GÉOGRAPHIE,
HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE DE LA BRIÈRE
Cartographie et géographie au XXème siècle
Le Pays, cartographie générale
Crédit
image carte :
Parc naturel régional de Brière
Les CANAUX
En 1933, une étude est menée par le Génie Rural et le Syndicat de
Grande Brière pour améliorer l’assainissement des marais. Il est décidé de
créer trois nouveaux canaux (Rozé, Nord et Bréca) et d’améliorer le canal de
Trignac.
Le canal de Rozé sera creusé à partir de la butte
des Sauziers (quatre canaux) d’où part le canal de Trignac. Il reprend une
partie du petit Étier. Il fait 4.4 km de long.
L’adjudication des travaux a lieu le 5 octobre 1934 au
profit de la Sté CHARRIERE et Cie de Nantes qui effectua le creusement avec une
drague à godets en1935-1936. Beaucoup de difficultés se présentèrent :
endommagement des godets avec les mortas, inondation de 1936, restes de perrés
en pierre à l’approche de Rozé (ancien chenal du petit étier). Elle creusera
ensuite le canal du Nord et Bréca.
Le BRIVET ou Étier de Méan
Le Brivet, dernier affluent de la Loire avant
l’embouchure, long de 35 km, traverse ou longe la commune de
Saint-Malo-de-Guersac sur 6,5 km. Il prend naissance dans les marais de Saint-Gildas-des-Bois,
Sainte-Anne-sur-Brivet et Drefféac. Jusqu’au début du XIXe siècle,
il est soumis aux marées, ce qui facilite la navigation lors du flot. Les plus
hautes marées remontaient jusqu'au pont de la Guesne.
La partie entre Rozé et la Loire (8,5 km) était nommée
l’étier de Méan.
En 1822, deux écluses sont construites à Rozé (travaux
d’assèchement des Marais de Donges par la Compagnie Debray) pour empêcher la
remontée de l’eau salée vers les zones desséchées et vers la Brière. La
navigation s’effectue vers la Loire et vers Pontchâteau pour les expéditions de
tourbe et au retour pour le transport du bois et des céréales. Les ponts,
l’envasement et un haut-fond entre le village de La Rue et l’écluse, gênent cette
navigation.
La descente du Brivet en chaloupe nécessitait deux marées
: une première pour aller jusqu’à Trignac (il ne restait plus assez d’eau pour
atteindre Méan) et une deuxième de Trignac à Méan. Alors que pour la remontée
(de Méan à Rozé) une marée suffisait : environ 3 heures, selon les vents. (ADLA
1904 S 69)
L’écluse du Pont de Paille fut construite en 1863, le
creusement du canal de Trignac en1868 et l’écluse de Méan en 1936 qui mit fin à
la remontée des marées et réduisit l’envasement.
Haut-fond entre le village de la Rue et les écluses :
Un haut-fond* de 1m supérieur au radier** de l’écluse
subsiste sur une longueur de 1,4km. En 1862 un 1er essai de dragage
s’avéra difficile et peu concluant. Il fallut attendre l’été 1878 pour son
enlèvement par l’entreprise Jules Renaud de Saint-Nazaire. Le Brivet fut
déclaré rivière navigable le 5 août 1879 jusqu’au 28 décembre 1926.
*haut-fond : zone d’eau peu profonde.
**radier : niveau de base de l’écluse.
Envasement :
Au fil des années un envasement se fait
et les chasses avec la marée ne sont pas suffisantes.
Le 4 juillet 1869, « Monsieur le Maire fait
connaître que de nombreuses plaintes lui sont faites sur l’envasement du
Brivé dans la partie du village de Rosé, qui se continue de manière progressive,
telle que, dans peu de temps si on n’y remédie pas, la navigation de cette
rivière sera complètement interdite, qui, alors de nombreuses familles
resteront sans emplois, et conséquemment sans pain, qu’en conséquence il y a
lieu de demander à Monsieur le Préfet, les moyens d’arriver a faire curer cette
rivière. Le conseil délibère que :
-Vu
l’envasement du Brivé dans la partie de Rozé, qui augmente progressivement et
chaque jour ;
-Vu
l’importance de rendre cette rivière navigable à cause de la grande quantité de
familles très nombreuses qui resteraient sans emplois et par conséquent sans
pain. Le conseil demande à Mr le Préfet les moyens de creuser cette
rivière ».
En 1892, un hersage avec un bateau herseur est effectué et améliore la
situation. Le bateau se positionnait près de l’écluse à marée haute. On ouvrait
les portes après avoir laissé monter 1 ou 2 grandes marées et le bateau herseur
(volets écartés) redescendait l’étier avec le flot, repoussant ainsi les vases.
Au fil des années la largeur diminue passant de 25/30m à 8m. Cette manœuvre fut
refaite plusieurs fois dans les années 1915-1920. Un curage est réalisé en
1936.
