GÉOGRAPHIE,
HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE DE LA BRIÈRE
PATRONYMES ET DÉMOGRAPHIE
Étude sur les patronymes (noms et prénoms)
Essai sur l’origine des noms briérons
Variations d’orthographe des patronymes
Évolution des patronymes durant les XVII° et XVIII° siècles
Étude à partir des couples procréateurs
Tableaux de répartition des patronymes
Longévité - Espérance de vie 1718 - 1747
Longévité - Espérance de vie 1748 - 1792
Vue
d’ensemble sur l’évolution démographique
ANNEXE : Le XIX° Siècle à
St. JOACHIM
Les Briérons ont
toujours intrigué les historiens, ethnologues et autres anthropologues. Quelle
est l’origine de cette population qui a si longtemps vécu en autarcie? D’où ont
bien pu venir ces hommes et ces femmes de tout temps fidèles à leurs îles et à
leurs marais, fiers et ombrageux, se méfiant de tout ce qui est hors-venu?
Des réponses ont été
tentées. Les invasions normandes, l’occupation de la Gaule par les Romains, la
préhistoire ont été sollicitées. Cela n’a abouti qu’à des suppositions de style
légendaire, peu satisfaisantes pour l’esprit.
A l’opposé, on a
voulu rechercher, pour les conserver, les souvenirs que nos parents et grands
parents ont transmis à leurs enfants et qui, réunis, constituent la mémoire
collective du pays. Avec l’étude de documents, généralement du XIX° siècle, ils
ont fait l’objet de diverses publications, en particulier celles de l’abbé A.
VINCE. Il faut noter de lui: «Briérons ...naguère» dont le titre est très
précis. «Naguère» signifiant «dans un passé récent», il ne faut pas en faire
«autrefois» et penser que les modes de vie que les anciens d’entre nous et
leurs parents ont connus étaient ceux d’autrefois. D’ailleurs, si l’évolution
du monde s’est accélérée au XX° siècle, elle a toujours existé et le mot même
«autrefois», trop général, ne devrait pas être employé. Il ne peut correspondre
à la fois au début d’un siècle et à sa fin. Les changements sont trop
importants.
Il faut donc prendre
son parti de l’impossibilité où nous sommes de retrouver l’origine des premiers
habitants de la Brière d’une façon autre que subjective. Par contre, il a paru
possible de mieux connaître nos Briérons au cours des deux siècles qui ont
précédé la Révolution.
Montoir était alors
la grande paroisse briéronne. Uniquement composée d’îles émergeant du marais,
elle s’étendait de Penhoët à Kerfeuille, couvrant les communes actuelles de
Montoir, St-Malo, St- Joachim, Trignac et une partie de St-Nazaire. Elle
rassemblait donc la majorité des gens qu’il nous intéresse de connaître.
Les XVII° et XVIII°
siècles sont d’autre part ceux où la tenue des registres paroissiaux se
généralise, permettant une connaissance personnelle et familiale des habitants.
Cependant leur mode
d’établissement, parfois leur difficulté de lecture, souvent le mauvais état de
leur conservation, ont nécessité leur réécriture et l’établissement de nouveaux
documents plus faciles à utiliser.
C’est le résultat de
leur exploitation qui est présenté ici en ce qui concerne l’étude des
patronymes et de la démographie. On y trouve beaucoup de chiffres, de tableaux,
de graphiques.
Les chiffres sont ce
qu’ils sont, têtus, mais base et garants de l’objectivité d’un travail. Les
tableaux sont le meilleur moyen pour rapprocher les chiffres, les comparer et
se faire une opinion à leur sujet. Les graphiques visualisent parfaitement les
évolutions convergentes ou divergentes de différentes situations. Ils parlent
souvent mieux qu’un long discours.
Ce travail ne résout
pas le problème des origines de la population briéronne mais permet d’un peu
mieux connaître nos ancêtres d’il y a deux, trois ou quatre siècles.
ÉTUDE SUR LES PATRONYMES (noms et prénoms)
PREMIÈRE PÉRIODE :
1590 - 1636
LES PATRONYMES
L’étude des ménages
ayant eu des enfants ou ayant assuré un parrainage entre 1626 et
Ce travail, qui porte
sur l’ensemble de la paroisse de Montoir, permet d’avoir une idée de ce
qu’étaient les patronymes à la fin du XVI° et au début du XVII° siècle.
En France, c’est le
règne d’Henri IV, puis la régence de Marie de Médicis, avec Concini.
On relève 230
patronymes différents :
189 d’entre eux
comptent moins de 10 personnes chacun pour un total de 462 sur 1855.
Les 41 autres
totalisent 1393 personnes, soit 75 % de la population. Ce sont eux qui donnent
une image du pays à cette époque.
Sur ces 41 noms, 8
représentent plus de 50 personnes, soit 660 habitants, ou 35 % du total.
Sur ces 8, Trois ont plus de 100 personnes, soit 330 ou 18 %.
Ce sont les AOUSTIN, MOYON, OLLIVAUD (dans un mouchoir). Un habitant de Montoir
sur 5 porte l'un de ces noms.
Voici la liste des 41
patronymes dans l’ordre d’importance :
Nom |
|
Nom |
|
Nom |
|
OLLIVAUD |
111 |
SANSON |
35 |
DHERVE |
14 |
MOYON |
110 |
LE BARBIER |
33 |
CHAUVEAU |
14 |
AOUSTIN |
109 |
JOUAUD |
33 |
BOSSINOT |
13 |
VINCE |
94 |
FOURE |
30 |
DUVAL |
13 |
BECCARD |
67 |
MARTIN |
29 |
PASQUETTE |
13 |
PHILIPPE |
61 |
CHARON |
25 |
DENIER |
12 |
HALGAN |
54 |
PINCET |
23 |
PICAUD |
12 |
DENIAUD |
54 |
BROBAND |
22 |
TREMAUDEUC |
11 |
DUPIN |
49 |
ESLAN |
21 |
HARAUD |
10 |
ROTHOUX |
44 |
COUGNIL |
20 |
JAMET |
10 |
BERNIER |
39 |
NICOLAS |
18 |
LEGAL |
10 |
MAHE |
39 |
ANDRE |
16 |
POULLIER |
10 |
MACE |
37 |
DULOC |
16 |
THIBARD |
10 |
THOMAS |
37 |
MOREAU |
15 |
|
|
De nos jours, on
dirait qu’une étude faite à partir d’un sondage portant sur 1855 individus est
sérieuse.
Etudions maintenant,
dans la même optique, les noms des enfants nés de 1626 à 1637 et issus des
précédents.
Nous sommes sous le
règne de Louis XIII et le gouvernement de Richelieu. Depuis 1591, Guy II de
Rieux est vicomte de Donges. En 1610, la vicomté de Saint Nazaire est passée de
la maison d’Avaugour-Bretagne à celle de Goulaine.
Pendant cette
période, il y a 1639 naissances enregistrées à Montoir.
On relève 175
patronymes différents :
131 d’entre eux
comptent moins de 10 personnes chacun pour un total de 379 sur 1639
Les 44 autres en
totalisent 1260, soit 77 % des naissances.
Sur ces 44 noms, 5
représentent plus de 50 baptêmes, soit 418 ou 25% du total.
A noter que sur les
1639 naissances, il y en a 19 d’illégitimes, dont un certain nombre
d’accouchements de filles-mères de paroisses voisines, camouflées loin de leurs
familles. La plupart de ces baptêmes sont inscrits à part. On les trouve en fin
de registre et à l’envers.
Noter aussi que 54 de
ces nouveaux nés sont jumeaux, soit 27 naissances gémellaires. 8 sont signalées
posthumes.
Voici ces 44
patronymes classés par ordre d’importance :
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
Nom |
|
+ |
MOYON |
106 |
|
JOUAUD |
29 |
+ |
DENIER |
14 |
+ |
AOUSTIN |
97 |
|
PINCET |
28 |
- |
BROBAND |
13 |
+ |
VINCE |
83 |
+ |
TREMAUDEUC |
26 |
+ |
GILLET |
13 |
- |
OLLIVAUD |
79 |
|
LE BARBIER |
23 |
- |
CHARON |
12 |
+ |
HALGAND |
53 |
|
COUGNIL |
23 |
|
CHOTARD |
12 |
|
PHILIPPE |
45 |
|
MARTIN |
21 |
|
NICOLAS |
12 |
+ |
ROTHOUX |
43 |
+ |
MORAUD |
20 |
|
GAUVAIN |
12 |
- |
BECCARD |
42 |
+ |
ANDRE |
18 |
|
LERAY |
11 |
+ |
FOURE |
40 |
+ |
DHERVE |
18 |
|
NICOU |
11 |
+ |
THOMAS |
38 |
+ |
DUVAL |
18 |
|
ESLAN |
10 |
|
BERNIER |
37 |
- |
SANSON |
18 |
|
POULLIER |
10 |
|
MAHE |
34 |
|
DULOC |
17 |
|
BOUCAN |
10 |
|
MACE |
33 |
|
ROUAUD |
17 |
|
CHAUVEAU |
10 |
- |
DENIAUD |
33 |
+ |
BOSSINOT |
16 |
+ |
ROBERT |
10 |
- |
DUPIN |
30 |
+ |
JAMET |
15 |
|
|
|
Les signes + et -
placés devant les noms signalent ceux qui sont, d’une façon significative, en
progression ou en régression.
L’étude de cette
évolution ne peut valablement se faire que sur une longue période, aussi la ferons-nous
ultérieurement pour l’ensemble des XVII° et XVIII° siècles.
Notons cependant
l’éclatement du peloton de tête, facilement explicable quand on sait qu’au
tableau précédent, sur les 111 OLLIVAUD, il y avait 46 hommes, tandis que sur
les 110 MOYON, il y en avait 58. Les hommes transmettant le nom, le résultat
est évident.
LES PRÉNOMS
En cette première
moitié du XVII° siècle, quelques prénoms dominent nettement. Prééminence qui vient
sans doute de loin et se prolongera sur plus de deux siècles encore.
Prénoms masculins : en tête Jean et
Pierre. Mais établissons-en une liste par ordre décroissant:
Jean 19
% Jacques 6%
Pierre 14
% Julien 6%
Guillaume 8 %
Suivent, avec entre
3,5 et 2,5 % : Nicolas, Olivier, Denis, René, Estienne, Michel, François.
Puis de nombreux
prénoms peu portés, parmi lesquels on peut cependant noter: André, Bertrand,
Charles, Claude, Gilles, Louis, Luc, Noël, Simon, Thomas.
Il n’est pas étonnant
de trouver en tête les trois grands apôtres: Jean, Pierre et Jacques. Pourquoi
Julien ? Son titre de patron des voyageurs, à une époque où l’on marche
beaucoup, explique peut-être cette place.
Guillaume est si
couramment utilisé en France qu’il est quasiment devenu commun: on dit un
guillaume, comme de nos jours, un type, un jules.
Remarquons aussi les
absences, dont certaines sont étonnantes: celle de Joseph qui est totale et de
Paul qui l’est presque autant. Il n’existe pas non plus de prénoms bretons.
Les aînés héritaient
généralement des prénoms des parents, parrains, grands-parents, ce qui
n’assurait pas forcément la perpétuation dans la famille car la mortalité
frappait aussi bien les aînés que les autres. Il était assez courant de
redonner le prénom d’un enfant mort.
Prénoms féminins : comme pour les
garçons, Jeanne et Perrine arrivent en tête :
Jeanne 18% Marie 5%
Perrine 13% Renée 5%
Julienne 11% Jacquette 4%
Françoise 6%
Entre 3,5 et 2,5 %, on
trouve dans l’ordre: Catherine, Guillemette, Michelle, Olive, Denise, Claudine.
Ensuite quelques
Anne, Etiennette, Laurence, Louise, Magdeleine, Marguerite, Simone.
Parmi
les formes féminines de prénoms masculins, certaines surprennent : Alienne (de Alain), Gildase, Gillette, Guyonne, Macée (de
Macé = Mathieu), Roulette ou Raoulette, Servaise, Thomase
ou Thomasse, Marquise (de Marc).
Noter
aussi l’emploi l’un pour l’autre, indifféremment d'Elisabeth ou Isabelle, de
Florence ou Fleurie ; parfois Orphraise ou Euphraise,
féminin de Geoffroy.
Remarquons
aussi la place médiocre de Marie. La renaissance du catholicisme à cette
période n’avait pas encore porté ses fruits jusque chez nous et le culte marial
ne s’épanouirait pleinement qu’un siècle plus tard, après le passage du Père de
Monfort.
Anne,
aussi, est quasiment absente. C’est pourtant à cette époque, en 1624, que
débute l’aventure de Nicolazic à Keranna,
qui devait faire de la mère de Marie la sainte la plus populaire de la région.
DEUXIÈME PÉRIODE :
1637 - 1700
LES PATRONYMES
I - 1637 - 1666
Pour les 30 années
qui s’écoulèrent entre 1637 et 1667, nous n’avons aucun registre. Ce sont les dernières
années du règne de Louis XIII et du ministère de Richelieu, la régence d’Anne
d’Autriche et le gouvernement de Mazarin, la triste époque de la Fronde, qui
vit le Parlement de Paris et les princes se rebeller contre le pouvoir royal.
Un long travail
effectué sur les naissances qui suivirent cette époque, c’est à dire de 1667 à
On relève 251
patronymes différents dont 210 comptent moins de 10 personnes chacun pour un
total de 513 sur 1785.
Les 41 autres
totalisent 1272 individus, soit 71 % de la population. Sur ces 41 noms, 8
représentent plus de 50 âmes, soit 663 habitants ou 37 % du total.
Liste de ces 41
patronymes par ordre d’importance:
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
AOUSTIN |
111 |
|
ROTHOUX |
28 |
|
NICOLAS |
15 |
|
MOYON |
108 |
|
ESLAN |
25 |
|
SANSON |
14 |
|
OLLIVAUD |
90 |
|
BERNIER |
19 |
|
ANDRE |
12 |
|
VINCE |
90 |
|
CHARON |
19 |
|
COUGNIL |
12 |
|
PHILIPPE |
76 |
|
DULOC |
18 |
|
PAULMIER |
12 |
|
HALGAND |
67 |
|
PEZERON |
18 |
|
POULLIER |
12 |
|
MAHE |
67 |
|
MORAUD |
18 |
|
ROBERT |
12 |
|
FOURE |
54 |
|
CHAUVEAU |
16 |
|
BROBAND |
11 |
|
DENIAUD |
40 |
|
DUVAL |
16 |
|
TREMAUDEUC |
11 |
|
MACE |
38 |
|
MARTIN |
16 |
|
ROUAUD |
11 |
|
BECCARD |
37 |
|
BOSSINOT |
15 |
|
LERAY |
10 |
|
THOMAS |
31 |
|
DHERVE |
15 |
|
MAHIET |
10 |
|
JOUAUD |
29 |
|
GILLET |
15 |
|
LE BARBIER |
10 |
|
DUPIN |
28 |
|
JAMET |
15 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
II - 1667 - 1700
Ce dernier tiers du
XVII° siècle est marqué par le règne personnel de Louis XIV et par le génie de
Colbert qui met véritablement en place l’organisation administrative du
royaume.
Nous avons une collection
presque complète des registres dont l’étude fait apparaître un total de 3589
naissances couvrant 282 patronymes.
238 de ceux-ci
totalisent 1004 naissances et comptent moins de 19 personnes chacun.
Les 44 autres
totalisent 2585 naissances, soit 72 % de
l’ensemble. Trois d’entre eux dépassent les 200 et en représentent 21 %. A eux
seuls, les Moyon, qui prennent la tête, représentent 8 % de la population.
25 de ces naissances sont illégitimes,
128 sont celles de
jumeaux, soit 64 naissances gémellaires,
26 sont posthumes.
Liste des 44
patronymes par ordre d’importance:
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
Nom |
|
+ |
MOYON |
287 |
+ |
NICOLAS |
38 |
- |
LE BARBIER |
24 |
|
AOUSTIN |
253 |
+ |
BROBAND |
37 |
|
GILLET |
23 |
|
VINCE |
209 |
+ |
RABAS |
35 |
|
CHARON |
23 |
+ |
HALGAN |
162 |
|
ANDRE |
34 |
+ |
BREDET |
22 |
|
OLLIVAUD |
146 |
- |
BECCARD |
32 |
+ |
LAISNE |
22 |
+ |
MAHE |
139 |
|
TREMAUDEUC |
32 |
|
LERAY |
21 |
|
PHILIPPE |
128 |
|
MARTIN |
32 |
|
ROBERT |
21 |
+ |
DENIAUD |
101 |
+ |
ESLAN |
31 |
+ |
BROSSAUD |
20 |
|
FOURE |
89 |
|
DUVAL |
30 |
+ |
TASSE |
20 |
+ |
JOUAUD |
66 |
|
JAMET |
29 |
- |
BOSSINOT |
20 |
|
MACE |
64 |
+ |
MORET |
27 |
- |
DULOC |
19 |
|
DUPIN |
51 |
+ |
POULLIER |
26 |
+ |
BOULET |
19 |
|
THOMAS |
51 |
+ |
CHAUVEAU |
25 |
+ |
LEFEBVRE |
19 |
+ |
PEZERON |
46 |
|
GAUVAIN |
25 |
+ |
RICORDEL |
19 |
- |
ROTHOUX |
44 |
- |
BERNIER |
24 |
|
|
|
LES PRÉNOMS (1667 -1700)
Prénoms masculins
Ce qui est remarquable,
c’est la stabilité des prénoms dominants tout au long de ce siècle. Jean,
Pierre et Guillaume réalisent le score
même que nous avons constaté dans les premières décennies. Voici les résultats
des relevés:
Jan 19
%
Pierre 14
%
Guillaume 8
%
Estienne 7
%
Julien 6
%
François 4
%
Jacques 4
%
Suivent Denis et René
avec environ 2 %.
Puis, derrière, on
trouve dans l’ordre: Louis, Nicolas, Maurice, Gilles, Luc, Joseph, Michel,
Noël, Olivier, Joachim, Alain, Claude, André et d’autres beaucoup plus rares
encore.
Quelle évolution
peut-on noter par rapport à l’étude précédente ?
On l’a vu pour les
trois têtes de liste: stabilité remarquable, ainsi que pour Julien.
Recul de Jacques,
remplacé à la quatrième place par Estienne qui fait une remontée spectaculaire.
En même temps, apparaissent Joseph et Joachim, complètement absents
précédemment.
C’est le résultat de
ce que l’on a appelé la Renaissance ou contre-réforme catholique. Le rôle des
saints protecteurs a été mis en évidence. Il en découle une dévotion accrue
dont bénéficient saint Estienne, patron de l’église paroissiale, saint Joseph,
patron de la chapelle élevée sur l’île de Méan et saint Joachim patron de celle
érigée au milieu de l’île de «Grande Isle».
La remontée de
François préfigure la grande dévotion à ce saint qui va se concrétiser par le
succès de son Tiers Ordre.
Notons de nouveau
l’absence presque totale de Paul.
Prénoms féminins
Contrairement à ce
que nous avons vu pour les garçons, il y a un sérieux changement en tête de
classement. Le renouveau de la dévotion à la Vierge fait que son nom est le
plus souvent donné.
Voyons plutôt le
résultat de l’étude:
Marie 20
%
Jeanne 16
%
Perrine 16
%
Julienne 7
%
Françoise 6
%
Renée 4
%
Catherine 3
%
Jacquette 3
%
Anne 2
%
Suivent, dans
l’ordre: Marguerite, Guillemette, Michelle, Claudine, Ollive,
Magdeleine, Isabelle, Estiennette, Louise, Hélène, Denise, Suzanne, Rose,
etc....
Le fait
caractéristique, en cette fin de siècle, est donc la promotion de Marie et
aussi celle plus modeste de Anne qui remonte notablement.
On peut aussi
remarquer deux prénoms très rares à l’époque, mais toujours employés au
féminin: Eugène et Ancelme.
Connaissant les
paroissiens par leurs noms et prénoms et les différentes îles composant
Montoir, il était important d’étudier l’adéquation des uns aux autres.
Les renseignements
concernant la localisation des gens manquent souvent. Le premier travail fut
donc la détermination d’une période suffisamment longue pour être intéressante.
Il s’avéra que les années allant de 1667 à 1682 étaient celles où les
indications de domiciles dans les registres paroissiaux étaient les plus
fréquentes.
Un travail long et
fastidieux s’ensuivit. Il s’agissait d’identifier un par un les gens ayant vécu
pendant cette période et d’essayer de les localiser en partant d’abord des
registres de baptêmes, puis de rechercher sur ceux de décès et de mariages les
renseignements manquants.
Il parut nécessaire
de ne tenir compte que des personnes ayant atteint au moins l’âge de 10 ans. A
l’époque c’était déjà l’adolescence et ceux qui y étaient parvenus avaient de
bonnes chances de devenir adultes.
Ce postulat posé, le
travail donna les résultats suivants:
Personnes identifiées 3180
Personnes localisées 2643 soit
83 %
L’examen de la liste
des non domiciliés permet de penser que ces
17 % ne sont pas répartis différemment des autres 83 %.
Dire que ce travail a
une valeur d’exactitude scientifique serait bien prétentieux. Des erreurs ont
pu être commises, par exemple des doubles emplois par suite de déplacements sur
cette période de quinze années. Mais on peut lui donner la valeur d’un
recensement et en tirer les renseignements adéquats:
- Répartition de 2643
habitants, par île et donc importance démographique de celles- ci les unes par
rapport aux autres.
- Répartition
géographique des patronymes non plus sur l’ensemble de la paroisse, ce que nous
avons par ailleurs, mais île par île.
Nous ne donnerons pas
ici une étude détaillée pour chaque île, mais quelques tableaux résumant la
situation d’ensemble.
Un premier tableau
fera apparaître pour chaque île la répartition des 2643 personnes localisées,
ce que cela donne en millièmes et, après une estimation de la population
totale, la situation du peuplement probable de la paroisse à l’époque choisie.
