Saint-Malo : Guersac et son environnement

 

Les Seigneuries

 

Retour accueil

 

Les Seigneuries

Guersac

Caloyau

Errand

Fresny

La Grée

La Paquelais

Languistre

Le Pin

Rozé

 

Base Généalogique

 

 

 

 

Page réalisée à partir des recherches et publications de l’association « Le Pas de Saint-Malo »

 

La Vicomté de Donges

La Seigneurie du Bois de La Cour

La Seigneurie de La Paquelais

 

La Vicomté de Donges

C’est un grand fief qui avait pour vocation, avec le domaine de Retz au sud de la Loire de protéger l’estuaire de la Loire. Le domaine est cerné par la Châtellenie de Guérande, la baronnie de la Roche-Bernard, la baronnie de Pontchâteau et la baronnie de la Roche Grégaire de Nantes. Le vicomte de Donges Jean de Rieux, en l’honneur du mariage de sa sœur Marguerite avec Charles de Coësmes le 20 mai 1423, soustrait la vicomté de Saint-Nazaire de la vicomté de Donges afin d’en faire une vicomté indépendante et la lui offrit.

 

Vicomté de Donges avant la scission de 1423

 

Vicomté de Saint-Nazaire en rouge

Pour mieux comprendre la seigneurie de la Paquelais, une étude rapide de la vicomté de Donges s’impose. Au XIème siècle, le comte de Nantes décide la construction d'un château-fort à Donges, afin de protéger la rive nord de la Loire. Le premier Vicomte de Donges réside dans ce château-fort aux bords de la Loire, dans l'ancien bourg. Il  sera détruit le siècle suivant sur les ordres du duc de Bretagne Conan III. Le vicomte de Donges s’installe alors au puissant château de Lorieux au cœur des marais.  Il relève directement du Duc de Bretagne, et après que la Bretagne soit entrée dans le domaine royal, le vicomte relevait directement du roi de France sous leur juridiction de Nantes. Trois familles puissantes se succèdent sur la Vicomté. Tout d’abord les Rochefort de 1270 à 1423, puis la famille de Rieux de 1423 à 1690. Le dernier vicomte de Rieux vend la vicomté en 1690 à René de Lopriac. La dernière vicomtesse de Donges fut Félicité de Lopriac exécutée sur l’échafaud révolutionnaire de Paris, le 25 Juillet 1794.

Le domaine de la vicomté est immense et se répartit de la façon suivante : le domaine proche, les biens spéciaux et les mouvances nobles.

 

· Le domaine proche est la part dont le seigneur se garde la jouissance propre, l’entière propriété. A celui-ci viennent s’ajouter des biens spéciaux comme les forêts, bois, moulins, fours, carrières, ponts, marais, prés, pâtures...Voici le détail du domaine propre et des biens spéciaux lors de l’aveu* rendu au roi de France en 1534 par Suzanne de Bourbon, veuve de Jean I de Rieux pour son fils mineur Claude II de Rieux :

 Le domaine propre : « Le chasteau de Lorieuc en Croaczac, et forteresse d’iceluy ô son fond, faict, édiffice et superficie, douves, emplacements, pastures, terres, sous-bois ancien, jardins, rivières, marois et appartenances le tout en un tenant, contenant douze journaux de terres environs »

 

· Les biens spéciaux: 

-  en Crossac : les marais autour de Lorieux contenant 400 journaux, l’étang et le moulin à vent de Roz, le bois de la Haye du Bezo.

- en Donges : la métairie de Genesty, les prés et marais de la Maréchaussée, l’ile de Guersac, les moulins de

Grace, de Pattignac, d’Assac et de la Pommeraye, l’étang de la Marignaye

 - en Montoir: divers prés et pâtures, les moulins du Clos, de la Grée et des Grandes Iles.

 - en Prinquiau : le bois de l’Esme et le moulin de la Grée

 - en Savenay : l’emplacement d’un étang et d’un moulin en ruines, l’emplacement d’un four à ban également en ruines appelé Four-Hardy, le bois du parc de la Murmerie de Roche-fort-à-savenay.

 - en Cordemais: le moulin de La Roche.

 - en Pontchâteau et Missillac : l’étang de Crévy et ses deux moulins.

 

· Les mouvances, soit nobles, soit roturières. C’est-à-dire que celui à qui revenait la terre, se déclarait homme vassal du seigneur. Suzanne de Bourbon sur ce même aveu, déclare concernant les mouvances nobles que le devoir de l’hommage et du rachat lui est dû par soixante-cinq vassaux nobles. Il existait notamment un fief lige en Montoir sur les lieux et manoir du Bois de la Cour, de la Barillais, Trégonneau, Bratz, la Paquelais. Sur l’ile de Guersac, de nombreux vassaux roturiers tenaient une terre directement du vicomte, elle était alors qualifiée de tenue.

 

 

 

 

La Seigneurie du Bois de la Cour

 

La Famille de COMENAN

Blason des de COMENAN : de sable à 3 chevrons d’argent

 

 Un aveu (*) de Guillemot de COMENAN du 22 août 1401 est fait pour un hébergement à Guersac avec une métairie. Cet hébergement est très proche de la Chapelle. A aucun moment le nom de Bois de la Cour n’est mentionné dans cet aveu. Cependant une maison noble et une métairie laissent à penser qu’il s’agit à cet endroit du domaine du Bois de la Cour. La probabilité pour qu’il y en ait une seconde est infime.

Guillemot de Comenan était également seigneur du domaine du Goust à Malville, qu’il a acheté en 1390 à Jeanne d’USSé, dame de Montjean. Il avait épousé une dénommée Margot, veuve de Briant de Montfort. Il est probablement mort sans descendance. Il a participé à une montre reçue par Thibaut de Rochefort, vicomte de Donges, seigneur de Rochefort en terre en 1351

 

La Famille LOYSEL

L’aveu (*) de Suzanne de Bourbon au roi de France en 1534 cite les nombreux vassaux de la vicomté de Donges. Pour le Bois de la Cour, il est fait mention des « hoirs », à savoir les héritiers de Guillaume LOYSEL.