Le 22 août 1919, le Conseil Général décide « qu’il
y a lieu de prendre toutes mesures utiles pour qu’il soit procédé au curage du
Brivet dans les conditions prévues en 1912 ». Les ingénieurs du
Service hydraulique du département « font connaître qu’en présence de
la dépense très élevée à engager (1 million frs), il y a lieu de continuer à
dégager progressivement le lit de la rivière, en recourant à la méthode des
hersages qui, depuis 1915, a fait ses preuves. Ils demandent l’acquisition par
le Département d’un bateau herseur de 50.000 frs et une dotation annuelle de
24.000 frs, double de l’ancienne, pour en assurer le fonctionnement. Dans ces
conditions la part d’entretien de la commune de Montoir doit être doublée et
portée de 124 f,21 à 248 f,42 ».
Le 28 septembre 1921, le Conseil Général vote pour
le dévasement de la rivière du Brivet en 1922 une somme de 24.000 frs répartie
en :
-
1°)
Amélioration de la rivière du Brivet - Entretien annuel : 18.000 frs -
-
2°)
Achat d’un bateau herseur (acompte): 6.000 frs.
Les 19 communes intéressées par le dévasement du Brivet
participent à la hauteur de 3.000 frs, le syndicat des marais de Donges pour
1.000 frs.
Dans la commune de Montoir, la plus grande partie du
Brivet se trouve sur le territoire de la section de Saint-Malo-de-Guersac.
Après son érection en commune séparée de Montoir le 1er janvier 1926, la
participation des deux communes est calculée au prorata des longueurs du Brivet
draguées annuellement.
Le re-creusement du Brivet, décidé un an auparavant, pour
évacuer l’eau du marais inondé tous les hivers, est accéléré par les
inondations de 1936. Avec l’aide de l’État et du Département (84 % des
frais) il est plus que « creusé à
vieux fonds et à vieux bords » : il est approfondi et élargi.
Voie d’eau navigable :
Au début du XXe siècle, le commerce de la tourbe périclite
suite à l’arrivée du charbon comme combustible. Les voies de navigation
s’envasent. En 1926, le Brivet, rayé de la nomenclature des « voies
d’eau navigables et flottables », n’est plus que « rivière du
domaine public ». A cette époque le niveau des eaux du Brivet est
encore soumis à l’influence du rythme des marées.
Limite de salure des eaux du Brivet :
Le 3 juin 1978, le conseil municipal de
Saint-Malo-de-Guersac est amené à donner son avis sur le projet de modification
de la limite de salure des eaux du Brivet : « Actuellement, la limite de
salure des eaux est fixée à l’écluse du Pont de Rozé, ce qui signifie que la
partie comprise entre cette écluse et la mer appartient au domaine public
maritime permettant à toute personne de pêcher sans acquitter de droit ni payer
de taxe. Si la nouvelle limite était fixée à l’écluse de Méan, les eaux
« disjointes » du domaine public maritime tomberaient sous le régime
des eaux fluviales et, pour y pêcher, les personnes intéressées seraient dans
l’obligation d’acquitter le droit du timbre piscicole. Par ailleurs, de tout
temps, la population a été autorisée à disposer librement de ce cours d’eau.
Subordonner son utilisation au paiement d’une taxe reviendrait à remettre en
cause un droit coutumier pour ne pas dire historique. Sur le plan
technique », le rapport du commissaire enquêteur « fait
apparaître de nombreuses interrogations sur l’utilité de cette
modification...De tous temps, et la sécheresse de ces dernières années en est
un exemple, les eaux du Brivet ont servi à protéger en été les marais contre les
incendies...Le conseil municipal se prononce pour le maintien de la limite
actuelle de salure du cours du Brivet ».
Les ponts sur le Brivet
Les ponts sur le Brivet sont les seules voies d’accès
possibles au marais. Autrefois le Brivet était beaucoup moins large
qu’aujourd’hui. Chaque village était relié au marais par son pont débouchant
sur une chaussée et, à côté, un gravaud (empierrement du fond de la rivière
permettant le passage des charrettes à marée basse). Ouvrages rudimentaires,
reposant à chaque extrémité sur une culée faite de terre et de joncs tenus
ensemble par des pieux et des fagots, ou de pierres, les tabliers des ponts
étaient formés de troncs d’arbres et de poutres mis les uns à côté des autres
et recouverts de branches, herbages, branches, roseaux et de terre. Ces ponts
étaient à deux étages : en position haute ils permettaient le passage des
piétons et du bétail qui allait pacager entre mars et fin octobre dans les
marais gardis*, tout en permettant la circulation des chaloupes à condition
qu’elles démâtent sous le pont. Mais au temps de la fenaison, principalement au
mois d’août, les tabliers sont abaissés à un mètre environ au-dessus du niveau
de l’eau à marée haute pour faciliter l’accès des charrettes chargées de foin,
voire de tourbe. On ne pouvait fixer solidement ces planches, les ponts pouvant
être démontés pour laisser passer un bateau et aussi à chaque montée des eaux
(marées, crues de la Loire ou débordements du bassin briéron). Les ponts
étaient démontés à la mauvaise saison quand les bêtes étaient enlevées de la
vaine pâture et quand l’eau montait dans le marais. Ils étaient remontés au
printemps. Les régisseurs, qui géraient les recettes consacrées à l’entretien
des « bois de pont », convoquaient les habitants du village pour le
démontage et le remontage des ponts. Ceux qui n’y participaient pas payaient
une amende. A une certaine époque, les habitants qui empruntaient un autre pont
que celui de leur village payaient une patente.
