GÉOGRAPHIE, HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE DE LA BRIÈRE

 

HISTOIRE DE LA BRIÈRE

 

 

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Un peu d’histoire

       Tableau des dynasties

 

    Histoire de la Brière

      Avant-propos

      Notions de géographie

      Notions d’histoire régionale

      La Vicomté de Donges

      L’expansion monacale

      Montoir et ses prieurés

      Grandeurs et misères

 

 

 

Base Généalogique

 

 
AVANT-PROPOS

 

Qui pourrait nier le caractère bien particulier de la Brière ? Cette immense étendue plate où l’eau est reine a façonné les hommes et les femmes installés sur ses îles et dont, longtemps, elle fut vraiment la mère nourricière.

 

Le Briéron, enfant d’un pays aussi typé ne pouvait qu’être différent des habitants d’alentour. Ce n’était pas cependant l’être quasi sauvage qu’on a parfois voulu présenter. La Brière s’ouvrait sur l’estuaire de la Loire et le Briéron, toujours à l’aise sur l’eau, était particulièrement concerné par tout ce qui s’y passait.

 

La construction de ses chalands en avait fait un spécialiste du travail du bois très recherché pour la construction des navires et leur entretien. Charpentiers naviguant ou travaillant dans les ports et arsenaux, au XVIIIème siècle, grâce aux registres de l’Inscription Maritime, on peut mesurer leur importance. Pour le quartier maritime du Croisic dont ressortissait tout le territoire entre Loire et Vilaine, de Lavau à Redon, un inscrit sur trois était de Montoir, la grande paroisse briéronne.

 

A partir des années 1860 la création de grands chantiers à St-Nazaire provoqua l’arrivée d’une main-d’œuvre abondante provenant des campagnes environnantes, mais les Briérons serrèrent les rangs et surent rester les meilleurs.

A la même époque, le passage de la construction en bois à celle de navires en fer puis en acier bouleversa les techniques de construction. De nouveaux métiers apparurent dont le plus noble était celui de « traceur de navire ». Les Briérons y excellèrent et conservèrent l’habitude de se transmettre leur savoir entre eux.

Il fallut la création des écoles d’apprentissage dans les chantiers, en particulier après la guerre de 1914-1918, pour leur faire perdre leurs prérogatives.

Cependant leur réputation les faisait rechercher par les constructeurs des autres ports français et comme la construction navale a toujours été une industrie cyclique on vit les Briérons aller d’un port à l’autre, à la manière compagnonnique.

 

Dunkerque, Boulogne, Calais, le Havre, Caen, la Palice, Bordeaux, l’arsenal de Lorient en possédaient toujours un certain nombre, se retrouvant généralement dans le même quartier, en petite colonie.

 

Bien sûr Nantes, par sa proximité, profita de leur expérience. Les chantiers Guibert et Oriolle en occupaient régulièrement, puis les grands CHANTIERS de BRETAGNE, de la LOIRE et DUBIGEON leur firent une place de choix.

 

Dans les années 1940-1950, les anciens des chantiers de Nantes évoquaient avec nostalgie les compagnons briérons de leur jeunesse qui toutes les fins de semaines, par roulement, partaient chez eux et étaient de retour le lundi matin avec leur bahoule pleine de ravitaillement (lard et beurre) pour la semaine.

 

Le particularisme de ces colonies composant la diaspora briéronne, les tenait à l’écart d’un monde pour lequel ils étaient les « canards ». Ce terme employé parfois par mépris, souvent par agacerie, était généralement mal pris par les intéressés et certains piquaient d’homériques colères quand des « coin-coin » moqueurs saluaient leur passage.

Ils avaient bien tort nos anciens de se formaliser ainsi. Il est vrai que les fameux livres d’Alphonse de Châteaubriant les dépeignaient sous un jour peu flatteur.

 

Charpentiers et marins portant au loin la réputation de leurs techniques ancestrales aussi bien que pêcheurs, chasseurs et coupeurs de mottes perpétuant dans leurs îles et leurs marais les modes de vie des temps anciens, tous étaient fidèles au pays où les femmes gardaient sous la cendre de l’âtre la flamme toujours renaissante.

 

C’est le pays de ces « canards », la mystérieuse Brière, et spécialement les ancêtres de ces Briérons que cette étude a pour but de mieux connaître.

 

Laissant de côté le XIXème siècle où la documentation est abondante, et les époques reculées où elle est si rare qu’il faut solliciter les faits et les interpréter sans certitude d’être dans le vrai, la période retenue comprend les XVIIème et XVIIIème siècles.

Les documents de base utilisés sont les « Registres paroissiaux » où l’on peut lire l’histoire individuelle (baptêmes, mariages, sépultures) de nos ascendants.

Leur dépouillement et leur exploitation a été un travail de longue haleine. Relever les moindres indices, puis retisser la trame des familles, compte tenu des difficultés dues au mauvais état de certains documents, à l’absence d’un certain nombre, à des écritures parfois difficiles à déchiffrer, à une endogamie importante entraînant les homonymies que l’on sait ou que l’on imagine, cela a demandé quatre années de travail fastidieux et à plein temps.

Puis l’importance du nombre des Briérons navigants a nécessité le dépouillement des registres journaliers de l’Inscription Maritime.