Il a d’abord fallu
faire une estimation globale du nombre d’habitants.
Pour cela on est
parti des naissances de la période considérée dont la moyenne annuelle est de
132. Un taux de natalité de 35 pour mille habitants a paru convenable. Ce taux,
appliqué à la moyenne des naissances, donne une population de 3800 habitants
pour Montoir.
Tableau d’estimation de la
population : (voir le tableau)
Précisons que
«Grande-Isle» est l’île où se trouve le bourg de St-Joachim et qu’«Aignac»
comprend l’ensemble actuel : Aignac, Ménac et Bais, que l’appellation «îles de
l’intérieur» s’applique à celles qui constituent actuellement la commune de St
Joachim, et celle d’«îles du sud» concerne Trignac, Méan, Gron, Bert, Aisne,
Penhoët etc...
Voyons maintenant la
répartition géographique des patronymes,
île par île, non pas en valeur absolue, mais en pourcentage de la population,
ceci pour les noms les plus courants ou les plus significatifs.
Le pourcentage
indiqué est donc celui du patronyme concerné sur la population totale de l’île.
Ainsi les MOYON représentent 28 % des habitants de Fédrun.
Tableau de la répartition de la
population : (voir le tableau)
Les limites de ce
travail sont celles de toute étude de ce genre. La loi des plus grands nombres
jouant, il est sûr que les chiffres donnés pour les îles les plus importantes
et les noms les plus courants sont plus près de la réalité que ceux concernant
des petits nombres.
D’autre part, si
toutes les îles où des habitants ont été recensés ont été prises en compte, il
a bien fallu faire un choix parmi les patronymes et ne pas retenir de vieux
noms briérons parce que ne représentant pas une population assez nombreuse.
C’est le cas des LE BARBIER, COUGNIL, BOSSINOT, GILLET, ESLAN.
Le tableau donnant
l’estimation de la population pour chaque île ne fait pas apparaître de
chiffres choquants.
L’île du Clos, avec
ses villages auxquels on a joint les métairies environnantes, même celles de
Frénic et de Caloyau, est dominée par la présence de son bourg, centre administratif
et commercial.
L’importance
démographique de Guersac n’étonne pas celui qui a passé des mois à dépouiller
les registres. Elle est vraiment le point de rencontre d’hommes aux mentalités
par ailleurs si diverses.
Calculer la densité
de la population pour l’ensemble de la paroisse ne serait guère intéressant: la
proportion de marais inhospitaliers est trop importante.
Par contre, si nous
essayons d’établir un rapport population / terres habitables par îles, nous
pouvons arriver à des constatations intéressantes. La difficulté est de
reconstituer ce que pouvaient être exactement à l’époque des îles comme celles
du sud (Gron, Méan).
Il est cependant
évident que l’île du Clos, avec ses annexes et ses métairies, son caractère
rural, ses champs et son élevage et malgré son bourg, a la densité de
population la plus faible, autour de 150 au kilomètre carré.
Guersac, très
briéronne dans le sud mais agricole dans le nord, arrive à une moyenne de 300
au kilomètre carré.
Les îles de
l’intérieur (St-Joachim) sont aux environs de 450, sauf Aignac dont la partie
Ménac est très peu peuplée. Il en est sensiblement de même pour les îles
maritimes type Méan. Le record semble battu par Gron, l’île aux marins, mais la
détermination de sa superficie est actuellement très difficile.
Il est certain que la
densité de la population d’une île briéronne est inversement proportionnelle à
l’importance de son agriculture. Ce terme d’agriculture excluant le travail
parcellaire des gagneries pour ne s’appliquer qu’à des exploitations plus
vastes (fermes, métairies) qui, en la circonstance, sont surtout consacrées à
l’élevage.
Le tableau de
répartition îles/patronymes est aussi très instructif. La période 1667-1682 est
celle où tout change en France: création des arsenaux, construction d’une forte
marine de guerre, création de l’Inscription Maritime, Ordonnances sur le
Commerce et la Marine, réveil des armateurs et commerçants nantais qui se
lancent enfin à la conquête des marchés lointains, surtout des îles d’Amérique.
L’estuaire de la Loire est particulièrement concerné. Le brassage de population
est de plus en plus fort.
Cependant nous ne
sommes qu’au début de cette explosion et la population reflète encore bien ce
qu’elle a été au cours de ce siècle.
L’île du Clos et
celles du sud, sous l’influence de la Loire et donc de l’extérieur, n’ont que
la moitié de leurs habitants qui portent les vieux patronymes traditionnels.
A Guersac, centre de la paroisse, on en est
encore à 70 %. Dans les îles de l’intérieur, on arrive à 90-95 %.
Quels sont donc les
vieux noms de Montoir ?
D’abord le groupe de
tête des MOYON, AOUSTIN, VINCE, HALGAN, OLLIVAUD, MAHE, PHILIPPE, FOURE qui
sont surtout répandus dans les îles centrales. Ensuite les DENIAUD, JOUAUD,
MACE, DUPIN, THOMAS, PEZERON, ROTHOUX, BROBAND, ANDRE, BECCARD, BERNIER,
CHARON, DULOC, etc... que l’on trouve
plutôt dans les autres îles. Il n’y a des COURONNE pratiquement qu’à Penhoët.
Quant aux LEGOFF, Kerfeuil est leur domaine.
Il est intéressant de constater que certaines
îles et certains noms semblent très liés l’un à l’autre et que cet état de fait
s’est perpétué, au moins pour certains, jusqu’à une époque très récente.
En tirer comme
conclusion que chaque île était à l’origine le domaine d’un clan, c’est
peut-être aller un peu loin, surtout avec la connotation péjorative que ce
terme a de nos jours. Et pourtant, en ces années 1670-1680, les OLLIVAUD
représentent la moitié des habitants de Mazin, les HALGAN, le tiers de Errand,
les MOYON, 28 % de Fédrun, les MAHE, 24 % de Grande-Ile. Les AOUSTIN, VINCE,
PHILIPPE, sont un peu plus répartis. Le nid des FOURE semble être à Gron et
Loncé, celui des DENIAUD à Aine, des JOUAUD à Bert, des MACE à Aucard et
Trembly, des BECCARD à Méan.
ESSAI SUR L’ORIGINE
DES NOMS BRIÉRONS
Les XII° et XIII°
siècles ont été une grande période de l’histoire de France. Reconstruction du
pays après les invasions normandes, expéditions à l’extérieur comme les
croisades n’avaient été possibles que grâce à un fort accroissement démographique qui n’aurait
pu lui-même avoir lieu sans la mise en culture de nouvelles terres capables de
nourrir de plus en plus de bouches.
Nous nous trouvons
ainsi à la fin du XIII° siècle avec une population nationale avoisinant les 20
millions d’âmes.
L’habitude était de
donner à chaque enfant, lors de son baptême, un nom qui serait le sien propre
pour le restant de sa vie. On choisissait généralement celui d’un saint destiné
à lui être protecteur.
Quand plusieurs
personnes avaient le même nom, on les distinguait le plus souvent en rappelant
leurs ascendants. Par exemple le Jan au Pierre, la Perrine à la Janne, la Marie
au Jacques. C’est d’ailleurs une façon de s’exprimer qui a perdurée et que les
anciens d’entre nous ont bien connue dans leur jeunesse.
Un autre mode
d’identification était le rappel du lieu d’origine ou du métier, ces
désignations pouvant se cumuler. Quand on parlait « du André » au
« François le « meusnier » du
Pin », il n’y avait aucun doute sur la personne.
L’accroissement de la
population rendit ces compléments aux noms propres de plus en plus nécessaires.
Puis, peu à peu, l’habitude se prit, par besoin de clarification, de conserver
un nom qui se transmettrait de père à enfants. Ce nom du père (nous l’appelons
aujourd’hui patronyme) entra lentement dans les mœurs au cours des XIV° et XV°
siècles. Le nom ancien, que nous appelons de nos jours prénom, la profession,
le lieu d’origine, un sobriquet, furent le plus souvent choisis pour remplir ce
rôle.
Puisqu’actuellement
c’est le XVII° siècle qui nous intéresse, regardons les patronymes que l’on
trouve alors à Montoir et essayons d’en voir l’origine. Cela nous permettra
peut-être de mieux connaître nos ancêtres.
Une remarque préliminaire
s’impose: nous sommes alors, et pour longtemps encore, dans une société
d’expression orale. Ce qui importe d’abord, c’est de retrouver la prononciation
verbale à travers les variations de l’expression écrite. Tentons l’aventure
parmi nos paroissiens dispersés sur leurs îles.
PATRONYMES DONT L'ORIGINE EST UN ANCIEN NOM PROPRE
AOUSTIN : C’est l’un des
deux noms les plus répandus. Il vient directement d’AUGUSTIN. On le trouve
d’abord avec la forme AOUGSTIN, puis AOUSTIN, AOUTIN, OUSTIN, OUTIN. Ce qui est
curieux c’est que cette évolution s’est faite rapidement et sans ordre
raisonnable ; si bien que l’on trouve dans les premiers registres que nous
avons, donc à la même époque, les différentes orthographes. Si la forme
AOUGSTIN disparut rapidement, on trouve des OUTIN jusqu’au XIX° siècle. Ce nom
ne s’est donc stabilisé que récemment.
AU XVII°, les AOUSTIN
sont des gens de l’intérieur de la Brière, essentiellement d’Aignac, Fédrun,
Grande-Isle. On en trouve d’éparpillés sur quelques autres îles. Ils sont
nombreux à Guersac et au Clos.
OLLIVAUD : vient probablement
d’OLLIVIER, mais sans certitude. Ce nom a très peu évolué. Ce n’est que
tardivement qu’il a perdu un L. A part quelques OLLIVEAU accidentels, on peut
dire qu’il a toujours conservé la même forme. Comme nous l’avons vu, c’est le
nom dominant de Mazin, mais on le trouve aussi dans les autres îles de
l’intérieur, du sud, et au bourg. Il y a aussi quelques OLLIVIER.
HALGAND : on l’a d’abord
sous les formes HALLOGAN ou HELLOGAN qui passent rapidement, puis HALGAN. C’est
ainsi qu’il s’écrira pendant très longtemps. Le D final ne sera ajouté que
beaucoup plus tard.
Ce nom était assez
courant au Moyen-âge. Dans un texte cité par Ogée, en
1050, lorsque le prieuré de Frossay fut donné à l’abbaye St- Sauveur de Redon,
le donateur raconte qu’il a entrepris le voyage de Redon «accompagné d’Orédienne notre femme et
compagne et de nos deux enfants Rivalon et Hellogon». Hélogon s’appelait
aussi le moine placé à la tête des huit religieux fondateurs de St-Gildas. (Jarnoux, le diocèse de Nantes, page 91)
Le nid des HALGAN est
à Errand où ils représentent le tiers des habitants. On les trouve aussi dans
les autres îles intérieures, à Guersac et au bourg.
PHILIPPE : nom bien briéron,
répandu de Fédrun à Gris. Il a la caractéristique de prendre souvent un S
final. On parle fréquemment des PHILIPPES.
THOMAS : on le trouve
surtout de Guersac à Méan et Trignac.
VINCE : on peut penser que
l’origine en est VINCENT. Très répandu dans toute la paroisse, principalement
dans les îles du Clos, Guersac, Trignac et la Brière intérieure.
Parmi les autres noms
traditionnels mais moins répandus parce que portés dans la partie où le
brassage de population est plus important, citons:
ANDRE : surtout à
Guersac,
FRANCOIS à Gron.
Famille de marins. (Le Jean François de Nantes).
MACE (MASSE) : le
Matthieu breton. A Méan, Gron, Aucard, mais aussi très courant dans les
paroisses voisines.
D’HERVE, HERVE,
DHERVAUD - EON ou YON (de Eudes).
NICOLAS à Guersac, le
Clos.
MARTIN, ROBERT, DAVY
ou DAVID, GEOFFROY ou JEFFRAY.
Beaucoup plus rares,
et probablement d’origine extérieure à la paroisse :AUBIN, BERNARD, BAZILLE,
BRUNEAU, ALIN, HEMERY ou EMERY, JEHAN et JEHANNEAU, LAURAND, LUCAS, MICHEL ou
MICHIEL, MORICE, RICHARD, SANSON, SIMON, JUDIC ou JUDITH, THIBAUD ou THIBARD.
Les DENIAUD, si
répandus dans la région d’Aine et de Bert, ainsi que les DENIER, viennent
probablement de Denis, GILLET de Gilles, PASQUEAU et PASQUETTE de Pasque, Pascal.
PATRONYMES AYANT POUR ORIGINE UN METIER OU UNE FONCTION:
CHARON, BOUCHER,
CHARPENTIER, LE PEINTEUR, LE METAYER ou METAYER ou METAY.
LE BARBIER ou BARBIER
quoique l'on puisse se demander si l’origine en est bien le métier de barbier
ou le fait d’être barbu.
FOURNIER, peut être
celui qui s’occupait du four.
LECLERC, LEPRESTRE,
LEVESQUE.
LEMONIER ou
L’AUMONIER ou MONNIER ne peut guère venir de meunier qui se prononçait et
s’écrivait alors « musnier » ou « meusnier ».
LEFEBVRE (forgeron).
Il est possible que
MOYON, nom caractéristique du pays briéron, puisse trouver sa place ici. Ce
n’est qu’une hypothèse, car dès le XVI° siècle, ce nom était bien stabilisé
dans sa forme actuelle et nous n’avons pas de documents pour étudier son
évolution passée.
Dans les années 1730,
il y avait à Montoir un ménage Jean LEMOINE
x Marie NICOLAS, dont le mari était originaire de Pluheslin dans
l’évêché de Vannes. Ce sont les premiers porteurs de ce nom que l’on trouve sur
la paroisse.
Un de leurs enfants
fut baptisé le 05.09.1733 et le rédacteur de l’acte a écrit: Jan, fils de Jan
LEMOYONNE et Marie NICOLLAU.
Sachant qu’en dehors
des noms bien connus, l’orthographe essaye de traduire la prononciation, on
peut penser que celle de LEMOINE ressemblait à celle de LEMOYONNE. On trouve
d’ailleurs dans certains textes le mot «moine» écrit «mouêne»
ou «moyne», le y et le i se confondant facilement.
L’origine de MOYON
serait-elle donc MOINE (MOYNE) ?
Essayons de
comprendre comment cela aurait pu se produire.
Constatons d’abord
que les deux patronymes dominants sont MOYON et AOUSTIN.
Aux XIV° et XV° siècles, il y avait à Aine un
prieuré dédié à Notre-Dame et appartenant aux «moines Augustins».
Contrairement à celui
de Frénic, situé sur un chemin traversant le marais et donc destiné à héberger
les voyageurs, celui d’Aine était isolé, en bordure de la Grande Brière. On
ignore totalement pourquoi un prieuré avait été établi à cet endroit. Sans
doute à la suite du don d’une terre. Sûrement pas riche (quelle richesse
aurait-on pu en tirer ?) il était tout de même assez important, puisque siège
d’une juridiction avec droit de haute, moyenne et basse justice.
Ce prieuré, siège
d’une juridiction, isolé dans les marais, inaccessible une partie de l’année
autrement qu’en barque, à l’écart de toute voie de communication, devait être
un refuge idéal pour les errants, les fugitifs, repoussés de leurs lieux
d’accueil habituels.
Pèlerins au bout de
leur rouleau, incapables de continuer leur route, familles chassées de leurs
terres par la famine ou la guerre et errant sans but, veuves et orphelins
cherchant un point d’ancrage, malades et lépreux éloignés des lieux habités par
la peur de la contagion, fugitifs évadés ou recherchés par la justice ( à
l’époque on pouvait être condamné durement pour une peccadille), n’étaient-ils
pas accueillis, quand ils pouvaient l’atteindre, dans cet asile coupé du monde
?
On imagine très bien
les moines embarquant leurs protégés sur leurs chalands et les transportant
jusqu’à ces îles perdues d’outre Brivet, en plein centre du grand marais, où
personne n’irait les inquiéter,
Et ces pauvres gens,
reconstruisant une vie adaptée à leur nouveau territoire, adoptaient ou
recevaient un patronyme en référence à leurs protecteurs: ils étaient les MOYNE
ou les AUGUSTIN.
Ceci n’est qu'une
hypothèse que jamais peut-être l'on ne pourra vérifier. Mais ces deux faits
certains: la présence des moines Augustins dans le marais à l’époque où les
patronymes se forment et la prédominance des deux patronymes MOYON et AOUSTIN dans
les îles briéronnes, ne sont vraisemblablement pas sans lien entre eux.
PATRONYMES DUS AU LIEU D’ORIGINE
Trémodeuc a donné DE
TREMODEUC, puis TREMAUDEUX
Aine a donné ALESNE,
LESNE, LAISNE,
Bert a donné DEBERT,
Le Pin a donné DUPIN,
DULOC est plus tard
devenu DULOT. Loc est un vieux terme courant
semble-t-il dans les îles. Il y avait à Guersac une tenue du Loc et plus tard on parlera couramment du Lot de Pendille.
L’origine est à rechercher du côté du LAC d’origine latine ou du LOCH gaélique.
C’est une importante étendue d’eau.
BOISROBERT est
probablement lié à Boisjobert. Il y a parfois confusion entre les deux
orthographes.
Autres noms n’ayant
rien à voir avec la paroisse: DAVIGNON, DESBOYS, DUVAL, L’ARAGON, PONTCHATEAU.
Deux vieux noms
briérons sont remarquables:
BECCARD, c’est le nom
donné en Brière au brochet, mais il désigne aussi un autre animal à bec, le
canard. Ce nom était surtout courant à Méan. Il est pratiquement disparu
aujourd’hui.
COUGNIL ou COUNIL ou
CONIL, c’est le vieux nom du lapin. On le trouvait surtout dans le tiers des
prés
D’autres noms, moins
caractéristiques, peuvent être considérés comme issus de surnoms: BLANCHARD,
BODET, CHEVALIER, CORNU, LEROY ou LERAY, PIEDARGENT, LOISEAU, VAILLANT.
Restent tous les
patronymes dont l’origine nous échappe, citons tout de même les principaux et
les plus caractéristiques. D’abord deux noms typiques encore de nos jours:
MAHE que l’on
retrouve dans d’autres régions bretonnes, mais qui chez nous est bien localisé
au centre du marais, particulièrement à Grande Isle. Son origine ? On a parfois
évoqué Macé, le Matthieu breton, mais au XVII° siècle, il y avait sur la
paroisse autant de MACE que de MAHE et cependant il n’y a jamais aucune
confusion entre eux.
FOURE pour lequel
nous n’avons aucune explication.
Puis sélectionnons:
ADVENARD, BERNIER,
BOSSINOT, BAGOURD, BOÜARD, BOUCAND, BOULET, BREDET, BRENY, BROBAND, CHAUVEAU,
CLEROUX,DUPPE, GLEMEAU, GUISHARD, GUYMARD, HARAUD, HARLAQUIN, JAMET, GUYHARD,
JARNIGAN, JUME, LANDAIS ou LANDAUL, LABOUR, LYRON, MORAUD, MORET, MAUGOURD,
OPIAIS, PAULMIER, POULLIER, PEZERON, RICORDEL, RABAS, TACONNET, TOURNABIEN,
TASSE, TUAL, VIAUD, VAUJOYEUX.
La fin du XVII°
siècle a été à Montoir, contrairement à la tendance générale, une période d’expansion
démographique. Relevons quelques noms qui font alors leur apparition et
deviendront par la suite de véritables patronymes montoirins :
ALLARD, AMIOT,
BERCEGER, BIRGAN, BOUSSARD, BROUSSARD, BIVAUD, COUSSEAU, COQUARD, CHARPENTIER,
DELOUMEAU, DENIZEAU, DAUZON, EVAIN, FAUVY, GOURET, GRIMAUD, GARANTON,
LEPEINTEUR, LETRAIN, LOIZEAU, LUCAS, LEPINE, LECAR, MOTTAIS, MORAND, MIRET,
PONTCHATEAU.
Au sujet de l'origine
des noms, il paraît important de noter, ce que l'on oublie trop facilement, que
les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets.
Des noms sont
typiquement briérons parce qu'ils ont trouvé chez nous un isolat propice à leur
développement. Il ne faut pas en déduire, lorsque l'on trouve un de ces noms
dans une région éloignée, que l'origine des personnes concernées est forcément
briéronne.
Des Augustin, Ollive, Hallogan, Philippe,
Thomas, Vincent ou des Moyne ont très bien pu,
ailleurs, évoluer de la même façon que chez nous.
Ainsi «l'Armorial de
Bretagne» fait état d'un Aoustin, sieur du Coudray
(paroisse de Noyal-sur-Seiche), dans les années 1427-1440 et signale qu'il est
originaire d'Angleterre.
On ne peut pas ne pas
penser à ce sujet qu'à la fin du VIème siècle ce pays fut évangélisé par un
saint Augustin qui y fonda le siège épiscopal de Canterbery
et dont le nom y fut couramment porté par la suite.
Les Austin y sont
encore nombreux de nos jours.
VARIATIONS
D’ORTHOGRAPHE DES PATRONYMES
Le caractère
phonétique des patronymes et l’utilisation courante qui en est faite amènent à
des variations parfois considérables de leur orthographe. Il est indispensable
d’en tenir compte dans les travaux de recherches généalogiques en particulier.