Guillaume est décédé entre 1533 et 1534. C’était un personnage important au niveau de la chambre des comptes de Bretagne. A partir de 1500, il occupe les fonctions de secrétaire-greffier jusqu’en 1519, date à laquelle il est nommé « maître auditeur des comptes » jusqu’en 1532. En 1522, il reçoit le titre de « maître des monnaies » ou général des monnaies, c’est-à-dire qu’il dirige l’administration monétaire et joue un rôle de premier ordre dans la vie financière du duché. Il est assisté par un receveur et est sous le contrôle de la chambre des comptes. Si les ateliers monétaires sont sous la tutelle directe du duché, il en est le représentant.

Il cumulera cette fonction avec celle de maître auditeur jusqu’en 1532. De plus, l’évêque de Nantes, François Hamon, l’institua auditeur général des comptes du revenu de son évêché.

Il a probablement obtenu la noblesse avec cette fonction ; il porte le titre d’écuyer et a été reconnu noble à la réformation de 1513. Les premières références à son nom datent de cette période ; aucune mention n’est faite de ses parents et il ne se rattache pas à une lignée de nobles.

Pour accéder à ces fonctions, il a bénéficié du soutien du trésorier Jean IV de Lespinay. Or celui-ci était en conflit avec Pierre Cosnoal, personnage sombre en difficulté à la chambre des comptes, qui a tiré son épingle du jeu (suite à des sommes volées) en accusant nombre de fonctionnaires de forfaiture. Rôle qui intéressait le roi de France qui souhaitait se débarrasser des anciens proches du duc. Guillaume Loysel est accusé à tort en 1532 de forfaiture et est destitué de son poste.

Cependant cette fonction fait de lui un homme riche et il achète des seigneuries dans le comté nantais. Il achète notamment les domaines de la Touraudaye, de Dorson et de Launay à Sucé, celui du Plessis-Bouchet à Saint-Herblain. Il achète probablement celui du Bois de la Cour vers cette période.

Il vit à Nantes, paroisse de Sainte-Croix, où ses enfants sont baptisés.

Il a un fils Claude né en juillet 1507 d’un premier mariage, qui ne vivra probablement pas car aucune mention n’est faite de lui.

Guillemette (mère de Claude), décède peu après sa naissance car en septembre 1507 Guillaume épouse Françoise Malaisé.

De ce second mariage naissent 11 enfants dont seulement 4 sont mentionnés dans les différentes archives.

Il est difficile de dire combien ont vécu, car les prêtres de Nantes n’enregistraient pas les décès à cette période, seulement les baptêmes.

L’aveu de Suzanne de Bourbon ne mentionne que deux prénoms d’héritiers, celui de Guillaume le Jeune et celui de Gillette. Cela ne signifie pas qu’ils étaient les seuls vivants, l’expression les « hoirs » étant constamment utilisée. Il n’est pas fait non plus mention de veuve, ce qui signifie que Françoise Malaisé était décédée elle aussi en 1534. Les archives mentionnent uniquement Jacques et Guillaume.

Jacques, l’aîné, a hérité du domaine de la Touraudais à Sucé. Il a épousé Catherine du Chaffault dont il a eu une fille également prénommée Catherine. Il est probablement mort jeune et sa fille ne semble pas avoir contracté d’alliance.

Guillaume hérite de celui du Plessis-Bouchet à Saint-Herblain. Il tente en 1532 de faire carrière à la Chambre des comptes ; il est nommé en 1534 second président à la chambre des comptes mais il est révoqué peu de temps après pour incompétence. Il reste vivre à Saint-Herblain sur le domaine du Plessis-Bouchet. Il a 5 enfants de son épouse Françoise Macé dont 3 garçons ; cependant ses héritiers sont déboutés à la réforme de noblesse de 1668, ce qui signifie qu’ils perdent leurs titres de noblesse.

Un Jean Loysel est mentionné dans l’aveu du seigneur de la Paquelais au vicomte de Donges en 1584 ; il est décédé, ses « hoirs » rendront hommage pour 18 sillons de terres en l’île de Guersac. Ce Jean était probablement fils de Guillaume, mais ne porte pas le titre de seigneur du Bois de la Cour dans l’aveu, ce qui ne veut pas dire qu’il ne l’était pas. Il rendait hommage pour quelques sillons de terres relevant de la Paquelais, le Bois de la Cour relevait de la vicomté de Donges. Étant le benjamin de la fratrie, il hérite seulement des petits domaines.

Les terres des Loysel sont vendues les unes après les autres tout au long du XVIIIème siècle.

Cependant, c’est probablement par héritage que le Bois de la Cour passe à la famille GARREAU.

 

(*) En droit seigneurial, l’aveu est une déclaration écrite que doit fournir le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief. Il est accompagné d’un dénombrement décrivant en détail les biens composant le fief.

 

 

 

La Famille GARREAU

Blason des GARREAU : d’azur à 2 pucelles d’argent et une fleur de lys d’or dans le milieu

 

La famille GARREAU, tout comme la famille LOYSEL, provient d’une noblesse de robe, de gens attachés aux institutions ducales ou royales, contrairement aux vieilles familles de noblesse d’épée. La filiation des GARREAU est difficile à établir faute d’archives. Cependant, les GARREAU du Bois de la Cour sont attachés à la famille des GARREAU, seigneurs des étangs et de l’Hommeau.

· Jacques GARREAU

L’aveu de Gustave de Rieux, vicomte de Donges en 1698, mentionne que le Bois de la Cour avait autrefois appartenu à Jacques GARREAU à cause de sa femme. Jacques GARREAU avait épousé Julienne LOYSEL. Qui était-elle ? Le plus probable est qu’elle fut une fille de Jean LOYSEL de la famille précédente. Jacques GARREAU est né à Nantes le 21 décembre 1568, fils de François GARREAU, sieur des Étangs, conseiller du roi au présidial de Nantes et de Françoise HUX. C’est François GARREAU par sa charge qui apporte la noblesse. Jacques porte le titre de seigneur de l’Hommeau, sa seigneurie principale.

