GÉOGRAPHIE, HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE DE LA BRIÈRE

 

 

 

PATRONYMES ET DÉMOGRAPHIE

 

 

 

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SOMMAIRE                                 

 

Introduction  

              

Le XVII° siècle

 

Étude sur les patronymes (noms et prénoms)                             

Première période 1590 - 1636      

Deuxième période 1637-1700                          

Les habitants dans leurs îles                           

Essai sur l’origine des noms briérons       

Variations d’orthographe des patronymes

 

Évolution démographique         

Natalité

Nuptialité

Mortalité

 

 

Le XVIII° siècle

 

Étude sur les noms et prénoms

Première période 1712 - 1747      

Deuxième période 1748 - 1792     

 

Évolution des patronymes durant les XVII° et XVIII° siècles

Étude à partir des naissances       

Étude à partir des couples procréateurs   

Tableaux de répartition des patronymes  

 

Évolution démographique         

Natalité        

Nuptialité      

Mortalité       

Lieux de sépulture   

Longévité - Espérance de vie 1718 - 1747

Longévité - Espérance de vie 1748 - 1792

 

Vue d’ensemble sur l’évolution démographique

Estimation de la population       

 

ANNEXE : Le XIX° Siècle à St. JOACHIM      

 

 

 

INTRODUCTION

 

Les Briérons ont toujours intrigué les historiens, ethnologues et autres anthropologues. Quelle est l’origine de cette population qui a si longtemps vécu en autarcie? D’où ont bien pu venir ces hommes et ces femmes de tout temps fidèles à leurs îles et à leurs marais, fiers et ombrageux, se méfiant de tout ce qui est hors-venu?

 

Des réponses ont été tentées. Les invasions normandes, l’occupation de la Gaule par les Romains, la préhistoire ont été sollicitées. Cela n’a abouti qu’à des suppositions de style légendaire, peu satisfaisantes pour l’esprit.

 

A l’opposé, on a voulu rechercher, pour les conserver, les souvenirs que nos parents et grands parents ont transmis à leurs enfants et qui, réunis, constituent la mémoire collective du pays. Avec l’étude de documents, généralement du XIX° siècle, ils ont fait l’objet de diverses publications, en particulier celles de l’abbé A. VINCE. Il faut noter de lui: «Briérons ...naguère» dont le titre est très précis. «Naguère» signifiant «dans un passé récent», il ne faut pas en faire «autrefois» et penser que les modes de vie que les anciens d’entre nous et leurs parents ont connus étaient ceux d’autrefois. D’ailleurs, si l’évolution du monde s’est accélérée au XX° siècle, elle a toujours existé et le mot même «autrefois», trop général, ne devrait pas être employé. Il ne peut correspondre à la fois au début d’un siècle et à sa fin. Les changements sont trop importants.

 

Il faut donc prendre son parti de l’impossibilité où nous sommes de retrouver l’origine des premiers habitants de la Brière d’une façon autre que subjective. Par contre, il a paru possible de mieux connaître nos Briérons au cours des deux siècles qui ont précédé la Révolution.

 

Montoir était alors la grande paroisse briéronne. Uniquement composée d’îles émergeant du marais, elle s’étendait de Penhoët à Kerfeuille, couvrant les communes actuelles de Montoir, St-Malo, St- Joachim, Trignac et une partie de St-Nazaire. Elle rassemblait donc la majorité des gens qu’il nous intéresse de connaître.

 

Les XVII° et XVIII° siècles sont d’autre part ceux où la tenue des registres paroissiaux se généralise, permettant une connaissance personnelle et familiale des habitants.

Cependant leur mode d’établissement, parfois leur difficulté de lecture, souvent le mauvais état de leur conservation, ont nécessité leur réécriture et l’établissement de nouveaux documents plus faciles à utiliser.

 

C’est le résultat de leur exploitation qui est présenté ici en ce qui concerne l’étude des patronymes et de la démographie. On y trouve beaucoup de chiffres, de tableaux, de graphiques.

Les chiffres sont ce qu’ils sont, têtus, mais base et garants de l’objectivité d’un travail. Les tableaux sont le meilleur moyen pour rapprocher les chiffres, les comparer et se faire une opinion à leur sujet. Les graphiques visualisent parfaitement les évolutions convergentes ou divergentes de différentes situations. Ils parlent souvent mieux qu’un long discours.

Ce travail ne résout pas le problème des origines de la population briéronne mais permet d’un peu mieux connaître nos ancêtres d’il y a deux, trois ou quatre siècles.

 

 

 

LE  XVIIème  SIÈCLE      

 

ÉTUDE SUR LES PATRONYMES  (noms et prénoms)

 

PREMIÈRE PÉRIODE :   1590 - 1636

 

LES   PATRONYMES

 

L’étude des ménages ayant eu des enfants ou ayant assuré un par­rainage entre 1626 et 1637 a permis d’identifier 1855 personnes dont la plupart sont nées entre 1590 et 1620.

 

Ce travail, qui porte sur l’ensemble de la paroisse de Montoir, per­met d’avoir une idée de ce qu’étaient les patronymes à la fin du XVI° et au début du XVII° siècle.

En France, c’est le règne d’Henri IV, puis la régence de Marie de Médicis, avec Concini.

On relève 230 patronymes différents :

189 d’entre eux comptent moins de 10 personnes chacun pour un total de 462 sur 1855.

Les 41 autres totalisent 1393 personnes, soit 75 % de la pop­ulation. Ce sont eux qui donnent une image du pays à cette époque.

Sur ces 41 noms, 8 représentent plus de 50 personnes, soit 660 habitants, ou 35 % du total.

Sur ces 8, Trois  ont plus de 100 personnes, soit 330 ou 18 %. Ce sont les AOUSTIN, MOYON, OLLIVAUD (dans un mouchoir). Un habitant de Montoir sur 5 porte l'un de ces noms.

 

Voici la liste des 41 patronymes dans l’ordre d’importance :

 

Nom

 

Nom

 

Nom

 

OLLIVAUD

111

SANSON

35

DHERVE

14

MOYON

110

LE BARBIER

33

CHAUVEAU

14

AOUSTIN

109

JOUAUD

33

BOSSINOT

13

VINCE

 94

FOURE

30

DUVAL

13

BECCARD

 67

MARTIN

29

PASQUETTE

13

PHILIPPE

 61

CHARON

25

DENIER

12

HALGAN

 54

PINCET

23

PICAUD

12

DENIAUD

 54

BROBAND

22

TREMAUDEUC

11

DUPIN

 49

ESLAN

21

HARAUD

10

ROTHOUX

 44

COUGNIL

20

JAMET

10

BERNIER

 39

NICOLAS

18

LEGAL

10

MAHE

 39

ANDRE

16

POULLIER

10

MACE

 37

DULOC

16

THIBARD

10

THOMAS

 37

MOREAU

15

 

 

 

 

De nos jours, on dirait qu’une étude faite à partir d’un sondage por­tant sur 1855 individus est sérieuse.

 

Etudions maintenant, dans la même optique, les noms des enfants nés de 1626 à 1637 et issus des précédents.

Nous sommes sous le règne de Louis XIII et le gouvernement de Richelieu. Depuis 1591, Guy II de Rieux est vicomte de Donges. En 1610, la vicomté de Saint Nazaire est passée de la maison d’Avaugour-Bretagne à celle de Goulaine.

 

Pendant cette période, il y a 1639 naissances enregistrées à Montoir.

 

On relève 175 patronymes différents :

131 d’entre eux comptent moins de 10 personnes chacun pour un total de 379 sur 1639

Les 44 autres en totalisent 1260, soit 77 % des naissances.

Sur ces 44 noms, 5 représentent plus de 50 baptêmes, soit 418 ou 25% du total.

A noter que sur les 1639 naissances, il y en a 19 d’illégitimes, dont un certain nombre d’accouchements de filles-mères de paroisses voisines, camouflées loin de leurs familles. La plupart de ces baptêmes sont inscrits à part. On les trouve en fin de registre et à l’envers.

Noter aussi que 54 de ces nouveaux nés sont jumeaux, soit 27 naissances gémellaires. 8 sont signalées posthumes.

 

Voici ces 44 patronymes classés par ordre d’importance :

 

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

Nom

 

+

MOYON

106

 

JOUAUD

29

+

DENIER

14

+

AOUSTIN

 97

 

PINCET

28

-

BROBAND

13

+

VINCE

 83

+

TREMAUDEUC

26

+

GILLET

13

-

OLLIVAUD

 79

 

LE BARBIER

23

-

CHARON

12

+

HALGAND

 53

 

COUGNIL

23

 

CHOTARD

12

 

PHILIPPE

 45

 

MARTIN

21

 

NICOLAS

12

+

ROTHOUX

 43

+

MORAUD

20

 

GAUVAIN

12

-

BECCARD

 42

+

ANDRE

18

 

LERAY

11

+

FOURE

 40

+

DHERVE

18

 

NICOU

11

+

THOMAS

 38

+

DUVAL

18

 

ESLAN

10

 

BERNIER

 37

-

SANSON

18

 

POULLIER

10

 

MAHE

 34

 

DULOC

17

 

BOUCAN

10

 

MACE

 33

 

ROUAUD

17

 

CHAUVEAU

10

-

DENIAUD

33

+

BOSSINOT

16

+

ROBERT

10

-

DUPIN

30

+

JAMET

15

 

 

 

 

 

 

Les signes + et - placés devant les noms signalent ceux qui sont, d’une façon significative, en progression ou en régression.

 

L’étude de cette évolution ne peut valablement se faire que sur une longue période, aussi la ferons-nous ultérieurement pour l’ensemble des XVII° et XVIII° siècles.

Notons cependant l’éclatement du peloton de tête, facilement explicable quand on sait qu’au tableau précédent, sur les 111 OLLIVAUD, il y avait 46 hommes, tandis que sur les 110 MOYON, il y en avait 58. Les hommes transmettant le nom, le résultat est évident.

 

 

LES PRÉNOMS

 

En cette première moitié du XVII° siècle, quelques prénoms dominent nettement. Prééminence qui vient sans doute de loin et se prolongera sur plus de deux siècles encore.

 

Prénoms masculins : en tête Jean et Pierre. Mais établissons-en une liste par ordre décroissant:

      Jean             19 %            Jacques        6%          

      Pierre           14 %            Julien            6%

      Guillaume        8 %             

                        

Suivent, avec entre 3,5 et 2,5 % : Nicolas, Olivier, Denis, René, Estienne, Michel, François.

 

Puis de nombreux prénoms peu portés, parmi lesquels on peut cependant noter: André, Bertrand, Charles, Claude, Gilles, Louis, Luc, Noël, Simon, Thomas.

 

Il n’est pas étonnant de trouver en tête les trois grands apôtres: Jean, Pierre et Jacques. Pourquoi Julien ? Son titre de patron des voyageurs, à une époque où l’on marche beaucoup, explique peut-être cette place.

Guillaume est si couramment utilisé en France qu’il est quasiment devenu commun: on dit un guillaume, comme de nos jours, un type, un jules.

 

Remarquons aussi les absences, dont certaines sont étonnantes: celle de Joseph qui est totale et de Paul qui l’est presque autant. Il n’existe pas non plus de prénoms bretons.

Les aînés héritaient généralement des prénoms des parents, par­rains, grands-parents, ce qui n’assurait pas forcément la perpétua­tion dans la famille car la mortalité frappait aussi bien les aînés que les autres. Il était assez courant de redonner le prénom d’un enfant mort.

 

Prénoms féminins : comme pour les garçons, Jeanne et Perrine arrivent en tête :

Jeanne          18%             Marie            5%

      Perrine         13%             Renée           5%

      Julienne         11%             Jacquette      4%

      Françoise        6%

 

Entre 3,5 et 2,5 %, on trouve dans l’ordre: Catherine, Guillemette, Michelle, Olive, Denise, Claudine.

Ensuite quelques Anne, Etiennette, Laurence, Louise, Magdeleine, Marguerite, Simone.

Parmi les formes féminines de prénoms masculins, certaines surprennent : Alienne (de Alain), Gildase, Gillette, Guyonne, Macée (de Macé = Mathieu), Roulette ou Raoulette, Servaise, Thomase ou Thomasse, Marquise (de Marc).

Noter aussi l’emploi l’un pour l’autre, indifféremment d'Elisabeth ou Isabelle, de Florence ou Fleurie ; parfois Orphraise ou Euphraise, féminin de Geoffroy.

Remarquons aussi la place médiocre de Marie. La renaissance du catholicisme à cette période n’avait pas encore porté ses fruits jusque chez nous et le culte marial ne s’épanouirait pleinement qu’un siècle plus tard, après le passage du Père de Monfort.

Anne, aussi, est quasiment absente. C’est pourtant à cette époque, en 1624, que débute l’aventure de Nicolazic à Keranna, qui devait faire de la mère de Marie la sainte la plus populaire de la région.

 

(Haut de page)

 

DEUXIÈME PÉRIODE : 1637 - 1700

 

LES PATRONYMES

           

I -  1637 - 1666

 

Pour les 30 années qui s’écoulèrent entre 1637 et 1667, nous n’avons aucun registre. Ce sont les dernières années du règne de Louis XIII et du ministère de Richelieu, la régence d’Anne d’Autriche et le gouvernement de Mazarin, la triste époque de la Fronde, qui vit le Parlement de Paris et les princes se rebeller contre le pouvoir royal.

 

Un long travail effectué sur les naissances qui suivirent cette époque, c’est à dire de 1667 à 1685, a permis d’identifier 1785 per­sonnes (pères et mères), pratiquement toutes nées entre 1637 et 1666.

 

On relève 251 patronymes différents dont 210 comptent moins de 10 personnes chacun pour un total de 513 sur 1785.

 

Les 41 autres totalisent 1272 individus, soit 71 % de la population. Sur ces 41 noms, 8 représentent plus de 50 âmes, soit 663 habi­tants ou 37 % du total.

 

Liste de ces 41 patronymes par ordre d’importance:

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

AOUSTIN

111

 

ROTHOUX

28

 

NICOLAS

15

 

MOYON

108

 

ESLAN

25

 

SANSON

14

 

OLLIVAUD

90

 

BERNIER

19

 

ANDRE

12

 

VINCE

90

 

CHARON

19

 

COUGNIL

12

 

PHILIPPE

76

 

DULOC

18

 

PAULMIER

12

 

HALGAND

67

 

PEZERON

18

 

POULLIER

12

 

MAHE

67

 

MORAUD

18

 

ROBERT

12

 

FOURE

54

 

CHAUVEAU

16

 

BROBAND

11

 

DENIAUD

40

 

DUVAL

16

 

TREMAUDEUC

11

 

MACE

38

 

MARTIN

16

 

ROUAUD

11

 

BECCARD

37

 

BOSSINOT

15

 

LERAY

10

 

THOMAS

31

 

DHERVE

15

 

MAHIET

10

 

JOUAUD

29

 

GILLET

15

 

LE BARBIER

10

 

DUPIN

28

 

JAMET

15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II - 1667 - 1700

 

Ce dernier tiers du XVII° siècle est marqué par le règne personnel de Louis XIV et par le génie de Colbert qui met véritablement en place l’organisation administrative du royaume.

 

Nous avons une collection presque complète des registres dont l’étude fait apparaître un total de 3589 naissances couvrant 282 patronymes.

 

238 de ceux-ci totalisent 1004 naissances et comptent moins de 19 personnes chacun.

 

Les 44 autres totalisent  2585 naissances, soit 72 % de l’ensemble. Trois d’entre eux dépassent les 200 et en représentent 21 %. A eux seuls, les Moyon, qui prennent la tête, représentent 8 % de la population.

 

25  de ces naissances sont illégitimes,

 

128 sont celles de jumeaux, soit 64  naissances gémellaires,

 

 26 sont posthumes.

Liste des 44 patronymes par ordre d’importance:

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

Nom

 

+

MOYON

287

+

NICOLAS

38

-

LE BARBIER

24

 

AOUSTIN

253

+

BROBAND

37

 

GILLET

23

 

VINCE

209

+

RABAS

35

 

CHARON

23

+

HALGAN

162

 

ANDRE

34

+

BREDET

22

 

OLLIVAUD

146

-

BECCARD

32

+

LAISNE

22

+

MAHE

139

 

TREMAUDEUC

32

 

LERAY

21

 

PHILIPPE

128

 

MARTIN

32

 

ROBERT

21

+

DENIAUD

101

+

ESLAN

31

+

BROSSAUD

20

 

FOURE

89

 

DUVAL

30

+

TASSE

20

+

JOUAUD

66

 

JAMET

29

-

BOSSINOT

20

 

MACE

64

+

MORET

27

-

DULOC

19

 

DUPIN

51

+

POULLIER

26

+

BOULET

19

 

THOMAS

51

+

CHAUVEAU

25

+

LEFEBVRE

19

+

PEZERON

46

 

GAUVAIN

25

+

RICORDEL

19

-

ROTHOUX

44

-

BERNIER

24

 

 

 

 

 

LES PRÉNOMS (1667 -1700)

 

Prénoms masculins

 

Ce qui est remarquable, c’est la stabilité des prénoms dominants tout au long de ce siècle. Jean, Pierre et Guillaume réalisent  le score même que nous avons constaté dans les premières décennies. Voici les résultats des relevés:

    

      Jan              19 %

      Pierre           14 %

      Guillaume      8 %

      Estienne        7 %

      Julien            6 %

      François        4 %

      Jacques        4 %

 

Suivent Denis et René avec environ 2 %.

Puis, derrière, on trouve dans l’ordre: Louis, Nicolas, Maurice, Gilles, Luc, Joseph, Michel, Noël, Olivier, Joachim, Alain, Claude, André et d’autres beaucoup plus rares encore.

Quelle évolution peut-on noter par rapport à l’étude précédente ?

 

On l’a vu pour les trois têtes de liste: stabilité remarquable, ainsi que pour Julien.

Recul de Jacques, remplacé à la quatrième place par Estienne qui fait une remontée spectaculaire. En même temps, apparaissent Joseph et Joachim, complètement absents précédemment.

 

C’est le résultat de ce que l’on a appelé la Renaissance ou contre-réforme catholique. Le rôle des saints protecteurs a été mis en évidence. Il en découle une dévotion accrue dont bénéficient saint Estienne, patron de l’église paroissiale, saint Joseph, patron de la chapelle élevée sur l’île de Méan et saint Joachim patron de celle érigée au milieu de l’île de «Grande Isle».

 

La remontée de François préfigure la grande dévotion à ce saint qui va se concrétiser par le succès de son Tiers Ordre.

Notons de nouveau l’absence presque totale de Paul.

 

 

Prénoms féminins

 

Contrairement à ce que nous avons vu pour les garçons, il y a un sérieux changement en tête de classement. Le renouveau de la dévotion à la Vierge fait que son nom est le plus souvent donné.

Voyons plutôt le résultat de l’étude:

      Marie            20 %

      Jeanne          16 %

      Perrine         16 %

      Julienne        7 %

      Françoise      6 %

      Renée           4 %

      Catherine      3 %

      Jacquette      3 %

      Anne            2 %

Suivent, dans l’ordre: Marguerite, Guillemette, Michelle, Claudine, Ollive, Magdeleine, Isabelle, Estiennette, Louise, Hélène, Denise, Suzanne, Rose, etc....

Le fait caractéristique, en cette fin de siècle, est donc la promotion de Marie et aussi celle plus modeste de Anne qui remonte notablement.

On peut aussi remarquer deux prénoms très rares à l’époque, mais toujours employés au féminin: Eugène et Ancelme.

 

         

LES HABITANTS DANS LEURS ILES

 

Connaissant les paroissiens par leurs noms et prénoms et les différentes îles composant Montoir, il était important d’étudier l’adéquation des uns aux autres.

Les renseignements concernant la localisation des gens manquent souvent. Le premier travail fut donc la détermination d’une période suffisamment longue pour être intéressante. Il s’avéra que les années allant de 1667 à 1682 étaient celles où les indications de domiciles dans les registres paroissiaux étaient les plus fréquentes.

Un travail long et fastidieux s’ensuivit. Il s’agissait d’identifier un par un les gens ayant vécu pendant cette période et d’essayer de les localiser en partant d’abord des registres de baptêmes, puis de rechercher sur ceux de décès et de mariages les renseignements manquants.

Il parut nécessaire de ne tenir compte que des personnes ayant atteint au moins l’âge de 10 ans. A l’époque c’était déjà l’adolescence et ceux qui y étaient parvenus avaient de bonnes chances de devenir adultes.

 

Ce postulat posé, le travail donna les résultats suivants:

Personnes identifiées      3180

Personnes localisées       2643   soit 83 %

 

L’examen de la liste des non domiciliés permet de penser que ces  17 % ne sont pas répartis différemment des autres 83 %.