Voici un certain
nombre de correspondances trouvées dans les registres de Montoir:
ADDES Ade
ALARD Alaire
ALBERT Halbert
ANGEBAUD Anjubaud, Gebaud
AUPETIT Opetit, Lepetit, Petit
ADVENARD Avenard
ALAISNE Alesne
AMELOT Hamelot
AOUSTIN Aougstin, Aoutin,
Outin
AUBIN Obin
ALAIN Halin
AGONNEAU Hagonneau
ARAGON Laragon, L’Aragon
AUPIAIS Aupies, Opiais,
Opiays, Opies, Opiet
AURAIN Orain, Orin, Oren
BARREAU Barraud, Barhaud
BERNIER Besnier
BERTHO Bertau, Berteau, Berthaud
BIHAN Le
Bihan
BONNIER Bennier
BOSSINOT Boceno
BOÜARD Bouillard
BAUGER Baugé,
Bouger, Bougé
BOUCAND Boucan, Boucaud
BREDET Berdet, Brodet
BRENY Berny,
Brenic
BARBIER Le Barbier
BAUDRY Baudric
BELLIOTTE Belliot
BESSIGNEUL Beseigneul
BLAIN Belin,
Blin
BELHOMME Bonhomme, Berthomme
BOULET Boulais,
Boulay
BROUSSARD Brossard
BROSSAY Brosse, Brousse
BOEXIER Boissier, Boursier
BLOYET Belois, Beloitte
BOUVIER Gouvier
BRAG Kerbrat,
K’bratz, Querbrat, Kerbrac
CORDET Cordel, Ricordel
CRAHE Craheix
CHAUVE Chauvet,
Chauf
CHAILLON Chaillou
CHARON Chéron,
Chiron, Charron, Carhon
COUGNIL Cognil, Conil, Counil
CRIAUD Cruaud
CANCOIS Canquois, Cancouët,
Quanquois
CARIC Carie
CHERUEL Cheruais, Chervet
DAGUET Daget, D’Aguest
DELEPINE Lépine
DEMY Demis
DUVAL Duvaland
DIQUERO Quiquero, Guiguero,
Querro
DROUET Druay
DAVY David
D’AVIGNON Davignon, Avignon
DEBERT Deber, De Bert
DENIER Deniay
DESBOIS Débois, Desboys
DHERVE Dervé, D’Hervé
DERVAUD Dhervaud
DULOC Dulot, Dulo
DENIGOT Guénégot
DELAHAYE Lahaye
DELOMMEAU Deloumeau, L’Hommeau,
Loumeau
ESLAN Elan
EON Héon,
Yon
EVAIN Even, Evein,
Evin
EGASE Gaze, Gasse,
Gosse
FREARD Friard, Fréours, Frioux
FORGET Forgerays,
Frogé, Forgeret, Forgeon
GEBAUD Angebaud, Anjubaud
GOUVIER Bouvier
GUIQUERO Diquéro, Quiquerro,
Querro
GAZE Egase, Gasse, Gosse
GOUGEON Gouyon
GIRAUD Girou
GUILLAUME Glaume, Glomet
GUENEGO Denigot
GARANTON Quaranton
GAUVAIN Gauvin, Gauvaign
GEOFFRAY Geoffroy, Jeffray
GUIHENEUF Guihéneuc, Guisneuc,
Guisneuf, Guisnau
GUYET Guillet,
Guiet
GUILBAUD Guilbot, Guillebot
GUILLOT Guio,
Guyot, Guillaud
GUICHARD Guishard, Guyshard
GUILLARD Guyhard, Guihard
GERBAUD Gébaud, Gibaud
GETAIN Gestin
GUERIF Guéry, Guérin
GUIGAND Guignard, Guygand
GONIDEC Le Gonidec
GILLIOT Juliot
GAIGU Jagu
GUESSEAU Quesseau, Xeau,
Xiau, Xo, Xau, Le Xou
GLOTIN Glotain,
Guillotin
HALBERT Albert
HAMELOT Amelot
HALIN Alain
HEON Eon, Yon
HALGAND Halgan, Hallegan, Hellogan
HARAUD Harault
HOUGAS Hougard
HALLIE Hallier,
Hallien, Allien, Allienne
JOUAUD Jouault
JULLIOT Julio, Gilliot
JAGU Gaigu
JOYEUX Vaujoyeux
JEFFRAY Jeffroy,
Geoffroy, Geofray
JOELLAND Joland, Joaland, Joualland
JAUNY Jonic,
Yonic
JUDIC Judith
KERBRAT Kerbrac, K’bratz, Querbrat, Brag
LAVALLE Vallé
LEPETIT Petit, Aupetit, Opetit
LE BIHAN Bihan
LE BARBIER Barbier
LESPINE Delépine
LE GONIDEC Gonidec
LE TEXIER Le Tessier, Tessier, Texier
LANDEAU Landais, Landaul
L’ARAGON Laragon, Aragon
LAURAND Lorand, Laurent, Laurens, Loran
LE METAYER Métayer, Le Métay, Métay, Métée
LEROUX Roux
LEMONIER L’Aumonier, Monnier, Meunier
LHOMEAU Loumeau, Delomeau,
Deloumeau
LYRON Liron,
Luron
LERAY Leroy
LEFEBVRE Lefeuvre
LEBEE Lebert, Lebet, Lebée, Lebay
LEMAY Lemaz, Lemer, Lemée,
Lemoy, Lemez, Lemaître
LEMOLF Lemaur, Lemauf
LAHAYE Delahaye
LE MARDELEY Mardeley
LE PELTIER Peltier
LE PERROYS Perrin, Perret, Perrest
METAYER Le Métayer, Le Métay, Métée, Métay
MONNIER L’Aumonier, Le Monier
MACE Massé
MICHEL Michée
MOYSAN Moison, Mouissan
MOINARD Moesnard, Moysnard
MORET Morel
MOREAU Moraud, Mourand
MAYET Mahiet, Mahyet
MALNOE Malnos
MARY Marie,
Maris
MARTIN Martinet
NICOU Nicoul
OPIAIS Opiays, Opies, Opiet, Aupiais, Aupies
ORAIN Orin,
Oren, Aurain
OPETIT Aupetit,
Le Petit, Petit
OBIN Aubin
OUTIN Aoustin, Aougstin, Aoutin, Oustin
PETIT Lepetit,
Opetit, Aupetit
PAULMIER Paumier
PASQUEAU Pasquau, Pasquiau
PERRIN Perrest, Perret, Perraye, Perroy, Le Perroy, Perrain
PELAUD Plaud, Plot, Praud
PERRAUD Perrault, Poisrond, Poerond
PELTIER Le Peltier
QUERBRAT Kerbrat, Kerbrac, Brag, K’bratz
QUIQUERO Diquero, Guiquero,
Querro
QUANQUOIS Canquois, Cancois,
Cancouët
QUARANTON Garanton, Garenton
QUESSEAU Guesseau, Xeau,
Xau, Xiau, Xo, Le Xou
RICORDEL Cordel, Cordet, Ricordet
ROUX Leroux
RIAUD Rio
ROTHOUX Rothou, Rotoux
ROUSSEAU Rouxeau, Rouxiau
RIALO Riellot
RIALLAND Rielland
SANSON Samson
TEXIER Tessier,
Le Texier, Le Tessier
TREMAUDEUC de Trémaudeuc
THIBARD Tibard, Thibaud, Thabard, Thébaud
TEFAUT Théfaut
TUAUD Thuaud
TUAL Thual
VALLE Lavallée
VAUJOYEUX Joyeux
XEAU Xau, Xo, Xiau,
Guesseau, Quesseau, Le Xou
YONIC Jonic, Jauny
Les courbes figurant
l’évolution des naissances, décès et mariages d’après les registres paroissiaux
de Montoir permettent de se faire une idée de l’évolution démographique de la paroisse
(voir plus bas)
Encore faut-il les
replacer dans le contexte général pour comprendre ce qui se passait chez nous à
cette époque.
La courbe des
naissances dont nous disposons comprend deux périodes: les années 1626 - 1636
et 1668 - 1699.
Mais il faudrait
aussi parler des années précédant 1626 et de celles allant de 1636 à 1668 pour
lesquelles nous n’avons pas de documents paroissiaux.
Un examen rapide de
la courbe fait apparaître qu’à une natalité moyenne de 150 par an dans les
années 30, succède une période de dépression où une moyenne de 130 dans les
années 70-75 descendra à 115 en 90-95.
Or cette évolution
correspond assez bien à celle que les historiens ont constatée au plan
national.
Les années 1626 à
1636 sont situées dans cette période entre les guerres de religion et les
troubles de la Fronde, où la population décimée se reconstitue. Nous avons donc
une forte natalité.
Entre 1636 et 1668,
les ravages causés par les luttes de la Fronde et les famines dues à des
récoltes perdues par des étés pourris, ont décimé la population. La période que
nous pourrons suivre à partir de 1668 n’est pas aussi catastrophique, c’est
plutôt un temps de stagnation avec une tendance à la baisse.
Mais il y a tout de
même une grosse différence. C’est que sur le plan national ce dépérissement
passe par un point bas avec la grande famine de 1693-1694 et se prolonge
jusqu’à la fin du règne de Louis XIV. Chez nous cette famine est peu sensible
et les dernières années du siècle voient au contraire une remontée de la
natalité.
Ceci s’explique
d’ailleurs très bien. L’estuaire est particulièrement concerné par le
développement du trafic maritime et du commerce qui en découle. Beaucoup de
Montoirins, surtout ceux des îles bordant la Loire, sont enrôlés dans la marine
marchande ou militaire. Ce n’est évidemment pas un facteur d’accroissement de
la natalité. Mais les années 90 voient le passage et parfois l’installation de
marins étrangers à la paroisse et surtout l’arrivée de gens chassés par la
misère des campagnes environnantes, en quête de meilleures conditions
d’existence qu’ils trouvent chez nous où ils se fixent.
Il faut rappeler
aussi que notre paroisse, peu céréalière, était beaucoup moins sensible aux
famines que les régions strictement agricoles.
La moyenne des
naissances relevées par ménage est de 4. En réalité, compte tenu de l’absence
de registres dans les périodes précédente, suivante et quelques autres années,
ce chiffre était sûrement plus important et devait se situer entre 5 et 6.
Le couple le plus
fécond est celui de Gilles MOYON et Péronnelle CHAUVEAU, avec 11 naissances
non gémellaires enregistrées et
peut-être d’autres qui ne le sont pas. Ces naissances sont réparties de 1669 à
1687. La femme du sieur des Isles, notaire, procureur, puis gouverneur de la
vicomté devait avoir une alimentation suffisante pour mener à bien ses
maternités et sans doute l’assistance de nourrices pour l’allaitement de ses
enfants.
L’enregistrement des
mariages n’ayant débuté que le neuf Octobre
1668, nous ne pouvons donc avoir une courbe de la nuptialité que pour le
dernier tiers du siècle. Elle est assez régulière et fait apparaître une
moyenne annuelle de 35 mariages.
Cette obligation de
notation sur les registres paroissiaux ne changea rien aux habitudes
antérieures. Pendant longtemps on se contenta d’indiquer la date et les noms
des deux conjoints, sans même leur filiation. Ce n’est qu’en 1693, sous le
rectorat de Guillaume PONGERARD, qu’on prit l’habitude de rédiger les actes
avec des renseignements plus complets.
Certaines règles
régissaient la célébration des mariages, mais, parfois mal définies, elles
étaient ou n’étaient pas appliquées.
Les mineurs devaient
avoir l’autorisation de leur père pour se marier. Jusqu’à la Révolution, la
majorité était fixée à 25 ans. Ceux qui n’avaient pas cet âge et étaient
orphelins de père (la mère ne comptait pas) devaient obtenir un décret de
justice délivré par le sénéchal de la juridiction, les autorisant à convoler.
L’Eglise de son côté
imposait l’obtention de dispenses pour les cas de consanguinité entre
conjoints. Cette règle était très contraignante puisqu’elle s’imposait
jusqu’au quatrième degré. Autant dire
que la plupart des mariages auraient dû y être soumis.
Qui accordait ces
dispenses ?
L’Official de Nantes
ou la Cour de Rome ? Dans quelles conditions ?
Il est difficile de
répondre. On en trouve accordées par Rome, même pour des «quatrième degré». De
toute façon, la demande n’était pas gratuite. Certains cas mentionnés en sont
dispensés, par exemple «à cause de l’urgence», comprenons l’état de grossesse
de l’épouse ; ou bien encore «pour leur degré de pauvreté», autrement dit : ils
n’ont pas de quoi payer.
Il est bien possible
que nombreux étaient les cas où on ne s’inquiétait pas tellement de connaître
le degré de parenté et on finit par indiquer systématiquement à la fin des
actes que le mariage «a été célébré ayant
observé les formalités de la Sainte Eglise, les arrêts et règlements de la
Cour».
On ne célébrait pas
de mariages pendant l’Avent. C’était une règle stricte. Il n’y en avait
pratiquement jamais au mois de Décembre. Cela valait aussi pour le Carême.
Par contre, on se
mariait beaucoup en Octobre. Souvent, les célébrations étaient regroupées, il
était courant d’avoir cinq ou six mariages le même jour.
Les registres nous
font connaître 897 mariages célébrés à cette époque. Sur ce nombre, 137
comportent au moins un conjoint étranger
à la paroisse. Cela fait 18 %, un rapport tout à fait normal alors. Il faut
cependant noter que ce pourcentage n’est que de 10 dans les années 1670 et
passe à 25 dans les dernières années du siècle. Autre remarque, la population
des îles de l’intérieur est très peu concernée par les apports extérieurs.
Quelle est l’origine
de ces hors-venus ? La plupart viennent des paroisses voisines:
Donges 27 St
Nazaire 14 Besné 7
Crossac 19 Pontchâteau 14
24 sont extérieurs au
diocèse de Nantes. Les autres viennent de points plus ou moins éloignés du
comté.
Sur ces 137 étrangers,
il n’y a que 9 filles. Ce sont donc essentiellement les garçons qui viennent
prendre femme à Montoir.
Deux seulement de ces
unions concernent des conjoints également originaires d’une autre paroisse.
Donnons tout de même
l’origine des autres mariés :
|
Localité |
Localité |
||||
|
|
|||||
|
Diocèse de Nantes |
|
||||
|
Savenay |
3 |
|
Couëron |
1 |
|
|
Nantes |
3 |
Guérande |
2 |
||
|
Missillac |
4 |
St Dolay |
4 |
|
|
|
St
Etienne-de-Montluc |
2 |
|
Le
Bignon |
2 |
|
|
Ste
Opportune |
1 |
Herbignac |
1 |
||
|
Corsept |
1 |
|
Ste
Pazanne |
1 |
|
|
Escoublac |
1 |
|
Drefféac |
2 |
|
|
Montbert |
1 |
|
Guémené |
1 |
|
|
St
André |
2 |
Cordemais |
1 |
||
|
Campbon |
1 |
|
|||
|
St
Gildas |
2 |
|
|
||
|
|
|
||||
|
Diocèse de Vannes |
|
|
|||
|
Rieux |
5 |
|
Ste
Croix |
1 |
|
|
St
Just |
1 |
|
Peillac-sur-Oust |
1 |
|
|
St
Vincent-sur-Oust |
1 |
|
|||
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de Luçon |
|
|
|
|
|
|
St
Etienne-des-Bois |
1 |
|
Les
Sables |
1 |
|
|
St
Philbert de Noirmoutier |
1 |
|
|
||
|
|
|
|
|
||
|
Diocèse d’Angers |
|
|
|
|
|
|
Champtoceaux |
1 |
|
Drain |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de Saint-Brieuc |
|
|
|
|
|
|
St
Loick |
1 |
|
|
||
|
|
|
||||
|
Diocèse de Tréguier |
|
|
|
|
|
|
Platin |
1 |
|
|
|
|
|
Pennon |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
Diocèse de Léon |
|
|
|
|
|
|
St
Thégonez |
1 |
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de Rennes |
|
|
|
|
|
|
Renac |
1 |
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de Dol |
|
|
|
|
|
|
Bonnemain |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
Diocèses divers |
|
|
|
|
|
|
Avignon |
1 |
|
|
||
|
Toulon |
1 |
|
|
||
|
|
|
|
|
Il est intéressant de
noter aussi que sur ces 137 mariages, il y en a 63 seulement qui ne sont pas
suivis de naissances sur la paroisse. Si l’on tient compte de ce que toutes les
unions ne sont pas fécondes et aussi du fait que les registres n’existant pas
pendant une longue période à partir de l’année 1700, nombre de ménages ont
alors pu avoir des enfants que nous ignorons, il faut bien admettre que la
plupart des hommes venus prendre femme à Montoir s’y sont fixés.
Signalons aussi que
parmi ces mariages, il y en a qui sont en fait des remariages de l’un ou
l’autre conjoint. En particulier, dans les cinq où l’époux est de Rieux, trois
sont le fait du même homme, un certain Jean BOUCHER qui a convolé trois fois à
Montoir.
Ce n’est qu’à partir
de 1692 que les renseignements concernant les mariés sont relativement complets
et réguliers. L’étude des 9 dernières années du siècle montre que sur 273
mariages enregistrés, soit 546 conjoints, il y 94 veufs ou veuves, soit 17 %.
Si les veufs sont
d’abord plus nombreux, la balance s’inverse au fur et à mesure que les hommes
se font marins et partent pour des courses lointaines, dont souvent ils ne
reviennent pas.
Si l’on veut traiter
d’endogamie, il faut bien constater que, pour l’ensemble de la paroisse, elle
est tout à fait comparable à celle des campagnes françaises à cette époque.
Dans « l’Histoire de la France Rurale», Monsieur Leroy-Ladurie situe
l’endogamie paroissiale entre 80 et 85 %. A Montoir, nous sommes à 82 %, mais
c’est une grande paroisse. Un certain nombre d’îles avec 200 ou 300 habitants
et même plus équivalent à bien des petites paroisses rurales. Si dans les îles
proches de l’estuaire le phénomène est bien moindre, par contre dans celles de
l’intérieur, il est plus fort. Encore que, si l'on tient compte de l’endogamie
inter-îles, l’endogamie ilienne pure doit rester dans les 85 %.
Ce phénomène est donc
normal au XVII° siècle. C’est par la suite qu’il s’est maintenu en Brière alors
qu’il s’amenuisait en général dans l’ensemble de la France.
Comme un peu partout,
une autre endogamie existe. Elle n’a plus un caractère géographique, mais
sociologique et est surtout courante chez les notables. On se marie entre soi,
dans son milieu. Quelques familles sont particulièrement influentes; les
PINCET, LEBARBIER, HALGAN (Sieur de l’Isle), BELLIOTTE (de la ville Allain),
CHAUVEAU (des Champs Rochoux), TASSE, VIVIEN, MOYON
(Sieur des Isles), VINCE Allain.
On se marie beaucoup
dans ce petit cercle. Ainsi :
François LEBARBIER x Péronnelle
PINCET
Gabriel LEBARBIER x x Perrine
CHAUVEAU
Pierre LEBARBIER x Perrine
HALGAN
Estienne HALGAN x Perrine
CHAUVEAU
Jan CHAUVEAU x Marguerite
BELLIOTTE
Pierre BELLIOTTE x Hélène
PINCET
Maurice TASSE x Marie
CHAUVEAU
Allain VIVIEN x Janne CHAUVEAU
Gilles MOYON x Péronnelle CHAUVEAU
Allain VINCE x Julienne TASSE
Tableau des baptêmes, inhumations
et mariages à Montoir au XVIIème siècle (voir le tableau)
Le premier décès
enregistré à Montoir l’a été le 9 Octobre 1668. Il s’agit d’un Pierre MOYON,
époux d'Orphraise AOUSTIN. Ce n’est donc qu’à partir
de cette date qu’il est possible d’inclure la mortalité dans l’étude
démographique de la paroisse.
Première
constatation: si la courbe des décès est beaucoup plus en dents de scie que
celle des naissances, comme cela est normal à une époque particulièrement
sensible aux épidémies, la moyenne annuelle jusqu’à la fin du siècle est de
125, sensiblement la même que celle des naissances. Il en résulte donc une
assez grande stabilité de la population.
Comme pour les
mariages, les renseignements notés sont fort incomplets, même s’ils
s’améliorent au fil des ans. Parfois le nom lui-même manque. Relevons quelques
exemples:
Un enfant
Un enfant à la
teinturière de l’Etang
L’époux de Marie
JAMET
La Jacquette de l’île
du Clos
La belle mère à Luc
LECAN
Un pauvre de Méan
La veuve du Michel
Un enfant au gendre
d’Antoine ESLAN
Un enfant à la Pasquaude
Un enfant de trois
mois
Un enfant à un homme
de Besné qui demeure dans ce bourg et qui est masson.
Donc, parfois, pas de
noms. Le prénom, l’âge, le nom des parents, conjoint, témoins, le lieu du
décès, font encore défaut bien plus souvent.
Deux renseignements
cependant ne manquent pratiquement jamais: la date et le lieu de l’inhumation.
S’il est normal que la date figure sur un registre tenu au jour le jour, le
lieu aussi scrupuleusement indiqué donne à penser.
Il est sûr qu’à
l’époque, et plus particulièrement dans la région, l’habitude fut d’enterrer
les morts dans l’église. En avait-il toujours été ainsi ? C’est peu probable.
Il est même presque certain que cette façon de faire date du XVII° siècle.
Certes, de tout temps, des privilégiés ont eu droit à une sépulture dans le
lieu du culte. Mais alors cette habitude était devenue une norme appliquée à tous.
Bien sûr, les
coutumes variaient d’une paroisse à l’autre. On sait qu’à Saint-Nazaire, qui
possédait deux cimetières, c’est à partir de 1670 que les enterrements se
firent exclusivement dans l’église et dans la chapelle N. D. d’Espérance. (Moret)
Généralement, les
membres du clergé et de la noblesse avaient droit au chœur de l’église qui leur
était réservé, les autres paroissiens disposaient de la nef. Ainsi le chœur, où
l’on inhumait peu, pouvait être pavé, alors que le sol de la nef, souvent creusé,
ressemblait à un champ.
Mais revenons à notre
paroisse de Montoir et aux faits que nous connaissons avec certitude. Comme la
plupart des églises, la nôtre se trouvait au centre d’un terrain qui avait été
le cimetière mais qui n’était plus utilisé comme tel. Toutes les inhumations
avaient lieu dans l’église.