· Guillaume GARREAU

Guillaume porte le titre de seigneur du Bois de la Cour (en Guersac) et de la Boutardière (en l’île du Clos à Montoir). Il est le fils puîné (le plus jeune) de Jacques GARREAU et de Julienne LOYSEL. Ses deux filles, nées de son mariage avec Catherine Aubin, Catherine et Louise naissent au Bois de la Cour. Louise décède probablement en bas âge.

C’est le contrat de mariage de sa fille Catherine en 1651 qui nous renseigne sur les liens de famille :  « Catherine Garreau, fille des nobles gens, Guillaume Garreau de son vivant sieur du Bois de la cour et de la Bottardière, et de Catherine Aubin, assistée de Pierre Garreau sieur des Étangs son curateur. Avis de vénérable et discret Messire Jean Garreau, sieur du Bois -Thoreau, chanoine de Nantes et écuyer Jean Cailleteau sieur de Chasseloire

Guillaume et sa femme sont déjà décédés en 1651, le curateur est toujours un proche, et souvent le plus puissant de la famille. Pierre est le cousin germain de Guillaume. Guillaume est un puîné, fils de puîné, les héritages sont donc succincts. Son frère aîné François a hérité du domaine de l’Hommeau ; il fut échevin de Nantes. Il est décédé avant le mariage de sa nièce en 1651.

Les GARREAU, tout comme les LOYSEL perdront leurs titres de noblesse car Louis XIV a révoqué les édits permettant la succession de noblesse attribuée aux charges des institutions.

· Catherine GARREAU

Fille du précédent et de Catherine Aubin, elle naît au Bois de la Cour le 28 novembre 1632. Catherine a hérité du Bois de la Cour de son père Guillaume. Elle épouse Jean-Baptiste du BREIL en 1651. De cette union naissent 7 enfants dont une seule survit : Catherine. Gabrielle meurt à 18 ans, Pierre à 25 ans, les autres en bas âge. Catherine GARREAU décède le 19 novembre 1693 à Nantes, paroisse de Saint Clément, à l'âge de 61 ans. Elle est inhumée dans l’enfeu de l’église des Carmélites. Par son mariage, le Bois de la Cour passe dans la mouvance de la famille du BREIL.

                      

                      

   

 

            

    La Famille DU BREIL

Blason des du BREIL : d'azur, au lion d'argent, armé, couronné et lampassé de gueules, accompagné de trois coquilles d'argent

 

L’aveu de 1683 de Gustave de Rieux, vicomte de Donges, nous informe que le Bois de la Cour est possédé par « le sieur de champt quartier du BREIL ». Catherine GARREAU est toujours en vie (elle décède en 1693) mais c’est toujours le nom de l’époux qui est nommé.

· Jean-Baptiste du BREIL

Jean-Baptiste est né en janvier 1619 à Nantes, paroisse de Sainte-Croix. Il est le fils d’Olivier du BREIL et de Gabrielle MERIAUD. Il est également issu de la noblesse de robe. Sa noblesse est récente, son grand-père Jean du BREIL a tenu la charge de procureur du roi en la cour de prévôté de Nantes en 1581. Cette charge lui permet d’acheter les terres de Champcartier au Bignon. Son père Olivier, sieur de Champcartier, fut aussi procureur en la prévôté de Nantes en 1612. Mais c’est surtout sa charge d’échevin ou « sous maire » de Nantes de 1624 à 1627 qui lui permet d’obtenir la noblesse. Jean-Baptiste décède le 3 décembre 1696 à Nantes et est inhumé aux Carmélites.

· Catherine du BREIL

Fille du précédent et de Catherine GARREAU, elle naît le 5 août 1670 au Bignon. Elle est la seule des 7 enfants du couple qui survit, elle hérite donc des terres de ses parents. Elle épouse en premières noces en 1691 Claude LE LOU dont elle a 3 fils : Claude mort à 2 ans, Jean-Baptiste et Louis. Son mari Claude décède entre 1694 et 1696.

Elle épouse en secondes noces Jean-François de Santo-Domingo en 1696 dont elle a 12 enfants. Faute d’archives, il est impossible de dire qui hérite du Bois de la Cour.

Ce sont les dernières informations que nous possédons sur les seigneurs du Bois de la Cour.

 

 

 

Le domaine du Bois de la Cour

 

Sur la commune de Saint-Malo-de-Guersac, il n’existait que deux seigneuries, celle de la Paquelais et celle du Bois de la Cour. Les deux relevaient de la vicomté de Donges. Le reste des terres relevait, soit directement du vicomte de Donges, soit des seigneurs de Martigné, de la Hélardière ou de Bratz.

 Nous ne disposons malheureusement pas, comme pour la Paquelais, d’un aveu détaillé du domaine.

Le Bois de la Cour se trouvait sur l’île de Guersac entre l’ancienne chapelle et le calvaire de l’Isle, à l’emplacement de l’ancienne cure.

Dans l’aveu de Guillemot de COMENAN en 1401, le domaine mentionne :

· Un hébergement cerné de clôtures et de fossés

· Une métairie

· Une pièce de pré d’une contenance de 5 journaux (soit 2,5 hectares) qui vient longer la vieille chapelle

· Une écluse entre la Paquelais et Errand. Cette écluse sera par la suite dans la mouvance du seigneur de la Paquelais.

 

Cette seigneurie est ensuite citée dans l’aveu de 1534 que fait Suzanne de Bourbon pour son fils mineur au roi de France. L’aveu mentionne « les propriétaires » du Bois de la Cour. Dans le descriptif, trois noms de famille différents sont évoqués, ce qui signifie que le domaine était scindé. « Allain lelye, les hoirs guillaume Loysel, la veuve Alain bouschard sur le bois de la cour et ses appartenances pour 4 livres 10 sols». Le plus probable était que la métairie avait déjà été vendue par les propriétaires de la seigneurie en deux lots. Le fait que la redevance soit globale tend à démontrer que tout se tenaît sur le même lieu avec des bâtisses communes. L’aveu cependant n’est pas d’une grande rigueur car il reprend le même passage avec la même redevance : « Jean laye, les hoirs guillaume Loysel, la veuve alain bouschard sur le bois de la cour pour 4 livres 10 sols ». Le premier des propriétaires a changé de nom  et de prénom ! La redevance de 4 livres et 10 sols est portée deux fois car elle est due au terme d’août et au terme de Noël, ce qui ramène la redevance totale à 9 livres.

