GÉOGRAPHIE, HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE DE LA BRIÈRE

 

 

Saint-Joachim : Les Grandes Iles de l’intérieur

 

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Les Isles de l’intérieur

 La métairie de K’FEIL

   

 

 

Base Généalogique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les ISLES de l’INTERIEUR (Saint Joachim) :

 

On y trouve : Errand qui plus tard sera incorporée à la paroisse de St-Malo. Aignac en forme de fer à cheval, prolongée par l’île de Bet (Be, Best, Betz) ayant elle-même à son extrémité le petit village de Chie-loup. Une agglomération d’une certaine importance, «La Lande». Au sud, face au Brivet quelques maisons regroupées à La Rinais et à La Ville. Noter qu’à l’époque l’appellation «Aignac» recouvrait également Ménac et Bais.

 

Fesdrun la plus briéronne est la plus isolée dans le marais. Aucun nom de village n’est jamais mentionné.

Mazin, plus petite, située non loin des terres des seigneurs de Crossac.

Enfin Grande Isle, toute en longueur, avec au milieu de sa gagnerie la nouvelle chapelle de saint Joachim, construite en 1677, sensiblement à la même époque que celle de saint Joseph à Méan.

 

Aucun doute sur le nom de cette île. Le dépouillement des registres paroissiaux fait apparaître des milliers de fois ce nom, généralement sous la forme « Grandes Isles», et pas une seule ne désigne autre chose que cette île précisément. Il n’empêche que ce pluriel pour un seul objet, a toujours posé problème. Les gens du pays s’en accommodaient très bien, ils avaient l’habitude. Mais quand un nouveau vicaire arrivait ou quand un prêtre étranger à la paroisse avait à rédiger un acte de baptême, mariage ou décès, et qu’on lui indiquait « Grandes Isles» comme lieu de résidence, on sent très bien que ça le faisait tiquer, il fallait lui expliquer que c’était bien là le nom d’une seule île. C’est alors qu’on trouve souvent la formule : « demeurant dans l’île de Grandes Iles».

 

Mais pourquoi cette ambigüité a-t-elle vu le jour ? L’explication en paraît simple. La caractéristique de cette île était sa longueur qui la faisait paraître grande, surtout par rapport à son étroitesse. C’était donc la grande île. Mais à l’époque « île » s’écrivait « Isle », c’était tout ce qui restait du latin insula. Le « n » avait disparu mais le « s » était resté et on le sifflait. Grande Isle n’était donc pas facile à prononcer et la loi du moindre effort, qui commande l’évolution des langues, fit que rapidement dans la prononciation courante le S fut déplacé, ce qui donna Grande s’ile, beaucoup plus facile.

 

Mais le problème de l’orthographe commençait, car si l’on prononçait Grande s’ile il paraissait normal de mettre un S à grande, d’autre part isle s’écrivait toujours avec un S (il sera plus tard remplacé par un accent circonflexe sur le î). Enfin, si l’on mettait un S à grande il n’y avait pas de raison de ne pas en mettre à isle. Et c’est ainsi que notre île s’orthographia couramment « Grandes Isles ».

 

Ce qui est probable c’est que dans le langage populaire la prononciation continua à évoluer. Grandes Isles était encore trop compliqué et les gens disaient « d’s’ile ». « Où vas-tu ? à d’s’ile ». On ne trouve pas cela par écrit, mais aujourd’hui encore si vous demandez à un vieux briéron comment s’appelle le pont situé à la sortie de St-Joachim sur la route de Fédrun et nommé sur les cartes « le pont des îles », il vous dira «le pont d’s’ile».

 

Comme sur les autres îles briéronnes la population est dispersée sur le pourtour. Seules les deux extrémités ont de petites agglomérations : Le Lony (les lonnys) au sud et au nord Pendille.

Ce toponyme, qu’on a aujourd’hui étendu à l’ensemble de l’île, ne désignait que son extrémité nord.

Il en était encore ainsi il y a peu de temps. L’orthographe la plus ancienne que l’on trouve est « Pendisle ». Encore ce « S » de isle qui par facilité va peu à peu se transformer en « L » pour donner « Pendille » que l’on trouvera couramment par la suite dans les registres, avec toutefois, de temps à autre, des réminiscences de l’écriture ancienne.

 

On a cherché à trouver l’origine de ce terme et même en allant très loin dans le temps. Dans ce genre d’étude on est rarement sûr de l’explication proposée. En voici une qui vaut ce qu’elle vaut mais qui semble-t-il ne devrait pas être négligée :

Les habitants des îles, quelles qu’elles soient, ont toujours vécu en symbiose avec leur terre. Leur île c’est leur univers, leur terre c’est leur mère. C’est une entité vivante où l’on distingue la tête de l’île, la queue de l’île, le cul de l’île etc...