Dire que ce travail a une valeur d’exactitude scientifique serait bien prétentieux. Des erreurs ont pu être commises, par exemple des doubles emplois par suite de déplacements sur cette période de quinze années. Mais on peut lui donner la valeur d’un recensement et en tirer les renseignements adéquats:

- Répartition de 2643 habitants, par île et donc importance démographique de celles- ci les unes par rapport aux autres.

- Répartition géographique des patronymes non plus sur l’ensemble de la paroisse, ce que nous avons par ailleurs, mais île par île.

 

Nous ne donnerons pas ici une étude détaillée pour chaque île, mais quelques tableaux résumant la situation d’ensemble.

 

Un premier tableau fera apparaître pour chaque île la répartition des 2643 personnes localisées, ce que cela donne en millièmes et, après une estimation de la population totale, la situation du peuplement probable de la paroisse à l’époque choisie.

Il a d’abord fallu faire une estimation globale du nombre d’habitants.       

Pour cela on est parti des naissances de la période considérée dont la moyenne annuelle est de 132. Un taux de natalité de 35 pour mille habitants a paru convenable. Ce taux, appliqué à la moyenne des naissances, donne une population de 3800 habitants pour Montoir.

 

Tableau d’estimation de la population : (voir le tableau)

 

 

Précisons que «Grande-Isle» est l’île où se trouve le bourg de St-Joachim et qu’«Aignac» comprend l’ensemble actuel : Aignac, Ménac et Bais, que l’appellation «îles de l’intérieur» s’applique à celles qui constituent actuellement la commune de St Joachim, et celle d’«îles du sud» concerne Trignac, Méan, Gron, Bert, Aisne, Penhoët etc...

 

Voyons maintenant la répartition  géographique des patronymes, île par île, non pas en valeur absolue, mais en pourcentage de la population, ceci pour les noms les plus courants ou les plus significatifs.

Le pourcentage indiqué est donc celui du patronyme concerné sur la population totale de l’île. Ainsi les MOYON représentent 28 % des habitants de Fédrun.

 

Tableau de la répartition de la population : (voir le tableau)

 

Les limites de ce travail sont celles de toute étude de ce genre. La loi des plus grands nombres jouant, il est sûr que les chiffres donnés pour les îles les plus importantes et les noms les plus courants sont plus près de la réalité que ceux concernant des petits nombres.

 

D’autre part, si toutes les îles où des habitants ont été recensés ont été prises en compte, il a bien fallu faire un choix parmi les patronymes et ne pas retenir de vieux noms briérons parce que ne représentant pas une population assez nombreuse. C’est le cas des LE BARBIER, COUGNIL, BOSSINOT, GILLET, ESLAN.

Le tableau donnant l’estimation de la population pour chaque île ne fait pas apparaître de chiffres choquants.

L’île du Clos, avec ses villages auxquels on a joint les métairies environnantes, même celles de Frénic et de Caloyau, est dominée par la présence de son bourg, centre administratif et commercial.

L’importance démographique de Guersac n’étonne pas celui qui a passé des mois à dépouiller les registres. Elle est vraiment le point de rencontre d’hommes aux mentalités par ailleurs si diverses.

 

Calculer la densité de la population pour l’ensemble de la paroisse ne serait guère intéressant: la proportion de marais inhospitaliers est trop importante.

Par contre, si nous essayons d’établir un rapport population / terres habitables par îles, nous pouvons arriver à des constatations intéressantes. La difficulté est de reconstituer ce que pouvaient être exactement à l’époque des îles comme celles du sud (Gron, Méan).

Il est cependant évident que l’île du Clos, avec ses annexes et ses métairies, son caractère rural, ses champs et son élevage et malgré son bourg, a la densité de population la plus faible, autour de 150 au kilomètre carré.

Guersac, très briéronne dans le sud mais agricole dans le nord, arrive à une moyenne de 300 au kilomètre carré.

Les îles de l’intérieur (St-Joachim) sont aux environs de 450, sauf Aignac dont la partie Ménac est très peu peuplée. Il en est sensiblement de même pour les îles maritimes type Méan. Le record semble battu par Gron, l’île aux marins, mais la détermination de sa superficie est actuellement très difficile.

Il est certain que la densité de la population d’une île briéronne est inversement proportionnelle à l’importance de son agriculture. Ce terme d’agriculture excluant le travail parcellaire des gagneries pour ne s’appliquer qu’à des exploitations plus vastes (fermes, métairies) qui, en la circonstance, sont surtout consacrées à l’élevage.

 

 

Le tableau de répartition îles/patronymes est aussi très instructif. La période 1667-1682 est celle où tout change en France: création des arsenaux, construction d’une forte marine de guerre, création de l’Inscription Maritime, Ordonnances sur le Commerce et la Marine, réveil des armateurs et commerçants nantais qui se lancent enfin à la conquête des marchés lointains, surtout des îles d’Amérique. L’estuaire de la Loire est particulièrement concerné. Le brassage de population est de plus en plus fort.

Cependant nous ne sommes qu’au début de cette explosion et la population reflète encore bien ce qu’elle a été au cours de ce siècle.

L’île du Clos et celles du sud, sous l’influence de la Loire et donc de l’extérieur, n’ont que la moitié de leurs habitants qui portent les vieux patronymes traditionnels.

 A Guersac, centre de la paroisse, on en est encore à 70 %. Dans les îles de l’intérieur, on arrive à 90-95 %.

 

Quels sont donc les vieux noms de Montoir ?

D’abord le groupe de tête des MOYON, AOUSTIN, VINCE, HALGAN, OLLIVAUD, MAHE, PHILIPPE, FOURE qui sont surtout répandus dans les îles centrales. Ensuite les DENIAUD, JOUAUD, MACE, DUPIN, THOMAS, PEZERON, ROTHOUX, BROBAND, ANDRE, BECCARD, BERNIER, CHARON, DULOC, etc...  que l’on trouve plutôt dans les autres îles. Il n’y a des COURONNE pratiquement qu’à Penhoët. Quant aux LEGOFF, Kerfeuil est leur domaine.

Il  est intéressant de constater que certaines îles et certains noms semblent très liés l’un à l’autre et que cet état de fait s’est perpétué, au moins pour certains, jusqu’à une époque très récente.

En tirer comme conclusion que chaque île était à l’origine le domaine d’un clan, c’est peut-être aller un peu loin, surtout avec la connotation péjorative que ce terme a de nos jours. Et pourtant, en ces années 1670-1680, les OLLIVAUD représentent la moitié des habitants de Mazin, les HALGAN, le tiers de Errand, les MOYON, 28 % de Fédrun, les MAHE, 24 % de Grande-Ile. Les AOUSTIN, VINCE, PHILIPPE, sont un peu plus répartis. Le nid des FOURE semble être à Gron et Loncé, celui des DENIAUD à Aine, des JOUAUD à Bert, des MACE à Aucard et Trembly, des BECCARD à Méan.

 

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ESSAI SUR L’ORIGINE DES NOMS BRIÉRONS

 

Les XII° et XIII° siècles ont été une grande période de l’histoire de France. Reconstruction du pays après les invasions normandes, expéditions à l’extérieur comme les croisades n’avaient été possibles que grâce à un  fort accroissement démographique qui n’aurait pu lui-même avoir lieu sans la mise en culture de nouvelles terres capables de nourrir de plus en plus de bouches.

 

Nous nous trouvons ainsi à la fin du XIII° siècle avec une population nationale avoisinant les 20 millions d’âmes.

L’habitude était de donner à chaque enfant, lors de son baptême, un nom qui serait le sien propre pour le restant de sa vie. On choisissait généralement celui d’un saint destiné à lui être protecteur.

Quand plusieurs personnes avaient le même nom, on les distinguait le plus souvent en rappelant leurs ascendants. Par exemple le Jan au Pierre, la Perrine à la Janne, la Marie au Jacques. C’est d’ailleurs une façon de s’exprimer qui a perdurée et que les anciens d’entre nous ont bien connue dans leur jeunesse.

Un autre mode d’identification était le rappel du lieu d’origine ou du métier, ces désignations pouvant se cumuler. Quand on parlait « du André » au « François le « meusnier » du Pin », il n’y avait aucun doute sur la personne.

L’accroissement de la population rendit ces compléments aux noms propres de plus en plus nécessaires. Puis, peu à peu, l’habitude se prit, par besoin de clarification, de conserver un nom qui se transmettrait de père à enfants. Ce nom du père (nous l’appelons aujourd’hui patronyme) entra lentement dans les mœurs au cours des XIV° et XV° siècles. Le nom ancien, que nous appelons de nos jours prénom, la profession, le lieu d’origine, un sobriquet, furent le plus souvent choisis pour remplir ce rôle.

Puisqu’actuellement c’est le XVII° siècle qui nous intéresse, regardons les patronymes que l’on trouve alors à Montoir et essayons d’en voir l’origine. Cela nous permettra peut-être de mieux connaître nos ancêtres.

 

Une remarque préliminaire s’impose: nous sommes alors, et pour longtemps encore, dans une société d’expression orale. Ce qui importe d’abord, c’est de retrouver la prononciation verbale à travers les variations de l’expression écrite. Tentons l’aventure parmi nos paroissiens dispersés sur leurs îles.

 

 

PATRONYMES DONT L'ORIGINE EST UN ANCIEN NOM PROPRE

 

AOUSTIN : C’est l’un des deux noms les plus répandus. Il vient directement d’AUGUSTIN. On le trouve d’abord avec la forme AOUGSTIN, puis AOUSTIN, AOUTIN, OUSTIN, OUTIN. Ce qui est curieux c’est que cette évolution s’est faite rapidement et sans ordre raisonnable ; si bien que l’on trouve dans les premiers registres que nous avons, donc à la même époque, les différentes orthographes. Si la forme AOUGSTIN disparut rapidement, on trouve des OUTIN jusqu’au XIX° siècle. Ce nom ne s’est donc stabilisé que récemment.

AU XVII°, les AOUSTIN sont des gens de l’intérieur de la Brière, essentiellement d’Aignac, Fédrun, Grande-Isle. On en trouve d’éparpillés sur quelques autres îles. Ils sont nombreux à Guersac et au Clos.

 

OLLIVAUD : vient probablement d’OLLIVIER, mais sans certitude. Ce nom a très peu évolué. Ce n’est que tardivement qu’il a perdu un L. A part quelques OLLIVEAU accidentels, on peut dire qu’il a toujours conservé la même forme. Comme nous l’avons vu, c’est le nom dominant de Mazin, mais on le trouve aussi dans les autres îles de l’intérieur, du sud, et au bourg. Il y a aussi quelques OLLIVIER.

 

HALGAND : on l’a d’abord sous les formes HALLOGAN ou HELLOGAN qui passent rapidement, puis HALGAN. C’est ainsi qu’il s’écrira pendant très longtemps. Le D final ne sera ajouté que beaucoup plus tard.

Ce nom était assez courant au Moyen-âge. Dans un texte cité par Ogée, en 1050, lorsque le prieuré de Frossay fut donné à l’abbaye St- Sauveur de Redon, le donateur raconte qu’il a entrepris le voyage de Redon «accompagné d’Orédienne notre femme et compagne et de nos deux enfants Rivalon et Hellogon». Hélogon s’appelait aussi le moine placé à la tête des huit religieux fondateurs de St-Gildas. (Jarnoux, le diocèse de Nantes, page 91)

Le nid des HALGAN est à Errand où ils représentent le tiers des habitants. On les trouve aussi dans les autres îles intérieures, à Guersac et au bourg.

 

PHILIPPE : nom bien briéron, répandu de Fédrun à Gris. Il a la caractéristique de prendre souvent un S final. On parle fréquemment des PHILIPPES.

 

THOMAS : on le trouve surtout de Guersac à Méan et Trignac.

 

VINCE : on peut penser que l’origine en est VINCENT. Très répandu dans toute la paroisse, principalement dans les îles du Clos, Guersac, Trignac et la Brière intérieure.

 

Parmi les autres noms traditionnels mais moins répandus parce que portés dans la partie où le brassage de population est plus important, citons:

ANDRE : surtout à Guersac,

FRANCOIS à Gron. Famille de marins. (Le Jean François de Nantes).

MACE (MASSE) : le Matthieu breton. A Méan, Gron, Aucard, mais aussi très courant dans les paroisses voisines.

D’HERVE, HERVE, DHERVAUD - EON ou YON (de Eudes).

NICOLAS à Guersac, le Clos.

MARTIN, ROBERT, DAVY ou DAVID, GEOFFROY ou JEFFRAY.

 

Beaucoup plus rares, et probablement d’origine extérieure à la paroisse :AUBIN, BERNARD, BAZILLE, BRUNEAU, ALIN, HEMERY ou EMERY, JEHAN et JEHANNEAU, LAURAND, LUCAS, MICHEL ou MICHIEL, MORICE, RICHARD, SANSON, SIMON, JUDIC ou JUDITH, THIBAUD ou THIBARD.

 

Les DENIAUD, si répandus dans la région d’Aine et de Bert, ainsi que les DENIER, viennent probablement de Denis, GILLET de Gilles, PASQUEAU et PASQUETTE de Pasque, Pascal.

 

 

 

PATRONYMES AYANT POUR ORIGINE UN METIER OU UNE FONCTION:

 

CHARON, BOUCHER, CHARPENTIER, LE PEINTEUR, LE METAYER ou METAYER ou METAY.

LE BARBIER ou BARBIER quoique l'on puisse se demander si l’origine en est bien le métier de barbier ou le fait d’être barbu.

FOURNIER, peut être celui qui s’occupait du four.

LECLERC, LEPRESTRE, LEVESQUE.

LEMONIER ou L’AUMONIER ou MONNIER ne peut guère venir de meunier qui se prononçait et s’écrivait alors « musnier » ou « meusnier ».

LEFEBVRE (forgeron).

 

Il est possible que MOYON, nom caractéristique du pays briéron, puisse trouver sa place ici. Ce n’est qu’une hypothèse, car dès le XVI° siècle, ce nom était bien stabilisé dans sa forme actuelle et nous n’avons pas de documents pour étudier son évolution passée.

Dans les années 1730, il y avait à Montoir un ménage Jean LEMOINE  x Marie NICOLAS, dont le mari était originaire de Pluheslin dans l’évêché de Vannes. Ce sont les premiers porteurs de ce nom que l’on trouve sur la paroisse.

Un de leurs enfants fut baptisé le 05.09.1733 et le rédacteur de l’acte a écrit: Jan, fils de Jan LEMOYONNE et Marie NICOLLAU.

Sachant qu’en dehors des noms bien connus, l’orthographe essaye de traduire la prononciation, on peut penser que celle de LEMOINE ressemblait à celle de LEMOYONNE. On trouve d’ailleurs dans certains textes le mot «moine» écrit «mouêne» ou «moyne», le y et le i se confondant facilement.

L’origine de MOYON serait-elle donc MOINE (MOYNE) ?

 

Essayons de comprendre comment cela aurait pu se produire.

Constatons d’abord que les deux patronymes dominants sont MOYON et AOUSTIN.

Aux  XIV° et XV° siècles, il y avait à Aine un prieuré dédié à Notre-Dame et appartenant aux «moines Augustins».

Contrairement à celui de Frénic, situé sur un chemin traversant le marais et donc destiné à héberger les voyageurs, celui d’Aine était isolé, en bordure de la Grande Brière. On ignore totalement pourquoi un prieuré avait été établi à cet endroit. Sans doute à la suite du don d’une terre. Sûrement pas riche (quelle richesse aurait-on pu en tirer ?) il était tout de même assez important, puisque siège d’une juridiction avec droit de haute, moyenne et basse justice.

Ce prieuré, siège d’une juridiction, isolé dans les marais, inaccessible une partie de l’année autrement qu’en barque, à l’écart de toute voie de communication, devait être un refuge idéal pour les errants, les fugitifs, repoussés de leurs lieux d’accueil habituels.

Pèlerins au bout de leur rouleau, incapables de continuer leur route, familles chassées de leurs terres par la famine ou la guerre et errant sans but, veuves et orphelins cherchant un point d’ancrage, malades et lépreux éloignés des lieux habités par la peur de la contagion, fugitifs évadés ou recherchés par la justice ( à l’époque on pouvait être condamné durement pour une peccadille), n’étaient-ils pas accueillis, quand ils pouvaient l’atteindre, dans cet asile coupé du monde ?

On imagine très bien les moines embarquant leurs protégés sur leurs chalands et les transportant jusqu’à ces îles perdues d’outre Brivet, en plein centre du grand marais, où personne n’irait les inquiéter,

Et ces pauvres gens, reconstruisant une vie adaptée à leur nouveau territoire, adoptaient ou recevaient un patronyme en référence à leurs protecteurs: ils étaient les MOYNE ou les AUGUSTIN.

Ceci n’est qu'une hypothèse que jamais peut-être l'on ne pourra vérifier. Mais ces deux faits certains: la présence des moines Augustins dans le marais à l’époque où les patronymes se forment et la prédominance des deux patronymes MOYON et AOUSTIN dans les îles briéronnes, ne sont vraisemblablement pas sans lien entre eux.

 

PATRONYMES DUS AU LIEU D’ORIGINE

 

Trémodeuc a donné DE TREMODEUC, puis TREMAUDEUX

Aine a donné ALESNE, LESNE, LAISNE,

Bert a donné DEBERT,

Le Pin a donné DUPIN,

DULOC est plus tard devenu DULOT. Loc est un vieux terme courant semble-t-il dans les îles. Il y avait à Guersac une tenue du Loc et plus tard on parlera couramment du Lot de Pendille. L’origine est à rechercher du côté du LAC d’origine latine ou du LOCH gaélique. C’est une importante étendue d’eau.

BOISROBERT est probablement lié à Boisjobert. Il y a parfois confusion entre les deux orthographes.

Autres noms n’ayant rien à voir avec la paroisse: DAVIGNON, DESBOYS, DUVAL, L’ARAGON, PONTCHATEAU.

 

 

Deux vieux noms briérons sont remarquables:

BECCARD, c’est le nom donné en Brière au brochet, mais il désigne aussi un autre animal à bec, le canard. Ce nom était surtout courant à Méan. Il est pratiquement disparu aujourd’hui.

COUGNIL ou COUNIL ou CONIL, c’est le vieux nom du lapin. On le trouvait surtout dans le tiers des prés

 

D’autres noms, moins caractéristiques, peuvent être considérés comme issus de surnoms: BLANCHARD, BODET, CHEVALIER, CORNU, LEROY ou LERAY, PIEDARGENT, LOISEAU, VAILLANT.

 

Restent tous les patronymes dont l’origine nous échappe, citons tout de même les principaux et les plus caractéristiques. D’abord deux noms typiques encore de nos jours:

MAHE que l’on retrouve dans d’autres régions bretonnes, mais qui chez nous est bien localisé au centre du marais, particulièrement à Grande Isle. Son origine ? On a parfois évoqué Macé, le Matthieu breton, mais au XVII° siècle, il y avait sur la paroisse autant de MACE que de MAHE et cependant il n’y a jamais aucune confusion entre eux.

FOURE pour lequel nous n’avons aucune explication.

 

 

Puis sélectionnons:

ADVENARD, BERNIER, BOSSINOT, BAGOURD, BOÜARD, BOUCAND, BOULET, BREDET, BRENY, BROBAND, CHAUVEAU, CLEROUX,DUPPE, GLEMEAU, GUISHARD, GUYMARD, HARAUD, HARLAQUIN, JAMET, GUYHARD, JARNIGAN, JUME, LANDAIS ou LANDAUL, LABOUR, LYRON, MORAUD, MORET, MAUGOURD, OPIAIS, PAULMIER, POULLIER, PEZERON, RICORDEL, RABAS, TACONNET, TOURNABIEN, TASSE, TUAL, VIAUD, VAUJOYEUX.

 

La fin du XVII° siècle a été à Montoir, contrairement à la tendance générale, une période d’expansion démographique. Relevons quelques noms qui font alors leur apparition et deviendront par la suite de véritables patronymes montoirins :

ALLARD, AMIOT, BERCEGER, BIRGAN, BOUSSARD, BROUSSARD, BIVAUD, COUSSEAU, COQUARD, CHARPENTIER, DELOUMEAU, DENIZEAU, DAUZON, EVAIN, FAUVY, GOURET, GRIMAUD, GARANTON, LEPEINTEUR, LETRAIN, LOIZEAU, LUCAS, LEPINE, LECAR, MOTTAIS, MORAND, MIRET, PONTCHATEAU.

Au sujet de l'origine des noms, il paraît important de noter, ce que l'on oublie trop facilement, que les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets.

Des noms sont typiquement briérons parce qu'ils ont trouvé chez nous un isolat propice à leur développement. Il ne faut pas en déduire, lorsque l'on trouve un de ces noms dans une région éloignée, que l'origine des personnes concernées est forcément briéronne.

