avoir insulter ses gens et mis sa maison à sac. Il s’agit de Guillaume Philippe, Nicolas Moyon et Jacques Olivier. Ceux-ci sont accusés « d’avoir juré le saint nom de Dieu et avoir appellé la servante du dit ROTHOUX putain et garce à chier ». Les accusés sont condamnés à payer mille livres de dommages et intérêts aux Rothoux et à leurs domestiques.

Marie Rothoux

 

Elle est née le 31 aout 1720 à Montoir. En tant qu’ainée, elle porte le titre de Demoiselle de la Paclais. Elle épouse en 1745 Jean Broband, capitaine de navire négrier (il fut tué en 1749 par une révolte d’esclaves). Elle décède également en 1749, leurs trois enfants meurent en bas âge.

La veuve Rothoux : Madeleine Martin

Elle est la veuve de Luc Rothoux. Née en 1695 à Montoir, elle décède en 1778 à l'âge de 82 ans. Son père Guillaume Martin est capitaine de vaisseau.

Elle entre en procès contre les habitants de Rozé, en 1755 et cela pour quatre ans. Le litige porte sur une douve récemment creusée par les habitants de Rozé afin de séparer des parcelles du marais de la petite Brière. Elle s’y oppose car cette douve venant en limite de ses terres privées la sépare des communs dont elle revendique un droit de pacage. Elle accuse les habitants de vouloir usurper des terres de communs au vicomte car elles lui appartiennent. Les habitants quant à eux font savoir qu’ils ont fait creuser cette douve par des fossoyeurs afin d’empêcher les bestiaux de la veuve Rothoux de venir manger sur leurs communs et de pouvoir par cette douve écouler les eaux du marais à la rivière. Ils se défendent d’avoir voulu offenser le vicomte en essayant de lui usurper ces terres, étant eux-mêmes des vassaux du vicomte, ils jurent lui être loyaux.

Ce procès est assez technique car il porte à trouver les limites des communs gardis de Rozé. Il y a deux types de communs. Les premiers sont les communs gardis qui appartiennent en privatif à une communauté. Seuls les membres de la communauté peuvent en bénéficier. Ces gardis sont enclos de douves anciennes. Le second type sont les communs. Ceux-ci sont mis en commun par un seigneur et tous ses vassaux peuvent en bénéficier. Sur le marais de la petite Brière, les deux types existent. Les communs gardis de Rozé sont limitrophes des communs. Le procès démontre que les habitants de Rozé ont fait creuser la douve bien au-delà de leurs communs gardis, et que par conséquent les bestiaux de la veuve Rothoux étaient en droit de pacager sur les communs car elle était aussi vassale du vicomte du Donges. Les habitants de Rozé perdent ce procès et sont obligés de combler cette douve.

 

Péronnelle Rosalie ROTHOUX

 

Elle est la fille de Luc Rothoux et de Madeleine Martin. Née en 1724 à Montoir, elle décède en 1795 au bourg de Montoir. Elle épouse en 1745 à Montoir, Claude Gallet, capitaine de navire. Le couple a deux filles :  Madeleine Françoise et Bonne Angélique. Madeleine Françoise épouse Alexandre Jules Clémenceau, capitaine de navire. Il est maire de Montoir de 1792 à 1795. La rivalité l’opposant à Guillaume Sambron à la mairie de Montoir le fera arrêté, suspecté d’être un chef brigand de l’insurrection royaliste. Péronnelle est arrêtée avec lui en 1794. Tous deux sont rapidement relâchés.

C’est sa seconde fille Bonne Angélique qui hérite de la métairie. L’ainée est décédée en 1771 à 35 ans.

Bonne Angélique Gallet

 

Fille de Claude Gallet et de Péronnelle Rosalie RothouX, elle nait le 27 mars 1750 à Montoir, et décède le 13 décembre 1808 à Guérande. Elle porte le titre de Demoiselle de la Brichardière et épouse, le 8 mai 1770, à Montoir Matthieu Rouaud, conseiller du roi, procureur du roi au siège royal de Guérande, syndic et maire de Guérande. Il y a un litige entre la commune et Mathieu Rouaud en 1798 concernant des fossés élevés sur un terrain communal entre Rozé et la Paquelais.  Il prétend que ces fossés ont toujours existés. Leur fils Mathieu est anobli en 1816.

Pascal Auguste Rouaud

Il est le fils cadet de Matthieu Rouaud et de Bonne Angélique Gallet. Il est né le 17 avril 1778 à Guérande et décède le 21 septembre 1814 à Guérande. Il épouse le 14 février 1803 Bonne Marie Jeanne Cady de Pradoy qui décède en 1832. Le premier lot de leur succession échoit à leur fille ainée Zoé Blanche Rouaud.