 

Enfin un certain nombre de documents d’archives ont été consultés pour pouvoir étoffer l’histoire locale à cette période et pour la resituer elle-même dans la généralité de l’Histoire.

Au total le résultat de six années de travail quasi ininterrompu sur des documents de base dont la plupart n’avaient jusqu’ici pas été exploités systématiquement, plus quelques rares emprunts à d’autres auteurs comme indiqué dans le texte. Ils l’ont été principalement à « l’Histoire de St-Nazaire et de sa région » par Moret.

 

Toutes recherches qui ont abouti à cet ouvrage dont la composition peut se résumer ainsi :

 

 Une partie historique commençant par une présentation de la paroisse de Montoir dans son temps et son environnement du Xème au XVIème siècle reconstituée, à partir des rares documents que nous avons sur cette époque, puis comportant essentiellement une chronique des principaux évènements qui au cours des XVIIème et XVIIIème siècles ont marqué la vie de nos îles et auraient eu droit à la gazette locale s’il y en avait eu une ; le tout jalonné des principaux moments de l’histoire nationale et régionale.

On ne peut en effet faire abstraction de ce qui se passait alors dans les vicomtés de Donges et de St-Nazaire, dans l’estuaire de la Loire, plus généralement dans la région, ni des grandes dates de l’histoire nationale.                                                                                                            

Des études démographique et sociologique permettant de mieux connaître nos ancêtres feront l’objet de publications ultérieures.

 

Les références aux documents consultés ont été, en principe, indiquées à la suite de chaque texte. Ce sont bien sûr les cotes des Archives Départementales de Loire-Atlantique.

Cependant les sources principales étant les registres paroissiaux et les archives de l’Inscription Maritime, ce sont ces documents qui font référence.

Cette recherche a été limitée dans l’espace, dans le temps, mais aussi dans ses sources. Il reste encore de nombreux fonds à explorer, mais tout travail humain a ses bornes.

 

On notera, même en dehors des citations, la conservation de différentes orthographes pour les noms propres telles qu’on les trouve à l’époque et l’utilisation d’expressions archaïques qui donnent de la saveur aux textes.

 

 

NOTIONS DE GÉOGRAPHIE

 

Il paraît nécessaire de situer la paroisse de Montoir telle qu’elle existe au XVIIème siècle dans son temps et son environnement. Montoir rassemble les îles éparpillées dans les marais de Brière.                                  

La Brière est une dépression consécutive à un effondrement ayant eu lieu au cours de l’ère tertiaire, lors des derniers grands bouleversements qui modelèrent notre planète. Du vieux massif armoricain, branche ouest du V hercynien, dont la formation date de 500 millions d’années et bien usé depuis, il reste le Sillon de Bretagne et la faille du Croisic orientés sud-est /nord-ouest et entre les deux la dépression briéronne d’où émergent les alignements rocheux dont les sommets constituent les îles.

Il y a 4 millions d’années la mer couvrait toutes ces parties effondrées, y compris le bassin de Campbon où elle pénétrait par la Vilaine. Les alluvions charriées par les eaux commencèrent à se déposer sur les fonds et à les combler.

Il y a un million d’années, au début du quaternaire, vinrent les grandes glaciations. Les masses d’eau solidifiées couvrirent une grande partie de nos régions et la mer se retira au-delà du plateau continental, très loin de nos côtes actuelles. Puis les températures remontèrent, ce fut la fin de la glaciation. La mer regagna du terrain. Le golfe briéron comblé vit la végétation s’installer et, il y a 5000 ans, une forêt, parcourue de nombreux ruisseaux écoulant les eaux vers le fleuve, se développa.

Peu à peu les alluvions de la Loire et les dépôts de la mer amoncelés entre les îles de St-Nazaire à Donges, empêchèrent les eaux de s’écouler normalement. La forêt devint un véritable marécage. Les arbres n’y résistèrent pas et s’effondrèrent ; c’était il y a environ 4500 ans. Les troncs conservés dans l’eau sont devenus des mortas enfouis dans les débris de la végétation marécageuse qui se développa sur eux avant de se transformer en tourbe.

Des hommes se sont installés au pourtour du marais et même sur les îles. Peu à peu ils se sont organisés et par leur travail ont rétabli l’évacuation des eaux qui continuaient à arriver de tout le bassin environnant.

Ces quelques notions sont parfaitement développées dans le livre de l’abbé Augustin VINCE : « Notre Brière »

 

 

NOTIONS D’HISTOIRE RÉGIONALE

 

Les dynasties de France, Bretagne, Donges et Saint-Nazaire :

Tableau synchronique des dynasties

 

LA BRETAGNE FÉODALE (IXème - Xème - XIème siècles)

 

Au cours des IXème et Xème siècles, sous le règne des successeurs de Charlemagne, la France est en butte aux pillages des pirates normands. La Bretagne est ravagée et complètement ruinée. Entre temps, en 850, Nominoë, qui s’est proclamé roi de Bretagne, s’est emparé des comtés de Nantes et de Rennes. Alain Barbe-Torte, en 939, par une victoire retentissante, met fin aux incursions des Normands dans notre région. Il devient le premier duc de Bretagne.