Des Augustin, Ollive, Hallogan, Philippe, Thomas, Vincent ou des Moyne ont très bien pu, ailleurs, évoluer de la même façon que chez nous.

Ainsi «l'Armorial de Bretagne» fait état d'un Aoustin, sieur du Coudray (paroisse de Noyal-sur-Seiche), dans les années 1427-1440 et signale qu'il est originaire d'Angleterre.

On ne peut pas ne pas penser à ce sujet qu'à la fin du VIème siècle ce pays fut évangélisé par un saint Augustin qui y fonda le siège épiscopal de Canterbery et dont le nom y fut couramment porté par la suite.

Les Austin y sont encore nombreux de nos jours.

 

VARIATIONS D’ORTHOGRAPHE DES PATRONYMES

 

Le caractère phonétique des patronymes et l’utilisation courante qui en est faite amènent à des variations parfois considérables de leur orthographe. Il est indispensable d’en tenir compte dans les travaux de recherches généalogiques en particulier.

 

Voici un certain nombre de correspondances trouvées dans les registres de Montoir:

 

ADDES               Ade

ALARD      Alaire

ALBERT               Halbert

ANGEBAUD          Anjubaud, Gebaud

AUPETIT              Opetit, Lepetit, Petit

ADVENARD          Avenard

ALAISNE             Alesne

AMELOT              Hamelot

AOUSTIN             Aougstin, Aoutin, Outin

AUBIN                Obin

ALAIN                 Halin

AGONNEAU          Hagonneau

ARAGON             Laragon, L’Aragon

AUPIAIS              Aupies, Opiais, Opiays, Opies, Opiet

AURAIN              Orain, Orin, Oren

BARREAU            Barraud, Barhaud

BERNIER             Besnier

BERTHO              Bertau, Berteau, Berthaud

BIHAN                Le Bihan

BONNIER            Bennier

BOSSINOT           Boceno

BOÜARD             Bouillard

BAUGER              Baugé, Bouger, Bougé

BOUCAND           Boucan, Boucaud

BREDET              Berdet, Brodet

BRENY                Berny, Brenic

BARBIER             Le Barbier

BAUDRY              Baudric

BELLIOTTE           Belliot

BESSIGNEUL        Beseigneul

BLAIN                 Belin, Blin

BELHOMME          Bonhomme, Berthomme

BOULET              Boulais, Boulay

BROUSSARD        Brossard

BROSSAY            Brosse, Brousse

BOEXIER             Boissier, Boursier

BLOYET               Belois, Beloitte

BOUVIER             Gouvier

BRAG                 Kerbrat, K’bratz, Querbrat, Kerbrac

CORDET              Cordel, Ricordel

CRAHE                Craheix

CHAUVE              Chauvet, Chauf

CHAILLON           Chaillou

CHARON             Chéron, Chiron, Charron, Carhon

COUGNIL             Cognil, Conil, Counil

CRIAUD              Cruaud

CANCOIS            Canquois, Cancouët, Quanquois

CARIC                Carie

CHERUEL             Cheruais, Chervet

DAGUET              Daget, D’Aguest

DELEPINE            Lépine

DEMY                 Demis

DUVAL                Duvaland

DIQUERO            Quiquero, Guiguero, Querro

DROUET              Druay

DAVY                 David

D’AVIGNON         Davignon, Avignon

DEBERT              Deber, De Bert

DENIER               Deniay

DESBOIS             Débois, Desboys

DHERVE              Dervé, D’Hervé

DERVAUD            Dhervaud

DULOC                Dulot, Dulo

DENIGOT            Guénégot

DELAHAYE           Lahaye

DELOMMEAU        Deloumeau, L’Hommeau, Loumeau

ESLAN                Elan

EON                   Héon, Yon

EVAIN                Even, Evein, Evin

EGASE                Gaze, Gasse, Gosse

FREARD              Friard, Fréours, Frioux

FORGET              Forgerays, Frogé, Forgeret, Forgeon

GEBAUD              Angebaud, Anjubaud

GOUVIER             Bouvier

GUIQUERO           Diquéro, Quiquerro, Querro

GAZE                 Egase, Gasse, Gosse

GOUGEON           Gouyon

GIRAUD              Girou

GUILLAUME          Glaume, Glomet

GUENEGO            Denigot

GARANTON          Quaranton

GAUVAIN            Gauvin, Gauvaign

GEOFFRAY           Geoffroy, Jeffray

GUIHENEUF         Guihéneuc, Guisneuc, Guisneuf, Guisnau

GUYET                Guillet, Guiet

GUILBAUD           Guilbot, Guillebot

GUILLOT             Guio, Guyot, Guillaud

GUICHARD           Guishard, Guyshard

GUILLARD           Guyhard, Guihard

GERBAUD            Gébaud, Gibaud

GETAIN               Gestin

GUERIF               Guéry, Guérin

GUIGAND            Guignard, Guygand

GONIDEC            Le Gonidec

GILLIOT              Juliot

GAIGU                Jagu

GUESSEAU          Quesseau, Xeau, Xiau, Xo, Xau, Le Xou

GLOTIN               Glotain, Guillotin

HALBERT             Albert

HAMELOT            Amelot

HALIN                 Alain

HEON                 Eon, Yon

HALGAND            Halgan, Hallegan, Hellogan

HARAUD              Harault

HOUGAS             Hougard

HALLIE                Hallier, Hallien, Allien, Allienne

JOUAUD              Jouault

JULLIOT              Julio, Gilliot

JAGU                  Gaigu

JOYEUX               Vaujoyeux

JEFFRAY             Jeffroy, Geoffroy, Geofray

JOELLAND           Joland, Joaland, Joualland

JAUNY                Jonic, Yonic

JUDIC                 Judith

KERBRAT            Kerbrac, K’bratz, Querbrat, Brag

LAVALLE             Vallé

LEPETIT              Petit, Aupetit, Opetit

LE BIHAN            Bihan

LE BARBIER         Barbier

LESPINE              Delépine

LE GONIDEC        Gonidec

LE TEXIER           Le Tessier, Tessier, Texier

LANDEAU            Landais, Landaul

L’ARAGON           Laragon, Aragon

LAURAND            Lorand, Laurent, Laurens, Loran

LE METAYER        Métayer, Le Métay, Métay, Métée

LEROUX              Roux

LEMONIER           L’Aumonier, Monnier, Meunier

LHOMEAU            Loumeau, Delomeau, Deloumeau

LYRON                Liron, Luron

LERAY                Leroy

LEFEBVRE           Lefeuvre

LEBEE                 Lebert, Lebet, Lebée, Lebay

LEMAY                Lemaz, Lemer, Lemée, Lemoy, Lemez, Lemaître

LEMOLF              Lemaur, Lemauf

LAHAYE               Delahaye

LE MARDELEY      Mardeley

LE PELTIER          Peltier

LE PERROYS        Perrin, Perret, Perrest

METAYER            Le Métayer, Le Métay, Métée, Métay

MONNIER            L’Aumonier, Le Monier

MACE                 Massé

MICHEL               Michée

MOYSAN             Moison, Mouissan

MOINARD            Moesnard, Moysnard

MORET               Morel

MOREAU             Moraud, Mourand

MAYET                Mahiet, Mahyet

MALNOE              Malnos

MARY                 Marie, Maris

MARTIN              Martinet

NICOU                Nicoul

OPIAIS               Opiays, Opies, Opiet, Aupiais, Aupies

ORAIN                Orin, Oren, Aurain

OPETIT               Aupetit, Le Petit, Petit

OBIN                  Aubin

OUTIN                Aoustin, Aougstin, Aoutin, Oustin

PETIT                 Lepetit, Opetit, Aupetit

PAULMIER           Paumier

PASQUEAU          Pasquau, Pasquiau

PERRIN               Perrest, Perret, Perraye, Perroy, Le Perroy, Perrain

PELAUD              Plaud, Plot, Praud

PERRAUD            Perrault, Poisrond, Poerond

PELTIER              Le Peltier

QUERBRAT          Kerbrat, Kerbrac, Brag, K’bratz

QUIQUERO           Diquero, Guiquero, Querro

QUANQUOIS        Canquois, Cancois, Cancouët

QUARANTON        Garanton, Garenton

QUESSEAU          Guesseau, Xeau, Xau, Xiau, Xo, Le Xou

RICORDEL           Cordel, Cordet, Ricordet

ROUX                 Leroux

RIAUD                Rio

ROTHOUX            Rothou, Rotoux

ROUSSEAU          Rouxeau, Rouxiau

RIALO                 Riellot

RIALLAND           Rielland

SANSON             Samson

TEXIER               Tessier, Le Texier, Le Tessier

TREMAUDEUC       de Trémaudeuc

THIBARD             Tibard, Thibaud, Thabard, Thébaud

TEFAUT               Théfaut

TUAUD                Thuaud

TUAL                  Thual

VALLE                 Lavallée

VAUJOYEUX         Joyeux

XEAU                  Xau, Xo, Xiau, Guesseau, Quesseau, Le Xou

YONIC                Jonic, Jauny

 

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ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE

 

Les courbes figurant l’évolution des naissances, décès et mariages d’après les registres paroissiaux de Montoir permettent de se faire une idée de l’évolution démographique de la paroisse (voir plus bas)

Encore faut-il les replacer dans le contexte général pour comprendre ce qui se passait chez nous à cette époque.

 

 

NATALITÉ

 

La courbe des naissances dont nous disposons comprend deux périodes: les années 1626 - 1636 et 1668 - 1699.

Mais il faudrait aussi parler des années précédant 1626 et de celles allant de 1636 à 1668 pour lesquelles nous n’avons pas de documents paroissiaux.

Un examen rapide de la courbe fait apparaître qu’à une natalité moyenne de 150 par an dans les années 30, succède une période de dépression où une moyenne de 130 dans les années 70-75 descendra à 115 en 90-95.

 

Or cette évolution correspond assez bien à celle que les historiens ont constatée au plan national.

Les années 1626 à 1636 sont situées dans cette période entre les guerres de religion et les troubles de la Fronde, où la population décimée se reconstitue. Nous avons donc une forte natalité.

Entre 1636 et 1668, les ravages causés par les luttes de la Fronde et les famines dues à des récoltes perdues par des étés pourris, ont décimé la population. La période que nous pourrons suivre à partir de 1668 n’est pas aussi catastrophique, c’est plutôt un temps de stagnation avec une tendance à la baisse.

 

Mais il y a tout de même une grosse différence. C’est que sur le plan national ce dépérissement passe par un point bas avec la grande famine de 1693-1694 et se prolonge jusqu’à la fin du règne de Louis XIV. Chez nous cette famine est peu sensible et les dernières années du siècle voient au contraire une remontée de la natalité.

Ceci s’explique d’ailleurs très bien. L’estuaire est particulièrement concerné par le développement du trafic maritime et du commerce qui en découle. Beaucoup de Montoirins, surtout ceux des îles bordant la Loire, sont enrôlés dans la marine marchande ou militaire. Ce n’est évidemment pas un facteur d’accroissement de la natalité. Mais les années 90 voient le passage et parfois l’installation de marins étrangers à la paroisse et surtout l’arrivée de gens chassés par la misère des campagnes environnantes, en quête de meilleures conditions d’existence qu’ils trouvent chez nous où ils se fixent.

Il faut rappeler aussi que notre paroisse, peu céréalière, était beaucoup moins sensible aux famines que les régions strictement agricoles.

La moyenne des naissances relevées par ménage est de 4. En réalité, compte tenu de l’absence de registres dans les périodes précédente, suivante et quelques autres années, ce chiffre était sûrement plus important et devait se situer entre 5 et 6.

 

Le couple le plus fécond est celui de Gilles MOYON et Péronnelle CHAUVEAU, avec 11 naissances non  gémellaires enregistrées et peut-être d’autres qui ne le sont pas. Ces naissances sont réparties de 1669 à 1687. La femme du sieur des Isles, notaire, procureur, puis gouverneur de la vicomté devait avoir une alimentation suffisante pour mener à bien ses maternités et sans doute l’assistance de nourrices pour l’allaitement de ses enfants.

 

 

NUPTIALITÉ

 

L’enregistrement des mariages n’ayant débuté que le neuf Octobre  1668, nous ne pouvons donc avoir une courbe de la nuptialité que pour le dernier tiers du siècle. Elle est assez régulière et fait apparaître une moyenne annuelle de 35 mariages.

Cette obligation de notation sur les registres paroissiaux ne changea rien aux habitudes antérieures. Pendant longtemps on se contenta d’indiquer la date et les noms des deux conjoints, sans même leur filiation. Ce n’est qu’en 1693, sous le rectorat de Guillaume PONGERARD, qu’on prit l’habitude de rédiger les actes avec des renseignements plus complets.

 

Certaines règles régissaient la célébration des mariages, mais, parfois mal définies, elles étaient ou n’étaient pas appliquées.

Les mineurs devaient avoir l’autorisation de leur père pour se marier. Jusqu’à la Révolution, la majorité était fixée à 25 ans. Ceux qui n’avaient pas cet âge et étaient orphelins de père (la mère ne comptait pas) devaient obtenir un décret de justice délivré par le sénéchal de la juridiction, les autorisant à convoler.

L’Eglise de son côté imposait l’obtention de dispenses pour les cas de consanguinité entre conjoints. Cette règle était très contraignante puisqu’elle s’imposait jusqu’au  quatrième degré. Autant dire que la plupart des mariages auraient dû y être soumis.

 

Qui accordait ces dispenses ?

L’Official de Nantes ou la Cour de Rome ? Dans quelles conditions ?

Il est difficile de répondre. On en trouve accordées par Rome, même pour des «quatrième degré». De toute façon, la demande n’était pas gratuite. Certains cas mentionnés en sont dispensés, par exemple «à cause de l’urgence», comprenons l’état de grossesse de l’épouse ; ou bien encore «pour leur degré de pauvreté», autrement dit : ils n’ont pas de quoi payer.

Il est bien possible que nombreux étaient les cas où on ne s’inquiétait pas tellement de connaître le degré de parenté et on finit par indiquer systématiquement à la fin des actes que le mariage «a été célébré ayant observé les formalités de la Sainte Eglise, les arrêts et règlements de la Cour».

On ne célébrait pas de mariages pendant l’Avent. C’était une règle stricte. Il n’y en avait pratiquement jamais au mois de Décembre. Cela valait aussi pour le Carême.

Par contre, on se mariait beaucoup en Octobre. Souvent, les célébrations étaient regroupées, il était courant d’avoir cinq ou six mariages le même jour.

Les registres nous font connaître 897 mariages célébrés à cette époque. Sur ce nombre, 137 comportent au moins  un conjoint étranger à la paroisse. Cela fait 18 %, un rapport tout à fait normal alors. Il faut cependant noter que ce pourcentage n’est que de 10 dans les années 1670 et passe à 25 dans les dernières années du siècle. Autre remarque, la population des îles de l’intérieur est très peu concernée par les apports extérieurs.

 

Quelle est l’origine de ces hors-venus ? La plupart viennent des paroisses voisines:

 

Donges     27             St Nazaire                14                 Besné 7

Crossac     19             Pontchâteau             14      

 

24 sont extérieurs au diocèse de Nantes. Les autres viennent de points plus ou moins éloignés du comté.

Sur ces 137 étrangers, il n’y a que 9 filles. Ce sont donc essentiellement les garçons qui viennent prendre femme à Montoir.

Deux seulement de ces unions concernent des conjoints également originaires d’une autre paroisse.

 

Donnons tout de même l’origine des autres mariés :

 

 

Localité

Localité

 

 

 

Diocèse de Nantes

 

 

Savenay

3

 

Couëron

1

 

Nantes

3

Guérande

2

 

Missillac

4

St Dolay

4

 

 

St Etienne-de-Montluc

2

 

Le Bignon

2

 

 

Ste Opportune

1

Herbignac

1

 

Corsept

1

 

Ste Pazanne

1

 

 

Escoublac

1

 

Drefféac

2

 

Montbert

1

 

Guémené

1

 

 

St André

2

Cordemais

1

 

Campbon

1

 

 

St Gildas

2

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Vannes

 

 

 

Rieux

5

 

Ste Croix

1

 

 

St Just

1

 

Peillac-sur-Oust

1

 

 

St Vincent-sur-Oust

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Luçon

 

 

 

 

 

 

St Etienne-des-Bois

1

 

Les Sables

1

 

St Philbert de Noirmoutier

1

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse d’Angers

 

 

 

 

 

 

Champtoceaux

1

 

Drain

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Saint-Brieuc

 

 

 

 

 

 

St Loick

1

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Tréguier

 

 

 

 

 

 

Platin

1

 

 

 

 

 

Pennon

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Léon

 

 

 

 

 

 

St Thégonez

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Rennes

 

 

 

 

 

 

Renac

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Dol

 

 

 

 

 

 

Bonnemain

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèses divers

 

 

 

 

 

 

Avignon

1

 

 

 

Toulon

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est intéressant de noter aussi que sur ces 137 mariages, il y en a 63 seulement qui ne sont pas suivis de naissances sur la paroisse. Si l’on tient compte de ce que toutes les unions ne sont pas fécondes et aussi du fait que les registres n’existant pas pendant une longue période à partir de l’année 1700, nombre de ménages ont alors pu avoir des enfants que nous ignorons, il faut bien admettre que la plupart des hommes venus prendre femme à Montoir s’y sont fixés.

Signalons aussi que parmi ces mariages, il y en a qui sont en fait des remariages de l’un ou l’autre conjoint. En particulier, dans les cinq où l’époux est de Rieux, trois sont le fait du même homme, un certain Jean BOUCHER qui a convolé trois fois à Montoir.

Ce n’est qu’à partir de 1692 que les renseignements concernant les mariés sont relativement complets et réguliers. L’étude des 9 dernières années du siècle montre que sur 273 mariages enregistrés, soit 546 conjoints, il y 94 veufs ou veuves, soit 17  %.

Si les veufs sont d’abord plus nombreux, la balance s’inverse au fur et à mesure que les hommes se font marins et partent pour des courses lointaines, dont souvent ils ne reviennent pas.

 

Si l’on veut traiter d’endogamie, il faut bien constater que, pour l’ensemble de la paroisse, elle est tout à fait comparable à celle des campagnes françaises à cette époque. Dans « l’Histoire de la France Rurale», Monsieur Leroy-Ladurie situe l’endogamie paroissiale entre 80 et 85 %. A Montoir, nous sommes à 82 %, mais c’est une grande paroisse. Un certain nombre d’îles avec 200 ou 300 habitants et même plus équivalent à bien des petites paroisses rurales. Si dans les îles proches de l’estuaire le phénomène est bien moindre, par contre dans celles de l’intérieur, il est plus fort. Encore que, si l'on tient compte de l’endogamie inter-îles, l’endogamie ilienne pure doit rester dans les 85 %.

Ce phénomène est donc normal au XVII° siècle. C’est par la suite qu’il s’est maintenu en Brière alors qu’il s’amenuisait en général dans l’ensemble de la France.

 

Comme un peu partout, une autre endogamie existe. Elle n’a plus un caractère géographique, mais sociologique et est surtout courante chez les notables. On se marie entre soi, dans son milieu. Quelques familles sont particulièrement influentes; les PINCET, LEBARBIER, HALGAN (Sieur de l’Isle), BELLIOTTE (de la ville Allain), CHAUVEAU (des Champs Rochoux), TASSE, VIVIEN, MOYON (Sieur des Isles), VINCE Allain.

 

 

On se marie beaucoup dans ce petit cercle. Ainsi :

 

François LEBARBIER        x        Péronnelle PINCET

Gabriel LEBARBIER x       x        Perrine CHAUVEAU

Pierre LEBARBIER           x        Perrine HALGAN

Estienne HALGAN           x        Perrine CHAUVEAU

Jan CHAUVEAU               x        Marguerite BELLIOTTE

Pierre BELLIOTTE           x        Hélène PINCET

Maurice TASSE              x        Marie CHAUVEAU

Allain VIVIEN                 x        Janne CHAUVEAU

Gilles MOYON                x        Péronnelle CHAUVEAU

Allain VINCE                  x        Julienne TASSE

 

Tableau des baptêmes, inhumations et mariages à Montoir au XVIIème siècle (voir le tableau)

 

 

MORTALITÉ

 

Le premier décès enregistré à Montoir l’a été le 9 Octobre 1668. Il s’agit d’un Pierre MOYON, époux d'Orphraise AOUSTIN. Ce n’est donc qu’à partir de cette date qu’il est possible d’inclure la mortalité dans l’étude démographique de la paroisse.

Première constatation: si la courbe des décès est beaucoup plus en dents de scie que celle des naissances, comme cela est normal à une époque particulièrement sensible aux épidémies, la moyenne annuelle jusqu’à la fin du siècle est de 125, sensiblement la même que celle des naissances. Il en résulte donc une assez grande stabilité de la population.