 

Nos îles ne font pas exception. À Fédrun on trouve encore de nos jours le « Chef de l’île ». De quand date cette expression ? Elle n’est pas dans les registres du XVIIème siècle. Ce qui ne veut pas dire que ce lieu n’existait pas, mais qu’il n’y avait sans doute pas là un village proprement dit. Ce chef était bien pourtant une tête. Son emplacement semble parlant et dans les aveux de Martigné on trouve cette indication sous le titre de Fesdrun, à propos de la limitation d’une pièce de terre : « d’autre bout vers occident, la rue et le grand chemin qui cernoie l’îsle de Fesdrun et qui conduit de la maison de Martial MOYON à la tête de l’îsle ».

 

Mazin avait aussi sa tête puisque le 4 mars 1794 le vicaire Joseph OLLIVAUD fut arrêté « à la tête de l’île de Mazin » avant d’être guillotiné à Nantes dix jours plus tard.

 

Alors pourquoi Grande Isle n’aurait-elle pas eu aussi sa tête ? Décomposons Pendisle en « Pen d’isle ». Nous retrouvons bien la tête, avec le « Pen » breton à la place du « Chef » gallo-romain. Pendille la tête de Grande Isle, c’est une explication qui semble-t-il en vaut bien une autre. L’emploi du «a» à la place du «e» dans Pandille au lieu de Pendille n’a aucune signification, puisque la prononciation est la même.

Il y avait également à Guersac, près de la Ganache une gagnerie de Gandille ou Pandille.

 

Loin au large de Pendille, à la limite de Missillac, l’île de K’feil est toute occupée par une métairie dont les habitants, originaires de Missillac ou d’Herbignac, sont beaucoup plus proches de leurs voisins de ces paroisses que des habitants de la leur.

 

Naissance d’une paroisse

 

Les iles centrales formaient une trêve ou une feuillette de la paroisse de Montoir. « On avait l’habitude d’écrire le nom des contribuables sur de longues feuilles que l’on roulait d’où le nom de « rollet » ou « rôle ». Feuillette est donc le diminutif de feuille, petite feuille par rapport à la « grande feuille » du bourg sur laquelle on inscrivait les levées de deniers du culte et autres impôts. Cette dénomination parait être à la fois fiscale et ecclésiastique. (F. GUERIFF – L’éclair du 23/4/1964).

 

En 1747, le premier registre de 20 feuilles est adressé par le présidial de Nantes pour « enregistrer les baptêmes, mariages, sépultures da la paroisse de Saint Jouasin et de Sainte Anne, fraisrette de Montouar ». Deux prêtres commencèrent à officier. La première église ne fut bâtie qu’en 1785 Groleau mais fut incendiée en 1793, brûlant une partie des registres cachés dans les lambris du chœur. L’église actuelle date de 1861 et fut agrandie en 1894.

 

La Métairie de KERFEIL (K’FEUIL, KERFEUIL…)

  

Plus couramment orthographiée K’feil, puis plus tard Kerfeuille, elle occupe la partie extrême de la paroisse. L’île et les marais sont plus proches et en relations plus faciles avec Missillac et Herbignac qu’avec le reste de Montoir. Les métayers, les LEGOFF, en viennent et y vont chercher leurs épouses.

 

Au début du XVIIIème siècle le métayer est Pierre LEGOFF, époux de Laurence BROUSSARD. Il meurt le 27 janvier 1715 et sa femme le 19 septembre 1719. Celle-ci était sa quatrième épouse, le mariage ayant eu lieu à Missillac le 17 novembre 1705.

 

Deux fils de Pierre LEGOFF et Jeanne TUAUD prennent la succession. Originaires de Missillac, ils se marient le même jour, 6 février 1698 à Herbignac et arrivent à Kerfeil à la Toussaint 1709. Ce sont          :       

        - Vincent LEGOFF né le 21 mars 1673 qui épouse Louise MAHE

        - Pierre LEGOFF qui épouse Jeanne MAHE.

 Ils restent à la métairie où ils finissent leurs jours, Pierre le 19 avril 1731 et Vincent le 15 août 1751. Leurs femmes leur survivent et meurent à Kerfeil, Jeanne le 13 décembre 1763 et Louise le 29 septembre 1768.Leurs enfants les assistent puis les remplacent.

 

 Enfants de Pierre LEGOFF et Jeanne MAHE :

        - Perrine épouse le 27 novembre 1725 Philippe BROUSSARD de Missillac. Ils restent à la métairie jusque dans les années 1730, puis se fixent probablement ailleurs car on ne trouve pas leurs décès à Kerfeil.

        - Pierre épouse Jacquette RIALLAND le 14 janvier 1738 à La-Chapelle-des-Marais. Il meurt à la métairie le 17 mai 1744.

        - Marc épouse Perrine RIALLAND le 15 octobre 1742 aux Marais. Tous deux restent à Kerfeil et y décèdent les 21 septembre 1779 et 28 juillet 1788.