 

Au XIème siècle la Bretagne se reconstruit. Le duché comprend huit grands comtés : Cornouaille, Léon, Tréguier, Penthièvre, Porhoët, Vannes, Rennes et Nantes.

 

Le Léon occupe le nord Finistère actuel de Brest à Morlaix et de l’Elorn à la mer.

 

Le comté de Tréguier prolonge le Léon jusqu’au Gouet à St-Brieuc. Il est lui-même prolongé par le petit comté de Penthièvre jusqu’à l’Arguenon.

Les limites sud de ces trois comtés sont les reliefs des Monts d’Arrée et du Menez.

 

Le comté de Cornouaille recouvre approximativement le sud-Finistère actuel de la pointe du Raz au Scorff.

 

Ceux de Nantes et de Rennes occupent en gros les départements de Loire-Atlantique et d’Ile et Vilaine.

 

Le comté de Vannes comprend le sud du Morbihan et celui de Porhoët la Bretagne centrale au sud du Menez, le plateau de Rohan et la forêt de Paimpont.

 

Le comté de Nantes a la particularité de ne pas avoir de comte car il est l’apanage du duc lui-même.

La partie ouest du comté, celle qui nous intéresse, a sa frontière sur la Vilaine. Les principaux fiefs qui la composent sont :

- Au sud de l’estuaire l’importante baronnie de Retz dont trois petites seigneuries bordent le fleuve, celles du Pellerin, de Frossay ou le Migron et de Ste-Opportune ou St-Père-en-Retz.

- A l’extrême ouest la baronnie de La Roche-Bernard qui va de l’embouchure de la Vilaine à Fégréac et dont dépendent les paroisses d’Assérac, Herbignac, Missillac, St-Gildas, Férel, St-Dolay, Nivillac.

Puis la baronnie de Pontchâteau avec les paroisses de Besné, Quilly, Campbon, La Chapelle-Launay.

 

Le régaire de Nantes, c’est à dire les fiefs que le comte, donc le duc, s’est réservé, est très vaste. À l’ouest il s’étend jusqu’à Saint Etienne-de-Montluc. Il comprend aussi des châtellenies, judicieusement placées pour servir de tampon entre les grands fiefs, ainsi celles de Guérande et du Gâvre.

 

Dans la région il faut encore citer les châtellenies de Fresnai (Plessé) et de Blain. Beaucoup moins importante est la baronnie de la Roche (Savenay)

 

C’est donc au XIème siècle, au temps des premiers capétiens que ces grands fiefs se sont formés. Si dans l’ensemble ils se sont maintenus jusqu’à la Révolution de 1789, leurs limites ont, en revanche, varié d’une façon parfois considérable.

 

Le fief étant propriété du seigneur, celui-ci pouvait en jouir à son gré : le vendre tout ou en partie, l’agrandir par l’acquisition de terres aux dépens de ses voisins, le partager entre ses héritiers etc...

Ainsi un baron de Pontchâteau, pour payer ses dettes, vendit sa châtellenie de Campbon, puis toutes ses terres entre sa ville et cette châtellenie (c’est pourquoi, aujourd’hui encore, les communes de Ste-Anne et Campbon s’étendent jusqu’aux faubourgs de Pontchâteau). L’acquéreur seigneur de Coislin, finit par acheter la baronnie elle-même puis aussi celle de La Roche-Bernard.

 

 

LA VICOMTÉ DE DONGES

 

DÉBUTS  FÉODAUX

 

 

La vicomté de Donges fut constituée au moment où l’organisation féodale se mettait en place.

 

C’était un des fiefs les plus importants. Face à la baronnie de Retz, elle commandait l’estuaire de la Loire sur toute sa partie nord, s’étendant depuis Cordemais jusqu’aux abords d’Escoublac.

 

Son histoire commence en 1020 avec Rodoald premier vicomte connu. Elle comprend les paroisses ou seigneuries de Cordemais, Lavau, Donges, Prinquiau, Montoir, l’Angle à Crossac, St-Nazaire et St-André, (ces deux dernières ayant appartenu au siècle précédent à la châtellenie de Guérande), Crévy (Ste-Reine) qui passa plus tard à Pontchâteau.

Cette énumération est faite à titre indicatif, pour marquer les limites du territoire. En effet certaines paroisses n’existaient sans doute pas encore à cette époque. Par contre d’autres châtellenies pouvaient alors avoir une certaine importance et être disparues depuis sans laisser de traces.

 

En 1125 Savary, vicomte de Donges, à la tête d’une bande de brigands où figurait son complice, un certain Olivier, qu’on a dit «de Pontchâteau », pillèrent les terres de l’abbaye St-Sauveur de Redon et en profanèrent l’église. Le duc Conan III marcha contre eux, les fit prisonniers et les enferma au Bouffay à Nantes d’où ils ne sortirent qu’en 1127. Entre temps le duc avait fait raser le château de Donges. Il ne fut jamais reconstruit. Ce fait eut une importance considérable car les vicomtes résidèrent alors dans leurs châteaux de l’Angle et de Lorieuc, loin de la Loire, excentrés par rapport à leurs possessions. Donges privée de son rôle de capitale périclita au profit de Montoir.