Comme pour les mariages, les renseignements notés sont fort incomplets, même s’ils s’améliorent au fil des ans. Parfois le nom lui-même manque. Relevons quelques exemples:

Un enfant

Un enfant à la teinturière de l’Etang

L’époux de Marie JAMET

La Jacquette de l’île du Clos

La belle mère à Luc LECAN

Un pauvre de Méan

La veuve du Michel

Un enfant au gendre d’Antoine ESLAN

Un enfant à la Pasquaude

Un enfant de trois mois

Un enfant à un homme de Besné qui demeure dans ce bourg et qui est masson.

 

Donc, parfois, pas de noms. Le prénom, l’âge, le nom des parents, conjoint, témoins, le lieu du décès, font encore défaut bien plus souvent.

Deux renseignements cependant ne manquent pratiquement jamais: la date et le lieu de l’inhumation. S’il est normal que la date figure sur un registre tenu au jour le jour, le lieu aussi scrupuleusement indiqué donne à penser.

Il est sûr qu’à l’époque, et plus particulièrement dans la région, l’habitude fut d’enterrer les morts dans l’église. En avait-il toujours été ainsi ? C’est peu probable. Il est même presque certain que cette façon de faire date du XVII° siècle. Certes, de tout temps, des privilégiés ont eu droit à une sépulture dans le lieu du culte. Mais alors cette habitude était devenue une norme appliquée à tous.

 

Bien sûr, les coutumes variaient d’une paroisse à l’autre. On sait qu’à Saint-Nazaire, qui possédait deux cimetières, c’est à partir de 1670 que les enterrements se firent exclusivement dans l’église et dans la chapelle  N. D. d’Espérance. (Moret)

Généralement, les membres du clergé et de la noblesse avaient droit au chœur de l’église qui leur était réservé, les autres paroissiens disposaient de la nef. Ainsi le chœur, où l’on inhumait peu, pouvait être pavé, alors que le sol de la nef, souvent creusé, ressemblait à un champ.

Mais revenons à notre paroisse de Montoir et aux faits que nous connaissons avec certitude. Comme la plupart des églises, la nôtre se trouvait au centre d’un terrain qui avait été le cimetière mais qui n’était plus utilisé comme tel. Toutes les inhumations avaient lieu dans l’église.

 

Contrairement à ce qui se passait ailleurs, le chœur n’était pas réservé aux notables. De 1668 à 1686, le rapport est de 35 corps inhumés dans le chœur pour 65 dans la nef, soit 1 sur 3. Autrement dit, le choeur était aussi saturé que la nef et sûrement pas plus pavé qu’elle. Inutile de préciser également qu’il n’était pas alors question de bancs. On assistait aux offices debout.

Il y avait cependant une différence, c’est qu’on pouvait sans doute être inhumé gratuitement dans la nef, puisque les plus pauvres y reposaient, mais que pour avoir droit au chœur, il fallait payer.

Pendant cette même période, on relève deux sépultures dans le cimetière, quatre dans la chapelle de Méan, dont celle du chapelain fondateur et celle d’un noyé, dans le cimetière près de cette chapelle.

 

A partir de 1684 - 1685 apparaissent des enterrements dans la chapelle du Rosaire. Celle-ci constituait une aile de l’église s’avançant sur l’actuelle rue de Châteaubriand.

Les marguilliers fabriqueurs chargés des comptes de la paroisse tenaient à cette indication précise du lieu de sépulture: c’était pour eux un précieux moyen de contrôle des fonds perçus.

 

Pourquoi le besoin, à cette époque, d’enterrer tous les morts dans l’église ? Nous n’avons pas de réponse à cette question. Peut-être faut-il en chercher l’origine dans ce grand élan de religiosité qui couvrit le pays dans la seconde moitié du XVII°. L’idée que, pour assurer le salut des défunts, il fallait que leurs corps reposent en terre sainte, donc dans l’église, parait tout à fait vraisemblable.

Il nous est très difficile d’imaginer les rapports avec l’au-delà de ce monde où la mort était vraiment partie intégrante de la vie. La mère qui donnait le jour à un enfant savait qu’il avait autant de chances de mourir bientôt que de devenir adulte.

Chacun voyait, et parfois par véritables rafales, par familles entières, des proches s’éteindre. Mais le corps était là, avec l’esprit qui rôdait autour, que l’on ne voyait pas, mais qui restait présent parmi les siens. Entre vivants et morts, c’était un véritable compagnonnage. Il était donc normal que les corps reposent au plus près de Dieu, dans la terre sainte de l’église.

 

Ce qui était acceptable quand l’église ne recevait qu’un petit nombre de cadavres, devint vite insupportable. C’était une moyenne de 120 à 130 corps qu’il fallait chaque année enfouir dans le sol. Certes ceux des enfants ne prenaient pas beaucoup de place, mais tout de même !

On inhumait sans cercueil des corps nus. Le linceul ne servait qu’au transport, on ne pouvait se permettre de sacrifier une pièce d’étoffe dont le coût était important et l’usage fréquent.

La terre fut vite saturée. Il est facile, sinon agréable, d’imaginer ce brassage continuel du sol, mettant à jour les restes des morts des années précédentes pour y placer les nouveaux cadavres. Une année de grande mortalité, en 1676, c’est pour 255 corps qu’il fallut trouver place.

Imaginons l’atmosphère méphitique dans ce bâtiment clos, les relents montant de la terre saturée, l’odeur des cadavres que l’on apporte et qui bien souvent ont succombé à cette maladie des marais que l’abbé Allain appelle « dégoûtante», la dysenterie.

 

L’église St-Estienne devenue un véritable charnier restait le seul endroit vers lequel, de Kerfeuil à Penhoët, convergeaient les paroissiens pour les cérémonies de baptêmes, mariages et bien sûr sépultures.

Pour les messes dominicales et les cérémonies du culte les habitants des îles intérieures avaient leur chapelle de St-Joachim, ceux des îles du sud avaient St-Joseph à Méan. Ceux des îles du Clos et des environs utilisaient la chapelle dédiée à la Sainte Trinité et située dans un champ au milieu du bourg.

 

Il fallait trouver une solution au problème de l’église qui était d’ailleurs également celui des paroisses environnantes. La persuasion étant exclue, la seule possibilité était de frapper au gousset.

Le 28.01.1687 «fut ordonné 50 sols pour être enterré dans le chœur et 30 dans la nef». L’année suivante, le 02.07.1688, il en fut de même à St-Nazaire, avec un tarif légèrement inférieur: 48 et 24 sols plus demi-tarif pour les enfants.

Coïncidence étonnante, le 28.01.1687 justement, décédait Jan GRIMAUD, secrétain (sacristain) de la paroisse de Montoir, dont une des fonctions était le creusement des tombes.

Comme d’habitude, il fallut du temps pour faire appliquer l’ordonnance. Cependant, dès les années 1687 et 1688, le nouveau tarif fit tomber les inhumations dans le chœur de 35 à 20 % tandis que celles effectuées dans le cimetière atteignaient 9 corps en 1687 et 14 en 1688. A partir de 1690 la tendance est inversée et en 1699 les sépultures se font à 6 % dans le chœur, 33 % dans la nef, 51 % dans les cimetières et 10 % dans la chapelle du Rosaire.

Quant aux cimetières, on ne précise généralement pas, mais on trouve parfois: le grand ou le petit cimetière, le cimetière jouxtant le mur de l’église du côté du midi ou au nord.

 

En fait, il y avait deux terrains servant à cet usage, l’un au nord de l’église, l’autre au sud. Celui du nord, autour de la chapelle du Rosaire deviendra au siècle suivant le cimetière du Rosaire. Celui du sud, du côté de la chapelle St Jan, il deviendra le cimetière St Jan rapidement réservé aux petits enfants, jusqu’à 5 ans. On l’appellera aussi le petit cimetière ou le cimetière des Innocents.

Le problème n’était pas complètement résolu puisque 4 enterrements sur 10 se faisaient encore dans l’église et les paroisses environnantes n’étaient pas mieux loties. D’ailleurs, le remède appliqué se révélait à double tranchant. En effet les tarifs que l’on avait voulu dissuasifs constituèrent pour le Général de la paroisse une de ses principales sources de revenus. Donc, continuer à lutter contre les inhumations dans l’église, c’était tuer la poule aux œufs d’or.

Nous avons tenté, pour la dernière décennie du siècle, où les renseignements se font plus précis, d’estimer l’importance de la mortalité des enfants à Montoir. Voici le tableau qui en résulte :

 

DÉCÈS  DES  ENFANTS  ET  ADULTES  entre 1690 et 1700

 

Années

Enfants

Adultes

Total

%

enfants

1690

99

66

165

60

1692

64

50

114

56

1693

73

49

122

60

1694

80

68

148

54

1695

54

42

96

56

1696

91

55

146

62

1697

59

45

104

57

1698

55

42

97

57

1699

66

40

106

62

 

 

 

 

 

Total

641

457

1098

58

                  

Pour tenir compte des risques d’erreurs dues à l’imprécision des âges, on peut estimer que dans le nombre des décès, la part des enfants varie de 50 à 55 %. Il s’agit d’enfants dont les âges suivraient une courbe décroissante de 1 jour à 15 ans.

Une étude de la mortalité par années en fait ressortir quelques mauvaises : 1676 avec 257 décès bat tous les records, puis viennent 1690 avec 165 décès, 1686 et 1685 avec 158 et 157.

 

Déjà plus significative, une étude par mois indique que la période où la mortalité moyenne mensuelle est la plus forte (supérieure à 10) s’étend du mois de Septembre à Janvier, avec une tendance, qui s’amplifiera dans l’étude du siècle suivant, à des mois de Septembre et Octobre particulièrement mauvais.

Voyons maintenant les périodes à forte mortalité:

 

Les mois de Juin à Septembre 1670 avec une moyenne de 16

L’année 1676 avec deux périodes : Mars à Juillet moyenne 28 avec une pointe de 47 en Mai - Septembre à Novembre, moyenne 28 avec 35 en Septembre.

Octobre et Novembre 1678, moyenne 22

Octobre 1680 à Mars 1681, moyenne 22

Octobre 1682: 20

Février et Mars 1685, moyenne 29

Août à Décembre 1686, moyenne 22, avec 32 en Octobre

Février à Octobre 1690, moyenne 15

Octobre 1693 à Janvier 1694, moyenne 23.

 

Une autre recherche possible et intéressante c’est le calcul de la mortalité des femmes à la suite d’une naissance.

 

Un premier travail a consisté à établir un état de tous les couples ou mères célibataires ayant eu un ou plusieurs enfants entre 1667 et 1700 avec pour chacun les différentes dates des naissances. Ensuite il a fallu travailler sur les décès et rechercher pour chaque couple si la dernière naissance enregistrée n’avait pas été suivie du décès de la mère.

On a ainsi répertorié 1360 femmes dont 57 sont mortes à la suite d’un accouchement. Ce qui donne un coefficient de 4,2 %.

Il faut noter que tous les enfants sont enregistrés, même les anonymes, c’est à dire ceux qui sont pratiquement morts à la naissance, s’ils ne l’étaient pas avant; que l’on a tout de même ondoyés sans leur donner de nom afin de pouvoir les inhumer en terre sainte.

Il n’en reste pas moins qu’on ne retrouve pas ici les décès d’un certain nombre de femmes, à la suite de grossesses à problèmes et d’accouchements prématurés. Le coefficient de 4,2 % doit donc être majoré, mais de combien ? Il semble que 5 % soit un minimum.

Nous aurions voulu également étudier la longévité des gens, l’importance de la mortalité à chaque âge. Nous le ferons pour le XVIII° siècle, mais pour le XVII° cela est vraiment impossible.

 

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LE XVIIIème SIÈCLE

 

ÉTUDE  SUR  LES  PATRONYMES (noms et prénoms)

 

PREMIÈRE  PÉRIODE :  1712 - 1747

 

LES  PATRONYMES

 

Cette période part de 1712, année où les registres sont incomplets et s’arrête à la fin de 1747. La trêve de St-Joachim ayant été érigée  au mois de juin de cette année, il manque 19 naissances notées sur les nouveaux cahiers.

Les documents font cependant défaut pour les années 1713 - 1714 et 1717, ensuite la collection est complète.

C’est la première partie du règne de Louis XV avec, d’abord la régence de Philippe d’Orléans, puis les ministères Dubois, de Bourbon, Fleury.

5081 baptêmes ont été enregistrés dans la paroisse. Ils concernent 361 patronymes différents dont 314 comptent moins de 20 enfants chacun.

Les 47 autres en totalisent 3398, soit 67 % des naissances. Sur ces 47 noms, 6 représentent plus de 200 baptêmes, soit 1901 ou 37 % du total.

Trois d’entre eux dépassent les 300, soit 24 %. A eux seuls, les MOYON représentent 9,6 % de la population.

 

Liste des 47 patronymes par ordre d’importance :

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

MOYON

487

-

VINCE

219

 

JOUAUD

93

 

AOUSTIN

382

 

HALGAN

212

+

NICOLAS

85

+

MAHE

370

 

PHILIPPE

108

 

MACE

68

 

OLLIVAUD

231

 

FOURE

98

 

DENIAUD

56

 

BROBAND

55

-

ANDRE

28

+

RICHARD

22

+

RICORDEL

49

+

LECARD

28

+

VAILLANT

22

+

MAILLARD

43

+

MOISNARD

28

+

BERTHO

21

+

ROBERT

39

+

OLLIVIER

28

-

CHARON

21

+

LERAY

38

 

DULOC

27

+

LEBEE

21

-

DUPIN

37

+

DEBERT

26

-

MORET

21

 

MARTIN

37

+

LEGOFF

25

-

LE BARBIER

20

-

PEZERON

37

-

RABAS

25

-

ROTHOUX

20

-

TREMODEUC

31

+

AVENARD

23

+

RIALLAND

20

+

LOREAU

30

+

JULLIOT

23

+

BODET

20

-

THOMAS

30

+

OPIAIS

23

+

ORAIN

20

+

DESBOIS

29

+

BLANCHARD

22

 

 

 

 

44 de ces naissances sont illégitimes, soit moins de 1 %.

240 sont celles de jumeaux, soit 120 naissances gémellaires auxquelles il faut ajouter une naissance de triplés.

34 sont posthumes,

200 sont celles d’anonymes, enfants morts à la naissance, ondoyés sans leur donner de prénom.

 

 

LES PRÉNOMS

 

Prénoms masculins: les voici classés par ordre d’importance:                 

     Jean                        18,5 %

     Pierre                      17,0 %

     Guillaume                   6,5 %

     Joseph                       6,5 %

     Etienne                      6,0 %

     Julien                        6,0 %

     François                     5,5 %

     Jacques                     5,0 %

Puis, autour de 2 %, on trouve Luc, Denis, René, Louis, Joachim, Maurice ;

Viennent ensuite André, Claude, Noël, Michel, Gilles, Matthieu, Alexandre, Alexis, Thomas, Nicolas, etc...

 

Toujours la même stabilité qu’au siècle précédent. Les évolutions sont minimes. Le seul fait notable est la remontée de Joseph qui rejoint Guillaume à la troisième place. Paul est complètement inexistant. Peu de nouveautés : Alexis, Gabriel.    

 

Prénoms féminins: les voici classés dans le même ordre :

    

     Marie                       27,0 %

     Jeanne                     16,0 %

     Perrine – Péronnelle   14,0 %

     Anne                         7,5 %

     Julienne                     6,0 %

     Françoise                   5,0 %

     Rose                          3,5 %

 

Viennent ensuite Catherine, Madeleine, Renée, Jacquette, Guillemette, Elisabeth ou Isabelle autour de 2 %.

Puis quelques Louise, Raoulette, Geneviève, Claudine, Marguerite, Cécile, Olive, Reine.

A noter l’ascension irrésistible de Marie qui patronne plus du quart des filles et aussi celle d’Anne qui atteint la quatrième place.

On remarque des prénoms nouveaux: Cécile, Gabrielle, Thérèse et aussi l’expansion de Rose qui avait fait son apparition dans les dernières années du XVII° siècle.

 

 

DEUXIÈME PÉRIODE 1748 - 1792

 

LES PATRONYMES

 

Le 18 Juin 1747, le recteur de Montoir bénissait les fonts baptismaux et le cimetière de St-Joachim, mais ce n’est que le 12 juillet suivant que le premier baptême était effectué et enregistré dans la nouvelle succursale.

A partir de cette date, il y a donc pour la paroisse deux registres: celui de l’église St-Estienne et celui de la chapelle St-Joachim.

Cette période couvre la deuxième partie du règne de Louis XV et celui de Louis XVI. Les enregistrements de 1792 furent perturbés par la passation des documents de la paroisse à la municipalité et ceux de St- Joachim manquent totalement.

Pour avoir une étude cohérente avec ce qui a été fait précédemment, les renseignements fournis par les registres de la paroisse et de sa succursale ont été réunis. Voici donc un tableau établi sur les mêmes bases que celles utilisées jusqu’à présent pour l’ensemble de Montoir qui ne forme toujours qu’une seule paroisse dont St-Joachim n’est qu’une annexe.

Le nombre des baptêmes est de 7354. Ils concernent 405 patronymes différents. 358 de ceux-ci représentent 2436 naissances.

Il en reste donc 47 qui, avec un minimum de 24 enfants chacun, totalisent 4918 naissances.

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

MOYON

752

+

BERTHO

53

+

POULLIER

36

 

AOUSTIN

701

 

DESBOIS

51

 

LEBEE

34

 

MAHE

676

 

LERAY

50

+

BOULET

33

 

HALGAN

306

 

LOREAU

48

 

RICHARD

32

 

OLLIVAUD

296

+

OPIAIS

47

+

LEBEAU

32

 

VINCE

256

+

SIMON

47

+

CANQUOIS

31

 

PHILIPPE

126

+

CHARON

47

+

BLOYET

29

 

FOURE

123

+

EVAIN

46

-

BROBAND

29

 

MACE

80

-

DUPIN

46

+

FOURNIER

29

+

TREMOUREUX

79

+

CHAUVE

45

+

TACONNET

28

 

JOUAUD

65

 

PEZERON

43

+

CRIAUD

25

+

THOMAS

64

+

ALLAIRE

42

+

LEFEUVRE

25

+

VAILLANT

63

 

LEGOFF

38

+

BOUCAND

24

 

RICORDEL

63

-

TREMAUDEUC

38

+

LANDEAU

24

 

ROBERT

59

-

NICOLAS

38

+

EON

24

+

DAVID

57

+

LABOUR

38

 

 

 

 

 

Les 47 patronymes ci-dessus représentent donc 67 % des naissances. 6 d’entre eux, avec plus de 250 enfants chacun en font 40 %.

Trois dépassent les 650, soit 29 %. En tête, les MOYON arrivent à 10,2 % avec 752 naissances sur 7354.

Voici le même travail, mais uniquement pour la succursale de St- Joachim. Cela donne :

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

AOUSTIN

588

 

LEGOFF

38

 

MAHE

575

 

PEZERON

29

 

MOYON

552

 

TREMAUDEUC

25

 

VINCE

183

 

DESBOIS

16

 

HALGAND

162

 

BLOYET

15

 

OLLIVAUD

135

 

MEAUDE

15

 

FOURE

103

 

GOURHAND

14

 

PHILIPPE

71

 

BOULET

11

 

THOMAS

61

 

DULOC

11

 

VAILLANT

47

 

TACONET

11

 

DAVID

42

 

PERRAUD

10

 

Le nombre total de baptêmes concernés est de 2871, se rapportant à seulement 64 patronymes différents.

Les trois plus importants comptent à eux seuls 1715 enfants, soit 60 % du total.

Le groupe des 7 noms les plus typiques de St-Joachim arrive à 2298 soit 80 %.

Les 22 noms qui dépassent un minimum de 10 naissances chacun en représentent 2714, donc 95 %.

Il reste 42 patronymes divers qui ne font que 5 % des naissances à eux tous.

 

D'un premier examen de ces chiffres concernant la deuxième moitié du XVIII° siècle il résulte ceci:

La population des îles constituant la succursale de St-Joachim représente sensiblement 40 % de l’ensemble de la paroisse (à condition, bien sûr, que les taux de fécondité soient les mêmes). Ceci sous-entendrait une densité de population particulièrement forte.

Cette population est très homogène. En fait, c’est elle qui donne son caractère propre à l’ensemble de Montoir.