Le descriptif du domaine s’arrête là. A la fin de l’aveu, une liste est dressée de tous les vassaux nobles de la vicomté. Sur les trois propriétaires du Bois de la Cour seuls les LOYSEL y figurent. Il était fréquent que les nobles se séparent des métairies. Impossible de dire cependant si les LOYSEL ont vendu la métairie où s’ils ont acheté la seigneurie sans la métairie. De toute façon, les Loysel n’y vivaient pas, peut-être y séjournaient-ils de temps à autre, mais leur demeure principale était à Nantes.

 Le domaine des LOYSEL ne se limite pas pour la vicomté de Donges au Bois de La Cour. Les LOYSEL prêtent hommage pour :

· «  les enfants de Guillaume Loysel sur les vignes de la cour de Guersac pour 20 sols

·  les hoirs Guillaume Loysel, jacques pinch, jean du Glan et consorts sur la rivière de Gry pour 40 souls

· les hoirs guillaume loysel sur la rivière de Champaignis pour 2 sols

· les hoirs guillaume Loysel, dom jean Martin sur le pré fané pour 23 sols

· Guillaume Loysel le jeune ses frères et soeurs sur la rochouse en champaignis pour 32 sols

· Messire Guillaume Loysel le jeune et sa soeur Gillette sur la bouverie Loysel pour 2 sols

· les hoirs guillaume loysel pour les hairs macé hillo sur une pièce de terre sise pres le four du hillo entre deux .?? pour 3 sous

· Jean Tetard du bourg, les hoirs guillaume loysel, les hoirs dom michel rothoux et consorts sur le pré Jambert pour 2 sous 3 deniers ».

Ce sont les seules informations détenues pour la famille LOYSEL.

Il faut attendre l’aveu de 1683 de Jean-Gustave de Rieux, vicomte de Donges, pour avoir des précisions complémentaires sur la famille GARREAU et du BREIL. Ceux-ci prêtaient hommage pour :

· « Le lieu noble du Bois de la Cour situé en Guersac qui fut à Noble homme Jacques Garreau et à present au sieur du champ quartier du Breil pour une rente de 4 livres 10 sols monnaie à chacun terme d’aoust et au terme de Noel (soit 9 livres au total).

· Les vignes du Bois de la Cour qui furent à Noble homme Jacques Garreau et à present au sieur du champ quartier, sur lesquelles vignes est deub par chacun an 20 sols monnaie de rente

· La tenue des bassettes sise pres la riviere au Erun qui fut à Noble homme Jacques Garreau et à present au sieur du champ quartier, sur laquelle est deub au terme d’aoust 12 sols monnaie de rente et 4 truellées d’avoine grosse

· Les laisches du pré bonalan qui furent à Jacques garreau et sont à foy hommage et rapchat ».

 

 

La métairie du Bois de la Cour

 

 

Les propriétaires

Entre 1683 (date du dernier aveu) et 1828 (établissement du cadastre) nous ne savons pas qui possédait le Bois de la Cour.

La famille CHAILLON : en 1828, c’est Marie Julienne CHAILLON qui est propriétaire du Bois de la Cour. Marie est la fille d’Etienne CHAILLON qui fut député aux états Généraux de 1789. (Voir article le concernant sur Cahier N°2 : Balade autour du Pin). Marie est née le 7 juin 1771 au bourg de Montoir ; elle y décède le 4 novembre 1857 à l'âge de 86 ans. Sa sœur Prudence Perrine Emilie est la propriétaire de la grande parcelle qui fait face au domaine. Elle est née également au bourg de Montoir le 17 septembre 1779 et y décède le 22 janvier 1840. A son décès sa parcelle est vendue à Pierre LAHAIE, marin demeurant au Pin. Toutes les deux sont célibataires et ont la profession de rentières, ce qui signifie qu’elles tiennent leurs biens de leur père. Impossible cependant de dire quand Etienne Chaillon en est devenu le propriétaire. Marie vend la propriété en 1844. La superficie contiguë du domaine appartenant à Marie est de 4964 m²; la parcelle de Prudence est de 5900 m², ce qui ramène l’ensemble du domaine à un peu plus d’un hectare.

Jean DUPIN, originaire de l’Isle,  y est né le 25 août 1800 ;  y décède le 19 Juillet 1860. Il est maire de Montoir du 6 août 1842 au 30 novembre 1844 (voir article le concernant sur le cahier N°4 : « De la Paquelais à la Croix »). Jean DUPIN achète le Bois de la Cour en 1844 et le revend en 1847 au curé Célestin Lanoë. Ici s’arrête l’histoire de la seigneurie et de la métairie du Bois de la Cour et commence celle du presbytère de la nouvelle paroisse de Saint-Malo-de-Guersac.

 

Les MÉTAYERS

Dominique MOYON et sa femme Perrine FOURE tiennent la métairie dans les années 1690. Leurs trois enfants Catherine, Guillemette et Luc témoignent que leur père était métayer au Bois de la Cour il y a 45 ans environ (soit vers 1693) lors d’un procès en 1738 concernant les passages entre la rue Vinaud et la Paquelais (voir article sur le cahier N°4 : De la Paquelais à la Croix).

Luc GUILLOT et sa femme Yvonne LECOMTE y vivent dans les années 1740. Luc y décède en 1741, sa fille Marie en 1742.

Louis LUCAS et Julienne VALLEE s’y installent avec leurs enfants. Leur fils Julien y décède en 1765. François LUCAS, leur petit-fils y naît en 1764.