Les ponts étaient source de conflits d’usage entre les constructeurs
navals, les bateliers, les tourbeurs et les exploitants agricoles jusqu’à la
disparition de la construction navale et de la navigation au début du XXe
siècle.
Le 17 septembre 1828, « vu les plaintes qui
ont été portées contre les villages propriétaires de ponts établis sur l’étier
& chemin conduisant en Brière que les dits habitants laissent libres jour
& et nuit, de manière que les bestiaux qu’ils font pacager dans la Brière
les traversent & vont se répandre dans les champs ensemencés et autres
propriétés voisines » le maire de Montoir arrête « Les
habitants des villages susmentionnés sont prévenus de barrer les ponts
ci-devant désignés & le jour & la nuit, de manière à retenir les
bestiaux, sous peine d’être condamnés à une amende de quinze francs & à
payer en outre tous les frais de dommages et de poursuite ».
(*les
marais gardis appartiennent aux habitants des villages et sont gérés en commun
par eux. Ne sont considérés comme marais gardis que ceux entourés de douves.)
Le PARC ANIMALIER
À la création du Parc naturel régional de Brière en
octobre 1970, a été proposée la mise en valeur du patrimoine par l’achat, en
lien avec la mairie de St-Lyphard, des chaumières de Kerhinet. Après cette
réalisation de réhabilitation du patrimoine bâti sur l’Ouest du territoire de
Brière, il s’avérait important d’offrir aux touristes un autre pôle d’accueil
sur l’Est du marais. Le site se devait d’aborder le patrimoine naturel. Rozé,
au bord du marais indivis, a été préféré à l’Algère sur les marais de la
Boulaie. Le 1er décembre 1973, le conseil municipal de
Saint-Malo-de-Guersac émet un avis favorable à l’acquisition des terrains
nécessaires sous réserve de l’accord des propriétaires intéressés. Ce qui l’amènera,
le 27 avril 1974, à « délibérer en faveur du remembrement sur
l’ensemble des marais non encore remembrés avec priorité sur les marais de
Rozé, la Grée, Brais, la Rue, le Pin. Ceci afin de faciliter les échanges, qui
seraient nécessaires pour regrouper les surfaces indispensables (soit 6 ha) à
l’implantation du parc animalier »
Avec une potentialité de 100 ha à acquérir, la
réorganisation foncière a permis une première acquisition de 25 ha. Les travaux
ont débuté pendant l’été 1975 avec la création du grand plan d’eau actuel ; le
reste des aménagements se faisant en 1978/79. L’inauguration a eu lieu en
juillet 1980, sous la dénomination « Parc Animalier » de Rozé.
Le site offre alors un parcours avec des volières et des plans d’eau enclos.
Dans les années 1995/97, suite à la baisse de
fréquentation régulière et à une demande plus marquée des visiteurs vers une
nature plus sauvage, le Parc animalier devient la « Réserve Pierre
CONSTANT » *, privilégiant progressivement la découverte du marais
sous ses différentes facettes naturelles et humaines.
Le concept évolue vers un statut de réserve plus officiel.
En décembre 2013 est créée la « Réserve Naturelle Régionale des Marais de
Brière » composée des deux réserves du marais indivis et de la Réserve P.
CONSTANT, plus précisément dédiée à la pédagogie de l’environnement.
Entre temps, en périphérie, des parcelles de marais sont
acquises au début des années 2000 afin de conforter l’aspect attractif du site
pour les oiseaux, portant la propriété du Parc Naturel Régional à environ 50ha.
Le sentier de découverte : Dans un espace protégé de 25 hectares, un parcours
pédestre de 1,5 km mène les promeneurs entre roseaux et prairies, le long des vasières
et des piardes. Dissimulés dans des affûts, ils assistent à la vie quotidienne
des habitants de cet univers aquatique. Des panneaux et des jeux apprennent à
mieux connaître toutes les facettes de ce monde vivant : insectes, batraciens,
reptiles, plantes, ainsi que les activités humaines traditionnelles.
L’entrée se fait par le hall d’accueil où sont présentées
des expositions et par un promontoire qui domine la Réserve. A mi-parcours le
poste Pierre CONSTANT offre la vue sur le marais