Zoé Blanche Rouaud

Fille des précédents, elle nait le 15 décembre 1803 à Guérande. Elle épouse Louis Jacques Cornu, notaire à Guérande. Le couple vend la métairie (immeubles et terrains) à Pierre Moyon et Anne Moyon le 24 mai 1858 pour la somme de 10.300 francs payée en pièces d’argent.

 

Cet extrait du cadastre de 1828, montre la propriété et ses parcelles au temps de la veuve de Pascal ROUAUD. On y voit clairement l’étendue de la métairie.

 

§  Sur l’acte de vente de 1858, le descriptif en est le suivant :

§   « La maison de ferme, l’écurie qui y est contigüe, son parc à marner au-devant, fenil derrière la maison et l’écurie, aire devant la maison, toit à porc au bout, le tout d’un tenant

§  Dans la gagnerie de la Paclais, un canton de terres labourables contenant 50 ares, 44 centiares

§  Le pré de la boulangerie en pré contenant avec la boulangerie 32 ares, 31 centiares

§  Encore gagnerie de la Paclais, côté ouest un canton de terres labourables à l’extrémité duquel se trouve une carrière ébauchée, le tout contenant 49 ares, 32 centiares

§  De l’autre côté du chemin une écurie dite aux moutons, l’enclos dit le verger, sous pré contenant 43 ares, 60 centiares

§  Enfin le petit marais situé au bas du verger contenant 1 hectare, 16 ares, 32 centiares cerné de douves

 

La famille MOYON-VINCE-RENNETEAU

 

Pierre et Anne MOYON

 

En 1858, Pierre et Anne MOYON achètent la métairie. Ils en sont les métayers depuis 1840. Pierre est né le 19 mai 1817 à Bais, et Anne le 18 mars 1822 à Bais. Ils se marient le 25 mai 1839 à Saint-Joachim. Sur la matrice cadastrale Pierre MOYON est mentionné « Pierre Moyon dit Gros sabots ». Il est déclaré boucher de profession. Sur son acte de mariage, il est mentionné charpentier. Dix enfants naissent de cette union. Pierre décède le 9 mars 1908, à l'âge de 90 ans, et Anne décède le 10 avril 1909 à 87 ans. En 1895, ils procèdent au partage de leurs biens par donation à leurs sept enfants vivants. Le premier lot, comprenant la maison échoit à Jeanne. Cependant Jeanne célibataire décède le 7 janvier 1908 avant ses parents. C’est Marie Armande, sa sœur qui récupère la maison.

 

Marie Armande MOYON et Pierre VINCE

 

Marie Armande est née le 03 juin 1856 à la Paquelais. Elle épouse Pierre Vince, boulanger, le 29 juin 1881. Elle est tailleuse, épicière et boulangère. Le couple rachète progressivement les parts des autres frères et sœurs. De leur union, naissent neuf enfants dont trois meurent en bas-âge. Pierre décède le 15 avril 1923 à 72 ans, Marie Armande le 9 avril 1937 à 80 ans. Leurs quatre garçons, célibataires, restent vivre à la ferme. Leur fille Marie l’a quitté à son mariage. Leur fille Anna et son mari, après avoir vécu à Rozé reviennent s’installer à la ferme.

Anna VINCE et Louis Moise RENNETEAU

 

Anna est née le 07 août 1894 à Rozé et a épousé Louis Moïse RENNETEAU le 28 juillet 1926. Il était professeur aux chantiers.

Ils s’établissent à la ferme avec leurs frères et beaux-frères, les biens ayant été partagés entre les différents enfants.

De leur union naissent 6 enfants : Henri, Marie, Annette, Jean, et deux autres meurent en bas-âge.

Leur fils Jean, le cadet reprend l’exploitation de la ferme. Les deux filles Marie et Annette restent célibataires. Annette est la propriétaire des bâtiments. Le propriétaire actuel est Jérôme RENNETEAU, le fils cadet de Jean.

 

 

 Les métayers

 

Le métayage est un bail rural. C’est l’association d’un propriétaire qui apporte le capital (terres et bâtiments) et d’un métayer qui propose son travail. Le terme métayage vient étymologiquement de « moitié » signifiant un partage par moitié des produits. Le métayage se distingue du fermage par le type de rémunération au propriétaire en échange de la location des terres. Le fermier paye une rente fixe, déterminée par un contrat, alors que le métayer partage les bénéfices de l’exploitation. Les deux types ont leurs avantages et inconvénients ; le fermage est plus avantageux lorsque les récoltes sont bonnes, car la rente payée est fixe, le surplus de son travail lui profite directement. En revanche, le métayage est plus avantageux en période difficile car le propriétaire subit la même perte que lui. Le métayage disparaitra au profit du fermage et sera à la fin de l’ancien régime très marginal.