François CHATEAU et son épouse Angélique GUITTON tiennent la métairie de 1796 à 1798. Leur fille Marie y naît en 1796 et y décède en 1798. Leur fils Philémon y naît en 1698.

Jean GUERIF et sa femme Marie COUVRANT exploitent la métairie à partir de 1800. Leur fils François y naît en 1804 et y décède en 1808. Marie COUVRANT y meurt en 1815. Leur fille Perrine Anne y meurt en 1818.

Leur fille Marie tient ensuite la métairie avec son mari Joseph Étienne GEORGES ; 4 de leurs enfants y naissent : Etienne Jean en 1820, Pierre Marie en 1822, Perrine Jeanne Marie en 1824 et Joseph en 1828.

Leur fils Jean-Marie GUERIF et sa femme Marie Rose HEMERY y vivent également, leur fils Jean-Marie y naît en 1827.

 

 

 

 

 

 

La Seigneurie de La Pasquelaye ou Paquelais

 

Les Seigneurs de La Paquelais

 

Les seigneuries portant le nom de la Paquelais sont nombreuses dans la région et cela porte à confusion. Pour les plus connues, le village de la Paquelais en Vigneux-de-Bretagne, le moulin et village de la Paquelais en Savenay, une autre au nord de Nantes. L’origine du nom Paquelais provient généralement du fait que les rentes seigneuriales étaient payées à Pâques.

 

La Famille de LA HAYE

Blason de la Famille de La Haye du Sable :  De gueule à trois bandes d’argent.

 

delahaye 2 Les familles de La Haye nobles étaient nombreuses sur la région et il est difficile d’établir des liens précis entre ces différentes familles. Cependant les « Preuves de Noblesse de la Grande Écurie du Roi dressées par Charles d’Hozier » sont pour notre seigneurie très précises et nous permettent de remonter les seigneurs de la Paquelais jusqu’en 1470.

 

 

 

 

 

Macé de La Haye :

Macé est mentionné seigneur de la Paquelais et du Sable en 1470. Le document mentionne également qu’il a comparu à cheval et en habillement de brigandine* à la montre des nobles de la seigneurie de Guérande en avril 1467. Un bref extrait mentionne « un bail d’une maison assise en l’isle d’Eren (Erran) fait le 4 octobre 1469 ». Il a également une maison à Saint-Nazaire.

[*Brigandine : armure légère constituée de plaques rivetées sur du cuir ou du tissu épais fournissant une bonne protection et peu onéreuse. Elle tient son nom des mercenaires qui l’utilisaient et qui étaient souvent qualifiés de brigand.]

 

 Jean de La Haye :

Fils ainé et héritier de Macé, seigneur de la Paquelais en la paroisse de Montoir et du Sable en Saint-Nazaire. Il se marie le 13 juillet 1447 à Jeanne Gauterot et meurt sans héritier.

 

Gilles de La Haye :

Second fils de Macé, il hérite de son frère Jean. Il épouse en 1470 Jeanne Davy, Seigneur de LA PAQUELAIS et du SABLE, il décède en 1478. Il a au moins un autre fils, puisqu’un petit fils Amauri de La Haye seigneur de la Noue est mentionné.

 

Guillaume de La Haye :

Fils ainé de Gilles, il épouse en 1500 Jeanne de Kersac, Seigneur de LA PAQUELAIS et du SABLE.

 

François de La Haye :

Seigneur de LA PAQUELAIS et du SABLE, il épouse Françoise Jouan. Son décès en 1553, amène la cession de la seigneurie du SABLE et de celle de LA PAQUELAIS. La seigneurie du SABLE passe à son frère Jean de la Haye. Françoise Jouan apporte à la seigneurie, les titres de seigneurs de REMZEGAT par son père et ceux du BOIS-YRVOIS par sa mère. (Mentionné boisarnai). Leur second fils Jean de La Haye est seigneur de REMZEGAT.

Le registre des preuves de Noblesse de la Grande Écurie du roi ne nous donne plus d’informations sur les seigneurs de la Paquelais, car il remonte la seigneurie du SABLE. C’est au travers des différents aveux que nous les retracerons.

 

Claude de La Haye :

Il est probablement le petit fils de François, car un écart de 30 ans figure entre le décès de François et l’aveu* de Claude au vicomte de Donges le 8 juillet 1584, et un second aveu, extrêmement détaillé de l’ensemble des possessions de la Paquelais du 19 juillet 1584.

Claude est également seigneur du BOIS-GERVAIS et du BOIS-YRVOIS en Nivillac et Assérac et rend hommage au marquis d’Assérac pour ces domaines. Il dispose d’un manoir au BOIS-GERVAIS.

Il est également seigneur de KERLÉDÉ en Saint-Nazaire, domaine pour lequel il prête hommage au vicomte de Saint-Nazaire. Il demeure en sa maison noble de KERLÉDÉ.

[* Aveu :  En droit seigneurial, l'aveu est une déclaration écrite que doit fournir le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief (par achat ou héritage). L’aveu est accompagné d’un dénombrement ou minu décrivant en détail les biens composant le fief. Le vassal reconnaît par cet écrit les biens qu'il tient de son suzerain et décrit les droits et devoirs vis-à-vis de celui-ci.]

 

 Pierre de La Haye :

Pierre de La Haye est le fils de Claude et de Marie de Saint-Martin. Il rend hommage au vicomte de Donges en 1601, date probable du décès de son père. Il est également seigneur de LA PAQUELAIS, de KERLÉDÉ, du BOIS-GERVAIS et du BOIS-YRVOIS. Il fait dresser une estime du BOIS-GERVAIS en 1608, probablement dans l’optique de le vendre car son fils ne portera plus ce titre.

 

Poncet de La Haye :

Poncet est probablement le fils de Pierre, il porte exactement les mêmes titres, il est seigneur de LA PAQUELAIS, de KERLÉDÉ et du BOIS-YRVOIS, ainsi que de nombreuses petites terres. Il épouse Jeanne Le Guennec en 1622.

Poncet rend un aveu en la vicomté de Saint-Nazaire en 1618, date probable du décès de son père, pour ses terres de KERLÉDÉ.