Contrairement à ce
qui se passait ailleurs, le chœur n’était pas réservé aux notables. De 1668 à
1686, le rapport est de 35 corps inhumés dans le chœur pour 65 dans la nef,
soit 1 sur 3. Autrement dit, le choeur était aussi
saturé que la nef et sûrement pas plus pavé qu’elle. Inutile de préciser
également qu’il n’était pas alors question de bancs. On assistait aux offices
debout.
Il y avait cependant
une différence, c’est qu’on pouvait sans doute être inhumé gratuitement dans la
nef, puisque les plus pauvres y reposaient, mais que pour avoir droit au chœur,
il fallait payer.
Pendant cette même
période, on relève deux sépultures dans le cimetière, quatre dans la chapelle
de Méan, dont celle du chapelain fondateur et celle d’un noyé, dans le
cimetière près de cette chapelle.
A partir de 1684 -
1685 apparaissent des enterrements dans la chapelle du Rosaire. Celle-ci
constituait une aile de l’église s’avançant sur l’actuelle rue de
Châteaubriand.
Les marguilliers
fabriqueurs chargés des comptes de la paroisse tenaient à cette indication
précise du lieu de sépulture: c’était pour eux un précieux moyen de contrôle
des fonds perçus.
Pourquoi le besoin, à
cette époque, d’enterrer tous les morts dans l’église ? Nous n’avons pas de
réponse à cette question. Peut-être faut-il en chercher l’origine dans ce grand
élan de religiosité qui couvrit le pays dans la seconde moitié du XVII°. L’idée
que, pour assurer le salut des défunts, il fallait que leurs corps reposent en
terre sainte, donc dans l’église, parait tout à fait vraisemblable.
Il nous est très
difficile d’imaginer les rapports avec l’au-delà de ce monde où la mort était
vraiment partie intégrante de la vie. La mère qui donnait le jour à un enfant
savait qu’il avait autant de chances de mourir bientôt que de devenir adulte.
Chacun voyait, et
parfois par véritables rafales, par familles entières, des proches s’éteindre.
Mais le corps était là, avec l’esprit qui rôdait autour, que l’on ne voyait
pas, mais qui restait présent parmi les siens. Entre vivants et morts, c’était
un véritable compagnonnage. Il était donc normal que les corps reposent au plus
près de Dieu, dans la terre sainte de l’église.
Ce qui était
acceptable quand l’église ne recevait qu’un petit nombre de cadavres, devint
vite insupportable. C’était une moyenne de 120 à 130 corps qu’il fallait chaque
année enfouir dans le sol. Certes ceux des enfants ne prenaient pas beaucoup de
place, mais tout de même !
On inhumait sans
cercueil des corps nus. Le linceul ne servait qu’au transport, on ne pouvait se
permettre de sacrifier une pièce d’étoffe dont le coût était important et
l’usage fréquent.
La terre fut vite
saturée. Il est facile, sinon agréable, d’imaginer ce brassage continuel du
sol, mettant à jour les restes des morts des années précédentes pour y placer
les nouveaux cadavres. Une année de grande mortalité, en 1676, c’est pour 255
corps qu’il fallut trouver place.
Imaginons l’atmosphère
méphitique dans ce bâtiment clos, les relents montant de la terre saturée,
l’odeur des cadavres que l’on apporte et qui bien souvent ont succombé à cette
maladie des marais que l’abbé Allain appelle « dégoûtante», la dysenterie.
L’église St-Estienne
devenue un véritable charnier restait le seul endroit vers lequel, de Kerfeuil
à Penhoët, convergeaient les paroissiens pour les cérémonies de baptêmes,
mariages et bien sûr sépultures.
Pour les messes
dominicales et les cérémonies du culte les habitants des îles intérieures
avaient leur chapelle de St-Joachim, ceux des îles du sud avaient St-Joseph à
Méan. Ceux des îles du Clos et des environs utilisaient la chapelle dédiée à la
Sainte Trinité et située dans un champ au milieu du bourg.
Il fallait trouver
une solution au problème de l’église qui était d’ailleurs également celui des
paroisses environnantes. La persuasion étant exclue, la seule possibilité était
de frapper au gousset.
Le 28.01.1687 «fut ordonné 50 sols pour être enterré dans
le chœur et 30 dans la nef». L’année suivante, le 02.07.1688, il en fut de
même à St-Nazaire, avec un tarif légèrement inférieur: 48 et 24 sols plus
demi-tarif pour les enfants.
Coïncidence
étonnante, le 28.01.1687 justement, décédait Jan GRIMAUD, secrétain
(sacristain) de la paroisse de Montoir, dont une des fonctions était le
creusement des tombes.
Comme d’habitude, il
fallut du temps pour faire appliquer l’ordonnance. Cependant, dès les années
1687 et 1688, le nouveau tarif fit tomber les inhumations dans le chœur de 35 à
20 % tandis que celles effectuées dans le cimetière atteignaient 9 corps en
1687 et 14 en
Quant aux cimetières,
on ne précise généralement pas, mais on trouve parfois: le grand ou le petit
cimetière, le cimetière jouxtant le mur de l’église du côté du midi ou au nord.
En fait, il y avait
deux terrains servant à cet usage, l’un au nord de l’église, l’autre au sud.
Celui du nord, autour de la chapelle du Rosaire deviendra au siècle suivant le
cimetière du Rosaire. Celui du sud, du côté de la chapelle St Jan, il deviendra
le cimetière St Jan rapidement réservé aux petits enfants, jusqu’à 5 ans. On
l’appellera aussi le petit cimetière ou le cimetière des Innocents.
Le problème n’était
pas complètement résolu puisque 4 enterrements sur 10 se faisaient encore dans
l’église et les paroisses environnantes n’étaient pas mieux loties. D’ailleurs,
le remède appliqué se révélait à double tranchant. En effet les tarifs que l’on
avait voulu dissuasifs constituèrent pour le Général de la paroisse une de ses
principales sources de revenus. Donc, continuer à lutter contre les inhumations
dans l’église, c’était tuer la poule aux œufs d’or.
Nous avons tenté,
pour la dernière décennie du siècle, où les renseignements se font plus précis,
d’estimer l’importance de la mortalité des enfants à Montoir. Voici le tableau
qui en résulte :
DÉCÈS DES ENFANTS
ET ADULTES entre 1690 et 1700
Années |
Enfants |
Adultes |
Total |
%
enfants |
1690 |
99 |
66 |
165 |
60 |
1692 |
64 |
50 |
114 |
56 |
1693 |
73 |
49 |
122 |
60 |
1694 |
80 |
68 |
148 |
54 |
1695 |
54 |
42 |
96 |
56 |
1696 |
91 |
55 |
146 |
62 |
1697 |
59 |
45 |
104 |
57 |
1698 |
55 |
42 |
97 |
57 |
1699 |
66 |
40 |
106 |
62 |
|
|
|
|
|
Total |
641 |
457 |
1098 |
58 |
Pour tenir compte des
risques d’erreurs dues à l’imprécision des âges, on peut estimer que dans le
nombre des décès, la part des enfants varie de 50 à 55 %. Il s’agit d’enfants
dont les âges suivraient une courbe décroissante de 1 jour à 15 ans.
Une étude de la
mortalité par années en fait ressortir quelques mauvaises : 1676 avec 257 décès
bat tous les records, puis viennent 1690 avec 165 décès, 1686 et 1685 avec 158
et 157.
Déjà plus significative,
une étude par mois indique que la période où la mortalité moyenne mensuelle est
la plus forte (supérieure à 10) s’étend du mois de Septembre à Janvier, avec
une tendance, qui s’amplifiera dans l’étude du siècle suivant, à des mois de
Septembre et Octobre particulièrement mauvais.
Voyons maintenant les
périodes à forte mortalité:
Les mois de Juin à
Septembre 1670 avec une moyenne de 16
L’année 1676 avec
deux périodes : Mars à Juillet moyenne 28 avec une pointe de 47 en Mai -
Septembre à Novembre, moyenne 28 avec 35 en Septembre.
Octobre et Novembre
1678, moyenne 22
Octobre 1680 à Mars
1681, moyenne 22
Octobre 1682: 20
Février et Mars 1685,
moyenne 29
Août à Décembre 1686,
moyenne 22, avec 32 en Octobre
Février à Octobre
1690, moyenne 15
Octobre 1693 à
Janvier 1694, moyenne 23.
Une autre recherche
possible et intéressante c’est le calcul de la mortalité des femmes à la suite
d’une naissance.
Un premier travail a
consisté à établir un état de tous les couples ou mères célibataires ayant eu
un ou plusieurs enfants entre 1667 et 1700 avec pour chacun les différentes
dates des naissances. Ensuite il a fallu travailler sur les décès et rechercher
pour chaque couple si la dernière naissance enregistrée n’avait pas été suivie
du décès de la mère.
On a ainsi répertorié
1360 femmes dont 57 sont mortes à la suite d’un accouchement. Ce qui donne un
coefficient de 4,2 %.
Il faut noter que
tous les enfants sont enregistrés, même les anonymes, c’est à dire ceux qui
sont pratiquement morts à la naissance, s’ils ne l’étaient pas avant; que l’on
a tout de même ondoyés sans leur donner de nom afin de pouvoir les inhumer en
terre sainte.
Il n’en reste pas
moins qu’on ne retrouve pas ici les décès d’un certain nombre de femmes, à la
suite de grossesses à problèmes et d’accouchements prématurés. Le coefficient
de 4,2 % doit donc être majoré, mais de combien ? Il semble que 5 % soit un
minimum.
Nous aurions voulu
également étudier la longévité des gens, l’importance de la mortalité à chaque
âge. Nous le ferons pour le XVIII° siècle, mais pour le XVII° cela est vraiment
impossible.
PREMIÈRE
PÉRIODE : 1712 - 1747
LES PATRONYMES
Cette période part de
1712, année où les registres sont incomplets et s’arrête à la fin de 1747. La
trêve de St-Joachim ayant été érigée au
mois de juin de cette année, il manque 19 naissances notées sur les nouveaux
cahiers.
Les documents font
cependant défaut pour les années 1713 - 1714 et 1717, ensuite la collection est
complète.
C’est la première
partie du règne de Louis XV avec, d’abord la régence de Philippe d’Orléans,
puis les ministères Dubois, de Bourbon, Fleury.
5081 baptêmes ont été
enregistrés dans la paroisse. Ils concernent 361 patronymes différents dont 314
comptent moins de 20 enfants chacun.
Les 47 autres en
totalisent 3398, soit 67 % des naissances. Sur ces 47 noms, 6 représentent plus
de 200 baptêmes, soit 1901 ou 37 % du total.
Trois d’entre eux
dépassent les 300, soit 24 %. A eux seuls, les MOYON représentent 9,6 % de la
population.
Liste des 47
patronymes par ordre d’importance :
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
MOYON |
487 |
- |
VINCE |
219 |
|
JOUAUD |
93 |
|
AOUSTIN |
382 |
|
HALGAN |
212 |
+ |
NICOLAS |
85 |
+ |
MAHE |
370 |
|
PHILIPPE |
108 |
|
MACE |
68 |
|
OLLIVAUD |
231 |
|
FOURE |
98 |
|
DENIAUD |
56 |
|
BROBAND |
55 |
- |
ANDRE |
28 |
+ |
RICHARD |
22 |
+ |
RICORDEL |
49 |
+ |
LECARD |
28 |
+ |
VAILLANT |
22 |
+ |
MAILLARD |
43 |
+ |
MOISNARD |
28 |
+ |
BERTHO |
21 |
+ |
ROBERT |
39 |
+ |
OLLIVIER |
28 |
- |
CHARON |
21 |
+ |
LERAY |
38 |
|
DULOC |
27 |
+ |
LEBEE |
21 |
- |
DUPIN |
37 |
+ |
DEBERT |
26 |
- |
MORET |
21 |
|
MARTIN |
37 |
+ |
LEGOFF |
25 |
- |
LE BARBIER |
20 |
- |
PEZERON |
37 |
- |
RABAS |
25 |
- |
ROTHOUX |
20 |
- |
TREMODEUC |
31 |
+ |
AVENARD |
23 |
+ |
RIALLAND |
20 |
+ |
LOREAU |
30 |
+ |
JULLIOT |
23 |
+ |
BODET |
20 |
- |
THOMAS |
30 |
+ |
OPIAIS |
23 |
+ |
ORAIN |
20 |
+ |
DESBOIS |
29 |
+ |
BLANCHARD |
22 |
|
|
|
44 de ces naissances
sont illégitimes, soit moins de 1 %.
240 sont celles de
jumeaux, soit 120 naissances gémellaires auxquelles il faut ajouter une
naissance de triplés.
34 sont posthumes,
200 sont celles
d’anonymes, enfants morts à la naissance, ondoyés sans leur donner de prénom.
LES PRÉNOMS
Prénoms masculins: les voici classés
par ordre d’importance:
Jean 18,5 %
Pierre 17,0 %
Guillaume 6,5 %
Joseph 6,5 %
Etienne 6,0 %
Julien 6,0 %
François 5,5 %
Jacques 5,0 %
Puis, autour de 2 %, on
trouve Luc, Denis, René, Louis, Joachim, Maurice ;
Viennent ensuite
André, Claude, Noël, Michel, Gilles, Matthieu, Alexandre, Alexis, Thomas,
Nicolas, etc...
Toujours la même
stabilité qu’au siècle précédent. Les évolutions sont minimes. Le seul fait notable
est la remontée de Joseph qui rejoint Guillaume à la troisième place. Paul est
complètement inexistant. Peu de nouveautés : Alexis, Gabriel.
Prénoms féminins: les voici classés
dans le même ordre :
Marie 27,0 %
Jeanne 16,0 %
Perrine
– Péronnelle 14,0 %
Anne 7,5 %
Julienne 6,0 %
Françoise 5,0 %
Rose 3,5 %
Viennent ensuite
Catherine, Madeleine, Renée, Jacquette, Guillemette, Elisabeth ou Isabelle
autour de 2 %.
Puis quelques Louise,
Raoulette, Geneviève, Claudine, Marguerite, Cécile, Olive, Reine.
A noter l’ascension
irrésistible de Marie qui patronne plus du quart des filles et aussi celle
d’Anne qui atteint la quatrième place.
On remarque des
prénoms nouveaux: Cécile, Gabrielle, Thérèse et aussi l’expansion de Rose qui
avait fait son apparition dans les dernières années du XVII° siècle.
LES PATRONYMES
Le 18 Juin 1747, le
recteur de Montoir bénissait les fonts baptismaux et le cimetière de
St-Joachim, mais ce n’est que le 12 juillet suivant que le premier baptême
était effectué et enregistré dans la nouvelle succursale.
A partir de cette
date, il y a donc pour la paroisse deux registres: celui de l’église
St-Estienne et celui de la chapelle St-Joachim.
Cette période couvre
la deuxième partie du règne de Louis XV et celui de Louis XVI. Les
enregistrements de 1792 furent perturbés par la passation des documents de la
paroisse à la municipalité et ceux de St- Joachim manquent totalement.
Pour avoir une étude
cohérente avec ce qui a été fait précédemment, les renseignements fournis par
les registres de la paroisse et de sa succursale ont été réunis. Voici donc un
tableau établi sur les mêmes bases que celles utilisées jusqu’à présent pour
l’ensemble de Montoir qui ne forme toujours qu’une seule paroisse dont
St-Joachim n’est qu’une annexe.
Le nombre des
baptêmes est de 7354. Ils concernent 405 patronymes différents. 358 de ceux-ci
représentent 2436 naissances.
Il en reste donc 47
qui, avec un minimum de 24 enfants chacun, totalisent 4918 naissances.
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
MOYON |
752 |
+ |
BERTHO |
53 |
+ |
POULLIER |
36 |
|
AOUSTIN |
701 |
|
DESBOIS |
51 |
|
LEBEE |
34 |
|
MAHE |
676 |
|
LERAY |
50 |
+ |
BOULET |
33 |
|
HALGAN |
306 |
|
LOREAU |
48 |
|
RICHARD |
32 |
|
OLLIVAUD |
296 |
+ |
OPIAIS |
47 |
+ |
LEBEAU |
32 |
|
VINCE |
256 |
+ |
SIMON |
47 |
+ |
CANQUOIS |
31 |
|
PHILIPPE |
126 |
+ |
CHARON |
47 |
+ |
BLOYET |
29 |
|
FOURE |
123 |
+ |
EVAIN |
46 |
- |
BROBAND |
29 |
|
MACE |
80 |
- |
DUPIN |
46 |
+ |
FOURNIER |
29 |
+ |
TREMOUREUX |
79 |
+ |
CHAUVE |
45 |
+ |
TACONNET |
28 |
|
JOUAUD |
65 |
|
PEZERON |
43 |
+ |
CRIAUD |
25 |
+ |
THOMAS |
64 |
+ |
ALLAIRE |
42 |
+ |
LEFEUVRE |
25 |
+ |
VAILLANT |
63 |
|
LEGOFF |
38 |
+ |
BOUCAND |
24 |
|
RICORDEL |
63 |
- |
TREMAUDEUC |
38 |
+ |
LANDEAU |
24 |
|
ROBERT |
59 |
- |
NICOLAS |
38 |
+ |
EON |
24 |
+ |
DAVID |
57 |
+ |
LABOUR |
38 |
|
|
|
Les 47 patronymes
ci-dessus représentent donc 67 % des naissances. 6 d’entre eux, avec plus de
250 enfants chacun en font 40 %.
Trois dépassent les
650, soit 29 %. En tête, les MOYON arrivent à 10,2 % avec 752 naissances sur
7354.
Voici le même
travail, mais uniquement pour la succursale de St- Joachim. Cela donne :
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
AOUSTIN |
588 |
|
LEGOFF |
38 |
|
MAHE |
575 |
|
PEZERON |
29 |
|
MOYON |
552 |
|
TREMAUDEUC |
25 |
|
VINCE |
183 |
|
DESBOIS |
16 |
|
HALGAND |
162 |
|
BLOYET |
15 |
|
OLLIVAUD |
135 |
|
MEAUDE |
15 |
|
FOURE |
103 |
|
GOURHAND |
14 |
|
PHILIPPE |
71 |
|
BOULET |
11 |
|
THOMAS |
61 |
|
DULOC |
11 |
|
VAILLANT |
47 |
|
TACONET |
11 |
|
DAVID |
42 |
|
PERRAUD |
10 |
Le nombre total de
baptêmes concernés est de 2871, se rapportant à seulement 64 patronymes
différents.
Les trois plus
importants comptent à eux seuls 1715 enfants, soit 60 % du total.
Le groupe des 7 noms
les plus typiques de St-Joachim arrive à 2298 soit 80 %.
Les 22 noms qui
dépassent un minimum de 10 naissances chacun en représentent 2714, donc 95 %.
Il reste 42
patronymes divers qui ne font que 5 % des naissances à eux tous.
D'un premier examen de
ces chiffres concernant la deuxième moitié du XVIII° siècle il résulte ceci:
La population des
îles constituant la succursale de St-Joachim représente sensiblement 40 % de
l’ensemble de la paroisse (à condition, bien sûr, que les taux de fécondité
soient les mêmes). Ceci sous-entendrait une densité de population
particulièrement forte.
Cette population est
très homogène. En fait, c’est elle qui donne son caractère propre à l’ensemble
de Montoir.
La répartition des
baptêmes par patronymes, mais uniquement pour le territoire qui reste, après
exclusion de St-Joachim, est la suivante:
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
MOYON |
200 |
|
CHARON |
47 |
|
CRIAUD |
25 |
|
OLLIVAUD |
161 |
|
DUPIN |
46 |
|
LEFEUVRE |
25 |
|
HALGAND |
144 |
|
CHAUVE |
45 |
|
BOUCAND |
24 |
|
AOUSTIN |
113 |
|
EVAIN |
43 |
|
LANDEAU |
24 |
|
MAHE |
101 |
|
ALLAIRE |
42 |
|
EON |
24 |
|
MACE |
80 |
|
SIMON |
39 |
|
BOULET |
22 |
|
TREMOUREUX |
79 |
|
NICOLAS |
38 |
|
FOURE |
20 |
|
VINCE |
73 |
|
LABOUR |
38 |
|
VAILLANT |
16 |
|
JOUAUD |
65 |
|
POULLIER |
36 |
|
DAVID |
15 |
|
RICORDEL |
63 |
|
DESBOIS |
35 |
|
PEZERON |
14 |
|
ROBERT |
59 |
|
LEBEE |
34 |
|
BLOYET |
14 |
|
PHILIPPE |
55 |
|
RICHARD |
32 |
|
TREMAUDEUC |
13 |
|
BERTHO |
53 |
|
LEBEAU |
32 |
|
THOMAS |
3 |
|
LERAY |
50 |
|
CANQUOIS |
31 |
|
LEGOFF |
0 |
|
LOREAU |
48 |
|
BROBAND |
29 |
|
|
|
|
OPIAIS |
47 |
|
FOURNIER |
29 |
|
|
|
Le total des baptêmes
est de 4483. Le patronyme le plus répandu est toujours MOYON, mais il ne représente plus que 4,5 %. Les 6 les plus
importants ne font que 18 %.
Les naissances
illégitimes sont au nombre de 71 dont seulement 12 pour St-Joachim. Donc, pour
l’ensemble de la paroisse, on reste dans les normes précédentes, un peu au
dessous de 1 %. Cependant ce taux n’est que de 0.4 % pour la succursale, alors
qu’il monte à 1.3 % pour le reste de Montoir.
Les enfants nés
posthumes sont 42 dont 15 pour St-Joachim. Ces chiffres sont sans doute
légèrement inférieurs à la réalité, à une époque où l’on navigue beaucoup. Il
est en effet probable que la mort en mer de certains pères n’avait pas encore
été signalée lors de la naissance de leur enfant. 134 naissances sont
gémellaires, soit 268 jumeaux et en plus une naissance de triplés.