 

La répartition des baptêmes par patronymes, mais uniquement pour le territoire qui reste, après exclusion de St-Joachim, est la suivante:

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

MOYON

200

 

CHARON

47

 

CRIAUD

25

 

OLLIVAUD

161

 

DUPIN

46

 

LEFEUVRE

25

 

HALGAND

144

 

CHAUVE

45

 

BOUCAND

24

 

AOUSTIN

113

 

EVAIN

43

 

LANDEAU

24

 

MAHE

101

 

ALLAIRE

42

 

EON

24

 

MACE

80

 

SIMON

39

 

BOULET

22

 

TREMOUREUX

79

 

NICOLAS

38

 

FOURE

20

 

VINCE

73

 

LABOUR

38

 

VAILLANT

16

 

JOUAUD

65

 

POULLIER

36

 

DAVID

15

 

RICORDEL

63

 

DESBOIS

35

 

PEZERON

14

 

ROBERT

59

 

LEBEE

34

 

BLOYET

14

 

PHILIPPE

55

 

RICHARD

32

 

TREMAUDEUC

13

 

BERTHO

53

 

LEBEAU

32

 

THOMAS

3

 

LERAY

50

 

CANQUOIS

31

 

LEGOFF

0

 

LOREAU

48

 

BROBAND

29

 

 

 

 

OPIAIS

47

 

FOURNIER

29

 

 

 

 

 

Le total des baptêmes est de 4483. Le patronyme le plus répandu est toujours MOYON, mais il  ne représente plus que 4,5 %. Les 6 les plus importants ne font que 18 %.

 

Les naissances illégitimes sont au nombre de 71 dont seulement 12 pour St-Joachim. Donc, pour l’ensemble de la paroisse, on reste dans les normes précédentes, un peu au dessous de 1 %. Cependant ce taux n’est que de 0.4 % pour la succursale, alors qu’il monte à 1.3 % pour le reste de Montoir.

Les enfants nés posthumes sont 42 dont 15 pour St-Joachim. Ces chiffres sont sans doute légèrement inférieurs à la réalité, à une époque où l’on navigue beaucoup. Il est en effet probable que la mort en mer de certains pères n’avait pas encore été signalée lors de la naissance de leur enfant. 134 naissances sont gémellaires, soit 268 jumeaux et en plus une naissance de triplés.

 

LES PRÉNOMS

 

Prénoms masculins: pour toute la période concernée et pour l’ensemble de la paroisse, afin de pouvoir comparer avec les études précédentes:

    

Paroisse

%

Jean

21,5

Pierre

18,5

Joseph

8,0

Etienne

7,5

François

7,0

Julien

6,0

Guillaume

5,0

Jacques

4,0

Joachim

2,5

Louis

2,5

Luc

2,5

 

Puis, autour de 1,5 à 2 %: Denis, André, René. Ensuite Gilles, Michel, Yves.

 

Donc, confirmation de la prédominance de Jean et Pierre, qui, en deux siècles, n’a fait que s’affirmer.

Joseph, aidé par la religiosité de l’époque et sa tutelle sur le chapelle de Méan, gagne la troisième place.

Etienne, le patron de la paroisse, et François remontent aussi. Julien et Jacques restent stables. Guillaume continue sa descente, tandis que Joachim, Louis et Luc remontent légèrement.

Il faut noter aussi qu’à cette époque et aussi bien pour les filles que pour les garçons, se développe peu à peu l’habitude déjà précédemment remarquée, d’ajouter au prénom principal un ou plusieurs prénoms complémentaires. Cette façon de faire, qui devrait faciliter l’identification des individus, est bien souvent un handicap par l’utilisation qui en est faite ensuite: ainsi une fille baptisée Marie-Anne pourra figurer sur d’autres actes (mariage, décès, parrainage) sous les vocables: Marie, Anne-Marie, Anne, Marianne. D’où une source d’erreurs, et en tous cas de difficultés pour les recherches.

 

Pour ce dernier demi-siècle il est possible d’affiner cette étude, d’une part en étudiant séparément St-Etienne et St-Joachim et même en considérant deux périodes pour St-Etienne: 1748 - 1769 et 1770 - 1792. Ce qui donne, en pourcentages :

 

St ETIENNE

1748-1769

1770-1792

Jean

19,5

20,0

Pierre

16,5

19,0

Etienne

10,5

9,5

François

9,5

9,0

Joseph

9,0

7,0

Julien

4,0

6,0

Guillaume

5,0

2,0

Louis

2,5

4,0

Jacques

2,5

2,5

Luc

2,0

2,0

René

2,5

1,5

Denis

1,0

0,5

André

 

1,5

Joachim

 

0,5

 

St JOACHIM

1748-1791

Jean

24,0

Pierre

19,5

Joseph

7,5

Guillaume

7,5

Julien

7,0

Jacques

6,5

Joachim

5,5

Denis

4,0

Etienne

3,5

François

3,0

Luc

3,0

Louis

1,0

André

1,5

René

0,5

 

Que peut-on en déduire ?

- La prédominance de Jean et Pierre est encore plus nette dans la succursale que dans le reste de la paroisse.

- Les saints patrons, Etienne et Joachim, sont réciproquement plus populaires chacun chez soi.

- Guillaume, Julien et Jacques se maintiennent mieux dans le tiers des Brières que dans celui des prés.

- Denis et Luc sont plus utilisés à St-Joachim et François à St Etienne.

- Les îliens sont moins révérencieux à l’égard du roi (Louis) que les autres Montoirins.

 

Prénoms féminins: ensemble de la paroisse pour tout le demi-siècle:

 

  Paroisse      

%

Marie

32,5

Jeanne

16,5

Perrine

12,5

Anne

10,5

Rose

5,0

Françoise

4,0

Julienne

4,0

 

Puis viennent Madeleine, Louise, Jacquette, Renée, Reine avec environ 1 %. Ensuite Angélique, Catherine, Guillemette, Geneviève, Marguerite.

 

Ainsi donc Marie continue son ascension. Jeanne se maintient. Perrine régresse régulièrement pendant qu’Anne progresse dans le sillage de Marie. A noter aussi l’avancée de Rose et le recul de Françoise et Julienne.

Ce qui est remarquable, c’est que 4 prénoms couvrent 72 % des baptisées et 7 en patronnent 85 %.

 

L’étude détaillée des prénoms féminins suivant la méthode employée pour les masculins donne, en pourcentages :

 

St ETIENNE

1748-1769

1770-1792

Marie

35,0

32,0

Perrine

17,0

16,0

Jeanne

16,0

15,0

Françoise

6,0

6,0

Anne

3,0

6,5

Rose

5,0

5,0

Julienne

4,0

3,0

Madeleine

2,0

2,5

Louise

1,0

2,0

                                                                                                                                     

St JOACHIM

1748-1791

Marie

31,5

Anne

19,0

Jeanne

18,5

Perrine

6,0

Rose

5,5

Julienne

5,5

Jacquette

2,0

Madeleine

0,5

Louise

0,5

 

A St-Joachim, Marie est un peu moins donné qu’à la paroisse. Par contre, Jeanne, Julienne, Jacquette le sont davantage, et surtout Anne, nettement plus populaire que son saint époux, y occupe la seconde place, derrière sa fille. C’est presque une affaire de famille.

Perrine et Françoise y sont nettement à la traîne et Louise n’a pas plus de succès que Louis chez les garçons.

 

 

 

ÉVOLUTION DES PATRONYMES AU COURS DES XVIIème ET XVIIIème SIÈCLES

 

ÉTUDE A PARTIR DES NAISSANCES

 

Il est donc possible, après les études précédentes, d’avoir une vue d’ensemble sur l’évolution de la population au cours des deux siècles qui précèdent la période révolutionnaire.

 

Des différents examens de patronymes effectués, une première constante se dégage: l’existence d’un groupe d’environ 44 noms (41 à 47) que l’on peut considérer comme courants dans la paroisse. Ce groupe, d’ailleurs variable quant à sa composition, représente facilement trois quarts de la population au début du XVII° siècle et seulement deux tiers à la fin du XVIII°. Les autres, les divers, peu utilisés ou nouvellement arrivés passent donc du quart au tiers. En nombre, ils évoluent  de moins de 200 à 350.

 

Parmi les patronymes courants, en apparaissent 6 à 8 qui sont vraiment dominants et typiquement briérons. On peut ensuite isoler les trois principaux, puis celui qui domine tous les autres.

L’étonnant, c’est que la prééminence de ces noms n’est pas atténuée par l’ouverture à de nouveaux arrivants. Au contraire, plus l’importance de ceux-ci est grande, plus la leur s’accroît. Ainsi les dominants passent de 35 à 40 %, les trois premiers de 18 à 29 % et le premier de 6 à 10 %.

 

Il est donc intéressant d’étudier de plus près ces noms typiques de la paroisse de Montoir.

MOYON, AOUSTIN, OLLIVAUD, VINCE, HALGAN, PHILIPPE ont toujours fait partie de ce groupe.

BECCARD, DENIAUD, ROTHOUX, bien placés en 1600, régressent rapidement. Par contre, MAHE, parti d’une modeste position se hisse peu à peu jusqu’aux premières places. De même FOURE mais de façon moins spectaculaire.

 

Première constatation: ce sont les patronymes des îles de l’intérieur qui se maintiennent et s’imposent (MAHE est le principal nom de l’île de Grandes-Isles), ceux des îles du sud régressent peu à peu et se marginalisent (BECCARD, ROTHOUX).

Les deux premières places sont occupées par AOUSTIN et MOYON, d’abord à égalité, mais rapidement MOYON se détache et dans la deuxième moitié du XVIII° siècle culmine à 10,2 % sur l’ensemble de la paroisse.

OLLIVAUD et VINCE se disputent longtemps la troisième position avant d’être doublés par MAHE.

Si l’on classe les patronymes en trois catégories:

   1 - les noms dominants (6 à 8)

   2 - les noms courants (35 à 40)

   3 - les divers

On constate :

   - une importance croissante des premiers,

  - un accroissement continu des troisièmes, mais plus pour le nombre des patronymes que pour celui des naissances,

  - un laminage des deuxièmes, qui peu à peu ont tendance à se confondre avec les divers et souvent à être supplantés par de nouveaux venus.

Le tableau de la page suivante (p.57) résume bien cette évolution au cours des deux siècles.

 

Il a paru intéressant d’affiner l’étude de la dernière période pour savoir si l’évolution était toujours de même sens au moment où l’accroissement de la population était le plus net

Le tableau des pages  58 et  59  donne les relevés des naissances pour les années 1767 à 1783 et 1784 à 1791, avec chiffres séparés pour Saint-Etienne et Saint-Joachim. Ils confirment que la tendance est toujours la même.

Enfin, un autre tableau résume les constatations faites concernant les patronymes de Montoir. Il donne (en %) pour une trentaine d’entre eux, l’évolution de leur importance dans l’ensemble de la paroisse pendant les deux siècles allant du début du règne de Henri IV à la fin de celui de Louis XVI.

Il est suivi à la page 61 d’un graphique qui l’explicite.

 

Sur ce graphique l’expression «Anciens noms courants» comprend : Beccard, Deniaud, Dupin, Rothoux, Bernier, Macé, Thomas, Jouaud, Eslan, Nicolas, Broband.

Les «Nouveaux noms courants» sont : Rabas, Trémaudeuc, Ricordel, David, Robert, Trémoureux, Vaillant, Bertho, Desbois, Leray.

Un autre chapitre les étudiera plus en détails, île par île.

 

Dans cette étude l’utilisation du terme «Montoir» indique qu’il s’agit de l’ensemble de la paroisse, y compris St-Joachim.

«St Etienne» concerne l’ensemble de Montoir, sauf St-Joachim.

 

Tableaux statistiques par périodes des populations et des patronymes : (voir les tableaux)

 

ÉTUDE A PARTIR DES COUPLES PROCREATEURS

 

Tout ce qui précède a été étudié à partir des naissances.

Il a paru intéressant de répertorier les couples qui ont généré ces enfants. Le tableau suivant résume ce travail. Si la colonne TOTAL n’est pas la somme des trois autres, c’est que le même couple peut se retrouver dans la première et la deuxième période.

Si on le compare au précédent, on constate que les conclusions qu’on en peut tirer sont homogènes.

 

Tableau d’analyse des couples procréateurs : (voir le tableau)

 

 

REPARTITION DES PATRONYMES

 

Tableau  récapitulatif  pour  les  patronymes  dominants, en pourcentages

 

 

 

 

 

1712 à 1747

% naissances   % couples

1748 à 1792

% naissances   % couples

 

MOYON

 

 

9,6

8,0

10,2

9,4

 

 

AOUSTIN

 

 

7,5

6,5

9,5

8,3

 

 

MAHE

 

 

7,3

6,7

9,2

9,0

 

 

OLLIVAUD

 

 

4,5

4,1

4,0

4,1

 

 

VINCE

 

 

4,3

4,0

3,5

3,4

 

 

HALGAND

 

 

4,2

4,0

4,2

3,8

 

 

PHILIPPE

 

 

2,1

2,3

1,7

1,7

 

 

FOURE

 

 

1,9

1,8

1,7

1,3

 

 

 

De cette comparaison, il ressort que le pourcentage dans la population des couples portant ces patronymes est inférieur au pourcentage des naissances qu’ils génèrent.

On peut en déduire qu’ils sont particulièrement prolifiques. Il faut tout de même atténuer cette affirmation car, parmi les autres couples qui sont plus mobiles, il y en a sûrement qui ont eu d’autres enfants avant leur arrivée sur la paroisse ou après leur départ.

Un gros travail de dépouillement et l’établissement de tableaux très détaillés ont été  nécessaires pour cette étude. En particulier des tableaux comportant le détail des «Divers» patronymes et la répartition sur les villages des différentes îles ne peuvent guère être incorporés ici.

Suivent seulement quelques tableaux plus ramassés et faciles à lire:

 

1 - Répartition géographique et patronymique des couples ayant procréé au XVIII° siècle, avant 1748  - pour l’ensemble de Montoir : (voir le tableau)

 

2 - Répartition géographique et patronymique des couples ayant procréé au XVIII° siècle, à partir de 1748 pour Saint-Joachim seulement et de 1748 à 1792 pour Saint-Etienne (voir les tableaux)

 

4 - Répartition proportionnelle des principaux patronymes par îles

·     Avant 1748

·     à partir de 1748  (voir les tableaux)    

 

Ces documents peuvent servir de liaison avec le chapitre suivant.  

 

(Haut de page)

 

 

ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE AU XVIIIe SIÈCLE

 

NATALITÉ

    

L’étude de la deuxième moitié du XVII° siècle  a montré que Montoir eut alors une moyenne annuelle de 132 naissances avec cependant une tendance continue à la baisse jusqu’en 1694 où s’amorce une remontée rapide.

Au début du XVIII° siècle, jusqu’en 1721, la moyenne est d’environ 165 naissances. Puis elle se stabilise autour de 150-155 pendant 35 ans, jusqu’en 1756. Ensuite, un trou où pendant 4 ans, de 1757 à 1760, elle stagne à 125. De 1761 à 1768 elle remonte, pour se stabiliser de 1769 à 1783 sur une plage à 180, puis atteindre les 200 de 1784 à 1791.

Schématiquement, en suivant les registres paroissiaux, on peut retenir les périodes et moyennes suivantes :

Pour l’ensemble de Montoir (registre unique) et faisant suite à une moyenne de 132 pour la deuxième moitié du XVII° siècle:

      Jusqu’en 1721         :                  165

      De 1722 à 1747       :                  153

Pour la période suivante, avec registre particulier pour Saint-Joachim :

 

Période

St Etienne

St Joachim

Total paroisse

1748 – 1756

93

57

150

1757 – 1765

80

57

137

1766 – 1783

99

67

166

1784 – 1791

116

80

196

 

 

Une constatation s’impose, que l’étude d’autres paramètres fera aussi apparaître: l’importance démographique croissante de la partie Saint-Joachim dans l’ensemble de la paroisse.

Si l’augmentation de la natalité est de 30% de 1748 à 1791 pour Montoir, elle est de 25% à Saint-Etienne et de 40% à Saint-Joachim.

La tendance générale pour le XVIII° siècle à Montoir est à une progression démographique lente mais continue dans les îles de l’intérieur. Pour le reste de la paroisse, à une stagnation et une régression jusqu’en 1766, puis une courbe ascensionnelle jusqu’à la fin du siècle.

Les courbes comparées des naissances à Saint-Etienne et à Saint Joachim montrent bien la tendance à la réduction de la différence entre elles (voir la courbe ).

Les graphiques (voir les courbes) , où, pour les deux parties de la paroisse, les courbes de naissances et de décès sont superposées, font nettement ressortir le fait qu’à Saint-Etienne, décès et naissances s’entrecroisent, alors qu’à Saint-Joachim les naissances sont régulièrement au dessus des décès.

Quelles raisons peut-il y avoir à cette importance croissante des îles situées dans la mouvance de la chapelle  Saint-Joachim ?

Influence extérieure ? Peut-être pour expliquer l’évolution du reste de la paroisse, mais sûrement pas pour le tiers des Brières.

Alors? On pense bien sûr au taux de fécondité des ménages. Il fallait s’attaquer à ce problème.

 

Cela a été fait et le tableau suivant donne le résultat de cette étude (voir le tableau).

 

1829 couples totalisant 8358 enfants ont été pris en compte. Il s’agit d’une sélection. N’ont pas été retenus les gens dont nous n’avons pas le mariage et qui auraient donc pu avoir des enfants antérieurement, dans les années pour lesquelles les registres manquent ou dans une autre paroisse. Les couples pour lesquels nous avons des naissances mais qui auraient pu avoir d’autres enfants après 1791, année à laquelle les recherches ont été limitées, ont également été négligés.

Le résultat est éloquent. Le tableau précédent est à lui seul une explication. Mais pourquoi ces différences?

     

Les courbes annuelles de naissances, mariages et décès pour toute la paroisse de Montoir (St-Joachim et St-Etienne) et l’ensemble du XVIIIème siècle sont disponibles : (voir les courbes)

 

NUPTIALITÉ

 

De la reprise des registres paroissiaux en 1712, à la disparition de ceux de Saint- Joachim en 1792, nous avons une courbe de mariages assez régulière et progressant sensiblement comme celle des naissances.

Le premier enregistré à St-Joachim l’a été le 06-02-1748, mais, contrairement à ce qui s’est passé pour les baptêmes et les décès, pendant longtemps, pratiquement jusqu’en 1780, la coutume demeura d’aller se marier à l’église paroissiale, au bourg de Montoir. Les unions célébrées à St-Joachim demeurèrent donc peu nombreuses.

Pour l’ensemble de la paroisse on passe d’une moyenne annuelle de 30 pour la première décennie concernée à 42 pour la dernière, ce qui représente une augmentation de 40% en 80 ans.

Mais qui sont les gens qui convolent chez nous ? D’où viennent-ils? La plus grande partie est bien sûr née sur la paroisse. L’apport extérieur reste sensiblement le même qu’au siècle précédent.

Sur les 2833 hommes ayant convolé pendant cette période, 546 sont des veufs, soit 19%. Les veuves sont 341, soit 12%. Moyenne générale de veufs ou veuves: 15,5%.

     

MARIAGES ENREGISTRÉS À MONTOIR AU XVIIIème SIÈCLE, JUSQU’EN  1791

                  

 

Les 2 conjoints

1 des conjoints

est étranger à

Montoir

Total des

mariages

% conjoints

étrangers

Sont      de

Montoir

Sont étrangers

A Montoir

Avant 1730

340

13

111

464

15%

Années 30

264

17

98

379

17%

Années 40

269

11

93

373

15%

Années 50

231

16

87

334

18%

Années 60

293

17

101

411

16%

Années 70

242

25

112

379

21%

Années 80

249

30

141

420

24%

1790 et 1791

46

6

21

73

 

Total

1934

135

764

2833

18,2%

 

                        

Ainsi donc, sur 5666 conjoints, il y en a 1034 qui viennent d’une autre paroisse. Ils se répartissent en 795 hommes et 239 femmes.

Compte tenu des remariages, ce sont 705 hommes et 226 femmes  qui sont venus d’ailleurs se marier à Montoir.