 

René de La Haye :

René est le fils de Poncet de La Haye et de Jeanne Le Guennec.

Il porte les mêmes titres seigneuriaux que son père, seigneur de LA PAQUELAIS, de KERLÉDÉ et du BOIS-YRVOIS.

René est baptisé le 6 février 1624 à Guérande, il décède à Nantes, paroisse de Saint-Vincent, le 11 juin 1655. Une procession est faite le 13 juin aux Carmes lors de son enterrement.

René de La Haye décède sans enfants. À sa mort, les héritiers seront multiples en fonction des différentes juridictions.

René Le Tilly hérite du domaine du BOIS-YRVOIS, et le domaine de KERLÉDÉ revient à la famille LE GUENNEC, cousin de par sa mère.

Nous ignorons totalement qui hérite de la seigneurie de LA PAQUELAIS et nous faisons un bond de trente ans pour en connaître les successeurs.

 

 La Famille de LA BOURDONNAYE

Blason de la famille de la Bourdonnaye :  De gueule à trois bourdons d’argent posés en pal 2 et 1.

600px-Blason_famille_de_la_Bourdonnaye-Blossac-fr_svgLa famille de la Bourdonnaye est une famille noble de Bretagne, très puissante et de très vieille extraction. Elle a eu pour berceau la seigneurie de ce nom située dans la paroisse de Gévezé près de Rennes. On trouve des membres de cette famille dès le XIIIème siècle. Sa filiation est considérée comme établie depuis Guillaume de La Bourdonnaye, écuyer, vivant en 1350. Il fut le père de Robin de La Bourdonnaye qui fit construire le château de LA BOURDONNAYE en la paroisse de Gévezé. La filiation prouvée (par preuves de noblesse) remonte à son petit-fils : Bertrand de la Bourdonnaye Seigneur du VALMARQUER, vivant en 1427, marié à Anne de Boisguéhenneuc dont il aura deux fils : Jean, auteur d'une ancienne branche dont la filiation exacte est inconnue, qui s'éteignit et Olivier, auteur de la branche de COËTION (Couettion), marié à Marguerite Rabet, qui est à l'origine des branches subsistantes. Les deux branches de cette famille actuellement existante ont pour auteur commun : Julien de La Bourdonnaye, écuyer, seigneur de COËTION, Bratz, Le Mottay, La Loherie, Le Boisguérin et Héréal, marié le 5 avril 1562 à Claude de Kerguizec.

Cette grande famille de La Bourdonnaye était seigneur de COËTION à Ruffiac, seigneurie qui érigée en une importante vicomté en 1650 et de COETCANDEC à Locmaria-Grand-Champ (dans le Morbihan).     

Ils étaient aussi seigneurs de Bratz en Montoir, c’est

Jeanne de Gladonnet héritière de Bratz qui apporte ce domaine en 1482 par son mariage avec François de la Bourdonnaye, seigneurs également de Trégonneau en Montoir, de Ranlieu en Saint-André des eaux, de l’Escurais en Prinquiau, de Rollieux en Missillac. Ils sont aussi seigneurs de Liré et de la Turmelière (dans le Maine et Loire), château de la Turmelière où est né Joachim du Bellay vers 1522-1525.

 

Jean Ier de la Bourdonnaye est gentilhomme de la Chambre du Roi, capitaine du château de Guérande et du Croisic. Il épouse le 7 juin 1600 Jeanne d’Ust qui est l’héritière du domaine de Ranlieu en Saint-André-des-Eaux. Jeanne décède en 1608, sans enfant. Son mari hérite de Ranlieu et épouse le 19 janvier 1614 à Guérande Louise de la Bouexière.

 

Jean II de la Bourdonnaye

Jean Il est le fils de Jean et de Louise de La Bouexière. Il est né en 1616 à Saint-André des eaux, sur le domaine de Ranlieu. Il épouse Marie du Breil en mars 1643 à Saint Florent Le Vieil. Elle est l’héritière des domaines de Liré et de la Turmelière. Il est le premier seigneur de la Paquelais pour la famille de LA BOURDONNAYE. Les conditions de successions entre la famille de LA HAYE et de LA BOURDONNAYE ne nous sont actuellement pas connues. Il rend un hommage au nouveau vicomte de Donges en 1683, et reçoit un hommage en 1685 pour ses domaines de Rollieux et de la Paquelais. Il est mentionné dans cet aveu comme chevalier de l’ordre du roi, premier gentilhomme de sa chambre, seigneur de Bratz, de Liré, de la Turmelière, de Coetcandec, de l’Escurais, de Rollieux, de Ranlieu et de La Paquelais. Jean II décède le 21 octobre 1692 à Liré. Cependant son domaine, dès 1689, était partagé entre ses enfants et ses neveux. François l’ainé, a hérité des domaines de Liré et de la Turmelière, Julien le cadet du domaine de Coetcandec, mais pour les autres domaines, ce n’est pas aussi clair. Les autres fils sont tous décédés : Jean (le 18 avril 1668 à Liré) était chevalier de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem, Jean-Marie (le 4 juillet 1668 à Liré) était chevalier des ordres de Notre Dame de Montrevault. Ses frères puinés sont également décédés, Claude (le 19 février 1670 à Montoir) était seigneur de Ranlieu, et Charles était seigneur de Bratz. Charles en portait seulement le titre, il recevait probablement une rente. Chacun d’eux avait un fils dénommé Claude, ce qui ne favorise pas les recherches.

 

Marie de La Bourdonnaye

Un hommage lui est rendu le 27 novembre 1689, pour ses terres de l’Isle en Guersac. Elle y est mentionnée comme dame de Rollieux, l’Escurais et la Paquelais. Elle est une des filles de Jean et de Marie Du BREIL. Elle a hérité par acte de partage fait par ses parents en 1688 des métairies de l’Escurais, Rollieux, Ranlieu et la Paquelais. Suite à son décès avant 1708, la métairie sera vendue séparément au reste du domaine. (Voir le paragraphe sur les propriétaires.)