 

Ruines du château de Lorieuc détruit durant les guerres de la Ligue au XVIème siècle

Photo : « Le Pas de Saint-Malo »

 

La Vicomté de Donges avait trois grandes « Sergenteries féodées » : La Jallaye en Donges, Bratz en Montoir et Trégono en Montoir. D’après les « déclarations de Donges en 1534 et 1683, voici les obligations des deux sergents montoirins :

    « Lesquels doivent quand les juges de la Vicomté ont assigné les plaids d’icelle, tenir au bourg de Montoir, faire dresser et parer la cour de bancs, sarges et tables pour l’exercice de ladite Cour ; plus doivent tous les dimanches, à l’issue de la messe parochiale dudit Montoir faire les bannies de la seigneurie et doivent encore lesdits sieurs cueillir la recepte de la petite taille de Montoir ». (F. GUERIFF -L’Éclair mai 1964)

En français actuel le sergent devait préparer la place publique pour les séances du tribunal qui se déplaçait, faire hebdomadairement les annonces de la seigneurie et percevoir la recette de la « petite taille » (impôt sur le revenu perçu par le seigneur sur les roturiers.

À vrai dire depuis fort longtemps, les deux sergenteries appartenaient au même seigneur qu’on appelait seigneur de Montoir. Ce dernier devait chaque année offrir au Vicomte « œuf sur un char tiré par quatre bœufs noirs ». Il jouissait de la haute, moyenne et basse justices, autrement dit tous les droits sur ses assujettis. (F. GUERIFF -L’Éclair mai 1964).

Les juridictions qui siégeaient à Montoir étaient :

    - Trégono, Kercabus, Chateauloup (moyenne justice)

    - L’Écuraye (Prinquiau), Rollieux, La Paquelaye (moyenne et basse justices)

    - Hélardière, Les Métayries (moyenne et basse justices)

Les juridictions de Boisjoubert et de la Motte-Alleman siégeaient à Donges (moyenne et basses justices). Nous ne savons pas avec certitude où se dressait la « haute justice à 4 poteaux » du Vicomte de Donges mais nous proposerons le lieudit La Carrée, le peuple ayant en général donné ce nom à l’emplacement des fourches patibulaires (gibet). (F. GUERIFF -L’Éclair mai 1964)

 

Trois familles se succèdent sur la Vicomté. Tout d’abord les ROCHEFORT de 1270 à 1423, puis la famille DE RIEUX de 1423 à 1690. Le dernier vicomte DE RIEUX vendit la vicomté en 1690 à René DE LOPRIAC. La dernière vicomtesse de Donges, Félicité DE LOPRIAC fût exécutée sur l’échafaud révolutionnaire de Paris, le 25 Juillet 1794.

 

Le domaine de la vicomté est immense et se répartit de la façon suivante : le domaine proche, les biens spéciaux et les mouvances.

 

Le domaine propre est la part dont le seigneur se garde la jouissance propre, l’entière propriété. À celui-ci vient s’ajouter des biens spéciaux comme les forêts, bois, moulins, fours, carrières, ponts, marais, prés, pâtures...

 

Voici le détail du domaine propre et des biens spéciaux lors de l’aveu* rendu au roi de France en 1534 par Suzanne DE BOURBON, veuve de Jean I DE RIEUX pour son fils mineur Claude II DE RIEUX :

Le domaine propre : « Le chasteau de Lorieuc en Croaczac, et forteresse d’iceluy ô son fond, faict, édiffice et superficie, douves, emplacements, pastures, terres sous bois ancien, jardins, ripvières, marois et appartenances le tout en un tenant, contenant douze journaux de terres environs »

 

Les biens spéciaux :

- en Crossac : les marais autour de Lorieux contenant 400 journaux, l’étang et le moulin à vent de Roz, le bois de la Haye du Bezo

- en Donges : la métairie de Genesty, les prés et marais de la Maréchaussée, l’ile de Guersac, les moulins de Grace, de Pattignac, d’Assac et de la Pommeraye, l’étang de la Marignaye

- en Montoir : divers prés et pâtures, les moulins du Clos, de la Grée et des Grandes Iles.

- en Prinquiau : le bois de l’Esme et le moulin de la Grée

- en Savenay : l’emplacement d’un étang et d’un moulin en ruines, l’emplacement d’un four à ban également en ruines appelé Four-Hardy, le bois du parc de la Murmerie de Roche-fort-à-Savenay.

- en Cordemais : le moulin de La Roche.

- en Pontchâteau et Missillac : l’étang de Crévy et ses deux moulins.

 

Les mouvances, soit nobles, soit roturières. C’est-à-dire que celui à qui revenait la terre, se déclarait homme vassal du seigneur. Suzanne DE BOURBON sur ce même aveu, déclare concernant les mouvances nobles que le devoir de l’hommage et du rachat lui est dû par soixante-cinq vassaux nobles. Il existait notamment un fief lige en Montoir sur les lieux et manoir du Bois de la Cour, de la Barillais, Trégonneau, Bratz, la Paquelais.

 

Sur l’ile de Guersac, de nombreux vassaux roturiers tenaient une terre directement du vicomte, elle était alors qualifiée de tenue.

 

Le vicomte de Donges disposait d’une cour de haute justice, c’est-à-dire le droit de faire juger toutes les affaires civiles et criminelles et de faire condamner à mort.