Les tableaux suivants indiquent leurs origines:

 

 

ORIGINE  DES  CONJOINTS  MARIÉS  A  MONTOIR MAIS  NÉS  DANS  UNE  AUTRE  PAROISSE

                        

  Paroisses  limitrophes  ou  voisines  avec  lesquelles  les relations sont  nombreuses

 

 

Localité

  Hommes

Femmes

     Total

 

Donges

115

28

143

 

Missillac et les Marais

78

45

123

 

Saint-Nazaire

93

22

115

 

Pontchâteau / Ste Reine

60

35

95

 

Crossac

63

32

95

 

Besné

24

5

29

 

Herbignac

22

6

28

 

Prinquiau

15

5

20

 

 

 

 

 

 

Total

470

178

648

 

 

 

 

 

 

2° paroisses  limitrophes  ou  voisines  avec  lesquelles  les relations sont  restreintes

 

 

Localité

  Hommes

Femmes

     Total

 

Guérande

8

4

12

 

Campbon

14

5

19

 

Saint-André

8

3

11

 

Saint-Lyphard

4

 

4

 

Savenay - Bouée

11

1

12

 

 

 

 

 

 

Total

45

13

58

 

 

 

 

 

 

 

3° Autres  paroisses  du  diocèse  de  Nantes

 

 

Localité

  Hommes

Femmes

Localité

Hommes

Femmes

 

Ancenis

1

 

Maleville

2

1

 

Assérac

4

 

Mesquer

 

1

 

Arthon-en-Retz

1

 

Nantes

3

1

 

Avessac

2

2

N.D. de La Haye

1

 

 

Batz – Le Croisic

3

 

Nivillac

3

3

 

Bouguenais

1

 

Paimboeuf

6

2

 

Bouin

1

 

Piriac

2

 

 

Bourgneuf-en-Retz

1

1

Pornic

 

1

 

Blain

1

1

Prigny

1

 

 

Camoël

1

 

Puceul

2

 

 

Couëron

4

 

Rezé

1

 

 

Dréfféac

2

 

Sautron

1

 

 

Escoublac

4

 

Sévérac

1

1

 

Fégréac

5

 

Saint-Etienne-de-Montluc

2

 

 

Férel

2

 

Saint-Dolay

6

7

 

Frossay

1

 

Saint-Gildas-des-Bois

5

1

 

Guémené-Penfao

1

 

Saint-Jean-de-Boiseau

1

 

 

Guenrouët

1

 

Saint-Herblain

 

2

 

Joué

1

 

Sainte-Lumine-de-Coutais

1

 

 

Lavau

1

 

Saint-Molf

5

 

 

La Chapelle-Launay

2

 

Sainte-Opportune

3

 

 

La Remaudière

1

 

Vieillevigne

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Total

 

 

 

88

24

 

 

 

 

 

 

 

 

4° Autres  diocèses  de  France 

 

 

Localité

  Hommes

Femmes

Localité

Hommes

Femmes

 

Diocèse de Rennes

 

 

 

 

Bains

3

 

Rennes St Martin

1

 

Métesse

1

 

Rennes St Germain

1

 

Rennes St Etienne

1

St Martin de Nouvaillon

1

 

 

 

 

Diocèse de Vannes

 

 

Allaire

3

 

Noyal - Muzillac

1

1

 

Arzal

2

1

Péaule

2

1

 

Arson

1

Peillac

1

 

 

Béganne

2

 

Pluheslin

1

 

 

Billiers

1

1

Questembert

2

1

 

Bourgpaul-Muzillac

1

 

Rieux

1

 

 

Congar

2

 

Redon

5

 

Elven

1

 

Surzur

1

 

 

Langon

1

Sulniac

1

 

La Roche-Bernard

1

 

St Gravé

1

 

Limerzel

1

 

St Jagu

3

 

 

Malestroit

3

 

St Vincent

2

 

Missiriac

1

 

St Salomon de Vannes

1

 

 

 

 

 

Diocèse de St Malo

 

 

 

Helleau

1

 

Taupon

1

 

 

Josselin

1

 

St Onen

1

 

 

Médréac

1

 

St Servan

1

 

Montauban

1

 

St Séquelin

1

 

 

Ploërmel

2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Quimper

 

 

 

 

 

 

Guiscrif

1

 

St Martin

 

1

 

Marléac

1

 

St Mayeux

 

1

 

Merzéac

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Tréguier

 

 

 

 

 

 

La Roche-Derrien

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Saint-Brieuc

 

 

 

 

 

 

La Chèze

2

 

Plaissala

1

 

 

Lanvenan

1

 

Plélan

1

 

 

La Prenetsaye

1

 

Plougast

 

1

 

Lornan

1

 

Plouguenart

2

 

 

Loudéac

1

 

St Paulan

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse d’Angers

 

 

 

 

 

 

Brissac

1

 

 

 

 

 

St Thomas de La Flèche

1

 

 

 

 

 

St Jean de Montfaucon

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de La Rochelle

 

 

 

 

 

 

Ste Eulalie-du-Benêt

1

 

St Martin de Ré

1

 

 

Tiffauges

1

 

St Pierre-du-Chemin

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Luçon

 

 

 

 

 

 

Les Brouzils

2

 

St Christophe-du-Ligneron

1

 

 

L’Ile-Dieu

1

 

St Etienne-du-Bois

2

 

 

St André-Treize-Voies

1

 

St Pierre du Poiré

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèse de Poitiers

 

 

 

 

 

 

St André-de-Blanzay

1

 

 

 

 

 

St Pierre-en-Poitou

1

 

 

 

 

 

St Gervais-en-Poitou

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diocèses divers

 

 

 

 

 

 

Cambray

 

 

St Martin du Cotiau

1

 

 

 

 

 

St Vaast

1

 

 

Laval

 

 

Avesnières

1

 

 

Le Mans

 

 

La Trinité de Laval

 

1

 

 

 

 

La Sauvagère

1

1

 

Langre en Champagne

 

 

La Crête

1

 

 

Saint-Flour

 

 

Sansac-de-Marmisse

1

 

 

Blois

 

 

La Membrolles

1

 

 

Rouen

 

 

Gaillarbois

1

 

 

Villefranche en Boisjolay

 

 

N.D. des Marais

1

 

 

Meurthe

 

 

 

1

 

 

 

 

Au siècle précédent, l’apport extérieur avait crû dans les dernières années, avec le développement de la marine française et son besoin d’hommes. Cet afflux s’est calmé et n’a repris un rythme vraiment important que dans les années 80.

Si les îles intérieures de la paroisse (St-Joachim) sont toujours peu touchées par cette immigration, il faut cependant noter des évolutions notables dans l’ensemble des comportements:

Donges est toujours la paroisse sœur avec laquelle les relations sont les plus importantes. Saint-Nazaire, Crossac, Pontchâteau et sa succursale de Sainte-Reine, Besné, conservent de nombreux liens avec Montoir.

 

Cependant les contacts s’intensifient avec les paroisses sises au nord de la Brière. Missillac et surtout sa trêve des Marais dont on parlait peu précédemment, prend la deuxième place, juste derrière Donges, comme si le marais avait cessé d’être un obstacle pour devenir un moyen de liaison privilégié.

Herbignac, dans une moindre mesure, profite aussi de ce changement.

 

Par contre, les paroisses de l’ouest: Saint-André, Saint-Lyphard, Guérande n’ont toujours que peu de relations avec les îles briéronnes.

Autre fait notable, la mobilité féminine. Parmi les conjoints nés hors de la paroisse, les femmes ne représentaient qu’environ 6% au XVII° siècle. Elles en représentent 24% au XVIII°. Si beaucoup d’entre elles sont déjà fixées chez nous depuis plusieurs années, à la suite du déplacement de leur famille, cette constatation ne manque cependant pas d’intérêt.

 

Les chiffres les plus notables sont ceux de Missillac - les Marais d’où viennent 45 femmes pour 78 hommes.

Sur les 1034 conjoints venus d’une autre paroisse dans la période 1712-1791, 650 concernent les années 1750-1791 où il est plus facile d’isoler St-Joachim.

Or, sur les 650, 48 seulement sont venus à St-Joachim, les autres dans le reste de la paroisse, soit une proportion des immigrants de 7,5% dans une population qui, elle, représente 40% de l’ensemble de Montoir.

 

Voir le graphique montrant l’évolution du nombre des conjoints originaires de Montoir ou d’autres paroisses entre 1712 et 1791.

 

 

A QUEL AGE SE MARIE-T-ON ?

 

 

Il s’agit, bien sûr, du premier mariage. La réponse la plus concrète se présente encore sous forme de courbes.

Une première courbe (voir la courbe) présente séparément les hommes et les femmes de toute la paroisse s’étant mariés pour la première fois dans la période 1712-1791 et dont l’âge exact a pu être déterminé, ce qui représente 85% des cas.

Il y apparait nettement que les femmes se marient, de 2 à 3 ans, plus jeunes que les hommes. La plus grande partie d’entre elles prennent époux entre 18 et 27 ans. A 16 et 17 ans et entre 28 et 37 il y en a encore un certain nombre. A 13-14-15 ans ou après 38 ans, ce sont vraiment des cas rares.

Les hommes se marient pour la plupart entre 21 et 29 ans, avec une pointe à 26 ans. Les mariages de 14 à 18 ans sont exceptionnels et de 30 à 37 ans, de moins en moins nombreux.

La majorité légale étant à 25 ans, c’est  la moyenne d’âge du mariage des hommes, il y en a à peu près autant avant qu’après. Par contre une forte majorité de femmes se marient mineures.

 

Etant donné que l’évolution de la démographie dans les îles dépendant de la succursale de St-Joachim est différente de celle du reste de la paroisse, il est intéressant de voir si une étude séparée de l’âge du premier mariage peut apporter une explication.

L’étude effectuée porte sur la période 1748-1791 où il y a des registres à St-Joachim, mais en y ajoutant les mariages des habitants de ces îles célébrés au bourg, de façon à avoir une situation réelle. Pour que la comparaison soit possible, il a d’autre part fallu travailler non pas en nombre, mais en pourcentage.

Les courbes (voir les courbes) ci-après donnent pour les hommes et pour les femmes les courbes séparées de St-Etienne et de St-Joachim. La lecture en est limpide. Que ce soit au masculin ou au féminin, on se marie environ deux ans plus tôt dans les îles de l’intérieur que dans le reste de la paroisse.

Les hommes de St Joachim se marient entre 20 et 28 ans, ceux de St-Etienne entre 22 et 29 ans.

Les femmes se marient de 18 à 25 ans dans le premier cas, de 19 à 27 dans le second.

En regardant ces courbes, on comprend très bien qu’elles puissent avoir une influence sur la fécondité des couples.

 

 

STÉRILITE DES COUPLES

 

Sur les 2833 mariages célébrés dans la paroisse, il y en a 471 qui n’ont pas été suivis de naissances dans la période concernée. Cela donne un taux brut de 16,6% de mariages non suivis de naissances sur la paroisse.

Pour avoir une idée de la stérilité des couples, ces chiffres demandent à être affinés. Ces 471 couples ont été étudiés un par un et classés en 7 catégories.

- 1° - 28 d’entre eux ont été célébrés dans les dernières années retenues. Les naissances n’ayant pas été relevées après 1792, ils ont très bien pu avoir des enfants alors. On ne peut donc pas parler pour eux de stérilité. Notre chiffre est donc ramené de 471 à 443.

- 2° - Pour 51 couples, l’âge de l’épouse, trop élevé lors du mariage (souvent un remariage), ne lui permettait plus d’avoir des enfants. Notre chiffre tombe à 392.

- 3° - 32 épouses sont décédées dans les deux premières années du mariage, souvent à la suite d’accidents de grossesse. Peut-on les dire stériles? Si nous les éliminons, il nous reste 360 cas.

- 4° - 57 maris sont décédés prématurément après le mariage, souvent des marins. Pourquoi, s’ils avaient vécu, n’auraient-ils pas pu avoir des enfants? Nous tombons donc à 303.

- 5° -  20 couples, originaires de la paroisse n’y ont laissé aucune trace, pas de naissances, pas de décès. On peut supposer qu’ils se sont installés ailleurs.

- 6° - 84 couples sont dans le cas des précédents, mais l’un des conjoints au moins était d’une autre paroisse. Ceci peut conforter l’hypothèse d’une installation hors de Montoir.

- 7° - Pour 199 couples on retrouve au moins un décès dans la paroisse. Ceci laisse à penser qu’ils y étaient bien établis. Pour eux il y a une forte présomption de stérilité.

 

Ainsi le nombre de couples stériles mariés à Montoir au XVIII° siècle se situerait entre 199 et 303 pour 2833, soit une fourchette de 7 à 10%.

 

Les mariages étaient donc célébrés régulièrement dans l’église paroissiale. Malgré l’érection en trêve de Montoir de la chapellenie de St- JOACHIM, il fallut 30 ans pour que tous les îliens en dépendant acceptent d’y célébrer leurs noces.

Notons cependant quelques exceptions à la règle, dues généralement, mais ce n’est pas toujours indiqué, aux conditions climatiques (inondations) et mauvais état du pont de Méan.

Mariages célébrés dans la Chapelle St Joseph de Méan :

 

22-11-1712                       Maurice DHERVE et Julienne MOINSON

26-11-1737                       Etienne LECARD et Marie GUIHARD

18-10-1740                       Jean LABOUR et Perrine DENIAUD

05-02-1742                       Pierre MOYON et Marie DENIAUD

01-09-1742                       Me Jean FRAILLON et Marie BROSSARD

18-10-1746                       Guillaume LEGOFF et Jeanne LABOUR

25-05-1751                       Jean LURON et Jeanne CHOTARD

22-07-1773                       Pierre GUILLON et Marie GIBON

23-11-1773                       Charles LABOUR et Marie MACE

 

On relève aussi un mariage célébré dans la Chapelle de St MALO:

 

15-10-1743                       Philippe CRAHE    et Françoise BROBAND

 

et un autre célébré dans la chapelle d’AISNE:

 

30-12-1761                       Guillaume BIGOT  et Marie JOUAUD

 

En Décembre 1762 apparait dans les registres paroissiaux l’enregistrement des fiançailles. Cette cérémonie qui précède le mariage de quelques semaines ou quelques mois fait l’objet d’une notation aussi précise des renseignements concernant les fiancés que celle qui figurera sur l’acte définitif.

Si cette bénédiction perdura, son enregistrement ne fut que temporaire et disparut au bout de quelques années. Cela faisait toujours des pages d’écriture en moins, d’autant qu’à cette époque les renseignements concernant les conjoints, la famille, les témoins, les assistants avaient subi une véritable inflation.

 

LA MORTALITÉ

 

Le diagramme des décès est, comme toujours à cette époque, en dents de scie. L’établissement de moyennes annuelles par décennies permet d’en résumer les fluctuations globales:

 

  1712 - 1719                165

  1720 - 1729                140

  1730 – 1739                127

  1740 - 1749                158

  1750 - 1759                116

  1760 - 1769                152

  1770 - 1779                133

  1780 - 1789                165

  1790 et 1791               133

 

La mortalité est donc demeurée assez stable tout au long du siècle avec une légère baisse jusque dans les années 50 et une légère remontée ensuite.

Les années de pointe importante où les décès ont dépassé les 200 sont:

 

  1715                          208

  1719                          218    

  1729                          228    

  1741                          254

  1748                          276

et surtout : 1783            326

 

On remarque qu’à part 1748 et 1783, les années les plus mauvaises, les pointes se trouvent dans la première moitié du siècle. Il est dommage de ne pas avoir de documents pour la première décennie. Il eut en effet été intéressant de connaître l’incidence chez nous du terrible hiver 1708-1709.

Beaucoup d’hommes de Montoir qui étaient marins sont morts en mer et dans des ports de France ou des colonies. Faut-il ajouter ces décès à ceux de Montoir? Ce n’est pas évident car il y a aussi des sépultures à Montoir de gens qui n’y étaient que de passage. Le mieux semble de s’en tenir à nos registres.

 

MORTALITÉ  SAISONNIÈRE

 

Quand mourait-on à Montoir? Le tableau ci-après répond à cette question. C’est le résumé des relevés mensuels de décès. Il récapitule par mois le nombre des inhumations effectuées

1 - pour l’ensemble de la paroisse (années 1712 à 1747)

2 - pour la paroisse sauf St-Joachim (années 1748 à 1792)

3 - pour St-Joachim (années 1748 à 1791)

 

Mois

1712 à 1747

Total Paroisse

1748

Saint Etienne

à    1792

Saint-Joachim

Janvier

421

389

200

Février

340

367

186

Mars

337

335

165

Avril

326

366

169

Mai

314

293

163

Juin

323

256

127

Juillet

336

241

111

Août

379

327

173

Septembre

505

434

197

Octobre

542

474

224

Novembre

468

412

193

Décembre

399

376

180

 

 

 

 

Total

4690

4270

2088

 

La mise en rapport de ces nombres et leur représentation graphique en permet une meilleure appréciation.

Voici donc la représentation du pourcentage des décès de chaque mois par rapport au total des décès pour les périodes 1712 - 1747 et 1748 - 1792 (voir la courbe).

 

On retrouve la constatation marquante du siècle précédent: les mois les plus mauvais sont Septembre et Octobre. Entre les première et deuxième moitiés du XVIII° siècle, il y a en cela peu de différence. On peut faire la même remarque pour Novembre, Décembre et Janvier qui sont assez mauvais, et pour août où la mortalité commence à remonter.

Par contre, pour les six autres mois, les bons, une différence apparaît entre les deux périodes.

 

De 1712 à 1747, pendant ces mois (février à juillet), il y a très peu de différence, soit une mortalité autour de 7 %.

De 1748 à 1792, au contraire, février à mai sont moins bons qu’à la période précédente, mais juin et juillet sont nettement meilleurs.

 

Il est intéressant de savoir si entre les deux parties de la paroisse la situation est identique. Après 1747 cela est relativement facile. Le deuxième graphique compare les deux courbes. Elles sont quasiment identiques. Ainsi donc, qu’on habite les îles de l’intérieur ou le tiers des prés, les problèmes de mortalité sont les mêmes.

 

 

PÉRIODES  DE  FORTE  MORTALITÉ

 

L’étude annuelle ou mensuelle de la mortalité telle qu’elle a été faite ci-dessus n’est pas encore suffisante. Les périodes où les décès sont nombreux se limitent parfois à un ou quelques mois, et peuvent être à cheval sur deux années. Il faut donc relever ces périodes.

                  

Période  1712 - 1747

 

Le tableau suivant  les situe pour l’ensemble de la paroisse. Les nombres indiqués sont ceux des décès mensuels nettement supérieurs à la normale. Les mois particulièrement mauvais sont soulignés et l’on constate, qu’excepté mai et juin 1741, tous sont septembre et octobre.

 

Période

 

05

06

07

08

09

10

11

12

01

02

03

04

1712

 

 

 

23

20

13

21

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1716

22

22

26

19

23

19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1718 – 1719 

 

 

 

 

 

33

17

15

17

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1719

 

 

 

 

56

26

21

24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1723

 

 

17

17

17

39

17

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1728 - 1729

 

 

 

 

 

 

 

21

31

18

22

18

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1729 - 1730

 

 

17

24

 

 

25

20

17

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1733

 

 

 

 

23

24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1737 - 1738

 

 

 

 

 

21

28

17

18

18

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1739

 

 

 

 

19

41

 

 

22

20

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1741 - 1742

41

42

 

 

24

32

20

25

23

18

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1746 - 1747

 

 

 

 

36

21

21

 

19

14

13

17

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1747

 

 

 

 

23

37

25

 

 

 

 

 

 

Le tableau suivant permet d’analyser les périodes de mortalité importante par tranches d’âges. (Voir le tableau)

 

Aucune information ne nous permet de connaître les causes de ces flambées de mortalité: Epidémies?  Intempéries?  Famines? Essayons, d’après les renseignements que nous avons, de déterminer pour les mois cruciaux, les catégories de personnes touchées.

Ceci fait l’objet d’un second tableau (voir page précédente) où les décès sont répartis par tranches d’âge. Avant 1730 seuls les mois très en pointe ont été étudiés car alors les âges ne sont pas faciles à retrouver. Les périodes suivantes ont été complètement prises en compte.

Il apparaît à la lecture de ces tableaux que ce sont surtout les enfants de moins de 10 ans qui sont particulièrement frappés dans ces durs moments. Quand on travaille uniquement sur les pointes, cette catégorie arrive à représenter plus de 70 % des décès.

Dans les périodes de forte mortalité, sur plusieurs mois mais sans fortes pointes, elle en représente entre 70 et 40 %.

Il faut cependant noter une exception à ce constat. Aux mois de mai et juin 1741, ce sont les adultes et particulièrement les plus de 40 ans qui sont frappés. Ils font 60 % des décès. Ce ne peut être qu’une épidémie qui a ainsi décimé la population adulte, mais de quel mal s’agissait-il?

 

Années postérieures à 1747

 

La succursale de St-Joachim a alors son autonomie concernant les inhumations. On peut donc sans difficultés suivre l’évolution des deux parties de la paroisse. Il est de plus en plus nécessaire de raisonner sur des pourcentages, les comparaisons de nombres bruts étant moins évidentes.

Il est apparu précédemment (page 99) que les courbes de décès mensuelles sont très proches l’une de l’autre. Il y a donc homogénéité dans ce cas entre les différentes composantes de la paroisse, quelque soit leur situation géographique.

Le tableau de la page suivante, répertoriant les mois où la mortalité est particulièrement forte montre que ces pointes sont plus nombreuses à St-Etienne jusqu’en 1766 et à St-Joachim après cette année là.

 

Deux années sont particulièrement mauvaises : 1748 et 1783. Le phénomène s’y prolonge sur plusieurs mois consécutifs.