LES PRÉNOMS
Prénoms masculins: pour toute la
période concernée et pour l’ensemble de la paroisse, afin de pouvoir comparer
avec les études précédentes:
Paroisse |
% |
Jean |
21,5 |
Pierre |
18,5 |
Joseph |
8,0 |
Etienne |
7,5 |
François |
7,0 |
Julien |
6,0 |
Guillaume |
5,0 |
Jacques |
4,0 |
Joachim |
2,5 |
Louis |
2,5 |
Luc |
2,5 |
Puis, autour de 1,5 à
2 %: Denis, André, René. Ensuite Gilles, Michel, Yves.
Donc, confirmation de
la prédominance de Jean et Pierre, qui, en deux siècles, n’a fait que
s’affirmer.
Joseph, aidé par la religiosité
de l’époque et sa tutelle sur le chapelle de Méan, gagne la troisième place.
Etienne, le patron de
la paroisse, et François remontent aussi. Julien et Jacques restent stables.
Guillaume continue sa descente, tandis que Joachim, Louis et Luc remontent
légèrement.
Il faut noter aussi
qu’à cette époque et aussi bien pour les filles que pour les garçons, se
développe peu à peu l’habitude déjà précédemment remarquée, d’ajouter au prénom
principal un ou plusieurs prénoms complémentaires. Cette façon de faire, qui
devrait faciliter l’identification des individus, est bien souvent un handicap
par l’utilisation qui en est faite ensuite: ainsi une fille baptisée Marie-Anne
pourra figurer sur d’autres actes (mariage, décès, parrainage) sous les
vocables: Marie, Anne-Marie, Anne, Marianne. D’où une source d’erreurs, et en
tous cas de difficultés pour les recherches.
Pour ce dernier
demi-siècle il est possible d’affiner cette étude, d’une part en étudiant
séparément St-Etienne et St-Joachim et même en considérant deux périodes pour
St-Etienne: 1748 - 1769 et 1770 - 1792. Ce qui donne, en pourcentages :
St
ETIENNE |
1748-1769 |
1770-1792 |
Jean |
19,5 |
20,0 |
Pierre |
16,5 |
19,0 |
Etienne |
10,5 |
9,5 |
François |
9,5 |
9,0 |
Joseph |
9,0 |
7,0 |
Julien |
4,0 |
6,0 |
Guillaume |
5,0 |
2,0 |
Louis |
2,5 |
4,0 |
Jacques |
2,5 |
2,5 |
Luc |
2,0 |
2,0 |
René |
2,5 |
1,5 |
Denis |
1,0 |
0,5 |
André |
|
1,5 |
Joachim |
|
0,5 |
St
JOACHIM |
1748-1791 |
Jean |
24,0 |
Pierre |
19,5 |
Joseph |
7,5 |
Guillaume |
7,5 |
Julien |
7,0 |
Jacques |
6,5 |
Joachim |
5,5 |
Denis |
4,0 |
Etienne |
3,5 |
François |
3,0 |
Luc |
3,0 |
Louis |
1,0 |
André |
1,5 |
René |
0,5 |
Que peut-on en
déduire ?
- La prédominance de
Jean et Pierre est encore plus nette dans la succursale que dans le reste de la
paroisse.
- Les saints patrons,
Etienne et Joachim, sont réciproquement plus populaires chacun chez soi.
- Guillaume, Julien
et Jacques se maintiennent mieux dans le tiers des Brières que dans celui des
prés.
- Denis et Luc sont
plus utilisés à St-Joachim et François à St Etienne.
- Les îliens sont moins
révérencieux à l’égard du roi (Louis) que les autres Montoirins.
Prénoms féminins: ensemble de la
paroisse pour tout le demi-siècle:
Paroisse |
% |
Marie |
32,5 |
Jeanne |
16,5 |
Perrine |
12,5 |
Anne |
10,5 |
Rose |
5,0 |
Françoise |
4,0 |
Julienne |
4,0 |
Puis viennent
Madeleine, Louise, Jacquette, Renée, Reine avec environ 1 %. Ensuite Angélique,
Catherine, Guillemette, Geneviève, Marguerite.
Ainsi donc Marie
continue son ascension. Jeanne se maintient. Perrine régresse régulièrement pendant
qu’Anne progresse dans le sillage de Marie. A noter aussi l’avancée de Rose et
le recul de Françoise et Julienne.
Ce qui est
remarquable, c’est que 4 prénoms couvrent 72 % des baptisées et 7 en patronnent
85 %.
L’étude détaillée des
prénoms féminins suivant la méthode employée pour les masculins donne, en
pourcentages :
St
ETIENNE |
1748-1769 |
1770-1792 |
Marie |
35,0 |
32,0 |
Perrine |
17,0 |
16,0 |
Jeanne |
16,0 |
15,0 |
Françoise |
6,0 |
6,0 |
Anne |
3,0 |
6,5 |
Rose |
5,0 |
5,0 |
Julienne |
4,0 |
3,0 |
Madeleine |
2,0 |
2,5 |
Louise |
1,0 |
2,0 |
St
JOACHIM |
1748-1791 |
Marie |
31,5 |
Anne |
19,0 |
Jeanne |
18,5 |
Perrine |
6,0 |
Rose |
5,5 |
Julienne |
5,5 |
Jacquette |
2,0 |
Madeleine |
0,5 |
Louise |
0,5 |
A St-Joachim, Marie
est un peu moins donné qu’à la paroisse. Par contre, Jeanne, Julienne, Jacquette
le sont davantage, et surtout Anne, nettement plus populaire que son saint
époux, y occupe la seconde place, derrière sa fille. C’est presque une affaire
de famille.
Perrine et Françoise
y sont nettement à la traîne et Louise n’a pas plus de succès que Louis chez
les garçons.
ÉVOLUTION DES
PATRONYMES AU COURS DES XVIIème ET XVIIIème SIÈCLES
Il est donc possible,
après les études précédentes, d’avoir une vue d’ensemble sur l’évolution de la population
au cours des deux siècles qui précèdent la période révolutionnaire.
Des différents
examens de patronymes effectués, une première constante se dégage: l’existence
d’un groupe d’environ 44 noms (41 à 47) que l’on peut considérer comme courants
dans la paroisse. Ce groupe, d’ailleurs variable quant à sa composition,
représente facilement trois quarts de la population au début du XVII° siècle et
seulement deux tiers à la fin du XVIII°. Les autres, les divers, peu utilisés
ou nouvellement arrivés passent donc du quart au tiers. En nombre, ils
évoluent de moins de 200 à 350.
Parmi les patronymes
courants, en apparaissent 6 à 8 qui sont vraiment dominants et typiquement
briérons. On peut ensuite isoler les trois principaux, puis celui qui domine
tous les autres.
L’étonnant, c’est que
la prééminence de ces noms n’est pas atténuée par l’ouverture à de nouveaux
arrivants. Au contraire, plus l’importance de ceux-ci est grande, plus la leur
s’accroît. Ainsi les dominants passent de 35 à 40 %, les trois premiers de 18 à
29 % et le premier de 6 à 10 %.
Il est donc
intéressant d’étudier de plus près ces noms typiques de la paroisse de Montoir.
MOYON, AOUSTIN,
OLLIVAUD, VINCE, HALGAN, PHILIPPE ont toujours fait partie de ce groupe.
BECCARD, DENIAUD,
ROTHOUX, bien placés en 1600, régressent rapidement. Par contre, MAHE, parti
d’une modeste position se hisse peu à peu jusqu’aux premières places. De même
FOURE mais de façon moins spectaculaire.
Première
constatation: ce sont les patronymes des îles de l’intérieur qui se
maintiennent et s’imposent (MAHE est le principal nom de l’île de
Grandes-Isles), ceux des îles du sud régressent peu à peu et se marginalisent
(BECCARD, ROTHOUX).
Les deux premières
places sont occupées par AOUSTIN et MOYON, d’abord à égalité, mais rapidement
MOYON se détache et dans la deuxième moitié du XVIII° siècle culmine à 10,2 %
sur l’ensemble de la paroisse.
OLLIVAUD et VINCE se
disputent longtemps la troisième position avant d’être doublés par MAHE.
Si l’on classe les
patronymes en trois catégories:
1 - les noms dominants (6 à 8)
2 - les noms courants (35 à 40)
3 - les divers
On constate :
- une importance croissante des premiers,
- un accroissement continu des troisièmes, mais
plus pour le nombre des patronymes que pour celui des naissances,
- un laminage des deuxièmes, qui peu à peu
ont tendance à se confondre avec les divers et souvent à être supplantés par de
nouveaux venus.
Le tableau de la page
suivante (p.57) résume bien cette évolution au cours des deux siècles.
Il a paru intéressant
d’affiner l’étude de la dernière période pour savoir si l’évolution était
toujours de même sens au moment où l’accroissement de la population était le
plus net
Le tableau des
pages 58 et 59
donne les relevés des naissances pour les années 1767 à 1783 et 1784 à
1791, avec chiffres séparés pour Saint-Etienne et Saint-Joachim. Ils confirment
que la tendance est toujours la même.
Enfin, un autre
tableau résume les constatations faites concernant les patronymes de Montoir.
Il donne (en %) pour une trentaine d’entre eux, l’évolution de leur importance
dans l’ensemble de la paroisse pendant les deux siècles allant du début du
règne de Henri IV à la fin de celui de Louis XVI.
Il est suivi à la
page 61 d’un graphique qui l’explicite.
Sur ce graphique
l’expression «Anciens noms courants» comprend : Beccard, Deniaud,
Dupin, Rothoux, Bernier, Macé, Thomas, Jouaud, Eslan,
Nicolas, Broband.
Les «Nouveaux noms
courants» sont : Rabas, Trémaudeuc,
Ricordel, David, Robert, Trémoureux, Vaillant,
Bertho, Desbois, Leray.
Un autre chapitre les
étudiera plus en détails, île par île.
Dans cette étude
l’utilisation du terme «Montoir» indique qu’il s’agit de l’ensemble de la
paroisse, y compris St-Joachim.
«St Etienne» concerne
l’ensemble de Montoir, sauf St-Joachim.
Tableaux statistiques
par périodes des populations et des patronymes : (voir les tableaux)
ÉTUDE A PARTIR DES
COUPLES PROCREATEURS
Tout ce qui précède a
été étudié à partir des naissances.
Il a paru intéressant
de répertorier les couples qui ont généré ces enfants. Le tableau suivant
résume ce travail. Si la colonne TOTAL n’est pas la somme des trois autres,
c’est que le même couple peut se retrouver dans la première et la deuxième
période.
Si on le compare au précédent, on constate que les conclusions qu’on en peut tirer sont homogènes.
Tableau d’analyse des
couples procréateurs : (voir le tableau)
Tableau récapitulatif
pour les patronymes
dominants, en pourcentages
|
|
|
|
1712 à 1747 % naissances % couples |
1748 à 1792 % naissances % couples |
|||
|
MOYON |
|
|
9,6 |
8,0 |
10,2 |
9,4 |
|
|
AOUSTIN |
|
|
7,5 |
6,5 |
9,5 |
8,3 |
|
|
MAHE |
|
|
7,3 |
6,7 |
9,2 |
9,0 |
|
|
OLLIVAUD |
|
|
4,5 |
4,1 |
4,0 |
4,1 |
|
|
VINCE |
|
|
4,3 |
4,0 |
3,5 |
3,4 |
|
|
HALGAND |
|
|
4,2 |
4,0 |
4,2 |
3,8 |
|
|
PHILIPPE |
|
|
2,1 |
2,3 |
1,7 |
1,7 |
|
|
FOURE |
|
|
1,9 |
1,8 |
1,7 |
1,3 |
|
De cette comparaison,
il ressort que le pourcentage dans la population des couples portant ces
patronymes est inférieur au pourcentage des naissances qu’ils génèrent.
On peut en déduire
qu’ils sont particulièrement prolifiques. Il faut tout de même atténuer cette
affirmation car, parmi les autres couples qui sont plus mobiles, il y en a
sûrement qui ont eu d’autres enfants avant leur arrivée sur la paroisse ou
après leur départ.
Un gros travail de
dépouillement et l’établissement de tableaux très détaillés ont été nécessaires pour cette étude. En particulier
des tableaux comportant le détail des «Divers» patronymes et la répartition sur
les villages des différentes îles ne peuvent guère être incorporés ici.
Suivent seulement
quelques tableaux plus ramassés et faciles à lire:
1 - Répartition
géographique et patronymique des couples ayant procréé au XVIII° siècle, avant
1748 - pour l’ensemble de Montoir :
(voir le tableau)
2 - Répartition
géographique et patronymique des couples ayant procréé au XVIII° siècle, à
partir de 1748 pour Saint-Joachim seulement et de 1748 à 1792 pour
Saint-Etienne (voir les
tableaux)
4 - Répartition
proportionnelle des principaux patronymes par îles
· Avant 1748
· à partir de 1748 (voir les tableaux)
Ces documents peuvent
servir de liaison avec le chapitre suivant.
ÉVOLUTION
DÉMOGRAPHIQUE AU XVIIIe SIÈCLE
L’étude de la
deuxième moitié du XVII° siècle a montré
que Montoir eut alors une moyenne annuelle de 132 naissances avec cependant une
tendance continue à la baisse jusqu’en 1694 où s’amorce une remontée rapide.
Au début du XVIII°
siècle, jusqu’en 1721, la moyenne est d’environ 165 naissances. Puis elle se
stabilise autour de 150-155 pendant 35 ans, jusqu’en 1756. Ensuite, un trou où
pendant 4 ans, de 1757 à 1760, elle stagne à 125. De 1761 à 1768 elle remonte,
pour se stabiliser de 1769 à 1783 sur une plage à 180, puis atteindre les 200
de 1784 à 1791.
Schématiquement, en
suivant les registres paroissiaux, on peut retenir les périodes et moyennes
suivantes :
Pour l’ensemble de
Montoir (registre unique) et faisant suite à une moyenne de 132 pour la
deuxième moitié du XVII° siècle:
Jusqu’en 1721 : 165
De 1722 à 1747 : 153
Pour la période
suivante, avec registre particulier pour Saint-Joachim :
Période |
St Etienne |
St Joachim |
Total paroisse |
1748 – 1756 |
93 |
57 |
150 |
1757 – 1765 |
80 |
57 |
137 |
1766 – 1783 |
99 |
67 |
166 |
1784 – 1791 |
116 |
80 |
196 |
Une constatation s’impose,
que l’étude d’autres paramètres fera aussi apparaître: l’importance
démographique croissante de la partie Saint-Joachim dans l’ensemble de la
paroisse.
Si l’augmentation de
la natalité est de 30% de 1748 à 1791 pour Montoir, elle est de 25% à Saint-Etienne
et de 40% à Saint-Joachim.
La tendance générale
pour le XVIII° siècle à Montoir est à une progression démographique lente mais
continue dans les îles de l’intérieur. Pour le reste de la paroisse, à une
stagnation et une régression jusqu’en 1766, puis une courbe ascensionnelle
jusqu’à la fin du siècle.
Les courbes comparées
des naissances à Saint-Etienne et à Saint Joachim montrent bien la tendance à
la réduction de la différence entre elles (voir la courbe ).
Les graphiques (voir les courbes) , où,
pour les deux parties de la paroisse, les courbes de naissances et de décès
sont superposées, font nettement ressortir le fait qu’à Saint-Etienne, décès et
naissances s’entrecroisent, alors qu’à Saint-Joachim les naissances sont
régulièrement au dessus des décès.
Quelles raisons
peut-il y avoir à cette importance croissante des îles situées dans la mouvance
de la chapelle Saint-Joachim ?
Influence extérieure
? Peut-être pour expliquer l’évolution du reste de la paroisse, mais sûrement
pas pour le tiers des Brières.
Alors? On pense bien
sûr au taux de fécondité des ménages. Il fallait s’attaquer à ce problème.
Cela a été fait et le
tableau suivant donne le résultat de cette étude (voir le tableau).
1829 couples
totalisant 8358 enfants ont été pris en compte. Il s’agit d’une sélection.
N’ont pas été retenus les gens dont nous n’avons pas le mariage et qui auraient
donc pu avoir des enfants antérieurement, dans les années pour lesquelles les
registres manquent ou dans une autre paroisse. Les couples pour lesquels nous
avons des naissances mais qui auraient pu avoir d’autres enfants après 1791, année
à laquelle les recherches ont été limitées, ont également été négligés.
Le résultat est
éloquent. Le tableau précédent est à lui seul une explication. Mais pourquoi
ces différences?
Les courbes annuelles
de naissances, mariages et décès pour toute la paroisse de Montoir (St-Joachim
et St-Etienne) et l’ensemble du XVIIIème siècle sont disponibles : (voir les courbes)
De
la reprise des registres paroissiaux en 1712, à la disparition de ceux de
Saint- Joachim en 1792, nous avons une courbe de mariages assez régulière et
progressant sensiblement comme celle des naissances.
Le
premier enregistré à St-Joachim l’a été le 06-02-1748, mais, contrairement à ce
qui s’est passé pour les baptêmes et les décès, pendant longtemps, pratiquement
jusqu’en 1780, la coutume demeura d’aller se marier à l’église paroissiale, au
bourg de Montoir. Les unions célébrées à St-Joachim demeurèrent donc peu
nombreuses.
Pour
l’ensemble de la paroisse on passe d’une moyenne annuelle de 30 pour la
première décennie concernée à 42 pour la dernière, ce qui représente une
augmentation de 40% en 80 ans.
Mais
qui sont les gens qui convolent chez nous ? D’où viennent-ils? La plus grande
partie est bien sûr née sur la paroisse. L’apport extérieur reste sensiblement
le même qu’au siècle précédent.
Sur
les 2833 hommes ayant convolé pendant cette période, 546 sont des veufs, soit
19%. Les veuves sont 341, soit 12%. Moyenne générale de veufs ou veuves: 15,5%.
MARIAGES ENREGISTRÉS À MONTOIR AU
XVIIIème SIÈCLE, JUSQU’EN 1791
|
Les 2 conjoints |
1 des conjoints est étranger à Montoir |
Total des mariages |
% conjoints étrangers |
|
Sont
de Montoir |
Sont étrangers A Montoir |
||||
Avant 1730 |
340 |
13 |
111 |
464 |
15% |
Années 30 |
264 |
17 |
98 |
379 |
17% |
Années 40 |
269 |
11 |
93 |
373 |
15% |
Années 50 |
231 |
16 |
87 |
334 |
18% |
Années 60 |
293 |
17 |
101 |
411 |
16% |
Années 70 |
242 |
25 |
112 |
379 |
21% |
Années 80 |
249 |
30 |
141 |
420 |
24% |
1790 et 1791 |
46 |
6 |
21 |
73 |
|
Total |
1934 |
135 |
764 |
2833 |
18,2% |
Ainsi
donc, sur 5666 conjoints, il y en a 1034 qui viennent d’une autre paroisse. Ils
se répartissent en 795 hommes et 239 femmes.
Compte
tenu des remariages, ce sont 705 hommes et 226 femmes qui sont venus d’ailleurs se marier à
Montoir.