 

Cette vicomté dispose également de beaucoup de revenus, un état évoque 10000 livres de rentes par an. De nombreuses redevances en nature s’ajoute à cela : « quantité de boisseaux de froment, avoine et seigle, 584 chapons, 244 poules, 135 oies, « un coq chantant », deux livres de poivre et quatre livres de sucre blanc et enfin « une paire de gants de peau ».

Le vicomte de Donges levait aussi les coutumes des ponts de Montoir et de Méans et celles des halles de Savenay. Les tenanciers des paroisses de Crossac, Donges et Prinquiau et ceux du fief du Grévy en Pontchâteau étaient obligés de faire au besoin « le guet par cause de la place et forteresse de Lorieuc ». De plus il était dû au vicomte de Donges « de chaque premier décédé ès-dites paroisses cinq sols ou la meilleure robe du défunct ». Enfin au même seigneur appartenait un droit de « banc et estanche en la paroisse de Donges sur tous les vendants vin en détail, huit jours avant la feste de la Transfiguration de N.-S. et huit jours en suivant » (Déclaration de Donges en 1534).

 

D'autres droits féodaux s'exerçaient encore sur la Loire : c'était d'abord « le droit d'ancrage sur tous les navires et bateaux qui entrent en ladite rivière devant Donges et déchargent leurs marchandises sur les fiefs de la vicomté ». Puis « tous ceux qui prennent en Loire poissons comme esturgeons, molues et saumons, doibvent les porter au seigneur de Donges qui leur doit cinq souls pour chaque poisson de quelque grandeur qu'il soit » (Déclaration de Donges en 1534). Le vi-comte de Donges prétendait même en 1534 avoir le droit de recueillir des épaves « des navires et bateaux qui se brisent en Loire ».

 

Le 20 mai 1423 Marguerite de Rieux épousa Charles de COËSMES seigneur de Lucé. Elle était la sœur du vicomte de Donges, Jean III de ROCHEFORT et RIEUX, qui à cette occasion amputa son domaine de sa partie ouest pour créer en sa faveur la vicomté de St-Nazaire.

 

La délimitation des deux domaines ne posa pas de problèmes dans l’immensité des marais, pas plus que s’il se fut agi d’une mer intérieure. Dans la partie sud, par contre, la frontière fut fixée sur l’étier de Méan. Ainsi les îles de Méan, Penhoët, Bert, Aisne, Aucard, Trembly, Trefféac, furent rattachées à la vicomté de St-Nazaire. Mais comme cela n’était en fait qu’une histoire de familles, il n’y eut aucune incidence sur les limites de la paroisse de Montoir qui se trouva de ce fait à cheval sur deux fiefs.

 

Vicomté de Donges en 1422

(La Vicomté de Donges en 1422 avant la scission)

 

La Vicomté de Saint-Nazaire en rouge après la scission de 1423

 

A cette époque l’influence des seigneurs avait plutôt tendance à régresser, alors que l’unité administrative était de plus en plus représentée par la paroisse, cela renforça encore l’importance de Montoir, lieu de rencontre de deux vicomtés.

 

Dire qu’il n’en résultat pas de problèmes, surtout avec l’imbroglio des juridictions, serait exagéré. En 1791, pendant la révolution, il fut question de rattacher cette partie de Montoir à St-Nazaire, mais il fallut attendre 1855 pour que la chapellenie de Méan fût érigée en paroisse succursale. Ce n’est qu’après la coupure de cette île en deux par la voie ferrée que Penhoët et la plus grande partie de Méan furent rattachées à St-Nazaire le 13 mai 1865. Certé et les autres îles formèrent avec Trignac une commune indépendante selon la loi du 23 décembre 1913.

Les îles de Guersac et Errand furent disjointes de Montoire par la loi du 14 novembre 1925 pour former la commune de St-Malo-de-Guersac qui sur le plan religieux était déjà paroisse depuis 1845.

 

 

 

EXPANSION MONACALE AUTOUR DE LA BRIÈRE

 

D’après les spécialistes, les deux lieux de pèlerinages les plus importants dans la région au cours des IVème et Vème siècles sont les tombeaux des Enfants Nantais à Nantes et les reliques d’un jeune martyr du 1er siècle, mort à Milan.  Rapportées dans une bourgade de l’estuaire de la Loire elles lui donnèrent son nom : St-Nazaire. A la fin du VIème siècle nous savons par Grégoire de Tours qu’il y avait là une importante église.

 

Il semble bien que le premier centre religieux de la Brière fut Er. A l’époque mérovingienne cette île située aujourd’hui à la rencontre des paroisses de Pontchâteau, Donges, Besné, Crossac et à portée de Montoir, était déjà un centre religieux important.

 

Un diplôme de Louis le Débonnaire daté du 16 mars 819 parle du monastère de S. FILIBERTI situé dans l’île d’Aeri qui fut transféré à Déas (H 205). On a toujours considéré que cet «Aeri» était l’île de Noirmoutier mais Léon Maître qui avait rapporté à Nantes la copie de ce document l’avait classé à «Er». Alors ??

 

C’est probablement à la fin du VIème siècle, après la mort de Saint Friard en 573 et sur son tombeau, qui devint rapidement un but de pèlerinage important, que fut fondée la Paroisse de Besné.