        - Gabriel épouse Marie BROUSSARD le 20 octobre 1744 aux Marais. Eux aussi se fixent à la métairie où lui meurt le 23 septembre 1783.

 

Enfants de Vincent LEGOFF et Louise MAHE :

        - Louis épouse une fille de Grandes-Isles, Jeanne OLLIVAUD, le 3 octobre 1731. Ils restent à K’feil où Jeanne décède le 28 février 1751.

        -Joseph épouse Luce PERRAUD le 22 novembre 1740 aux Marais. Luce meurt à la métairie le 19 avril 1747 et Joseph le 13 septembre 1790.

        - René épouse Guillemette BERCEGE le 5 novembre 1748 aux Marais. Lui meurt le 26 août 1770 à Kerfeil.

 

La génération suivante prend la relève :

        - Louis fils de Marc épouse Marie RIELLAND le 14 novembre 1769 aux Marais. Ils résident à Kerfeil et ont une nombreuse famille. On trouve des naissances jusqu’en 1791, puis on perd leur trace. Ils ont sans doute disparu pendant la révolution.

        - Jacquette sœur de Louis meurt célibataire le 4 avril 1779 à 32 ans.

        - Jacques fils de Gabriel, épouse Louise RUAL aux Marais le 21 novembre 1791. Il meurt à K’feil le 6 février 1805.

        - Jeanne sœur de Jacques, épouse le 11 novembre 1766 Louis DELALANDE de Missillac. Eux aussi restent à la métairie. Ils meurent les 16 mars 1804 et 16 avril 1822.

        - Guillemette fille de Louis, épouse Jean MAHE des Marais le 14 novembre 1769 dans cette trêve. Lequel Jean MAHE meurt veuf le 8 août 1818.

        - Perrine fille de Joseph, épouse Julien RIVALLAND de Missillac le 19 novembre 1765. Ils meurent à Kerfeil  les 20 janvier 1774 et 30 avril 1780.

        - René fils de René, épouse Marie-Anne LEGOFF le 21 novembre 1781 aux Marais. Ils restent à Kerfeil jusqu’ à leurs décès les 30 août 1838 et 16 février 1841.

 

Puis c’est encore une autre génération qui apparait avec le mariage le 23 novembre 1784 de Marie RIVALLAND, fille de Julien avec Guillaume HERVIS des Marais. On les trouvera à Kerfeil jusqu’à la Révolution.

 

Vers 1725, un couple Laurent LEGOFF et Jeanne THOBIE mariés aux Marais le 28 janvier 1722 et un autre couple, Jean LEGOFF et Marie THOBIE, se trouvent à la métairie mais on ignore leur parenté avec les autres LEGOFF. De même, mais en 1791, un couple Jean RIVALLAND et Perrine LEGOFF.

       

Ce qui apparait très nettement, c’est l’isolement de cette terre par rapport à la paroisse de Montoir et à sa succursale de St-Joachim. Les relations se limitent aux baptêmes des enfants, aux inhumations et aux mariages des filles.

Toutes les relations sociales se font avec Missillac et surtout sa trêve de La Chapelle-Des-Marais. Dans tous les cas de mariages que nous venons de voir, le garçon ou la fille de Kerfeuil choisit son conjoint dans les îles qui la voisinent au nord. Une seule exception, celle de Louis LEGOFF qui épouse Jeanne OLLIVAUD de St-Joachim.

 

Au début du XIXème siècle les couples suivants vivent à la métairie

 

        - Pierre LEGOFF et Perrine RIALLAND, jusqu’en 1806

        - Pierre RIVALLAND qui a épousé en 1805 Jeanne LEGOFF, fille de Jacques LEGOFF et de Louise RUAL.

        - Pierre RIVALLAND et Jacquette HERVIS (1815-1816)

        - Jacques DELALANDE, fils de Louis et Jeanne LEGOFF, et son épouse Jeanne BROUSSARD, jusqu’en 1828.

 

Mais c’est Guillaume LEGOFF, fils de René et Marie LEGOFF, qui assure la marche de la métairie pendant 40 ans, jusqu’à sa mort le 8 novembre 1856 à l’âge de 71 ans. Son épouse, Guillemette THOBYE, était décédée le 9 janvier 1849 à 69 ans.

 

Leur fille Rosalie et son mari Pierre GERVAUD, originaire des Marais, leur succèdent.

DE 1836 à 1842, Jacques RUAL, né aux Marais, et son épouse Marie PERIGAUD, fille de Louis PERIGAUD et de Jeanne LEGOFF, sont aussi à Kerfeuille.

A partir de 1872, le fermier est François GUIHÉNEUF, époux de Véronique PERAUD.

       

Le tableau suivant schématise bien cette présence à la métairie de Kerfeil d’une famille, au sens tribal du terme, pendant tout ce XVIIIème siècle.

 

 

                     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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