On remarque qu’en 1748 ce sont les mois d’août à décembre qui sont les plus touchés, tandis qu’en 1783 ce sont ceux de janvier à juin, donc deux périodes totalement différentes. La cause de cette mortalité est inconnue, mais si elle est épidémique, comme c’est probable, force est de constater qu’elle ne vient pas du marais mais de l’extérieur. St-Etienne est en effet touchée plusieurs mois avant que le mal n’arrive à St-Joachim, où en revanche, il est particulièrement meurtrier, surtout en 1783. Les décès de mai et juin étant plus de 10 fois supérieurs à la moyenne.

 

Nombre de décès - Période de très forte mortalité - 1748 / 1792

 

Les nombres en rouge sont ceux de St Joachim, les autres ceux de St Etienne

 

Période

 

07

08

09

10

11

12

01

02

03

04

05

06

1748

 

38

42

33

18

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

14

19

12

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1754

 

 

 

19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1756

 

 

20

47

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1760

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1761

 

 

 

 

 

 

 

15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1762

 

 

 

18

13

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1763

 

 

 

19

 

 

23

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1764

 

 

22

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1765

 

 

 

22

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

16

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1766

 

 

 

 

 

 

20

21

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1769

 

 

12

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1772

 

 

 

 

 

 

20

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1777

 

 

 

14

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1780

 

 

 

12

 

 

 

 

 

 

13

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1783

 

 

 

 

 

 

27

30

31

24

19

 

 

 

14

 

 

 

 

 

 

 

21

37

32

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1789

 

 

13

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1748-1792 : St-Etienne   : Mortalité : Périodes de pointe par tranches d’âge

 

 

Août à Novembre

1748

Autres périodes

Janvier à

Mai 1783

< 1 semaine

7

9

5

1 semaine à 1 mois

3

13

3

1 mois à 1 an

19

18

6

1 an

7

14

11

2 ans

18

6

3

3 ans

15

5

6

4 ans

11

10

3

5 ans

6

7

7

6 ans

9

4

3

7 ans

1

 

2

8 ans

5

5

 

9 ans

1

2

3

10 ans

2

3

5

11 ans

1

3

2

12 ans

1

3

1

13 ans

3

4

1

Sans âge (enfants)

3

 

1

 

 

 

 

Total enfants

111

106

62

 

85 %

51 %

47 %

 

 

 

 

14 19 ans

1

1

2

20 à 29 ans

2

9

4

30 à 39 ans

2

14

9

40 à 49 ans

7

13

16

50 à 59 ans

3

15

11

60 à 69 ans

3

25

8

70 à 79 ans

1

17

14

80 à 89 ans

1

7

3

+ de 90 ans

 

1

 

Sans âge (adultes)

 

1

2

 

 

 

 

Total adultes

20

103

69

 

 

 

 

Total général

131

209

131

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1748-1792 : -St-Joachim : Mortalité: Période de pointes par tranches d’âge

 

 

Octobre à

décembre

1748

Autres périodes

Avril à Août

1783

< 1 semaine

1

1

1

1 semaine à 1 mois

3

7

1

1 mois à 1 an

8

19

6

1 an

6

12

12

2 ans

4

26

17

3 ans

6

12

10

4 ans

5

10

10

5 ans

3

10

1

6 ans

2

10

4

7 ans

1

4

 

8 ans

2

4

2

9 ans

1

3

6

10 ans

 

3

5

11 ans

 

4

1

12 ans

 

2

2

13 ans

1

1

1

 

 

 

 

Total enfants

43

128

79

 

93 %

75 %

76 %

 

 

 

 

14 19 ans

1

 

 

20 à 29 ans

 

4

3

30 à 39 ans

 

1

8

40 à 49 ans

 

7

1

50 à 59 ans

1

5

6

60 à 69 ans

 

12

4

70 à 79 ans

1

9

3

80 à 89 ans

 

4

 

+ de 90 ans

 

 

 

Sans âge (adultes)

 

 

 

 

 

 

 

Total adultes

3

42

25

 

 

 

 

Total général

46

170

104

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’analyse de ces périodes par tranches d’âge indique qu’en 1748 ce sont essentiellement les enfants qui sont touchés dans l’ensemble de la paroisse. Pour les autres pointes il y a discordance entre St-Etienne où la mortalité frappe plutôt les adultes et St-Joachim où elle frappe surtout les enfants.

 

LIEUX DE SÉPULTURES

 

Le siècle précédent s’était terminé avec un taux d’inhumations dans l’église inférieur à 50 %. L’absence de registres au début du XVIIIème siècle ne permet pas d’avoir une connaissance exacte de la situation à Montoir. Elle était sans doute la même que celle des autres paroisses de la région. Soit une utilisation de l’église pour l’enfouissement des corps encore très importante.

 

C’est en 1709 que tout va basculer et la situation s’améliorer d’une manière irréversible.

Au début de cette année arrive dans la région le Père Louis-Marie GRIGNON de MONTFORT, grand prédicateur devant l’Eternel. Agé de 36 ans, il a déjà une solide réputation. Missionnaire à la foi robuste, homme d’action, organisateur, tribun à la parole enflammée, il exerce une influence considérable sur le peuple. Sa dévotion à la Vierge, son souci des pauvres et des malheureux s’accompagnent d’un don de bâtisseur qui lui fera entreprendre la construction, colossale pour l’époque, et avec le seul concours bénévole des paysans de la région, du fameux calvaire de Pontchâteau que tous connaissent.

Au début de 1709, il arrive donc à Campbon et se trouve confronté au problème de l’église-charnier. Rapidement il y remet de l’ordre, les morts vont au cimetière. L’église est assainie.

En juin il est à Crossac où il agit avec la même détermination. Le 22 septembre à l’issue de la mission prêchée à Besné, il fait signer par les notables un acte décidant qu’à l’avenir les morts devront être inhumés au cimetière. Le 2 décembre dans les mêmes circonstances, est établi à Missillac un acte d’abolition des inhumations dans l’église.

S’il ne vint pas à Montoir, son influence s’y fit cependant sentir. A la reprise des registres, en 1712, il y a encore parfois quelques inhumations dans la chapelle du Rosaire, mais cela cesse rapidement. Il n’y eut qu’une période en 1741-1742 où une trentaine de corps furent enterrés dans l’église. Les sépultures avaient donc lieu dans les cimetières.

 

Il est intéressant de constater qu’à St Nazaire la lutte fut beaucoup plus longue. Après l’imposition des tarifs dissuasifs de 1688, on utilise davantage les cimetières, mais dès 1696 et jusqu’en 1707 on revient à l’église.

 De 1708 à 1715 on n’enterre que dans le cimetière près de l’église. Mais la mer ayant ouvert des brèches dans son mur de clôture, on reprend les inhumations uniquement dans l’église.

 En 1719, «à cause de la contagion des cadavres remplissant l’église», le Général prescrit d’enterrer à N.D. d’Espérance au même tarif que dans le bas de l’église. En fait on revient au cimetière. D’où, en 1721, protestation du Général qui manque de ressources.

En 1725  supplication pour enterrer dans l’église puisqu’il n’y a plus de place dans les cimetières. Cette situation dure jusqu’en 1756 où on enterre encore le quart des morts dans l’église.

En cette année 1756 le Général de St Nazaire demande un relèvement des tarifs pour faire face à ses besoins d’argent. Mal lui en prend. Un grand débat s’établit devant la Cour. Il se termine par l’interdiction d’enterrer dans l’église. Ce n’est donc que cette année-là que cesse cette habitude.

 

L’érection de St-Joachim en succursale autonome fit naître chez certains la tentation de se faire inhumer dans la chapelle. De 1748 à 1758, il y eut une quinzaine de tels cas, mais cela ne dura pas.

 

Le 3 mars 1715, le recteur de Verthamon bénit le terrain situé près de la chapelle de la Trinité pour en faire un cimetière car les autres ne suffisent plus. Situé au milieu du bourg on l’appelle le cimetière de la Trinité ou le Grand Cimetière. Réservé à l’inhumation des adultes, il complète celui du Rosaire. Celui de St Jean est toujours réservé aux petits enfants.

Il est impossible de faire des statistiques sur l’utilisation de l’un et l’autre car bien souvent  à cette époque on ne précise pas de quel cimetière il s’agit.

Occasionnellement un corps est enterré à Méan, dans ou près de la chapelle. Cela est rare et dû aux difficultés de communication avec le bourg (inondations, mauvais état du pont). Il s’agit aussi parfois d’un noyé ou d’un mendiant étranger au pays et dont personne ne s’occupe.

 

En 1781 les cimetières sont saturés et leur présence dans le bourg mal supportée. Le 19 février une requête est déposée par le recteur et les notables pour  en créer un de remplacement en dehors de l’agglomération. Les formalités traînent en longueur jusqu’à la période de forte mortalité qui sévit au début de 1783. La Cour de Parlement ordonne alors, le 28 mars, d’acheter un terrain et d’entreprendre les travaux de clôture.

 

La période d’intense mortalité passée, la construction des murs est stoppée à la fin de l’année. Le 16 octobre 1787 un arrêt du Parlement de Rennes ordonne la reprise des travaux pour un achèvement au mois de mars 1788. On ignore si ce délai fut bien tenu, mais sitôt sa mise en service, on l’appelait alors «le cimetière nouveau ou du Calvaire», les autres sont désaffectés puis vendus comme biens nationaux. (Médiathèque de Nantes 51-864-39993).

 

LONGÉVITE - ESPÉRANCE DE VIE

 

Personnes  nées  de  1718  à  1747

 

L’étude a consisté à retrouver la date de décès de chaque enfant né de 1718 à 1747. Pourquoi cette période ? Parce qu’à partir de 1718, nous avons tous les registres de Montoir, ce qui n’est pas le cas pour les années précédentes et parce que 1747 est l’année au cours de laquelle la trêve de St-Joachim commence à avoir ses propres registres. Il s’agit donc de l’ensemble de la paroisse. Par la suite St-Etienne et St-Joachim seront étudiés séparément.

 

Pour les 4661 naissances de ces 30 années, 4019 décès sont connus soit 86,3 %.

 

Le Tableau et la courbe de longévité donnent leur répartition par âges. Noter qu’il s’agit d’âges réels déduits du rapprochement des dates de naissance et de décès, non pas des âges figurant sur les actes d’inhumation qui sont bien souvent approximatifs.

 

On y trouve d’abord les enfants morts dès la naissance, les «anonymes».

 

Ensuite ceux qui sont morts l’année même de leur naissance, soit une moyenne de 6 mois. Puis ceux morts, l’année suivant leur naissance et ainsi de suite. L’âge étant déterminé par différence entre les années de naissance et de décès, quand on dit 5 ans, c’est en fait  entre 5 et 6 ans, soit une moyenne de 5 ans 1/2.

 

Restent 642 décès, soit 13,7 %, qui n’ont pas été retrouvés, ni dans les registres paroissiaux, ni dans ceux de la Marine.

 

Il s’agit, d’une part, de gens morts sur la paroisse mais dont l’enterrement n’a pas été enregistré, cela s’est surtout produit pendant la tourmente révolutionnaire où ce travail a été quelque peu négligé à St-Etienne et abandonné pendant plusieurs années à St-Joachim. Cela concerne des gens d’au moins 45 ans puisque nés avant 1748 et décédés après 1791, donc uniquement des adultes.

 

D’autre part, des personnes ont quitté Montoir pour s’installer dans des paroisses voisines ou éloignées, des marins sont disparus en mer ou dans des terres lointaines sans que l’Inscription Maritime  en ait été informée. De toute façon il s’agit presque exclusivement d’adultes. Les enfants en bas âges ayant quitté Montoir avec leur famille sont certainement peu nombreux.

 

Les décès d’enfants peuvent donc être rapportés non pas au nombre de décès retrouvés, mais au nombre de naissances enregistrées. Ainsi le tableau révèle que la mortalité à la naissance était de 4 %. En y ajoutant ceux qui sont morts dans l’année même de leur naissance, on arrive à 21,6 %, soit un enfant sur cinq.

 

En s’en tenant à la notion de «petits enfants» retenue pour l’inhumation dans le cimetière St Jean, soit 5 ans, cela donne 39 %.

 

Donc 2 bébés sur 5 ne dépassent pas le stade de la petite enfance. Ensuite la mortalité encore assez forte diminue de 6 à 10 ans. De 11 à 18 ans les décès sont peu nombreux. Les enfants qui ont tenu jusque là sont assez forts pour faire leur puberté sans problèmes.

 

De 19 à 24 ans, la mortalité est forte. Les couples se forment. Les hommes sont à l’épreuve du travail et de la mer. Les jeunes femmes sont affrontées aux dangers des grossesses et des premières maternités.

 

De 25 à 40 ans, la situation se stabilise. Ensuite les chiffres baissent lentement jusqu’à 65 ans, puis remontent jusqu’à 77 ans pour baisser de nouveau rapidement jusqu’à 86 ans, s’amenuiser de 87 à 89. De 90 à 95 ans il y a 1 ou 2 décès par an. C’est l’âge le plus avancé relevé.

                  

Neuf personnes nées pendant la période considérée sont mortes de 90  à 95 ans.

Un seul homme : Etienne Simon MOYON né le 18.11.1731 fils de Mre. Gilles MOYON et Claudine AOUSTIN. Il est décédé à 91 ans. Il avait eu 11 enfants de sa femme Rose JOUAUD morte le 07.07.1809 à 77 ans.

 

Trois femmes célibataires :

 

Marie AOUSTIN née le 14.02.1721 à Guersac décédée à 91 ans.,

Marie DESBOIS née le 30.10.1729 au bourg, morte à 95 ans,

Perrine CHAUVE née le 13.12.1743 au Clos, morte à 95 ans.

 

Cinq femmes mariées :

 

Perrine LAURENT née le 14.05.1737 mariée le 20.07.1762 à Nicolas HARAULT de Trignac - 6 enfants - Morte à 90 ans,

 

Julienne Perrine GAUVAIN née le 24.11.1734 mariée le 12.02.1760 à Jean GILET de Camé - 4 enfants - Morte à 92 ans.

 

Catherine BODET née le 14.08.1743 mariée le 16.01.1770 à Joseph LEMES de Méan - 4 enfants - Morte à 92 ans.

 

Anne MOYON née le 06.04.1742 mariée le 09.08.1763 à Etienne MOYON d’Aignac - 7 enfants - Morte à 93 ans.

 

Marie VAILLANT née le 21.10.1737 à Grandes Isles - mariée le 27.11.1762 à Jean MEAUDE - 4 enfants - Morte à 93 ans.

 

Il eut été fort intéressant d’avoir des études de longévité distinctes pour les hommes et pour les femmes, mais le travail aurait été trop important.

Il a cependant été possible de relever les décès de femmes lors d’un accouchement ou dans les jours l’ayant suivi. Entre 1718 et 1747 il y en a eu 121.

 

Personnes  nées  de  1748  à  1792

 

La même étude a donc été faite pour les personnes nées entre 1748, année où la trêve de St-Joachim a son autonomie et 1792, dernière année des registres paroissiaux (1791 pour St-Joachim).

 

Il en résulte deux documents séparés, l’un concernant les habitants des territoires restés liés directement à l’église St-Etienne du bourg de Montoir, l’autre ceux des îles de l’intérieur desservies par les vicaires de Montoir, détachés comme chapelains au service de la succursale de St-Joachim. Le nombre total des naissances pendant cette période est de 7335 dont environ 60 % pour St-Etienne et 40 % pour St-Joachim.

 

ST-ÉTIENNE

 

Les registres de l’église paroissiale comportent 4483 naissances en 45 ans, soit une moyenne annuelle de 100.

Le système de recherche ayant été le même que pour la période précédente, il a été possible de retrouver le décès de 3884 de ces personnes soit 86,6 % pratiquement sans changement.

Le Tableau suivant (Longévité à St Étienne) a été établi suivant les mêmes critères que celui qui le précède. On y trouve donc les nombres de décès aux différents âges. Les 13,4 % de décès inconnus concernent essentiellement des adultes.

Précisons de nouveau que ce tableau ne concerne que St-Etienne alors que le précédent valait pour l’ensemble de la paroisse.

 

La mortalité à la naissance est de 3,25 %. Ajoutée à celle constatée dans l’année même de la naissance, on arrive à 18,7 %. Les décès dans la petite enfance s’élèvent à 34 %, donc 1 sur 3. La courbe de longévité subit les mêmes variations que précédemment avec cependant quelques tendances intéressantes. On meurt moins dans les jeunes années, surtout de 12 à 19 ans. On meurt plus après 50 ans et surtout après 75 ans.

 

32 personnes sont mortes de 90 à 96 ans.

Le 20 mars 1864 mourait au bourg Françoise Modeste DUPIN, dans sa 101ème année. Elle était née le 15.09.1763 de Joseph et Péronnelle VINCE et avait épousé le 31.05.1796 Etienne HALGAND, un marin dont elle était veuve depuis 1811.

Cent femmes sont mortes à la suite d’un accouchement pendant cette période.

 

ST-JOACHIM

 

Le dernier registre paroissial est celui de 1791. Les baptêmes relevés au nombre de 2852 ne concernent donc que 44 années, soit une moyenne annuelle de 65 (Longévité à St Joachim) .

Il a été possible de retrouver les décès de 2552 de ces personnes, soit 89,5 %, plus que pour le reste de la paroisse (86,6 %). Ceci est d’autant plus remarquable que pendant la période révolutionnaire les registres n’ont pas été tenu en 1792-93 et 94 et très partiellement de 1795 à 1800. Ce n’est qu’à partir  de 1801 que les choses sont rentrées dans l’ordre.

 Pendant ces 9 années, nous avons donc très peu de décès et malgré cela, sur l’ensemble nous arrivons à en avoir 89,5 %. Il est vraiment dommage que ces années manquent.

Cela prouve que la population était remarquablement sédentaire. Il y avait  peu de marins et peu de gens allant s’installer hors de leurs îles.

La mortalité à la naissance et pour l’année de cette naissance a été calculée comme précédemment :

- mortalité à la naissance : 4 %,

- mortalité l’année même de la naissance : 16,7 %.

Pour la mortalité de la petite enfance, il n’a été tenu compte que des années 1748 à 1785. En allant plus loin, les chiffres auraient été faussés par les registres manquants.

 

Ceci nous a amené à tabler sur un total de naissances de 2367 et 838 décès soit 35,4 %.

 

En résumé, on peut dire que tout au long du siècle, la mortalité à la naissance s’est maintenue à 4 %. Celle de l’année de la naissance, soit une moyenne de 6 mois a légèrement baissée, passant de 21 % à 18 % à Montoir et 16 % à St-Joachim.

 

Pour l’ensemble des petits enfants, elle est passée de 39 % à 34 % pour Montoir et 35 % pour St-Joachim, soit une baisse de 4 à 5 points.

L’allure générale de la courbe de longévité (Pages 117 et 118) est semblable pour les deux parties de la paroisse, avec tout de même une différence considérable. La mortalité importante des 19-24 ans n’existe pas à St-Joachim c’est au contraire une tranche d’âge où l’on meurt peu. Pourquoi ? La mortalité des jeunes mères n’est pas en cause. 69 décès contre 100 à St Etienne, c’est dans la norme. En fait, c’est la situation de St Joachim qui est normale. St Etienne paye lourdement sa vocation maritime.

 

Le Tableau  des Décès des marins établi d’après les décès de marins de 1701 à la fin du premier empire, montre bien que 35 % d’entre eux meurent entre 19 et 25 ans et 63 % entre 19 et 32 ans.

 

 

VUE D’ENSEMBLE SUR L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE

 

 

La paroisse de Montoir était donc composée d’îles dont les habitants évoluèrent peu à peu, quant à leur mode de vie, suivant leur isolement ou leur proximité de l’estuaire.

 

Ceux des îles de l’intérieur continuaient leur vie ancestrale sur leurs territoires exigus, tirant profit au maximum de leurs immenses marais. Les autres s’orientaient de plus en plus vers la navigation, procurant aux armateurs et à la marine royale une main-d’œuvre qu’il fallait nombreuse et continuellement renouvelée.

 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce sont les premiers qui, démographiquement, prirent de plus en plus d’importance.

Dans la seconde moitié du XVIIème siècle, représentant 20 % de la population paroissiale, ils se construisirent une chapelle dédiée à St-Joachim qui servit de point de rencontre pour ceux de Grandes Iles, Fédrun, Aignac et Mazin.

 

75 ans plus tard ils pesaient 30 % de la paroisse et leur mentalité se différenciait de plus en plus de celle des autres montoirins. Ils obtinrent l’autonomie de leur chapelle et son érection en succursale de l’église paroissiale.

 

Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, St-Joachim regroupait 40 % des paroissiens.

 

Les pages précédentes fournissent des explications à cette évolution : population très sédentaire, mariages plus précoces (2 ans), fécondité plus importante (1 enfant sur 4,5 = 22 %).