 

Au Xème siècle il y avait une église à Keren (qu’on a longtemps placée au village de l’Ecrin, mais que les recherches récentes situent plutôt à l’emplacement de l’église actuelle, dominant ainsi le pont château qui commandait le passage d’une antique voie romaine) mais on ne sait de quand elle datait.

 

Après les dévastations causées par les Normands, tout était à rebâtir. Au XIème siècle la féodalité s’organisait en un système qui devait permettre la reconstruction du pays. Les moines y prirent une part importante. Une puissante abbaye fondée en 372 par saint Martin, à Marmoutier, à 3 kilomètres de Tours, rayonnait sur toute la France.

 

Essayons de reconstituer, à partir de données éparses l’expansion religieuse à cette époque :

 - En 1050, sous le règne de Henri Ier, deuxième successeur de Hugues Capet, Conan II étant duc de Bretagne, FRIOLD succède à RODOALD et devient deuxième vicomte de Donges. Un de ces premiers actes est de donner à l’abbaye St-Martin de Marmoutier la partie de l’île d’Er (Servereth) acquise en échange du sénage de Mindin.

- En 1058, les moines y fondent le prieuré St- Symphorien.

- En 1060, Rouaud du Pellerin donne le quart de l’île lui appartenant à l’abbaye St-Sauveur de Redon et le prêtre GRODELON leur fait don de l’église paroissiale.

- En 1065, les moines de Marmoutier font don à ceux de Redon du prieuré d’Er, en échange de leurs droits sur celui de Béré.

Ainsi, à partir de cette date, l’île entière appartient aux moines de Redon et le prieuré va pouvoir rayonner sur toute la Brière.

C’est également en 1050 que le prieuré de Frossay, au sud de la Loire, est donné à l’abbaye St-Sauveur de Redon.

C’est semble-t-il à cette époque que les moines d’Er fondent la paroisse de Crossac, dont l’église sera également donnée à Redon par le vicomte GAUFRID en 1099.

 

Le 31 août 1072, FRIOLD fonde le prieuré Notre-Dame de Donges et le donne à Marmoutier.

 

En 1079, FRIOLD toujours, fonde à St-Nazaire, à partir d’une petite chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, un prieuré qu’il donne à St-Aubin d’Angers.

 

En 1096 le pape Urbain II est à Marmoutier pour y consacrer l’église abbatiale. C’est cette même année que les bénédictins de ce monastère fondent le prieuré St-Martin de Pontchâteau. Ils prennent également possession de l’église paroissiale de Kéren, le concile de Clermont ayant, l’année précédente, interdit aux seigneurs de posséder des églises. Cela se passe un peu avant le départ de Daniel III, baron de Pontchâteau pour la première Croisade.

 

Au XIIème siècle l’expansion continue. C’est probablement dans les années 1130-1150 qu’est construite l’abbaye de Blanche-Couronne, en partie au moins, sur des terres données par le baron de Pontchâteau. En effet, depuis Daniel V les barons de Pontchâteau furent considérés comme bienfaiteurs et même fondateurs de l’abbaye.

 

Après la destruction du château de Donges (vers1126) et le repli des vicomtes sur ceux de l’Angle et Lorieuc, le prieuré Notre-Dame de Donges prend une importance considérable. Le prieur porte le titre de curé primitif de la paroisse de Donges.

 

Il est probable qu’à cette époque les moines d’Er desservent la paroisse de Besné.

 

Lors de la création du prieuré de Donges, le vicomte FRIOLD lui fonde des revenus situés sur la future paroisse de Montoir : la dîme du moulin Renaud à Méans (in Miando), la dîme du tiers de la pêche de l’étang de Baslan (Bellonium), la terre de Gron (Grun) et les prés adjacents (H132-133). Il éteint les revendications sur Trignac du voyer Geoffroy de Guérande et de Groêl fils d’Anfroid, seigneur d’Escoublac, en les amenant à apporter cette île au nouveau prieuré (H132).

 

 Parmi les donations faites en faveur de Blanche Couronne citons : celle faite par Constance de Pontchâteau en 1236, d’une rente de 6 livres à prendre sur les prés de Montoir à la charge de deux messes quotidiennes, don ratifié par Olivier de Clisson en 1283 (H1).

 

Donation faite en 1277 par la veuve de Pierre REVIN et Geoffroy de FRONDAY son neveu, d’une rente de 30 sols à prendre en Montoir sur le pré Mémerlet (H1).

 

Donation en 1364 par Marie DE ROCHEFORT, dame de la Benaste et du Pont, de l’étang de Drélif sis sur les paroisses de Donges et de Montoir, à la charge de célébrer 3 messes chantées par semaine. (H2).

 

 

MONTHOIR ET SES PRIEURÉS

 

Dans tout cela il n’est jamais question de nos prieurés des îles de Brière, nous en sommes donc réduits aux suppositions.

 

Mais qu’était un prieuré ? Généralement une terre donnée ou acquise par une abbaye sur laquelle on avait construit quelques bâtiments : grange, chapelle. Un ou plusieurs moines, détachés de l’abbaye, assuraient l’exploitation. Le prieuré devenait souvent un lieu d’attraction pour les gens des environs et aussi pour les voyageurs qui y trouvaient le gîte et la nourriture en plus du recueillement et de la compassion.