A la Paquelais, le métayage est la règle car il subsiste jusqu’en 1858, date où les derniers métayers ont racheté la propriété.

Les métayers au fil du temps

§  Le plus ancien métayer est Pierre BERTHO. Il est décédé le 22 octobre 1674. Lui succède Etienne HALGAND.

 

§  Le procès de 1738 nous apprend que, vers 1688, le métayer est un dénommé CHAILLOUX.

 

§  Germain BOULLET qui dépose également à ce procès déclare que vers 1698, le métayer était son père. Il s’agit probablement de Denis BOULLET époux de DEBERT Raoulette.

 

§  Jacquette HERVY dépose à son tour que vers 1704, elle était métayère de la Paquelais avec son mari, probablement Guillaume Noel.

 

§  Julien MORAND tient la métairie avec sa femme Louise ADVENARD. Il décède vers 1715, elle en 1719. Elle reste à la métairie avec ses deux filles, qui y meurent, l’une en 1719 et l’autre en 1724.

 

§  Julien NICOLAS et sa femme Florence HUBAUD s’installent pour peu de temps. Il a déclaré au procès avoir été métayer du temps du sieur VINCE de la Papillonnais. Françoise PEZERON déclare toujours au même procès avoir été métayère avec son premier mari, probablement Jean PEZERON, également au temps du sieur de la Papillonnais.

 

§  Jean MOYON originaire de Crossac y vient ensuite. Il avait épousé en 1698, en premières noces, une fille de Guersac, Perrine ROTHOUX qui décède en 1716 à la métairie. Il épouse trois mois plus tard en secondes noces Marguerite AVENARD. Il décède en 1738 à Brais. Il avait déjà quitté la métairie ; nous sommes dans les années de procès de Luc ROTHOUX contre les gens d’Errand, Luc ROTHOUX se plaint durant cette période de ne plus trouver de métayers.

 

§  Gilles JOALLAND, originaire de Pontchâteau les remplace avec son épouse Marie LANDEAU. Il décède en 1747, aucun de ses enfants n’a vécu.

 

§  Pierre NICOLAS avec son épouse Marie DANET prend la suite jusqu’à son décès le 26 avril 1752.

 

§  François LEBÉE, originaire de Pontchâteau lui succède avec son épouse Jeanne GOUVIER. Ils ont à charge leur neveu orphelin, fils de Jean GOUVIER qui décède en 1763 à la métairie. Il décède 20 décembre 1752, soit 10 mois après son entrée à la métairie. Jeanne GOUVIER, sa femme décède à la métairie le 24 mai 1767.

 

§  Leur fils, Guillaume LEBÉE et son épouse Françoise JULLIOT y restent jusqu’en 1765. Il décède en 1771 à Gris, elle en 1790.

 

§  François TRÉMOUREUX qui arrive de Drélif prend la suite avec son épouse Marie NICOLAS. Il est le fils de Jacques TRÉMOUREUX, métayer du Drélif à Montoir. Après son veuvage, sa mère Jeanne OLLIVAUD vient le rejoindre à la Paquelais. Elle décède le 30 décembre 1775 à la Paquelais. François TRÉMOUREUX y décède également le 19 août 1881. Sa femme Marie NICOLAS reste à la Paquelais et y décède le 20 mars 1791.

 

§  Leur fille Jeanne TRÉMOUREUX et son mari Julien TRÉMOUREUX, fils de Gabriel, leur succèdent. Julien décède le 15 avril 1791 à la Paquelais. Jeanne TRÉMOUREUX se remarie le 26 janvier 1796 avec Gilles MORAND originaire de Crossac, fils de Jean et Rose TRÉMOUREUX. Ils quittent la Paquelais vers 1801.

 

§  François RIO, originaire de Pontchâteau s’installe à la Paquelais, avec sa seconde épouse Françoise GODET. François RIO décède à la Paquelais le 1 juin 1811. Sa femme décède à Montoir au grand Reniac chez sa fille ainée le 18 avril 1820. Leur fils François arrive alors avec son épouse Jeanne LEBÉE. Elle décède le 09 octobre 1840 à la Paquelais. François y décède le 08 janvier 1849.

 

§  Pierre MOYON et son épouse Anne MOYON s’y installent dès 1840 et achètent la métairie en 1858.