Les
tableaux suivants indiquent leurs origines:
ORIGINE
DES CONJOINTS MARIÉS
A MONTOIR MAIS NÉS
DANS UNE AUTRE
PAROISSE
1°
Paroisses limitrophes ou
voisines avec lesquelles
les relations sont nombreuses
|
Localité |
Hommes |
Femmes |
Total |
|
Donges |
115 |
28 |
143 |
|
Missillac et les
Marais |
78 |
45 |
123 |
|
Saint-Nazaire |
93 |
22 |
115 |
|
Pontchâteau / Ste Reine |
60 |
35 |
95 |
|
Crossac |
63 |
32 |
95 |
|
Besné |
24 |
5 |
29 |
|
Herbignac |
22 |
6 |
28 |
|
Prinquiau |
15 |
5 |
20 |
|
|
|
|
|
|
Total |
470 |
178 |
648 |
|
|
|
|
|
2° paroisses limitrophes
ou voisines avec
lesquelles les relations
sont restreintes
|
Localité |
Hommes |
Femmes |
Total |
|
Guérande |
8 |
4 |
12 |
|
Campbon |
14 |
5 |
19 |
|
Saint-André |
8 |
3 |
11 |
|
Saint-Lyphard |
4 |
|
4 |
|
Savenay - Bouée |
11 |
1 |
12 |
|
|
|
|
|
|
Total |
45 |
13 |
58 |
|
|
|
|
|
3° Autres paroisses
du diocèse de
Nantes
|
Localité |
Hommes |
Femmes |
Localité |
Hommes |
Femmes |
|
Ancenis |
1 |
|
Maleville |
2 |
1 |
|
Assérac |
4 |
|
Mesquer |
|
1 |
|
Arthon-en-Retz |
1 |
|
Nantes |
3 |
1 |
|
Avessac |
2 |
2 |
N.D. de La Haye |
1 |
|
|
Batz – Le Croisic |
3 |
|
Nivillac |
3 |
3 |
|
Bouguenais |
1 |
|
Paimboeuf |
6 |
2 |
|
Bouin |
1 |
|
Piriac |
2 |
|
|
Bourgneuf-en-Retz |
1 |
1 |
Pornic |
|
1 |
|
Blain |
1 |
1 |
Prigny |
1 |
|
|
Camoël |
1 |
|
Puceul |
2 |
|
|
Couëron |
4 |
|
Rezé |
1 |
|
|
Dréfféac |
2 |
|
Sautron |
1 |
|
|
Escoublac |
4 |
|
Sévérac |
1 |
1 |
|
Fégréac |
5 |
|
Saint-Etienne-de-Montluc |
2 |
|
|
Férel |
2 |
|
Saint-Dolay |
6 |
7 |
|
Frossay |
1 |
|
Saint-Gildas-des-Bois |
5 |
1 |
|
Guémené-Penfao |
1 |
|
Saint-Jean-de-Boiseau |
1 |
|
|
Guenrouët |
1 |
|
Saint-Herblain |
|
2 |
|
Joué |
1 |
|
Sainte-Lumine-de-Coutais |
1 |
|
|
Lavau |
1 |
|
Saint-Molf |
5 |
|
|
La Chapelle-Launay |
2 |
|
Sainte-Opportune |
3 |
|
|
La Remaudière |
1 |
|
Vieillevigne |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total |
|
|
|
88 |
24 |
|
|
|
|
|
|
|
4° Autres diocèses
de France
|
Localité |
Hommes |
Femmes |
Localité |
Hommes |
Femmes |
|
Diocèse
de Rennes |
|
|
|
||
|
Bains |
3 |
|
Rennes St Martin |
1 |
|
|
Métesse |
1 |
|
Rennes St Germain |
1 |
|
|
Rennes St Etienne |
1 |
St Martin de Nouvaillon |
1 |
|
|
|
|
|||||
|
Diocèse
de Vannes |
|
||||
|
Allaire |
3 |
|
Noyal - Muzillac |
1 |
1 |
|
Arzal |
2 |
1 |
Péaule |
2 |
1 |
|
Arson |
1 |
Peillac |
1 |
|
|
|
Béganne |
2 |
|
Pluheslin |
1 |
|
|
Billiers |
1 |
1 |
Questembert |
2 |
1 |
|
Bourgpaul-Muzillac |
1 |
|
Rieux |
1 |
|
|
Congar |
2 |
|
Redon |
5 |
|
|
Elven |
1 |
|
Surzur |
1 |
|
|
Langon |
1 |
Sulniac |
1 |
||
|
La Roche-Bernard |
1 |
|
St Gravé |
1 |
|
|
Limerzel |
1 |
|
St Jagu |
3 |
|
|
Malestroit |
3 |
|
St Vincent |
2 |
|
|
Missiriac |
1 |
|
St Salomon de
Vannes |
1 |
|
|
|
|
||||
|
Diocèse de St Malo |
|
|
|||
|
Helleau |
1 |
|
Taupon |
1 |
|
|
Josselin |
1 |
|
St Onen |
1 |
|
|
Médréac |
1 |
|
St Servan |
1 |
|
|
Montauban |
1 |
|
St Séquelin |
1 |
|
|
Ploërmel |
2 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de Quimper |
|
|
|
|
|
|
Guiscrif |
1 |
|
St Martin |
|
1 |
|
Marléac |
1 |
|
St Mayeux |
|
1 |
|
Merzéac |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de Tréguier |
|
|
|
|
|
|
La Roche-Derrien |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de Saint-Brieuc |
|
|
|
|
|
|
La Chèze |
2 |
|
Plaissala |
1 |
|
|
Lanvenan |
1 |
|
Plélan |
1 |
|
|
La Prenetsaye |
1 |
|
Plougast |
|
1 |
|
Lornan |
1 |
|
Plouguenart |
2 |
|
|
Loudéac |
1 |
|
St Paulan |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse d’Angers |
|
|
|
|
|
|
Brissac |
1 |
|
|
|
|
|
St Thomas de La
Flèche |
1 |
|
|
|
|
|
St Jean de
Montfaucon |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de La Rochelle |
|
|
|
|
|
|
Ste
Eulalie-du-Benêt |
1 |
|
St Martin de Ré |
1 |
|
|
Tiffauges |
1 |
|
St
Pierre-du-Chemin |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de Luçon |
|
|
|
|
|
|
Les Brouzils |
2 |
|
St Christophe-du-Ligneron |
1 |
|
|
L’Ile-Dieu |
1 |
|
St Etienne-du-Bois |
2 |
|
|
St
André-Treize-Voies |
1 |
|
St Pierre du Poiré |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèse de Poitiers |
|
|
|
|
|
|
St
André-de-Blanzay |
1 |
|
|
|
|
|
St
Pierre-en-Poitou |
1 |
|
|
|
|
|
St
Gervais-en-Poitou |
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diocèses divers |
|
|
|
|
|
|
Cambray |
|
|
St Martin du Cotiau |
1 |
|
|
|
|
|
St Vaast |
1 |
|
|
Laval |
|
|
Avesnières |
1 |
|
|
Le Mans |
|
|
La Trinité de
Laval |
|
1 |
|
|
|
|
La Sauvagère |
1 |
1 |
|
Langre en Champagne |
|
|
La Crête |
1 |
|
|
Saint-Flour |
|
|
Sansac-de-Marmisse |
1 |
|
|
Blois |
|
|
La Membrolles |
1 |
|
|
Rouen |
|
|
Gaillarbois |
1 |
|
|
Villefranche en Boisjolay |
|
|
N.D. des Marais |
1 |
|
|
Meurthe |
|
|
|
1 |
|
Au
siècle précédent, l’apport extérieur avait crû dans les dernières années, avec
le développement de la marine française et son besoin d’hommes. Cet afflux
s’est calmé et n’a repris un rythme vraiment important que dans les années 80.
Si
les îles intérieures de la paroisse (St-Joachim) sont toujours peu touchées par
cette immigration, il faut cependant noter des évolutions notables dans
l’ensemble des comportements:
Donges
est toujours la paroisse sœur avec laquelle les relations sont les plus
importantes. Saint-Nazaire, Crossac, Pontchâteau et sa succursale de
Sainte-Reine, Besné, conservent de nombreux liens avec Montoir.
Cependant
les contacts s’intensifient avec les paroisses sises au nord de la Brière.
Missillac et surtout sa trêve des Marais dont on parlait peu précédemment,
prend la deuxième place, juste derrière Donges, comme si le marais avait cessé
d’être un obstacle pour devenir un moyen de liaison privilégié.
Herbignac,
dans une moindre mesure, profite aussi de ce changement.
Par
contre, les paroisses de l’ouest: Saint-André, Saint-Lyphard, Guérande n’ont
toujours que peu de relations avec les îles briéronnes.
Autre
fait notable, la mobilité féminine. Parmi les conjoints nés hors de la
paroisse, les femmes ne représentaient qu’environ 6% au XVII° siècle. Elles en
représentent 24% au XVIII°. Si beaucoup d’entre elles sont déjà fixées chez
nous depuis plusieurs années, à la suite du déplacement de leur famille, cette
constatation ne manque cependant pas d’intérêt.
Les
chiffres les plus notables sont ceux de Missillac - les Marais d’où viennent 45
femmes pour 78 hommes.
Sur
les 1034 conjoints venus d’une autre paroisse dans la période 1712-1791, 650
concernent les années 1750-1791 où il est plus facile d’isoler St-Joachim.
Or,
sur les 650, 48 seulement sont venus à St-Joachim, les autres dans le reste de
la paroisse, soit une proportion des immigrants de 7,5% dans une population
qui, elle, représente 40% de l’ensemble de Montoir.
A QUEL AGE SE MARIE-T-ON ?
Il s’agit, bien sûr,
du premier mariage. La réponse la plus concrète se présente encore sous forme
de courbes.
Une première courbe (voir la courbe) présente
séparément les hommes et les femmes de toute la paroisse s’étant mariés pour la
première fois dans la période 1712-1791 et dont l’âge exact a pu être
déterminé, ce qui représente 85% des cas.
Il y apparait
nettement que les femmes se marient, de 2 à 3 ans, plus jeunes que les hommes.
La plus grande partie d’entre elles prennent époux entre 18 et 27 ans. A 16 et
17 ans et entre 28 et 37 il y en a encore un certain nombre. A 13-14-15 ans ou
après 38 ans, ce sont vraiment des cas rares.
Les hommes se marient
pour la plupart entre 21 et 29 ans, avec une pointe à 26 ans. Les mariages de
14 à 18 ans sont exceptionnels et de 30 à 37 ans, de moins en moins nombreux.
La majorité légale
étant à 25 ans, c’est la moyenne d’âge
du mariage des hommes, il y en a à peu près autant avant qu’après. Par contre
une forte majorité de femmes se marient mineures.
Etant donné que l’évolution
de la démographie dans les îles dépendant de la succursale de St-Joachim est
différente de celle du reste de la paroisse, il est intéressant de voir si une
étude séparée de l’âge du premier mariage peut apporter une explication.
L’étude effectuée
porte sur la période 1748-1791 où il y a des registres à St-Joachim, mais en y
ajoutant les mariages des habitants de ces îles célébrés au bourg, de façon à
avoir une situation réelle. Pour que la comparaison soit possible, il a d’autre
part fallu travailler non pas en nombre, mais en pourcentage.
Les courbes (voir les courbes) ci-après donnent pour
les hommes et pour les femmes les courbes séparées de St-Etienne et de
St-Joachim. La lecture en est limpide. Que ce soit au masculin ou au féminin,
on se marie environ deux ans plus tôt dans les îles de l’intérieur que dans le
reste de la paroisse.
Les hommes de St
Joachim se marient entre 20 et 28 ans, ceux de St-Etienne entre 22 et 29 ans.
Les femmes se marient
de 18 à 25 ans dans le premier cas, de 19 à 27 dans le second.
En regardant ces
courbes, on comprend très bien qu’elles puissent avoir une influence sur la
fécondité des couples.
STÉRILITE DES COUPLES
Sur les 2833 mariages
célébrés dans la paroisse, il y en a 471 qui n’ont pas été suivis de naissances
dans la période concernée. Cela donne un taux brut de 16,6% de mariages non
suivis de naissances sur la paroisse.
Pour avoir une idée
de la stérilité des couples, ces chiffres demandent à être affinés. Ces 471
couples ont été étudiés un par un et classés en 7 catégories.
- 1° - 28 d’entre eux
ont été célébrés dans les dernières années retenues. Les naissances n’ayant pas
été relevées après 1792, ils ont très bien pu avoir des enfants alors. On ne
peut donc pas parler pour eux de stérilité. Notre chiffre est donc ramené de
471 à 443.
- 2° - Pour 51
couples, l’âge de l’épouse, trop élevé lors du mariage (souvent un remariage),
ne lui permettait plus d’avoir des enfants. Notre chiffre tombe à 392.
- 3° - 32 épouses
sont décédées dans les deux premières années du mariage, souvent à la suite
d’accidents de grossesse. Peut-on les dire stériles? Si nous les éliminons, il
nous reste 360 cas.
- 4° - 57 maris sont
décédés prématurément après le mariage, souvent des marins. Pourquoi, s’ils
avaient vécu, n’auraient-ils pas pu avoir des enfants? Nous tombons donc à 303.
- 5° - 20 couples, originaires de la paroisse n’y
ont laissé aucune trace, pas de naissances, pas de décès. On peut supposer
qu’ils se sont installés ailleurs.
- 6° - 84 couples
sont dans le cas des précédents, mais l’un des conjoints au moins était d’une
autre paroisse. Ceci peut conforter l’hypothèse d’une installation hors de
Montoir.
- 7° - Pour 199
couples on retrouve au moins un décès dans la paroisse. Ceci laisse à penser
qu’ils y étaient bien établis. Pour eux il y a une forte présomption de
stérilité.
Ainsi le nombre de
couples stériles mariés à Montoir au XVIII° siècle se situerait entre 199 et
303 pour 2833, soit une fourchette de 7 à 10%.
Les mariages étaient
donc célébrés régulièrement dans l’église paroissiale. Malgré l’érection en
trêve de Montoir de la chapellenie de St- JOACHIM, il fallut 30 ans pour que
tous les îliens en dépendant acceptent d’y célébrer leurs noces.
Notons cependant
quelques exceptions à la règle, dues généralement, mais ce n’est pas toujours
indiqué, aux conditions climatiques (inondations) et mauvais état du pont de
Méan.
Mariages célébrés dans la Chapelle St Joseph
de Méan :
22-11-1712 Maurice DHERVE et
Julienne MOINSON
26-11-1737 Etienne LECARD et Marie
GUIHARD
18-10-1740 Jean LABOUR et Perrine
DENIAUD
05-02-1742 Pierre MOYON et Marie
DENIAUD
01-09-1742 Me Jean FRAILLON et Marie
BROSSARD
18-10-1746 Guillaume LEGOFF et
Jeanne LABOUR
25-05-1751 Jean LURON et Jeanne
CHOTARD
22-07-1773 Pierre GUILLON et Marie
GIBON
23-11-1773 Charles LABOUR et Marie
MACE
On relève aussi un
mariage célébré dans la Chapelle de St MALO:
15-10-1743 Philippe CRAHE et Françoise BROBAND
et un autre célébré
dans la chapelle d’AISNE:
30-12-1761 Guillaume BIGOT et Marie JOUAUD
En Décembre 1762
apparait dans les registres paroissiaux l’enregistrement des fiançailles. Cette
cérémonie qui précède le mariage de quelques semaines ou quelques mois fait
l’objet d’une notation aussi précise des renseignements concernant les fiancés
que celle qui figurera sur l’acte définitif.
Si cette bénédiction
perdura, son enregistrement ne fut que temporaire et disparut au bout de
quelques années. Cela faisait toujours des pages d’écriture en moins, d’autant
qu’à cette époque les renseignements concernant les conjoints, la famille, les
témoins, les assistants avaient subi une véritable inflation.
Le diagramme des
décès est, comme toujours à cette époque, en dents de scie. L’établissement de moyennes
annuelles par décennies permet d’en résumer les fluctuations globales:
1712 - 1719 165
1720 - 1729 140
1730 – 1739 127
1740 - 1749 158
1750 - 1759 116
1760 - 1769 152
1770 - 1779 133
1780 - 1789 165
1790 et 1791 133
La mortalité est donc
demeurée assez stable tout au long du siècle avec une légère baisse jusque dans
les années 50 et une légère remontée ensuite.
Les années de pointe
importante où les décès ont dépassé les 200 sont:
1715 208
1719 218
1729 228
1741 254
1748 276
et surtout :
1783 326
On remarque qu’à part
1748 et 1783, les années les plus mauvaises, les pointes se trouvent dans la
première moitié du siècle. Il est dommage de ne pas avoir de documents pour la première
décennie. Il eut en effet été intéressant de connaître l’incidence chez nous du
terrible hiver 1708-1709.
Beaucoup d’hommes de
Montoir qui étaient marins sont morts en mer et dans des ports de France ou des
colonies. Faut-il ajouter ces décès à ceux de Montoir? Ce n’est pas évident car
il y a aussi des sépultures à Montoir de gens qui n’y étaient que de passage.
Le mieux semble de s’en tenir à nos registres.
MORTALITÉ
SAISONNIÈRE
Quand mourait-on à
Montoir? Le tableau ci-après répond à cette question. C’est le résumé des
relevés mensuels de décès. Il récapitule par mois le nombre des inhumations
effectuées
1 - pour l’ensemble
de la paroisse (années 1712 à 1747)
2 - pour la paroisse
sauf St-Joachim (années 1748 à 1792)
3 - pour St-Joachim
(années 1748 à 1791)
Mois |
1712 à 1747 Total Paroisse |
1748 Saint Etienne |
à 1792 Saint-Joachim |
Janvier |
421 |
389 |
200 |
Février |
340 |
367 |
186 |
Mars |
337 |
335 |
165 |
Avril |
326 |
366 |
169 |
Mai |
314 |
293 |
163 |
Juin |
323 |
256 |
127 |
Juillet |
336 |
241 |
111 |
Août |
379 |
327 |
173 |
Septembre |
505 |
434 |
197 |
Octobre |
542 |
474 |
224 |
Novembre |
468 |
412 |
193 |
Décembre |
399 |
376 |
180 |
|
|
|
|
Total |
4690 |
4270 |
2088 |
La mise en rapport de
ces nombres et leur représentation graphique en permet une meilleure
appréciation.
Voici donc la représentation
du pourcentage des décès de chaque mois par rapport au total des décès pour les
périodes 1712 - 1747 et 1748 - 1792 (voir la courbe).
On retrouve la
constatation marquante du siècle précédent: les mois les plus mauvais sont
Septembre et Octobre. Entre les première et deuxième moitiés du XVIII° siècle,
il y a en cela peu de différence. On peut faire la même remarque pour Novembre,
Décembre et Janvier qui sont assez mauvais, et pour août où la mortalité
commence à remonter.
Par contre, pour les
six autres mois, les bons, une différence apparaît entre les deux périodes.
De 1712 à 1747,
pendant ces mois (février à juillet), il y a très peu de différence, soit une
mortalité autour de 7 %.
De 1748 à 1792, au
contraire, février à mai sont moins bons qu’à la période précédente, mais juin
et juillet sont nettement meilleurs.
Il est intéressant de
savoir si entre les deux parties de la paroisse la situation est identique.
Après 1747 cela est relativement facile. Le deuxième graphique compare les deux
courbes. Elles sont quasiment identiques. Ainsi donc, qu’on habite les îles de
l’intérieur ou le tiers des prés, les problèmes de mortalité sont les mêmes.
PÉRIODES DE FORTE
MORTALITÉ
L’étude annuelle ou
mensuelle de la mortalité telle qu’elle a été faite ci-dessus n’est pas encore
suffisante. Les périodes où les décès sont nombreux se limitent parfois à un ou
quelques mois, et peuvent être à cheval sur deux années. Il faut donc relever
ces périodes.
Période 1712 -
1747
Le tableau
suivant les situe pour l’ensemble de la
paroisse. Les nombres indiqués sont ceux des décès mensuels nettement
supérieurs à la normale. Les mois particulièrement mauvais sont soulignés et
l’on constate, qu’excepté mai et juin 1741, tous sont septembre et octobre.
Période |
05 |
06 |
07 |
08 |
09 |
10 |
11 |
12 |
01 |
02 |
03 |
04 |
1712 |
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23 |
20 |
13 |
21 |
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1716 |
22 |
22 |
26 |
19 |
23 |
19 |
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1718 – 1719 |
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33 |
17 |
15 |
17 |
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1719 |
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56 |
26 |
21 |
24 |
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1723 |
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17 |
17 |
17 |
39 |
17 |
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1728 - 1729 |
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21 |
31 |
18 |
22 |
18 |
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1729 - 1730 |
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17 |
24 |
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25 |
20 |
17 |
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1733 |
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23 |
24 |
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1737 - 1738 |
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21 |
28 |
17 |
18 |
18 |
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1739 |
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19 |
41 |
|
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22 |
20 |
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1741 - 1742 |
41 |
42 |
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24 |
32 |
20 |
25 |
23 |
18 |
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1746 - 1747 |
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36 |
21 |
21 |
|
19 |
14 |
13 |
17 |
|
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1747 |
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23 |
37 |
25 |
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Le tableau suivant permet
d’analyser les périodes de mortalité importante par tranches d’âges. (Voir le tableau)
Aucune information ne
nous permet de connaître les causes de ces flambées de mortalité:
Epidémies? Intempéries? Famines? Essayons, d’après les renseignements
que nous avons, de déterminer pour les mois cruciaux, les catégories de
personnes touchées.
Ceci fait l’objet
d’un second tableau (voir page précédente) où les décès sont répartis par
tranches d’âge. Avant 1730 seuls les mois très en pointe ont été étudiés car
alors les âges ne sont pas faciles à retrouver. Les périodes suivantes ont été
complètement prises en compte.
Il apparaît à la
lecture de ces tableaux que ce sont surtout les enfants de moins de 10 ans qui
sont particulièrement frappés dans ces durs moments. Quand on travaille
uniquement sur les pointes, cette catégorie arrive à représenter plus de 70 %
des décès.
Dans les périodes de
forte mortalité, sur plusieurs mois mais sans fortes pointes, elle en
représente entre 70 et 40 %.
Il faut cependant
noter une exception à ce constat. Aux mois de mai et juin 1741, ce sont les
adultes et particulièrement les plus de 40 ans qui sont frappés. Ils font 60 %
des décès. Ce ne peut être qu’une épidémie qui a ainsi décimé la population
adulte, mais de quel mal s’agissait-il?
Années postérieures à 1747
La succursale de
St-Joachim a alors son autonomie concernant les inhumations. On peut donc sans
difficultés suivre l’évolution des deux parties de la paroisse. Il est de plus
en plus nécessaire de raisonner sur des pourcentages, les comparaisons de
nombres bruts étant moins évidentes.
Il est apparu
précédemment (page 99) que les courbes de décès mensuelles sont très proches
l’une de l’autre. Il y a donc homogénéité dans ce cas entre les différentes
composantes de la paroisse, quelque soit leur situation géographique.
Le tableau de la page
suivante, répertoriant les mois où la mortalité est particulièrement forte
montre que ces pointes sont plus nombreuses à St-Etienne jusqu’en 1766 et à
St-Joachim après cette année là.
Deux années sont
particulièrement mauvaises : 1748 et 1783. Le phénomène s’y prolonge sur
plusieurs mois consécutifs.
On remarque qu’en 1748
ce sont les mois d’août à décembre qui sont les plus touchés, tandis qu’en 1783
ce sont ceux de janvier à juin, donc deux périodes totalement différentes. La
cause de cette mortalité est inconnue, mais si elle est épidémique, comme c’est
probable, force est de constater qu’elle ne vient pas du marais mais de
l’extérieur. St-Etienne est en effet touchée plusieurs mois avant que le mal
n’arrive à St-Joachim, où en revanche, il est particulièrement meurtrier,
surtout en 1783. Les décès de mai et juin étant plus de 10 fois supérieurs à la
moyenne.