 

Ajouter à cela une mortalité au pays identique, mais forte chez les marins à l’extérieur, ce qui touche moins St-Joachim.

 

En chiffres absolus, la population de St-Etienne fut à la baisse jusqu’en 1765 malgré les apports extérieurs et la venue de quelques gars de St-Joachim qui, se faisant marins, s’installaient plus près de la mer.

 

C’est dans le dernier quart du siècle que ce mouvement se développa avec les besoins toujours plus grands de la marine pour la course, les combats de la guerre d’Indépendance d’Amérique, des guerres de la Révolution puis plus tard de l’Empire.

 

Les Briérons, sans quitter leurs marais, se firent plus volontiers marins. Mais, nous passons alors à un autre siècle.

 

 

ESTIMATION GLOBALE DE LA POPULATION

 

Basée sur les moyennes annuelles des naissances et un taux de natalité de 35 pour 1000.

 

 

 

Saint

Etienne

Saint

Joachim

Total

Montoir

 

Naissance

Population

Naissance

Population

Naissance

Population

 

 

 

 

 

 

 

1680 – 1690

 

 

 

 

132

3800

 

 

 

 

 

 

 

1700 – 1721

 

 

 

 

165

4700

 

 

 

 

 

 

 

1722 – 1747

 

 

 

 

153

4400

 

 

 

 

 

 

 

1748 - 1756

93

2650

57

1650

150

4300

 

 

 

 

 

 

 

1757 – 1765

80

2300

57

1650

137

3950

 

 

 

 

 

 

 

1766 – 1783

99

2800

67

1900

166

4700

 

 

 

 

 

 

 

1784 - 1791

116

3300

80

2300

196

5600

 

 

 

 

 

 

 

 

La ventilation de cette population sur les différentes îles a été faite par analyse du répertoire des couples ayant procréé à cette époque.

                  

Il en résulte le tableau et le graphique des Variations démographiques.               

 

 

(Haut de page)

 

 

 

 

ANNEXE

 

 

 

LE  XIXème  SIÈCLE A SAINT-JOACHIM

 

 

L’étude qui précède a été réalisée essentiellement grâce à un dépouillement minutieux des registres paroissiaux de Montoir et de Saint-Joachim. Elle s’arrête donc à leur disparition en 1791 et 1792.

Ceux-ci furent remplacés par les nouveaux registres «d’Etat Civil».

A Montoir il n’y eut pas d’interruption très marquée mais les documents des années troublées de la Révolution sont manifestement incomplets. Beaucoup de parents, contestant la légitimité du curé constitutionnel, refusaient de porter leurs enfants à l’église et les faisaient baptiser en cachette par des prêtres réfractaires. Ils négligeaient fréquemment de les faire inscrire à la mairie. Cependant les choses rentrèrent dans l’ordre assez vite.

Il en fut de même pour les décès. Beaucoup de corps furent enterrés à la sauvette, sans déclaration.

Nombre de mariages ne furent officialisés que des années plus tard.

 

A Saint-Joachim, au contraire, il y eut vraiment rupture.

Les registres paroissiaux disparurent au début de 1792. Ceux d’état civil ne débutèrent qu’en 1795. Ils ne comportèrent d’abord que quelques noms, puis s’étoffèrent peu à peu. A la fin du siècle ils étaient presque  corrects, mais ce n’est qu’à partir de 1805 qu’ils furent tenus d’une façon tout à fait normale.

 

Il a paru intéressant de voir comment la démographie a continué d’évoluer au XIXème siècle, mais uniquement dans la commune de Saint-Joachim qui, malgré l’insertion de plus en plus importante  de ses hommes dans la navigation et  la construction navale, garda son caractère briéron.

C’est ce que nous allons voir en nous servant des mêmes critères que précédemment.

 

 

1792  à  1800

 

 

Pendant cette période, en plus des quelques inscrits portés sur les registres, il a été possible, à partir de documents ultérieurs, de reconstituer des listes de naissances par années avec, parfois, indication du mois et même du jour. Il est évident qu’elles sont incomplètes. Les naissances d’enfants morts en bas-âge notamment, ne peuvent être retrouvées.

 

Voici, par années, le nombre de celles qui ont été enregistrées ou reconstituées :

1792  =  38  1795  =  53        1798  =  73

1793  =  56  1796  =  60        1799  =  66

1794  =  51  1797  =  64        1800  =  64

 

Pour les décès la difficulté est plus grande et donc le nombre de ceux retrouvés plus faible, soit par années :

1794  =   1   1797  =   9        1799  =  14

1795  =   7   1798  =  24        1800  =  16

1796  =  10

 

Les mariages étaient plus facilement officialisés, souvent avec retard, à la suite d’une naissance et plutôt à Montoir qu’à Saint-Joachim où les registres n’étaient pas tenus ou l’étaient mal. On en dénombre ainsi:

          

1793  =   6  1796  =    9        1799  =  25

1794  = 26   1797  =  17        1800  =  10

1795  =   4   1798  =  21

 

D’une comparaison avec les années suivantes, on peut déduire que pratiquement tous les mariages de Saint-Joachim furent alors enregistrés à l’état civil de l’une ou l’autre commune.

 

 

1801  à  1830

 

Depuis le mois de novembre 1799 le régime politique de la France est le Consulat. Le général Napoléon Bonaparte, premier consul, dirige le pays. Le plébiscite de mai 1802 lui confie cette charge «à vie».

Le 18 mai 1804 l’Empire est proclamé et Napoléon Ier est sacré empereur le 2 décembre de la même année.

Celui-ci est amené à abdiquer le 11 avril 1814. Après son retour de l’île d’Elbe et les «Cent jours», la défaite de Waterloo le 18 juin 1815 met fin définitivement à l’Empire.

Lui succède la «Restauration» des Bourbons avec les deux frères de Louis XVI : Louis XVIII jusqu’à sa mort en septembre 1824, puis Charles X renversé par la «Révolution de juillet» 1830

 

Cette période comprend donc 15 années marquées par la poursuite des guerres de la Révolution contre les grandes monarchies européennes coalisées contre la France, puis 15 années de paix extérieure.

 

Les patronymes

 

2631 naissances se rapportant à 78 patronymes différents ont été enregistrés pendant cette période.

Les 3 plus importants de ceux-ci totalisent 1390 des nouveaux nés soit 53 % de l’ensemble.

Les 7 les plus typiques arrivent à 1996, soit 76 %

Les 23 avec 10 naissances ou plus chacun en totalisent 2360, soit 90 %.

Il reste donc 55 patronymes divers qui ne font que 10 % de l’ensemble.

 

Voici, par ordre d’importance, la liste des 23  patronymes représentatifs de 90 % de la population :

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

 

MOYON

470

 

VAILLANT

16

 

 

AOUSTIN

466

 

LEGOFF

15

 

 

MAHE

454

 

MEAUDE

14

 

 

VINCE

211

 

DUBOIS

14

 

 

HALGAND

174

 

RENAUDIN

14

 

 

FOURE

113

 

BODET

12

 

 

OLLIVAUD

108

 

NERCEGER

12

 

 

PHILIPPE

78

 

LOISEAU

12

 

 

PEZERON

64

 

SIMON

11

 

 

THOMAS

49

 

BLOYET

10

 

 

TREMAUDEUX

30

 

PERRAUD

10

 

 

 

GUIHENEUF

10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La moyenne annuelle des naissances est de 87,7      

30 sont illégitimes, soit 1,15 %

10 sont posthumes

90 sont celles de jumeaux soit 45 naissances gémellaires

6 enfants sont issus de 2 accouchements triples donc 3,6 % des enfants nés à cette époque sont issus de naissances multiples.

 

 

1831 à 1850

 

 

La «Monarchie de juillet», née sur les barricades de 1830, est le règne d’un représentant de la branche des «Orléans», Louis-Philippe Ier, roi des Français.

La bourgeoisie a une influence prépondérante.

L’industrialisation et l’activité économique sont intenses.

Les chemins de fer se développent.

La France s’installe en Algérie.

En Brière les grands travaux de dessèchement des marais de Donges et de la Boulaye sont réalisés.

A la fin de février 1848 une simple émeute oblige le vieux  roi à abdiquer.

La deuxième République a bien du mal à se mettre en place. Le gouvernement provisoire de Lamartine et Louis Blanc se disloque lors de la répression de la révolte sur les barricades du 23 au 26 juin.

En décembre de la même année le prince Louis Napoléon Bonaparte est élu président de la République.

 

Patronymes

 

Pour cette période ont été enregistrées 2311 naissances concernant 77 patronymes différents. La moyenne annuelle est donc de 115,5.

 

Les 3 noms dominants en totalisent 1218, soit 53 %.

Les 7 les plus typiques arrivent à 1730, soit 75 %.

Les 23 les plus courants avec un minimum de 9 naissances chacun en totalisent 2095, soit 90 %.

Les 10 % qui restent comprennent 54 patronymes divers.

 

7 de ces naissances sont illégitimes, 9 sont posthumes et 40 sont celles de jumeaux, soit 20 naissances gémellaires.                         

Liste des 23 noms les plus courants avec les nombres de naissances:

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

 

AOUSTIN

426

 

VAILLANT

27

 

 

MOYON

420

 

LOISEAU

16

 

 

MAHE

372

 

SIMON

16

 

 

VINCE

202

 

BLOYET

15

 

 

HALGAND

148

 

BERCEGER

14

 

 

OLLIVAUD

82

 

CHERUET

13

 

 

FOURE

80

 

BODET

10

 

 

THOMAS

64

 

CORBILLE

10

 

 

PHILIPPE

51

 

DESBOIS

10

 

 

PEZERON

47

 

SAUZEREAU

9

 

 

TREMAUDEUC

27

 

VALTIER

9

 

 

DAVID

27

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A partir de 1843 on peut retrouver les «mort-nés». De 1843 à 1850, il y en a 40 qui ont été incorporés dans les statistiques, comme ils l’étaient aux siècles précédents.

 

Les prénoms de 1801 à 1850

      

Prénoms masculins

 

Voici la répartition des prénoms masculins pour les deux périodes définies ci-dessus et couvrant la première partie du XIXème siècle :

 

 

Prénoms

1801 à 1830

 

1831 à 1850

 

Jean

16,0

 

11,3

 

Jean-Baptiste

5,5

 

12,6

 

Pierre

21,0

 

22,5

 

Joseph

10,0

 

10,2

 

Julien

7,7

 

7,1

 

Joachim

7,3

 

7,1

 

Jacques

4,5

 

2 ,7

 

Guillaume

4,0

 

3,0

 

Etienne

3,5

 

1,7

 

François

3,5

 

2,5

 

Luc

3,1

 

2,3

 

Denis

2,0

 

1,2

 

Généreux

1,5

 

3,1

 

André

1,1

 

 

 

Michel

0,7

 

 

 

Auguste (Augustin)

 

 

1,8

 

Eugène

 

 

1,3

 

Emmanuel

 

 

0,8

 

Benoni

 

 

0,8

 

Louis

 

 

0,7

 

 

 

 

 

 

 

Il convient de préciser que l’habitude de donner plusieurs prénoms à un enfant s’est accrue. On trouve de plus en plus de ces cas. Il est bien entendu que pour chaque enfant on n’a retenu qu’un seul prénom, le premier. Les Jean-Baptiste qui constituent un cas particulier ont cependant été comptabilisés à part.

Si l’on compare ces chiffres à ceux de la 2ème moitié du XVIIIème siècle, on constate que la tourmente révolutionnaire a pu passer, les régimes politiques se succéder, la vie personnelle et familiale avec ses traditions n’a pas varié.

Jean et Pierre sont toujours en tête. Ils accroissent même leur avance en approchant, sous la Monarchie de juillet, les 50 % (46,5 %).

Joseph et Joachim progressent eux aussi tandis que Julien est stable.

Guillaume, Jacques, Etienne et Denis continuent de régresser.

En 1817 apparaît Généreux qui va peu à peu prendre de l’importance. C’est le premier prénom masculin qui ne soit pas celui d’un saint mais fait référence à une vertu.

Parmi les prénoms qui apparaissent entre 1830 et 1850 et vont prendre une certaine importance on peut noter : Auguste et Augustin, Eugène, Emmanuel, Benoni...

 

Prénoms féminins

 

 

Prénoms

1801 à 1830

 

1831 à 1850

 

Marie

19,5

 

28,8

 

Marie-Anne

8,7

 

9,7

 

Anne

18,1

 

14,0

 

Jeanne

20,7

 

15,6

 

Angélique

8,9

 

6,4

 

Rose, Rosalie

6,5

 

5,0

 

Julienne

2,8

 

1,0

 

Perrine

1,6

 

 

 

Modeste

1,1

 

1,9

 

Victoire

1,1

 

1,0

 

Apolline

0,8

 

0,6

 

Véronique

0,8

 

 

 

Joséphine

 

 

1,5

 

Philomène

 

 

1,5

 

Adèle

 

 

1,2

 

Bonne

 

 

1,2

 

Virginie

 

 

0,9

 

Mélanie

 

 

0,9

 

 

 

 

 

 

 

Les remarques faites pour les prénoms masculins sont aussi valables pour les féminins.

Marie-Anne a été comptabilisée à part  mais il devient bien difficile de ne pas traiter ensemble Marie et Anne avec leurs combinaisons : Marie-Anne, Anne-Marie, Marianne. Au milieu du siècle elles patronnent plus de la moitié des filles nées dans la commune.

Jeanne se maintient avec une légère tendance à la baisse.

Perrine, Julienne et Jacquette sont en voie de disparition si elles ne le sont  déjà.

Rose se maintient mais devient de plus en plus Rosalie.

De nombreux prénoms apparaissent et tout d’abord Angélique qui a un succès considérable.

Dans les 30 premières années, mais plus discrètement, Modeste, Victoire, Appoline, Véronique et Joséphine prennent une place non négligeable. (Notez l’influence de l’Empire avec Victoire et Joséphine).

Dans les années 1831 à 1850 commencent à se donner assez couramment : Philomène, Adèle, Bonne, Virginie, Mélanie.

 

 

1851 à 1870

 

 

La deuxième République dure moins de quatre ans, et est présidée de décembre 1848 à décembre 1851 par le prince Louis-Napoléon Bonaparte. Par le coup d’état du 2 décembre et le plébiscite du 21 décembre 1851 l’Empire est rétabli et le prince président monte sur le trône sous le nom de Napoléon III.

Autoritaire ou libéral ce régime ne survit pas à la capitulation  de Sedan au début de septembre 1870. Il est remplacé par la IIIème République.

Cette période du second Empire fut en France celle des grands travaux et de l’expansion industrielle.

Dans notre région le bassin de St-Nazaire fut creusé de 1848 à 1856. 1862 vit le démarrage des grands chantiers «John Scott» pour la construction navale. La gare de chemin de fer de St-Nazaire fut inaugurée en 1866.

Les travaux de creusement du bassin de Penhoët commencés en 1862 seront terminés en 1881.

En cette seconde moitié du XIXème siècle les Briérons virent leur mode de vie bouleversé. Les chantiers nazairiens devinrent leur principal centre d’activité et le travail du marais ne fut plus qu’accessoire.

 

 

Patronymes

 

Pour ces vingt ans de second Empire 3122 naissances ont été enregistrées à Saint-Joachim. Ce qui porte la moyenne annuelle à 156 et 149 patronymes différents sont concernés.

Les 3 plus importants de ceux-ci totalisent 1488 naissances, soit 47,6 %.

Les 7 plus typiques arrivent à 2156, soit 69 %.

Les 23 qui ont eu 17 naissances ou plus en totalisent 2637, soit 85 %.

Les 38 les plus courants, avec 9 naissances ou plus arrivent à 2806, soit 90 %.

Il reste donc 316 patronymes qui ne représentent que 10 % des naissances.

Liste des 38 noms les plus courants avec les nombres de naissances:

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

Nom

 

 

 

MOYON

562

 

DESBOIS

30

 

CHERUET

14

 

 

AOUSTIN

495

 

LOISEAU

26

 

LEGOFF

12

 

 

MAHE

431

 

BLOYET

22

 

DULOC

11

 

 

VINCE

240

 

AVENARD

20

 

GRIVAUD

11

 

 

HALGAND

191

 

BERCEGER

20

 

GODET

10

 

 

FOURE

141

 

CORBILLE

19

 

VALTIER

10

 

 

OLLIVAUD

96

 

SAUZEREAU

19

 

BERTHO

9

 

 

PHILIPPE

81

 

RENAUDIN

18

 

CHERON

9

 

 

PEZERON

43

 

AUDRAIN

18

 

DANAIS

9

 

 

TREMODEUX

42

 

BODET

17

 

LEJEUNE

9

 

 

THOMAS

39

 

EVAIN

16

 

ROUX

9

 

 

DAVID

34

 

MORAND

16

 

ROBERT

9

 

 

VAILLANT

33

 

BROUSSARD

15

 

 

 

 

 

 

De ces naissances 9 sont illégitimes, soit 0,03 %

6  sont posthumes

80 sont celles de jumeaux, soit 40 naissances gémellaires.

 

De nombreux prénoms nouveaux sont apparus à cette époque et l’habitude s’est généralisée d’en donner plusieurs (3 en moyenne).

L’association de ses nouveaux prénoms avec les anciens donne une infinité de combinaisons possibles, généralement basées sur les Marie, Jean et Pierre. L’étude en serait très difficile et elle n’a pas été faite.

 

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ÉVOLUTION  DE  LA  POPULATION DE  ST-JOACHIM

 

Voici par périodes l'évolution de la population telle qu’elle a été calculée ci-dessus. A partir de 1836 les chiffres sont ceux des recensements qui étaient effectués tous les cinq ans. Ils ont permis de vérifier que les taux de natalité retenus pour le calcul des périodes précédentes sont valables.

 

 

Période

Population

 

Période

Population

 

 

 

 

 

2e partie XVIIe

820

 

1851

3900

 

 

1700 à 1721

1335

 

1856

4200

 

 

1722 à 1747

1250

 

1861

4300

 

 

1748 à 1756

1650

 

1866

4600

 

 

1757 à 1765

1650

 

1872

4670

 

 

1766 à 1783

1900

 

1876

4625

 

 

1784 à 1791

2300

 

1881

4700

 

 

1792 à 1800

?

 

1886

4770

 

 

1801 à 1830

2500

 

1891

4700

 

 

1836

3050

 

1896

4860

 

 

1841

3280

 

1901

5025

 

 

1846

3525

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La courbe de l’état-civil représente l’évolution des naissances, décès et mariages de 1801 à 1890.

Le tableau suivant  résume l’évolution des patronymes de 1801 à 1870.

 

 

Saint Joachim : Evolution des patronymes par périodes, calculée d’après les naissances

 

Périodes

Nombre de naissances

Nombre de

Patronymes les

Noms assez

7 noms les

3 noms

Divers

 

de cette période

patronymes

plus courants

courants

Plus courants

dominants

 

 

 

 

Nb        %

Nb       %

 

 

Nb       %

 

 

 

 

 

 

 

 

1748  -  1791

2871

64

22     95 %

 

80 %

60 %

42     5 %

 

 

 

 

 

 

 

 

1801  -  1830

2631

78

23     90 %

 

76 %

53 %

55     10 %

 

 

 

 

 

 

 

 

1831  -  1850

2311

77

23     90 %

 

75 %

53 %

54     10 %

 

 

 

 

 

 

 

 

1851  -  1870

3122

149

23     85 %

38    90 %

69 %

48 %

316    10 %

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les 3 patronymes sont : MOYON, AOUSTIN et MAHE qui,

Avec VINCE, HALGAND, FOURE et OLLIVAUD forment le groupe des 7 plus importants

 

 

L’ensemble de cette étude fait ressortir l’accroissement sans à-coups d’une population dont l’importance double chaque siècle de 1700 à 1900, passant de 1250 à 5000 habitants.

Le territoire habitable étant toujours aussi réduit, sa densité d’occupation croît donc dans les mêmes conditions.

La population demeure très homogène. Les 7 patronymes typiques de St-Joachim qui étaient portés par 80 % des habitants lors de la fondation de la paroisse, le sont encore par 75 % de ceux-ci un siècle plus tard, soit une perte minime de 5 %. Avec 16 autres noms courants, ils passent de 95 à 90 %. La perte est là aussi de 5 % pour la même période.

Ce n’est qu’à partir de 1850 que le changement s’accélère, mais doucement. Pendant  les 20 années du Second Empire les mêmes patronymes ne perdent que 5 % supplémentaires de leur importance.

La différence la plus importante touche les divers noms qui à eux tous représentent 10 % des patronymes. Jusqu’en 1850 il y en a 54. Dans les 20 années qui suivent ils passent à 15 % et on en dénombre 354. Bien souvent ce sont des ouvriers, journaliers, fonctionnaires qui ne sont que de passage.

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