 

Aux IXème et Xème siècles, de 843 à 939 notre région fut soumise aux invasions des pirates normands. Ce n’était pas une période favorable à la création d’établissements religieux ou hospitaliers, au contraire. La période précédente qui couvre deux siècles, du milieu du VIème où saint Félix, évêque de Nantes, envoie ses missionnaires défricher et évangéliser les campagnes jusqu’à l’arrivée des Normands, avait, en revanche, vu l’établissement de nombreux petits centres destinés à l’évangélisation, à l’accueil des malades et des voyageurs, à la mise en valeur des terres. On parlait alors d’ermitages, de temples, d’aumôneries, de maladreries, de léproseries. Y en eut il sur la future paroisse de Monthoir ?  Rien ne permet de répondre à cette question.

 

Nous avons vu qu’après la paix revenue, le XIème siècle fut la grande époque de reconstruction, de l’expansion du christianisme et de la floraison des prieurés.

La tradition dit que la chapelle de saint Malo, dans l'île de Guersac, datait de 963. Sa construction aurait donc eut lieu au début de cette période.

Il est probable qu’à l’époque, au XIème siècle, où les prieurés se créaient dans la région, il y en eut un à Montoir, mais aucun document d’alors n’en parle. Ce titre de prieuré attaché à Montoir se retrouve en novembre 1520 dans un document de la Bibliothèque Nationale (FF.22.318 page 1116) au sujet d’une « maintenue pour frère Jehan de Plufragan sur le « prieuré de MONTOUAR » (bulletin APHRN n° 17)

Également en 1696 le recteur de Verthamon dut choisir des armes pour le « prieuré de Montoir ».

Ce prieuré quasi inconnu est sans doute à l’origine du nom (Moustoir) et de la paroisse.

 

En 1554 on trouve trace (Pouillé) de l’église «parocchiale de Monster» dépendant de la cathédrale St-Pierre de Nantes. Toute référence à un lien avec une quelconque abbaye n’existe plus.

De quand date la paroisse de Montoir ? OGÉE situe sa création au Xème siècle. ORIEUX la voit au XIVème. Celui-ci semble plus près de la vérité.

Robert, évêque de Nantes de 1170 à 1180 concéda par une charte à Marmoutier les revenus que prélevait le prêtre Olivier dans les églises de Donges et de «Monstorium», réservant au prêtre FARVEL, sa vie durant, le profit des convois funèbres, exceptés ceux de la fête des morts, dans lequel les moines auront le quart des offrandes, attribuant au prêtre seul les revenus des baptêmes, des visites de malades, des pains de la purification, et aux religieux le cierge de la chandeleur, le quart des confessions de carême (H132).

La traduction de «Monstorium» par Montoir a pu inciter certains à en déduire qu’il y avait alors en ce lieu paroisse et église.

La logique de la situation incite plutôt à traduire par «l’église du monastère». En effet il y avait dualité de pouvoir à Donges entre la vicomté et le prieuré, entre le clergé paroissial et les moines, entre l’église paroissiale et celle du monastère qui, nous le savons, était un bâtiment aussi important que les églises paroissiales de la région.

 

D’ailleurs le «Pouillé» note : «Capellaniam de Monstorio» XIème siècle (titres du prieuré de Donges), ce qui conforte cette théorie de chapelle ou église du prieuré de Donges et non d’église de Montoir.

On voit mal quel problème de partage il aurait pu y avoir entre l’église de Donges et une éventuelle église de Montoir au sujet des revenus en question.

Une chose est certaine : le plus vieux registre de baptêmes inventorié à Montoir en 1792 avait été ouvert en septembre 1532. Donc la paroisse existait bien à cette époque.

 

Le prieuré de Frény

 

Il est probable que datait aussi du Xème ou XIème siècle ce prieuré dont nous savons si peu de choses. Il est situé sur la petite île de Frenic (Freny), en plein marais sur le vieux chemin qui, partant du bourg de Montoir, par Bratz, Caloyau, Revin, traverse les marais est de la Brière. Il ne faut pas voir des chemins de pèlerins partout, mais la situation de ce prieuré, sa dédicace à saint Jacques, suggèrent un lieu d’accueil pour des gens venant de la Bretagne, Pontchâteau, avec peut-être un détour par les vénérés tombeaux de FRIARD et SECOND à Besné et en route pour Compostelle ou en revenant. Il aurait pu prendre la suite d’une aumônerie située sur ce chemin.

 

Ce que l’on sait avec certitude c’est qu’il dépendait de l’abbaye cistercienne de la Blanche dans l’île de Noirmoutier et qu’il fut par la suite annexé à la mense capitulaire de Luçon.

 

Quand on trouve sa trace dans nos registres il a déjà perdu son caractère monastique. Le 6 décembre 1675 les registres paroissiaux mentionnent l’inhumation d’un enfant de Gilles FOURE demeurant au «moustoir du prieuré de Frénic». Il n’était plus qu’une métairie dont nous trouverons les baux de fermage au long du XVIIIème siècle.