Nombre de décès - Période de très forte mortalité - 1748
/ 1792
Les nombres en rouge sont ceux de St Joachim, les autres
ceux de St Etienne
Période |
07 |
08 |
09 |
10 |
11 |
12 |
01 |
02 |
03 |
04 |
05 |
06 |
1748 |
|
38 |
42 |
33 |
18 |
|
|
|
|
|
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14 |
19 |
12 |
|
|
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|
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|
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1754 |
|
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19 |
|
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1756 |
|
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20 |
47 |
|
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|
1760 |
|
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|
20 |
|
|
|
|
|
|
|
|
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1761 |
|
|
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|
15 |
|
|
|
|
|
|
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|
1762 |
|
|
|
18 |
13 |
|
|
|
|
|
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1763 |
|
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19 |
|
|
23 |
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
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|
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|
1764 |
|
|
22 |
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
1765 |
|
|
|
22 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
16 |
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
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|
1766 |
|
|
|
|
|
|
20 |
21 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
1769 |
|
|
12 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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1772 |
|
|
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|
|
|
20 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
1777 |
|
|
|
14 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1780 |
|
|
|
12 |
|
|
|
|
|
|
13 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1783 |
|
|
|
|
|
|
27 |
30 |
31 |
24 |
19 |
|
|
|
14 |
|
|
|
|
|
|
|
21 |
37 |
32 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1789 |
|
|
13 |
|
|
|
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|
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|
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1748-1792 : St-Etienne :
Mortalité : Périodes de pointe par tranches d’âge
|
Août à Novembre 1748 |
Autres périodes |
Janvier à Mai 1783 |
< 1 semaine |
7 |
9 |
5 |
1 semaine à 1 mois |
3 |
13 |
3 |
1 mois à 1 an |
19 |
18 |
6 |
1 an |
7 |
14 |
11 |
2 ans |
18 |
6 |
3 |
3 ans |
15 |
5 |
6 |
4 ans |
11 |
10 |
3 |
5 ans |
6 |
7 |
7 |
6 ans |
9 |
4 |
3 |
7 ans |
1 |
|
2 |
8 ans |
5 |
5 |
|
9 ans |
1 |
2 |
3 |
10 ans |
2 |
3 |
5 |
11 ans |
1 |
3 |
2 |
12
ans |
1 |
3 |
1 |
13
ans |
3 |
4 |
1 |
Sans
âge (enfants) |
3 |
|
1 |
|
|
|
|
Total
enfants |
111 |
106 |
62 |
|
85 % |
51 % |
47 % |
|
|
|
|
14
19 ans |
1 |
1 |
2 |
20
à 29 ans |
2 |
9 |
4 |
30
à 39 ans |
2 |
14 |
9 |
40
à 49 ans |
7 |
13 |
16 |
50
à 59 ans |
3 |
15 |
11 |
60
à 69 ans |
3 |
25 |
8 |
70
à 79 ans |
1 |
17 |
14 |
80
à 89 ans |
1 |
7 |
3 |
+
de 90 ans |
|
1 |
|
Sans
âge (adultes) |
|
1 |
2 |
|
|
|
|
Total
adultes |
20 |
103 |
69 |
|
|
|
|
Total général |
131 |
209 |
131 |
|
|
|
|
|
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|
1748-1792 : -St-Joachim : Mortalité:
Période de pointes par tranches d’âge
|
Octobre à décembre 1748 |
Autres périodes |
Avril à Août 1783 |
< 1 semaine |
1 |
1 |
1 |
1 semaine à 1 mois |
3 |
7 |
1 |
1 mois à 1 an |
8 |
19 |
6 |
1 an |
6 |
12 |
12 |
2 ans |
4 |
26 |
17 |
3 ans |
6 |
12 |
10 |
4 ans |
5 |
10 |
10 |
5 ans |
3 |
10 |
1 |
6 ans |
2 |
10 |
4 |
7 ans |
1 |
4 |
|
8 ans |
2 |
4 |
2 |
9 ans |
1 |
3 |
6 |
10 ans |
|
3 |
5 |
11 ans |
|
4 |
1 |
12
ans |
|
2 |
2 |
13
ans |
1 |
1 |
1 |
|
|
|
|
Total
enfants |
43 |
128 |
79 |
|
93 % |
75 % |
76 % |
|
|
|
|
14
19 ans |
1 |
|
|
20
à 29 ans |
|
4 |
3 |
30
à 39 ans |
|
1 |
8 |
40
à 49 ans |
|
7 |
1 |
50
à 59 ans |
1 |
5 |
6 |
60
à 69 ans |
|
12 |
4 |
70
à 79 ans |
1 |
9 |
3 |
80
à 89 ans |
|
4 |
|
+
de 90 ans |
|
|
|
Sans
âge (adultes) |
|
|
|
|
|
|
|
Total
adultes |
3 |
42 |
25 |
|
|
|
|
Total général |
46 |
170 |
104 |
|
|
|
|
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|
L’analyse de ces
périodes par tranches d’âge indique qu’en 1748 ce sont essentiellement les
enfants qui sont touchés dans l’ensemble de la paroisse. Pour les autres
pointes il y a discordance entre St-Etienne où la mortalité frappe plutôt les
adultes et St-Joachim où elle frappe surtout les enfants.
Le siècle précédent
s’était terminé avec un taux d’inhumations dans l’église inférieur à 50 %.
L’absence de registres au début du XVIIIème siècle ne permet pas d’avoir une
connaissance exacte de la situation à Montoir. Elle était sans doute la même
que celle des autres paroisses de la région. Soit une utilisation de l’église
pour l’enfouissement des corps encore très importante.
C’est en 1709 que
tout va basculer et la situation s’améliorer d’une manière irréversible.
Au début de cette
année arrive dans la région le Père Louis-Marie GRIGNON de MONTFORT, grand
prédicateur devant l’Eternel. Agé de 36 ans, il a déjà une solide réputation.
Missionnaire à la foi robuste, homme d’action, organisateur, tribun à la parole
enflammée, il exerce une influence considérable sur le peuple. Sa dévotion à la
Vierge, son souci des pauvres et des malheureux s’accompagnent d’un don de
bâtisseur qui lui fera entreprendre la construction, colossale pour l’époque,
et avec le seul concours bénévole des paysans de la région, du fameux calvaire
de Pontchâteau que tous connaissent.
Au début de 1709, il
arrive donc à Campbon et se trouve confronté au problème de l’église-charnier.
Rapidement il y remet de l’ordre, les morts vont au cimetière. L’église est
assainie.
En juin il est à
Crossac où il agit avec la même détermination. Le 22 septembre à l’issue de la
mission prêchée à Besné, il fait signer par les notables un acte décidant qu’à
l’avenir les morts devront être inhumés au cimetière. Le 2 décembre dans les
mêmes circonstances, est établi à Missillac un acte d’abolition des inhumations
dans l’église.
S’il ne vint pas à
Montoir, son influence s’y fit cependant sentir. A la reprise des registres, en
1712, il y a encore parfois quelques inhumations dans la chapelle du Rosaire,
mais cela cesse rapidement. Il n’y eut qu’une période en 1741-1742 où une
trentaine de corps furent enterrés dans l’église. Les sépultures avaient donc
lieu dans les cimetières.
Il est intéressant de
constater qu’à St Nazaire la lutte fut beaucoup plus longue. Après l’imposition
des tarifs dissuasifs de 1688, on utilise davantage les cimetières, mais dès
1696 et jusqu’en 1707 on revient à l’église.
De 1708 à 1715 on n’enterre que dans le
cimetière près de l’église. Mais la mer ayant ouvert des brèches dans son mur
de clôture, on reprend les inhumations uniquement dans l’église.
En 1719, «à
cause de la contagion des cadavres remplissant l’église», le Général
prescrit d’enterrer à N.D. d’Espérance au même tarif que dans le bas de
l’église. En fait on revient au cimetière. D’où, en 1721, protestation du
Général qui manque de ressources.
En 1725 supplication pour enterrer dans l’église
puisqu’il n’y a plus de place dans les cimetières. Cette situation dure
jusqu’en 1756 où on enterre encore le quart des morts dans l’église.
En cette année 1756
le Général de St Nazaire demande un relèvement des tarifs pour faire face à ses
besoins d’argent. Mal lui en prend. Un grand débat s’établit devant la Cour. Il
se termine par l’interdiction d’enterrer dans l’église. Ce n’est donc que cette
année-là que cesse cette habitude.
L’érection de
St-Joachim en succursale autonome fit naître chez certains la tentation de se
faire inhumer dans la chapelle. De 1748 à 1758, il y eut une quinzaine de tels
cas, mais cela ne dura pas.
Le 3 mars 1715, le
recteur de Verthamon bénit le terrain situé près de
la chapelle de la Trinité pour en faire un cimetière car les autres ne
suffisent plus. Situé au milieu du bourg on l’appelle le cimetière de la
Trinité ou le Grand Cimetière. Réservé à l’inhumation des adultes, il complète
celui du Rosaire. Celui de St Jean est toujours réservé aux petits enfants.
Il est impossible de
faire des statistiques sur l’utilisation de l’un et l’autre car bien
souvent à cette époque on ne précise pas
de quel cimetière il s’agit.
Occasionnellement un
corps est enterré à Méan, dans ou près de la chapelle. Cela est rare et dû aux
difficultés de communication avec le bourg (inondations, mauvais état du pont).
Il s’agit aussi parfois d’un noyé ou d’un mendiant étranger au pays et dont
personne ne s’occupe.
En 1781 les
cimetières sont saturés et leur présence dans le bourg mal supportée. Le 19
février une requête est déposée par le recteur et les notables pour en créer un de remplacement en dehors de
l’agglomération. Les formalités traînent en longueur jusqu’à la période de
forte mortalité qui sévit au début de 1783. La Cour de Parlement ordonne alors,
le 28 mars, d’acheter un terrain et d’entreprendre les travaux de clôture.
La période d’intense
mortalité passée, la construction des murs est stoppée à la fin de l’année. Le
16 octobre 1787 un arrêt du Parlement de Rennes ordonne la reprise des travaux
pour un achèvement au mois de mars 1788. On ignore si ce délai fut bien tenu,
mais sitôt sa mise en service, on l’appelait alors «le cimetière nouveau ou du Calvaire», les autres sont désaffectés
puis vendus comme biens nationaux. (Médiathèque de Nantes 51-864-39993).
Personnes
nées de 1718
à 1747
L’étude a consisté à
retrouver la date de décès de chaque enfant né de 1718 à 1747. Pourquoi cette
période ? Parce qu’à partir de 1718, nous avons tous les registres de Montoir,
ce qui n’est pas le cas pour les années précédentes et parce que 1747 est
l’année au cours de laquelle la trêve de St-Joachim commence à avoir ses
propres registres. Il s’agit donc de l’ensemble de la paroisse. Par la suite
St-Etienne et St-Joachim seront étudiés séparément.
Pour les 4661
naissances de ces 30 années, 4019 décès sont connus soit 86,3 %.
Le Tableau et la courbe de
longévité donnent leur répartition par âges. Noter qu’il s’agit d’âges
réels déduits du rapprochement des dates de naissance et de décès, non pas des
âges figurant sur les actes d’inhumation qui sont bien souvent approximatifs.
On y trouve d’abord
les enfants morts dès la naissance, les «anonymes».
Ensuite ceux qui sont
morts l’année même de leur naissance, soit une moyenne de 6 mois. Puis ceux
morts, l’année suivant leur naissance et ainsi de suite. L’âge étant déterminé
par différence entre les années de naissance et de décès, quand on dit 5 ans,
c’est en fait entre 5 et 6 ans, soit une
moyenne de 5 ans 1/2.
Restent 642 décès,
soit 13,7 %, qui n’ont pas été retrouvés, ni dans les registres paroissiaux, ni
dans ceux de la Marine.
Il s’agit, d’une
part, de gens morts sur la paroisse mais dont l’enterrement n’a pas été
enregistré, cela s’est surtout produit pendant la tourmente révolutionnaire où
ce travail a été quelque peu négligé à St-Etienne et abandonné pendant
plusieurs années à St-Joachim. Cela concerne des gens d’au moins 45 ans puisque
nés avant 1748 et décédés après 1791, donc uniquement des adultes.
D’autre part, des
personnes ont quitté Montoir pour s’installer dans des paroisses voisines ou
éloignées, des marins sont disparus en mer ou dans des terres lointaines sans
que l’Inscription Maritime en ait été
informée. De toute façon il s’agit presque exclusivement d’adultes. Les enfants
en bas âges ayant quitté Montoir avec leur famille sont certainement peu
nombreux.
Les décès d’enfants
peuvent donc être rapportés non pas au nombre de décès retrouvés, mais au
nombre de naissances enregistrées. Ainsi le tableau révèle que la mortalité à
la naissance était de 4 %. En y ajoutant ceux qui sont morts dans l’année même
de leur naissance, on arrive à 21,6 %, soit un enfant sur cinq.
En s’en tenant à la
notion de «petits enfants» retenue pour l’inhumation dans le cimetière St Jean,
soit 5 ans, cela donne 39 %.
Donc 2 bébés sur 5 ne
dépassent pas le stade de la petite enfance. Ensuite la mortalité encore assez
forte diminue de 6 à 10 ans. De 11 à 18 ans les décès sont peu nombreux. Les
enfants qui ont tenu jusque là sont assez forts pour faire leur puberté sans
problèmes.
De 19 à 24 ans, la
mortalité est forte. Les couples se forment. Les hommes sont à l’épreuve du
travail et de la mer. Les jeunes femmes sont affrontées aux dangers des
grossesses et des premières maternités.
De 25 à 40 ans, la
situation se stabilise. Ensuite les chiffres baissent lentement jusqu’à 65 ans,
puis remontent jusqu’à 77 ans pour baisser de nouveau rapidement jusqu’à 86
ans, s’amenuiser de 87 à 89. De 90 à 95 ans il y a 1 ou 2 décès par an. C’est
l’âge le plus avancé relevé.
Neuf personnes nées
pendant la période considérée sont mortes de 90
à 95 ans.
Un seul homme :
Etienne Simon MOYON né le 18.11.1731 fils de Mre. Gilles
MOYON et Claudine AOUSTIN. Il est décédé à 91 ans. Il avait eu 11 enfants de sa
femme Rose JOUAUD morte le 07.07.1809 à 77 ans.
Trois femmes
célibataires :
Marie AOUSTIN née le
14.02.1721 à Guersac décédée à 91 ans.,
Marie DESBOIS née le
30.10.1729 au bourg, morte à 95 ans,
Perrine CHAUVE née le
13.12.1743 au Clos, morte à 95 ans.
Cinq femmes mariées :
Perrine LAURENT née
le 14.05.1737 mariée le 20.07.1762 à Nicolas HARAULT de Trignac - 6 enfants -
Morte à 90 ans,
Julienne Perrine
GAUVAIN née le 24.11.1734 mariée le 12.02.1760 à Jean GILET de Camé - 4 enfants
- Morte à 92 ans.
Catherine BODET née
le 14.08.1743 mariée le 16.01.1770 à Joseph LEMES de Méan - 4 enfants - Morte à
92 ans.
Anne MOYON née le
06.04.1742 mariée le 09.08.1763 à Etienne MOYON d’Aignac - 7 enfants - Morte à
93 ans.
Marie VAILLANT née le
21.10.1737 à Grandes Isles - mariée le 27.11.1762 à Jean MEAUDE - 4 enfants -
Morte à 93 ans.
Il eut été fort intéressant
d’avoir des études de longévité distinctes pour les hommes et pour les femmes,
mais le travail aurait été trop important.
Il a cependant été
possible de relever les décès de femmes lors d’un accouchement ou dans les
jours l’ayant suivi. Entre 1718 et 1747 il y en a eu 121.
La même étude a donc
été faite pour les personnes nées entre 1748, année où la trêve de St-Joachim a
son autonomie et 1792, dernière année des registres paroissiaux (1791 pour
St-Joachim).
Il en résulte deux
documents séparés, l’un concernant les habitants des territoires restés liés
directement à l’église St-Etienne du bourg de Montoir, l’autre ceux des îles de
l’intérieur desservies par les vicaires de Montoir, détachés comme chapelains au
service de la succursale de St-Joachim. Le nombre total des naissances pendant
cette période est de 7335 dont environ 60 % pour St-Etienne et 40 % pour
St-Joachim.
ST-ÉTIENNE
Les registres de
l’église paroissiale comportent 4483 naissances en 45 ans, soit une moyenne
annuelle de 100.
Le système de
recherche ayant été le même que pour la période précédente, il a été possible
de retrouver le décès de 3884 de ces personnes soit 86,6 % pratiquement sans
changement.
Le Tableau suivant (Longévité à St Étienne) a
été établi suivant les mêmes critères que celui qui le précède. On y trouve
donc les nombres de décès aux différents âges. Les 13,4 % de décès inconnus
concernent essentiellement des adultes.
Précisons de nouveau
que ce tableau ne concerne que St-Etienne alors que le précédent valait pour
l’ensemble de la paroisse.
La mortalité à la
naissance est de 3,25 %. Ajoutée à celle constatée dans l’année même de la
naissance, on arrive à 18,7 %. Les décès dans la petite enfance s’élèvent à 34
%, donc 1 sur 3. La courbe de longévité subit les mêmes variations que
précédemment avec cependant quelques tendances intéressantes. On meurt moins
dans les jeunes années, surtout de 12 à 19 ans. On meurt plus après 50 ans et
surtout après 75 ans.
32 personnes sont
mortes de 90 à 96 ans.
Le 20 mars 1864
mourait au bourg Françoise Modeste DUPIN, dans sa 101ème année. Elle était née
le 15.09.1763 de Joseph et Péronnelle VINCE et avait épousé le 31.05.1796
Etienne HALGAND, un marin dont elle était veuve depuis 1811.
Cent femmes sont
mortes à la suite d’un accouchement pendant cette période.
ST-JOACHIM
Le dernier registre
paroissial est celui de 1791. Les baptêmes relevés au nombre de 2852 ne
concernent donc que 44 années, soit une moyenne annuelle de 65 (Longévité à St Joachim) .
Il a été possible de
retrouver les décès de 2552 de ces personnes, soit 89,5 %, plus que pour le
reste de la paroisse (86,6 %). Ceci est d’autant plus remarquable que pendant
la période révolutionnaire les registres n’ont pas été tenu en 1792-93 et 94 et
très partiellement de 1795 à 1800. Ce n’est qu’à partir de 1801 que les choses sont rentrées dans
l’ordre.
Pendant ces 9 années, nous avons donc très peu
de décès et malgré cela, sur l’ensemble nous arrivons à en avoir 89,5 %. Il est
vraiment dommage que ces années manquent.
Cela prouve que la
population était remarquablement sédentaire. Il y avait peu de marins et peu de gens allant
s’installer hors de leurs îles.
La mortalité à la
naissance et pour l’année de cette naissance a été calculée comme
précédemment :
- mortalité à la
naissance : 4 %,
- mortalité l’année
même de la naissance : 16,7 %.
Pour la mortalité de la
petite enfance, il n’a été tenu compte que des années 1748 à 1785. En allant
plus loin, les chiffres auraient été faussés par les registres manquants.
Ceci nous a amené à
tabler sur un total de naissances de 2367 et 838 décès soit 35,4 %.
En résumé, on peut
dire que tout au long du siècle, la mortalité à la naissance s’est maintenue à
4 %. Celle de l’année de la naissance, soit une moyenne de 6 mois a légèrement
baissée, passant de 21 % à 18 % à Montoir et 16 % à St-Joachim.
Pour l’ensemble des
petits enfants, elle est passée de 39 % à 34 % pour Montoir et 35 % pour
St-Joachim, soit une baisse de 4 à 5 points.
L’allure générale de
la courbe de longévité (Pages 117 et 118) est semblable pour les deux parties
de la paroisse, avec tout de même une différence considérable. La mortalité
importante des 19-24 ans n’existe pas à St-Joachim c’est au contraire une
tranche d’âge où l’on meurt peu. Pourquoi ? La mortalité des jeunes mères n’est
pas en cause. 69 décès contre 100 à St Etienne, c’est dans la norme. En fait,
c’est la situation de St Joachim qui est normale. St Etienne paye lourdement sa
vocation maritime.
Le Tableau des Décès des marins établi d’après les décès de marins de 1701
à la fin du premier empire, montre bien que 35 % d’entre eux meurent entre 19
et 25 ans et 63 % entre 19 et 32 ans.
VUE D’ENSEMBLE SUR L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE
La paroisse de
Montoir était donc composée d’îles dont les habitants évoluèrent peu à peu,
quant à leur mode de vie, suivant leur isolement ou leur proximité de
l’estuaire.
Ceux des îles de
l’intérieur continuaient leur vie ancestrale sur leurs territoires exigus,
tirant profit au maximum de leurs immenses marais. Les autres s’orientaient de
plus en plus vers la navigation, procurant aux armateurs et à la marine royale
une main-d’œuvre qu’il fallait nombreuse et continuellement renouvelée.
Contrairement à ce
que l’on pourrait penser, ce sont les premiers qui, démographiquement, prirent
de plus en plus d’importance.
Dans la seconde
moitié du XVIIème siècle, représentant 20 % de la population
paroissiale, ils se construisirent une chapelle dédiée à St-Joachim qui servit
de point de rencontre pour ceux de Grandes Iles, Fédrun, Aignac et Mazin.
75 ans plus tard ils
pesaient 30 % de la paroisse et leur mentalité se différenciait de plus
en plus de celle des autres montoirins. Ils obtinrent l’autonomie de leur
chapelle et son érection en succursale de l’église paroissiale.
Dans la deuxième
moitié du XVIIIème siècle, St-Joachim regroupait 40 % des paroissiens.
Les pages précédentes
fournissent des explications à cette évolution : population très sédentaire,
mariages plus précoces (2 ans), fécondité plus importante (1 enfant sur 4,5 =
22 %).
Ajouter à cela une
mortalité au pays identique, mais forte chez les marins à l’extérieur, ce qui
touche moins St-Joachim.
En chiffres absolus,
la population de St-Etienne fut à la baisse jusqu’en 1765 malgré les apports
extérieurs et la venue de quelques gars de St-Joachim qui, se faisant marins,
s’installaient plus près de la mer.
C’est dans le dernier
quart du siècle que ce mouvement se développa avec les besoins toujours plus
grands de la marine pour la course, les combats de la guerre d’Indépendance
d’Amérique, des guerres de la Révolution puis plus tard de l’Empire.