 

Claude de La BourdonnayE

Il est le fils de Claude et de Renée de La Grée, frère cadet de Jean. Né à Montoir le 10 juin 1669, il décède le 25 décembre 1695 à 26 ans, sans enfant. Un aveu lui est rendu le 10 octobre 1690 pour une terre située à Errand relevant de la juridiction de Bratz. Il y est mentionné « chevalier seigneur de Bratz, Trégonneau, la Paclais ». Son cousin, Claude de La Bourdonnaye, fils de Charles porte également le titre de seigneur de Bratz, mais sans en être le véritable seigneur, il devait toucher comme son père une rente. Ce deuxième Claude décède un an après son cousin le 12 mars 1696.

À sa mort les terres de Trégonneau passent à sa sœur Louise de LA BOURDONNAYE qui épouse Jan Michiel. Cette famille tient les terres de Trégonneau jusqu’à la révolution. Les terres de Bratz ne figurent plus dans l’inventaire des terres de la famille de La Bourdonnaye. La seigneurie de Bratz passe à la famille Rogon et par succession à la famille Freslon qui vit à Bratz. La Paquelais reste dans la mouvance de la famille de La Bourdonnaye, mais nous faisons un saut de trente ans car il n’y a plus d’aveux avant 1730. Julien le fils de Jean et de Marie du Breil en hérite certainement de son cousin. Il est seigneur de Coetcandec. Né vers 1669, il décède le 17 juillet 1724 à Nantes. En 1730, l’aveu est fait pour son fils Julien.

Julien de La Bourdonnaye

Julien est le fils de Julien (fils de Jean) et de Guyonne de Cassia. Né le 13 mai 1700 à Nantes, il décède le 9 avril 1759. Il reçoit un aveu le 28 octobre 1730 pour la juridiction de la Paquelais. Il est mentionné seigneur baron de Coetcandec, l’Escurais, Rollieux et la Paquelais. Il est conseiller au parlement de Bretagne. Il reçoit deux autres aveux en 1734 pour les juridictions de Rollieux et la Paquelais. Cependant, à son époque une partie du domaine proche a déjà été divisé en tenues.

Ce sont les dernières informations dont nous disposons sur les seigneurs de la Paquelais. Ernest de Cornulier mentionne que les FRESLON, vers 1775, étaient seigneurs de la Paquelais, mais nous n’avons pas retrouvé d’actes le confirmant.

    

Le Domaine seigneurial

 

 

Nous avons la chance de bénéficier d’un aveu détaillé de 1584 de l’ensemble du domaine de la Paquelais. C’est un aveu rendu au vicomte de Donges par Claude de LA HAYE.

            

            

« les maisons manoir et herbergements de la Pasclais avec toutes et chacunes ses appartenances, tant domaines, jardins, refuges à connils (lapins), patures, marais et appartenances y contigus et adjaçans du dit lieu de la Paclais sis et situés en la paroisse de Montoir contenant le tout ensemblement huit vingt journaux de terres ou environ entre le bois de la Cour les maisons de Jamet Michel et Pierre Philippe du Le Nizan le boullay et la tenue de la Brobansais le marais nommé la petite Brière ».

 

C’est le domaine sur le lequel le seigneur a l’entière jouissance et l’entière propriété. Un manoir y est mentionné, il n’en existe plus aujourd’hui aucune trace. Nous n’en avons ni gravure, ni descriptif et n’en connaissons ni l’emplacement exact, ni la date.

 La présence d’un manoir signifie que les seigneurs y ont parfois résidé. Les de LA HAYE qui vivaient à Saint-Nazaire, à Kerlédé ou dans la vieille ville (aujourd’hui le Petit Maroc) y séjournaient probablement parfois.

La présence du Vicomte de Donges à Lorieux maintenait les seigneurs locaux sur place. Après la destruction de Lorieux au début du XVIIème siècle, les vicomtes sont partis sur leur domaine d’Ille et Vilaine.

 

 Les seigneurs locaux ont ensuite déserté les terres de Brière. Les de LA BOURDONNAYE vivaient soit au château de la Turmelière à Liré soit à Nantes, ils séjournaient parfois à Bratz. Rien ne permet d’affirmer que le manoir existait toujours à la fin du XVIIème siècle au moment où les de LA BOURDONNAYE sont devenus seigneurs de la Paquelais.

Un descriptif des lieux de 1741 ne mentionne pas le manoir. Le domaine va du Pintré à l’ouest, jusqu’au Nizan à l’est, jusqu’au domaine du bois de la Cour au sud (tout en évitant la Brobançais) et comprend une partie de la Boulaie au Nord et les marais de la Petite Brière. L’ensemble du domaine fait huit vingt journaux, soit cent soixante journaux, sous l’ancien régime on comptait beaucoup en base vingt. Un journal faisant 48 ares 62 centiares, le do-maine fait environ 78 hectares ou 777920 m², soit l’équivalent d’un rectangle d’1km par 778m. Le domaine propre était entretenu par des fermiers ou des métayers qui ne possédaient ni la terre ni les bâtiments. Cependant ils étaient tous des hommes libres, le servage ayant disparu du duché de Bretagne depuis le XIème siècle.

 

Extrait de l’aveu rendu à la Vicomté de Donges du 19 juillet 1584 ( (ADLA chemise 1 – 1584/1667)

 

§  « item deux bouschaux et écluses sis en l'étier du pont de la Paclais venant d'Eran à Rotte Torte entre les dites mettes (limites) et la levée et tous et chacuns les bouschaux d'ecluses et pescheries étant pareillement entre les dites mettes une fois l'an ».

 

Cet écrit mentionne un Pont de la Paquelais, impossible à localiser aujourd’hui et non inscrit sur les cartes de Cassini. La dénomination du lieu-dit Rotte Torte n’est plus utilisée non plus, elle renvoie à un emplacement de route tordue, serait-ce l’ancien nom de Rozé ? Impossible donc de savoir si cette partie de Brivet concerne l’aval à partir d’Errand ou l’amont. La probabilité serait vers l’aval car renverrait davantage aux limites du domaine seigneurial. Deux écluses sont mentionnées, (à l’époque se sont de simples vannes), et semblent désigner les limites du domaine.