 

Le prieuré d’Aisne

 

Nous ne savons rien de son origine, mais on peut situer sa fondation au XIIème siècle. Il est dédié à Notre-Dame et dépend des Augustins de l’abbaye Ste-Marie de Pornic. Or c’est au XIIème siècle que se multiplient dans la région les fondations augustines (JARNOUX p. 162).

 

Situé sur la petite île d’Aisne, dans le marais à l’ouest de Trignac, nous n’en connaissons pas grand-chose. Les moines le quittèrent sans doute quand son abbaye mère passa en commende dès le début du XVIIème siècle. Celle-ci, abandonnée par ses chanoines était déjà en ruines lorsqu’elle fut pillée en 1675 pendant les troubles de la révolte du papier timbré.

 

Le prieuré d’Aisne n’était plus dès lors qu’une propriété, source de bénéfices pour ses commendataires. Cependant la chapelle continua à être desservie, au moins épisodiquement jusqu’à la révolution.

 

 

 

GRANDEUR ET MISÈRES - XIIème au XVIème SIÈCLES

 

Nous avons vu que le XIème siècle fut celui de la reconstruction. Aux XIIème et XIIIème siècles triomphèrent l’esprit de foi, l’esprit guerrier et l’esprit d’aventure. C’est la belle époque pour le royaume et l’église de France : Philippe-Auguste, saint Louis, Philippe le Bel, les croisades, la première victoire nationale à Bouvines, les grands travaux : construction des cathédrales, des abbayes, la mise en valeur des terres incultes.

 

Quel dommage que rien ne nous soit resté en témoignage de la vie dans nos îles à cette période ! Peut-être des Briérons naviguaient-ils sur les navires qui transportaient les croisés vers la terre sainte. La « Pénitence de Dieu », premier bateau de Nantes dont l’histoire nous a transmis le nom, en faisait, dit-on, partie.

Peut-être certains ont-ils participé à la construction de l’abbaye de Blanche-Couronne ?

Ce qui est très probable c’est que la mise en valeur des terres en friche dût bien se concrétiser dans les marais par des travaux d’évacuation des eaux, de creusement de canaux, permettant leur exploitation.

 

Au début du XIVème siècle la France est incontestablement la grande puissance. L’Allemagne et l’Italie morcelées en petits états indépendants, l’Espagne partagée entre les royaumes de Navarre, Léon, Castille et Aragon au nord et les Arabes au sud, ne comptent pas.

 

L’Angleterre avec ses trois millions et demi d’habitants de races rivales (Anglo-Saxons et Celtes du Pays de Galles et d’Irlande), dirigée par le lamentable Édouard II et ses favoris, ne fait pas le poids à côté d’une France de 20 millions d’âmes, en pleine prospérité, remarquablement gouvernée par un grand roi, Philippe IV le Bel, et ses légistes.

 

Mais tout va changer. Le XIVème siècle et la première moitié du XVème sont une période noire pour notre pays. Alors qu’en France se succèdent de faibles rois (derniers capétiens directs et premiers Valois) l’Angleterre voit l’avènement d’un grand monarque, Édouard III. S’appuyant sur son fief de Guyenne et sur l’héritage de sa mère Isabelle, fille de Philippe le Bel, il entreprend la conquête de la couronne de France.

C’est le début de la guerre dite de Cent ans qui va laisser notre pays exsangue, la population réduite de moitié, le pays ravagé, les terres en friches, l’habitat ruiné.

 

Les pillards infestent l’entrée de la Loire. La vieille église de St-Nazaire a été détruite, les travaux d’assainissement des marais abandonnés. La fin du XVème et le XVIème siècle sont le temps d’une nouvelle reconstruction. C’est dès le début de cette période que le sieur de Cuneix, Charles de COËME, époux de Marguerite de RIEUX, première vicomtesse de St-Nazaire, écrit au duc de Bretagne François II pour attirer son attention sur l’état déplorable des abords de la Brière. Celui-ci, par les fameuses lettres patentes du huit août 1461, mande et commande aux nobles et notables des paroisses intéressées d’aller juger sur place des travaux nécessaires et d’en prévoir le financement, puis : « nous mandons et commandons à tous nos féauls et subjets en ce faisant vous obéir » (B 123). Qu’en résultat-t-il ?

 

En épousant Charles VIII, le 05 décembre 1491, Anne de Bretagne ajoute à son titre de duchesse celui de reine de France. Elle enclenche ainsi le processus qui mènera à la donation définitive et perpétuelle du duché par sa fille Claude à son mari François Ier le 28 juin 1515. Depuis 1532 la Bretagne fait partie intégrante de la France.

 

La deuxième moitié du XVIème siècle est affreuse. Ce que l’on a appelé « les guerres de religion » c’est en fait une véritable guerre civile entre la Ligue et le pouvoir central assaisonnée d’interventions étrangères, anglaises et espagnoles. La Bretagne en sort ruinée.

Le huguenot LAUGEARDIÈRE et ses gens, venant de Lavau brulèrent quelques maisons et saccagèrent l’église de Montoir. Le 17 août 1591, les Nantais ayant appris qu’Henri IV voulait soumettre les Montoirins, leur envoyèrent des munitions pour résister et rester sous le duc de MERCŒUR. (Fonds BIZEUL, actes et titres de ROHAN)

 

 

 

 

 

 

 

 

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