Les Briérons, sans
quitter leurs marais, se firent plus volontiers marins. Mais, nous passons
alors à un autre siècle.
ESTIMATION GLOBALE DE
LA POPULATION
Basée sur les
moyennes annuelles des naissances et un taux de natalité de 35 pour 1000.
|
Saint |
Etienne |
Saint |
Joachim |
Total |
Montoir |
|
Naissance |
Population |
Naissance |
Population |
Naissance |
Population |
|
|
|
|
|
|
|
1680 – 1690 |
|
|
|
|
132 |
3800 |
|
|
|
|
|
|
|
1700 – 1721 |
|
|
|
|
165 |
4700 |
|
|
|
|
|
|
|
1722 – 1747 |
|
|
|
|
153 |
4400 |
|
|
|
|
|
|
|
1748 - 1756 |
93 |
2650 |
57 |
1650 |
150 |
4300 |
|
|
|
|
|
|
|
1757 – 1765 |
80 |
2300 |
57 |
1650 |
137 |
3950 |
|
|
|
|
|
|
|
1766 – 1783 |
99 |
2800 |
67 |
1900 |
166 |
4700 |
|
|
|
|
|
|
|
1784 - 1791 |
116 |
3300 |
80 |
2300 |
196 |
5600 |
|
|
|
|
|
|
|
La ventilation de cette
population sur les différentes îles a été faite par analyse du répertoire des
couples ayant procréé à cette époque.
Il en résulte le
tableau et le graphique des Variations
démographiques.
LE
XIXème SIÈCLE A SAINT-JOACHIM
L’étude qui précède a
été réalisée essentiellement grâce à un dépouillement minutieux des registres
paroissiaux de Montoir et de Saint-Joachim. Elle s’arrête donc à leur
disparition en 1791 et 1792.
Ceux-ci furent
remplacés par les nouveaux registres «d’Etat Civil».
A Montoir il n’y eut
pas d’interruption très marquée mais les documents des années troublées de la
Révolution sont manifestement incomplets. Beaucoup de parents, contestant la
légitimité du curé constitutionnel, refusaient de porter leurs enfants à
l’église et les faisaient baptiser en cachette par des prêtres réfractaires.
Ils négligeaient fréquemment de les faire inscrire à la mairie. Cependant les
choses rentrèrent dans l’ordre assez vite.
Il en fut de même
pour les décès. Beaucoup de corps furent enterrés à la sauvette, sans
déclaration.
Nombre de mariages ne
furent officialisés que des années plus tard.
A Saint-Joachim, au
contraire, il y eut vraiment rupture.
Les registres
paroissiaux disparurent au début de 1792. Ceux d’état civil ne débutèrent qu’en
1795. Ils ne comportèrent d’abord que quelques noms, puis s’étoffèrent peu à
peu. A la fin du siècle ils étaient presque
corrects, mais ce n’est qu’à partir de 1805 qu’ils furent tenus d’une
façon tout à fait normale.
Il a paru intéressant
de voir comment la démographie a continué d’évoluer au XIXème siècle, mais
uniquement dans la commune de Saint-Joachim qui, malgré l’insertion de plus en
plus importante de ses hommes dans la
navigation et la construction navale,
garda son caractère briéron.
C’est ce que nous
allons voir en nous servant des mêmes critères que précédemment.
1792 à 1800
Pendant cette
période, en plus des quelques inscrits portés sur les registres, il a été
possible, à partir de documents ultérieurs, de reconstituer des listes de
naissances par années avec, parfois, indication du mois et même du jour. Il est
évident qu’elles sont incomplètes. Les naissances d’enfants morts en bas-âge
notamment, ne peuvent être retrouvées.
Voici, par années, le
nombre de celles qui ont été enregistrées ou reconstituées :
1792
= 38 1795 = 53 1798 = 73
1793
= 56 1796 = 60 1799 = 66
1794
= 51 1797 = 64 1800 = 64
Pour les décès la
difficulté est plus grande et donc le nombre de ceux retrouvés plus faible,
soit par années :
1794
= 1 1797 = 9 1799 = 14
1795
= 7 1798 = 24 1800 = 16
1796
= 10
Les mariages étaient
plus facilement officialisés, souvent avec retard, à la suite d’une naissance
et plutôt à Montoir qu’à Saint-Joachim où les registres n’étaient pas tenus ou
l’étaient mal. On en dénombre ainsi:
1793
= 6 1796 = 9 1799 = 25
1794 =
26 1797
= 17 1800 = 10
1795
= 4 1798 = 21
D’une comparaison
avec les années suivantes, on peut déduire que pratiquement tous les mariages
de Saint-Joachim furent alors enregistrés à l’état civil de l’une ou l’autre
commune.
1801 à 1830
Depuis le mois de
novembre 1799 le régime politique de la France est le Consulat. Le général
Napoléon Bonaparte, premier consul, dirige le pays. Le plébiscite de mai 1802
lui confie cette charge «à vie».
Le 18 mai 1804
l’Empire est proclamé et Napoléon Ier est sacré empereur le 2 décembre de la
même année.
Celui-ci est amené à
abdiquer le 11 avril 1814. Après son retour de l’île d’Elbe et les «Cent
jours», la défaite de Waterloo le 18 juin 1815 met fin définitivement à
l’Empire.
Lui succède la
«Restauration» des Bourbons avec les deux frères de Louis XVI : Louis XVIII
jusqu’à sa mort en septembre 1824, puis Charles X renversé par la «Révolution
de juillet» 1830
Cette période
comprend donc 15 années marquées par la poursuite des guerres de la Révolution
contre les grandes monarchies européennes coalisées contre la France, puis 15
années de paix extérieure.
Les patronymes
2631 naissances se
rapportant à 78 patronymes différents ont été enregistrés pendant cette
période.
Les 3 plus importants
de ceux-ci totalisent 1390 des nouveaux nés soit 53 % de l’ensemble.
Les 7 les plus
typiques arrivent à 1996, soit 76 %
Les 23 avec 10
naissances ou plus chacun en totalisent 2360, soit 90 %.
Il reste donc 55
patronymes divers qui ne font que 10 % de l’ensemble.
Voici, par ordre
d’importance, la liste des 23 patronymes
représentatifs de 90 % de la population :
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
|
MOYON |
470 |
|
VAILLANT |
16 |
|
|
AOUSTIN |
466 |
|
LEGOFF |
15 |
|
|
MAHE |
454 |
|
MEAUDE |
14 |
|
|
VINCE |
211 |
|
DUBOIS |
14 |
|
|
HALGAND |
174 |
|
RENAUDIN |
14 |
|
|
FOURE |
113 |
|
BODET |
12 |
|
|
OLLIVAUD |
108 |
|
NERCEGER |
12 |
|
|
PHILIPPE |
78 |
|
LOISEAU |
12 |
|
|
PEZERON |
64 |
|
SIMON |
11 |
|
|
THOMAS |
49 |
|
BLOYET |
10 |
|
|
TREMAUDEUX |
30 |
|
PERRAUD |
10 |
|
|
|
GUIHENEUF |
10 |
|
||
|
|
|
|
|
|
|
La moyenne annuelle
des naissances est de 87,7
30 sont illégitimes,
soit 1,15 %
10 sont posthumes
90 sont celles de
jumeaux soit 45 naissances gémellaires
6 enfants sont issus
de 2 accouchements triples donc 3,6 % des enfants nés à cette époque sont issus
de naissances multiples.
1831 à 1850
La «Monarchie de
juillet», née sur les barricades de 1830, est le règne d’un représentant de la
branche des «Orléans», Louis-Philippe Ier, roi des Français.
La bourgeoisie a une
influence prépondérante.
L’industrialisation
et l’activité économique sont intenses.
Les chemins de fer se
développent.
La France s’installe
en Algérie.
En Brière les grands
travaux de dessèchement des marais de Donges et de la Boulaye
sont réalisés.
A la fin de février
1848 une simple émeute oblige le vieux
roi à abdiquer.
La deuxième
République a bien du mal à se mettre en place. Le gouvernement provisoire de
Lamartine et Louis Blanc se disloque lors de la répression de la révolte sur
les barricades du 23 au 26 juin.
En décembre de la
même année le prince Louis Napoléon Bonaparte est élu président de la
République.
Patronymes
Pour cette période
ont été enregistrées 2311 naissances concernant 77 patronymes différents. La
moyenne annuelle est donc de 115,5.
Les 3 noms dominants
en totalisent 1218, soit 53 %.
Les 7 les plus
typiques arrivent à 1730, soit 75 %.
Les 23 les plus courants
avec un minimum de 9 naissances chacun en totalisent 2095, soit 90 %.
Les 10 % qui restent
comprennent 54 patronymes divers.
7 de ces naissances
sont illégitimes, 9 sont posthumes et 40 sont celles de jumeaux, soit 20
naissances gémellaires.
Liste des 23 noms les
plus courants avec les nombres de naissances:
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
|
AOUSTIN |
426 |
|
VAILLANT |
27 |
|
|
MOYON |
420 |
|
LOISEAU |
16 |
|
|
MAHE |
372 |
|
SIMON |
16 |
|
|
VINCE |
202 |
|
BLOYET |
15 |
|
|
HALGAND |
148 |
|
BERCEGER |
14 |
|
|
OLLIVAUD |
82 |
|
CHERUET |
13 |
|
|
FOURE |
80 |
|
BODET |
10 |
|
|
THOMAS |
64 |
|
CORBILLE |
10 |
|
|
PHILIPPE |
51 |
|
DESBOIS |
10 |
|
|
PEZERON |
47 |
|
SAUZEREAU |
9 |
|
|
TREMAUDEUC |
27 |
|
VALTIER |
9 |
|
|
DAVID |
27 |
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
A partir de 1843 on
peut retrouver les «mort-nés». De 1843 à 1850, il y en a 40 qui ont été incorporés
dans les statistiques, comme ils l’étaient aux siècles précédents.
Les
prénoms de 1801 à 1850
Prénoms
masculins
Voici la répartition
des prénoms masculins pour les deux périodes définies ci-dessus et couvrant la première
partie du XIXème siècle :
|
Prénoms |
1801
à 1830 |
|
1831
à 1850 |
|
Jean |
16,0 |
|
11,3 |
|
Jean-Baptiste |
5,5 |
|
12,6 |
|
Pierre |
21,0 |
|
22,5 |
|
Joseph |
10,0 |
|
10,2 |
|
Julien |
7,7 |
|
7,1 |
|
Joachim |
7,3 |
|
7,1 |
|
Jacques |
4,5 |
|
2 ,7 |
|
Guillaume |
4,0 |
|
3,0 |
|
Etienne |
3,5 |
|
1,7 |
|
François |
3,5 |
|
2,5 |
|
Luc |
3,1 |
|
2,3 |
|
Denis |
2,0 |
|
1,2 |
|
Généreux |
1,5 |
|
3,1 |
|
André |
1,1 |
|
|
|
Michel |
0,7 |
|
|
|
Auguste (Augustin) |
|
|
1,8 |
|
Eugène |
|
|
1,3 |
|
Emmanuel |
|
|
0,8 |
|
Benoni |
|
|
0,8 |
|
Louis |
|
|
0,7 |
|
|
|
|
|
Il convient de préciser
que l’habitude de donner plusieurs prénoms à un enfant s’est accrue. On trouve
de plus en plus de ces cas. Il est bien entendu que pour chaque enfant on n’a
retenu qu’un seul prénom, le premier. Les Jean-Baptiste qui constituent un cas
particulier ont cependant été comptabilisés à part.
Si l’on compare ces
chiffres à ceux de la 2ème moitié du XVIIIème siècle, on constate que la
tourmente révolutionnaire a pu passer, les régimes politiques se succéder, la
vie personnelle et familiale avec ses traditions n’a pas varié.
Jean et Pierre sont
toujours en tête. Ils accroissent même leur avance en approchant, sous la
Monarchie de juillet, les 50 % (46,5 %).
Joseph et Joachim
progressent eux aussi tandis que Julien est stable.
Guillaume, Jacques,
Etienne et Denis continuent de régresser.
En 1817 apparaît
Généreux qui va peu à peu prendre de l’importance. C’est le premier prénom
masculin qui ne soit pas celui d’un saint mais fait référence à une vertu.
Parmi les prénoms qui
apparaissent entre 1830 et 1850 et vont prendre une certaine importance on peut
noter : Auguste et Augustin, Eugène, Emmanuel, Benoni...
Prénoms féminins
|
Prénoms |
1801
à 1830 |
|
1831
à 1850 |
|
Marie |
19,5 |
|
28,8 |
|
Marie-Anne |
8,7 |
|
9,7 |
|
Anne |
18,1 |
|
14,0 |
|
Jeanne |
20,7 |
|
15,6 |
|
Angélique |
8,9 |
|
6,4 |
|
Rose, Rosalie |
6,5 |
|
5,0 |
|
Julienne |
2,8 |
|
1,0 |
|
Perrine |
1,6 |
|
|
|
Modeste |
1,1 |
|
1,9 |
|
Victoire |
1,1 |
|
1,0 |
|
Apolline |
0,8 |
|
0,6 |
|
Véronique |
0,8 |
|
|
|
Joséphine |
|
|
1,5 |
|
Philomène |
|
|
1,5 |
|
Adèle |
|
|
1,2 |
|
Bonne |
|
|
1,2 |
|
Virginie |
|
|
0,9 |
|
Mélanie |
|
|
0,9 |
|
|
|
|
|
Les remarques faites
pour les prénoms masculins sont aussi valables pour les féminins.
Marie-Anne a été
comptabilisée à part mais il devient
bien difficile de ne pas traiter ensemble Marie et Anne avec leurs combinaisons
: Marie-Anne, Anne-Marie, Marianne. Au milieu du siècle elles patronnent plus
de la moitié des filles nées dans la commune.
Jeanne se maintient
avec une légère tendance à la baisse.
Perrine, Julienne et
Jacquette sont en voie de disparition si elles ne le sont déjà.
Rose se maintient
mais devient de plus en plus Rosalie.
De nombreux prénoms
apparaissent et tout d’abord Angélique qui a un succès considérable.
Dans les 30 premières
années, mais plus discrètement, Modeste, Victoire, Appoline,
Véronique et Joséphine prennent une place non négligeable. (Notez l’influence
de l’Empire avec Victoire et Joséphine).
Dans les années 1831
à 1850 commencent à se donner assez couramment : Philomène, Adèle, Bonne,
Virginie, Mélanie.
1851 à 1870
La deuxième
République dure moins de quatre ans, et est présidée de décembre 1848 à
décembre 1851 par le prince Louis-Napoléon Bonaparte. Par le coup d’état du 2
décembre et le plébiscite du 21 décembre 1851 l’Empire est rétabli et le prince
président monte sur le trône sous le nom de Napoléon III.
Autoritaire ou
libéral ce régime ne survit pas à la capitulation de Sedan au début de septembre 1870. Il est
remplacé par la IIIème République.
Cette période du
second Empire fut en France celle des grands travaux et de l’expansion
industrielle.
Dans notre région le
bassin de St-Nazaire fut creusé de 1848 à 1856. 1862 vit le démarrage des
grands chantiers «John Scott» pour la construction navale. La gare de chemin de
fer de St-Nazaire fut inaugurée en 1866.
Les travaux de
creusement du bassin de Penhoët commencés en 1862 seront terminés en 1881.
En cette seconde
moitié du XIXème siècle les Briérons virent leur mode de vie bouleversé. Les
chantiers nazairiens devinrent leur principal centre d’activité et le travail
du marais ne fut plus qu’accessoire.
Patronymes
Pour ces vingt ans de
second Empire 3122 naissances ont été enregistrées à Saint-Joachim. Ce qui
porte la moyenne annuelle à 156 et 149 patronymes différents sont concernés.
Les 3 plus importants
de ceux-ci totalisent 1488 naissances, soit 47,6 %.
Les 7 plus typiques
arrivent à 2156, soit 69 %.
Les 23 qui ont eu 17
naissances ou plus en totalisent 2637, soit 85 %.
Les 38 les plus
courants, avec 9 naissances ou plus arrivent à 2806, soit 90 %.
Il reste donc 316 patronymes
qui ne représentent que 10 % des naissances.
Liste des 38 noms les
plus courants avec les nombres de naissances:
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
Nom |
|
|
|
MOYON |
562 |
|
DESBOIS |
30 |
|
CHERUET |
14 |
|
|
AOUSTIN |
495 |
|
LOISEAU |
26 |
|
LEGOFF |
12 |
|
|
MAHE |
431 |
|
BLOYET |
22 |
|
DULOC |
11 |
|
|
VINCE |
240 |
|
AVENARD |
20 |
|
GRIVAUD |
11 |
|
|
HALGAND |
191 |
|
BERCEGER |
20 |
|
GODET |
10 |
|
|
FOURE |
141 |
|
CORBILLE |
19 |
|
VALTIER |
10 |
|
|
OLLIVAUD |
96 |
|
SAUZEREAU |
19 |
|
BERTHO |
9 |
|
|
PHILIPPE |
81 |
|
RENAUDIN |
18 |
|
CHERON |
9 |
|
|
PEZERON |
43 |
|
AUDRAIN |
18 |
|
DANAIS |
9 |
|
|
TREMODEUX |
42 |
|
BODET |
17 |
|
LEJEUNE |
9 |
|
|
THOMAS |
39 |
|
EVAIN |
16 |
|
ROUX |
9 |
|
|
DAVID |
34 |
|
MORAND |
16 |
|
ROBERT |
9 |
|
|
VAILLANT |
33 |
|
BROUSSARD |
15 |
|
|
|
|
De ces naissances 9
sont illégitimes, soit 0,03 %
6 sont posthumes
80 sont celles de
jumeaux, soit 40 naissances gémellaires.
De nombreux prénoms
nouveaux sont apparus à cette époque et l’habitude s’est généralisée d’en
donner plusieurs (3 en moyenne).
L’association de ses
nouveaux prénoms avec les anciens donne une infinité de combinaisons possibles,
généralement basées sur les Marie, Jean et Pierre. L’étude en serait très
difficile et elle n’a pas été faite.
ÉVOLUTION DE LA
POPULATION DE ST-JOACHIM
Voici par périodes l'évolution
de la population telle qu’elle a été calculée ci-dessus. A partir de 1836 les
chiffres sont ceux des recensements qui étaient effectués tous les cinq ans.
Ils ont permis de vérifier que les taux de natalité retenus pour le calcul des
périodes précédentes sont valables.
|
Période |
Population |
|
Période |
Population |
|
|
|
|
||||
|
2e partie XVIIe |
820 |
|
1851 |
3900 |
|
|
1700
à 1721 |
1335 |
|
1856 |
4200 |
|
|
1722
à 1747 |
1250 |
|
1861 |
4300 |
|
|
1748
à 1756 |
1650 |
|
1866 |
4600 |
|
|
1757
à 1765 |
1650 |
|
1872 |
4670 |
|
|
1766
à 1783 |
1900 |
|
1876 |
4625 |
|
|
1784
à 1791 |
2300 |
|
1881 |
4700 |
|
|
1792
à 1800 |
? |
|
1886 |
4770 |
|
|
1801
à 1830 |
2500 |
|
1891 |
4700 |
|
|
1836 |
3050 |
|
1896 |
4860 |
|
|
1841 |
3280 |
|
1901 |
5025 |
|
|
1846 |
3525 |
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
La courbe de l’état-civil
représente l’évolution des naissances, décès et mariages de 1801 à 1890.
Le tableau
suivant résume l’évolution des
patronymes de 1801 à 1870.
Saint Joachim : Evolution des
patronymes par périodes, calculée d’après les naissances |
|||||||
Périodes |
Nombre
de naissances |
Nombre
de |
Patronymes
les |
Noms
assez |
7
noms les |
3
noms |
Divers |
|
de
cette période |
patronymes |
plus
courants |
courants |
Plus
courants |
dominants |
|
|
|
|
Nb % |
Nb % |
|
|
Nb % |
|
|
|
|
|
|
|
|
1748 -
1791 |
2871 |
64 |
22 95
% |
|
80
% |
60
% |
42 5 % |
|
|
|
|
|
|
|
|
1801 -
1830 |
2631 |
78 |
23 90 % |
|
76
% |
53
% |
55 10 % |
|
|
|
|
|
|
|
|
1831
- 1850 |
2311 |
77 |
23 90 % |
|
75 % |
53 % |
54 10 % |
|
|
|
|
|
|
|
|
1851
- 1870 |
3122 |
149 |
23 85 % |
38 90 % |
69 % |
48 % |
316 10 % |
|
|
|
|
|
|
|
|
Les
3 patronymes sont : MOYON, AOUSTIN et MAHE qui, Avec
VINCE, HALGAND, FOURE et OLLIVAUD forment le groupe des 7 plus importants |
L’ensemble de cette
étude fait ressortir l’accroissement sans à-coups d’une population dont l’importance
double chaque siècle de 1700 à 1900, passant de 1250 à 5000 habitants.
Le territoire
habitable étant toujours aussi réduit, sa densité d’occupation croît donc dans
les mêmes conditions.
La population demeure
très homogène. Les 7 patronymes typiques de St-Joachim qui étaient portés par
80 % des habitants lors de la fondation de la paroisse, le sont encore par 75 %
de ceux-ci un siècle plus tard, soit une perte minime de 5 %. Avec 16 autres
noms courants, ils passent de 95 à 90 %. La perte est là aussi de 5 % pour la
même période.
Ce n’est qu’à partir
de 1850 que le changement s’accélère, mais doucement. Pendant les 20 années du Second Empire les mêmes
patronymes ne perdent que 5 % supplémentaires de leur importance.
La différence la plus
importante touche les divers noms qui à eux tous représentent 10 % des
patronymes. Jusqu’en 1850 il y en a 54. Dans les 20 années qui suivent ils
passent à 15 % et on en dénombre 354. Bien souvent ce sont des ouvriers,
journaliers, fonctionnaires qui ne sont que de passage.