 

Les bouchots sont des filets posés en sortie de vannes, afin de capturer les poissons à l’ouverture de l’écluse. L’eau étant salée, les piquets de bois fixant les filets étaient de très bons supports pour les moules, d’où l’origine du terme connu bouchot. Ces quelques lignes renvoient au droit qu’avait le seigneur sur la pêche entre ces deux écluses. De plus il était courant que les seigneurs prélèvent des taxes sur les bateaux navigants entre leurs écluses. Si le bateau transportait des marchandises, les taxes étaient plus élevées. Le vicomte de Donges s’était gardé les droits sur la Loire (de pêche et sur les bateaux).

 

L’extrait de l’aveu ci-dessus mentionne les droits du seigneur sur le Brivet et pour la tenue Amaury de La Haye. Cette tenue est un fief tenu par le seigneur de la Paquelais. Il était fréquent que les tenues portent le nom du premier tenancier qui en a bénéficié. Amaury était un prénom donné dans la famille de LA HAYE, ceci laisse penser que cette famille ait été la première à tenir cette seigneurie. Claude de LA HAYE devait payer 15 livres de cire chaque année à Pâques, au vicomte de Donges pour ces droits. Le paiement en cire rappelle l’exploitation de ruches, fréquentes autrefois en Brière.

 

§  « item une petite isle appelée Boisman contenant avec sa rivière deux journaux de terres étant entre l'isle d'Eran d'un côté d'autre le domaine du dit lieu de la Pasclais, le marais entre deux »

 

L’ile de Boisman venait s’ajouter au domaine de la Paquelais. Il n’est fait aucune mention de pont ni d’écluse, cependant il est probable que le pont de la Paquelais s’y trouvait. Sur la carte de 1775 antérieure aux travaux sur le Brivet, on voit que le Brivet passait près de la Paquelais, cependant les axes pour le traverser étaient à Boisman et à Rozé.

 

 

Les tenues ou tenures

 

 

Les tenues sont une autre partie du domaine que le seigneur laisse en jouissance et en propriété au tenancier, qu’il soit noble ou roturier. Le contrat définissant la nature des terres concédées et les redevances dues est fait par écrit mais est défini uniquement avec le premier tenancier. Celui qui hérite de la tenue ne peut plus discuter les termes du contrat : il est cependant libre de ne pas accepter l’héritage, (fait rarement vu car le tenancier subit une perte sèche), et il est libre de revendre la tenue. L’acquéreur dans ce cas doit accepter le contrat initial, devient l’homme du seigneur et doit payer les montants des redevances définies. À chaque succession soit du tenancier, soit du seigneur, un écrit est fait sur la teneur du contrat.

 

Les tenues du domaine de la Paquelais sont des terres disséminées entre Crossac, Saint-Joachim, Méan, Montoir et Saint-Malo. La plus grosse partie des terres étant sur l’ile de Guersac.

 

Elles sont définies comme suit :

« - item la foy hommage et rachapt quand le cas y eccherroit que lui doivent les hoirs de feu messire Jean Loyzel et par cause de 18 sillons de terres à leur long situés en l'isle de Guersac contenant tiers de journaux ou environ en la close heraut qui autrefois furent à Ollive Bouschard. »

Le terme de « Foi et Hommage » renvoie au fait que la personne décédée était noble.

 

Les tenues roturières sont de loin les plus nombreuses, 86 tenues sont répertoriées. Pour chaque tenue, le lieu, la superficie, le montant de la rente et une localisation est faite. L’ensemble des tenues fait environ 105 journaux (*) Les tenues sur nos communes sont très importantes, aux alentours de 14 journaux pour Errand et 52 pour l’ile de Guersac, soit 66 journaux au total. Les tenues de Saint-Joachim sont aux alentours de 10 journaux, celles de Crossac aux alentours d’un journal, celles de Montoir et Méan font 40 hommées, soit 27 journaux et demi.

Les redevances étaient payées en argent ou en nature, ou les deux à la fois. Sur les 86 tenues, 13 seulement sont concernées par les paiement en nature, 7 sont strictement en nature, 6 sont mixtes. Le paiement en avoine est le plus répandu (8 tenues). La mesure est la truellée ou le quart. Le froment est également dû (6 tenues), tout comme les poules (2 tenues). Le village de l’Oiselière en Guersac doit un « perrochat » (une perruche)

 

(*) MESURES DE SURFACE

 

1 journal                    = 49 ares

1 journée de 40 sillons  = 32 ares

1    «         «  30    «              = 24 ares

1 sillon                       = 80 m2

1 raie                        = 20 m2

1 hommée de faucheur = 34 ares

1 lèche                       = 24 à 32 ares

 

La carte ci-dessous montre la répartition entre le domaine propre en jaune et les tenues en bleu sur notre commune et sur

Saint-Joachim.

 

 

 

 

Ensemble de la seigneurie de 1584

 

Le fond de carte est une carte d’état-major de 1860, le Brivet en 1584 n’avait pas ce cours, les canaux et écluses datent du XIXème siècle.

Quelques noms ont changé comme l’ile de Clidan appelée à l’époque Trélidan. La Chopinais à Errand s’appelait Chalopin. Un chef de l’ile existait à Mazin.

A noter : aucune mention du village de Rozé en 1584. Le village est donc plus tardif. Sont mentionnés couramment le Nizan, l’Isle, La Ganache, Le Pin, La Rue, La Grée, le Bois de la Cour, la Brobançais. L’ancienne chapelle y figure souvent. Certaines tenues du domaine de la Paquelais viennent jusqu’à la vieille chapelle. Le village de l’Oisilière, à l’isle près du Bois de la Cour est également souvent cité. Le nom est évocateur, un élevage d’oiseau y était fait puisque, dans les redevances seigneuriales, figurent des perruches. Le nom de l’Oisillière est toujours inscrit sur une maison du village.